Écologistes : un manque de crédibilité pour gouverner

Écologistes : un manque de crédibilité pour gouverner

Selon la politiste Vanessa Jérome, alors que leurs idées se propagent, les écologistes ne savent toujours « pas vraiment comment faire majorité ».

 

Vanessa Jérome est politiste, docteure associée au Centre européen de sociologie et de science politique de l’université Paris-I. Elle vient de publier Militer chez les Verts (Sciences Po les presses, 304 pages, 22 euros), une enquête sur le parti écologiste et le parcours de ses militants. Pour elle, la faiblesse d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) réside dans leur rapport méfiant au pouvoir et leurs impasses politiques internes.

Après leurs succès électoraux aux élections européennes et aux municipales, les dirigeants d’EELV sont divisés à l’approche de leur primaire. Quel regard portez-vous sur cette séquence ?

Il faut d’abord relativiser leurs bons scores car les européennes ont toujours été favorables aux écologistes, même si, cette fois, ils sont arrivés devant toutes les autres formations de gauche. Pour les municipales, les Verts ont gagné des villes dans des conditions inattendues de pandémie avec une abstention très élevée. Ils ont acquis une surface politique certaine mais sans pouvoir valider aucune stratégie car leurs alliances sont restées à géométrie variable : ils ne savent donc pas quelles sont celles qui sont les plus porteuses pour eux. C’est une des raisons qui vient alimenter leurs divisions récurrentes.

 

On entend souvent dire que les Verts ne sont pas prêts à accéder au pouvoir. Partagez-vous cet avis ?

Les écologistes savent qu’avec l’urgence écologique leur tour est venu : tout ce sur quoi ils alertaient, au risque de passer pour des Cassandre, est devant nos yeux. Et pourtant, on sent bien que ce moment politique pourrait leur échapper car l’évidence de l’urgence climatique s’est imposée à l’agenda de tous. Du coup, la guerre des autres forces politiques pour l’écologie et contre les écologistes a commencé. Le discours de certains leaders comme Yannick Jadot répétant comme un mantra « on est prêt à gouverner », est une manière de dire aux électeurs : « Les vrais écolos sont là. » Comme s’ils ne croyaient pas eux-mêmes en leur légitimité.

Les dernières semaines ont vu se multiplier les sujets de polémique à la suite des déclarations de certains maires écologistes. Comment analyser ce que leurs opposants décrivent comme de l’amateurisme ?

Ces élus sont des outsiders sur la scène politique – ils sont issus d’un petit parti de gouvernement avec peu de militants et peu de moyens – mais ils ne sont pas pour autant des amateurs : ils se sont souvent engagés très tôt et sont multicartes (activistes associatifs, syndicalistes et militants politiques). En revanche, parce qu’ils ont siégé comme simples conseillers dans des assemblées locales, ou au mieux comme adjoints au maire, ils n’ont pas exercé les fonctions qui professionnalisent le plus. Alors, on doute de leur capacité à coller à l’image normée du pouvoir, qui tient beaucoup à l’élocution, aux tenues, à la geste politique. De ce fait, leur parole politique ne paraît pas assez légitime pour emporter une majorité. Ce manque persistant de crédibilité, alors que leurs idées s’imposent, est leur plus grand échec.

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