Pour une reprise plus écologique

Pour une reprise plus écologique

 

L’économiste Nadine Levratto s’inquiète dans le Monde de voir les firmes renoncer aux investissements et aux innovations qui leur permettront de s’adapter à la transition écologique alors même que celles-ci disposent, pour beaucoup, de réserves liées aux mesures de soutien de l’Etat pour survivre aux restrictions sanitaires.

 

 

Tribune.
 En portant un coup d’arrêt à l’économie, la crise sanitaire a violemment frappé les entreprises. Retenant l’expérience de la crise financière de 2008-2009, les pouvoirs publics sont rapidement intervenus, apportant la liquidité que l’interruption de l’activité amènerait à manquer. Les prêts garantis par l’Etat, le financement de l’activité partielle et le fonds de solidarité ont assuré la survie des entreprises pendant la crise tandis que les annonces gouvernementales leur permettaient d’envisager un prolongement des aides et un différé de remboursement des prêts. Ces dispositifs ont favorisé la constitution de réserves records et une réduction de l’endettement brut et ont eu un effet positif sur les défaillances. Alors que l’activité n’a jamais connu un tel ralentissement depuis la seconde guerre mondiale, ces dernières ont diminué de près de 38 % entre 2019 et 2020, passant d’environ 53 000 à 32 000 sur douze mois.

Si la baisse des redressements et liquidations judiciaires peut rassurer quant à la pérennité du tissu économique et aux possibilités de redémarrage rapide une fois la crise sanitaire terminée, ces chiffres dissimulent d’autres signaux qui, en revanche, peuvent être source d’inquiétude. Une partie provient des entreprises mêmes et de leurs comportements, l’autre des politiques publiques.

Du coté des entreprises, l’afflux de liquidités a eu des conséquences différentes selon la taille. D’un côté, la très grande majorité des PME et des entreprises patrimoniales a adopté un comportement de précaution en constituant des réserves de trésorerie. De l’autre, les grandes sociétés, du CAC 40 notamment, ont continué à distribuer des dividendes plus importants que prévu en 2020 et s’apprêteraient à verser plus de 50 milliards d’euros à leurs actionnaires pour 2021, un montant en hausse de 9 milliards par rapport à l’an dernier, selon l’Observatoire des multinationales.

Dans les deux cas, ces décisions ont accompagné le report ou la réduction de leurs projets d’investissement. La question de la légitimité de telles opérations est souvent posée au regard des aides publiques reçues. Elle se double d’une interrogation sur leurs conséquences, car l’investissement sera l’un des facteurs de la reprise. Or, sa chute, déjà importante en 2020, risque de ne pas être compensée par une reprise significative en 2021. L’absence de projets d’investissement de renouvellement, voire de rupture, a ainsi de quoi inquiéter, alors que les plans de relance, y compris français, tablent sur les transitions écologique et numérique.

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