Pour une transition énergétique et une justice sociale

Pour une  transition énergétique et une justice sociale 

 

Faut-il autoriser l’Allemagne à indemniser à coups de milliards d’euros les industriels du charbon ? Plus que les grandes entreprises elles-mêmes, ce sont les travailleurs et les habitants des régions touchées par la transition qui doivent être soutenus, estime Mounir Satouri, député européen (EELV) dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune.

 

Le débat fait rage dans les couloirs de Berlin et de Bruxelles. Faut-il autoriser l’Allemagne à indemniser à coups de milliards d’euros les industriels du charbon ? Ce pays a en effet décidé, en 2020, de créer un fonds d’indemnisation de 40 milliards d’euros pour accompagner la fermeture de ses 120 centrales à charbon à l’horizon 2038.

Mais ce n’est pas tout. Plus de 4 milliards d’euros supplémentaires pourraient être versés aux énergéticiens pour compenser cette sortie du charbon, comme le géant RWE, qui a affiché un résultat net de 1,21 milliard d’euros en 2020. La Commission européenne vient d’ouvrir une enquête sur ces indemnisations, faisant part de ses doutes quant à leur justification.

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L’enjeu d’une sortie des énergies fossiles est indiscutable. Mais plus que les grandes entreprises elles-mêmes, ce sont les travailleurs et les habitants des régions impactées par cette transition que les budgets nationaux et européens doivent soutenir dès à présent. Pour les écologistes, la sortie des énergies fossiles doit s’accompagner d’une transformation en profondeur alliant transition énergétique et justice sociale.

Aides passéistes

Si de grosses enveloppes servent simplement à indemniser des industriels aveuglés pendant des décennies par la rentabilité des énergies polluantes, et à les renflouer pour leur permettre de retourner dans la grande lessive du capitalisme sauvage, nous aurons raté le coche.

Une transition accaparée par les grands industriels ne servirait qu’à reculer pour mieux sauter, en blanchissant les responsables d’un siècle de pollution et de gaspillage énergétique

Ces aides d’Etats passéistes ne peuvent se targuer d’être les politiques de transformation. Socialement, celles-ci sont cosmétiques. Plus qu’un accompagnement, c’est bien d’un changement de modèle économique et social que nous avons besoin, bénéficiant aux territoires et à leurs habitants plus qu’aux actionnaires des grands groupes énergétiques polluants.

C’est ce principe de « transformation juste » que je défends aux côtés des grandes ONG environnementales et sociales au Parlement dans le cadre des travaux sur le Green Deal européen. La mise en place du fonds de transition juste, permettant d’accompagner les territoires marqués par une histoire industrielle forte, doit ouvrir la voie vers davantage de politiques publiques sociales et redistributives, comme l’a souhaité la commission des affaires sociales du Parlement européen.

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