Archive mensuelle de avril 2021

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Environnement-climat –sommet Biden : des promesses !

Environnement-climat –sommet Biden : des promesses !

 

Au plan mondial peu de pays ont fait l’impasse sur le sommet mondial organisé par Biden. La Chine la Russie et bien d’autres pays étaient présents pour affirmer leur volonté de réduire l’impact de la vie économique et sociale sur l’environnement et en particulier vis-à-vis du climat. D’une certaine manière il y a même une sorte de concours des promesses avec ceux qui réduiraient le plus leur impact carbone dans les 10 à 50 ans. Un délai suffisamment large pour permettre des évolutions significatives…. ou pour oublier à cette échéance des promesses un peu illusoires.

 

Les pays ont égrené leurs propres engagements, après que Joe Biden a ouvert le bal en annonçant la réduction d’entre 50 et 52% des émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis d’ici à 2030, par rapport à 2005. Le président chinois, Xi Jinping, dont la venue était incertaine il y a encore quelques jours, a, de son côté, réaffirmé l’objectif d’une neutralité carbone de la Chine d’ici à 2060. En dépit de très vives tensions entre les deux grandes puissances rivales sur nombre d’autres dossiers, l’homme d’Etat s’est déclaré « déterminé à travailler avec la communauté internationale, et en particulier les Etats-Unis » sur ce front.

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Évidemment Macro n’a pas voulu être en reste rappelant l’action de la France qui n’est pourtant pas un modèle pour tenir ses propres engagements. Et particularité de l’ancien banquier, la France a remis en cause le fonctionnement actuel du système financier et de son rapport à l’environnement. Là aussi sans doute davantage de promesses que de perspectives de transformation. Et cette transition passera par la « transformation en profondeur de notre système financier », a affirmé Emmanuel Macron, se félicitant que le sommet qu’il a lui-même lancé, le One Planet Summit, ait « permis de réunir des fonds souverains, des asset managers, des private equity, pour tous s’engager derrière cette méthodologie commune » de mesures des investissements favorables au climat. Alors que la France fait partie des nombreux pays en retard sur leurs engagements pour atteindre les 1,5°C, le pays « prendra toutes ses responsabilités dans les prochains mois pour aller plus loin sur le sujet de cette finance au service du climat », a promis le président français.

Société- La tyrannie de la méritocratie

Société- La tyrannie de la méritocratie 

Le philosophe américain Michael Sandel explique dans son dernier  livre que l’orgueil d’une élite estimant devoir ses privilèges à son travail déstabilise nos démocraties.

 

Livre. Emmanuel Macron vient d’annoncer sa volonté de supprimer l’ENA, devenue pour beaucoup un symbole de l’entre-soi élitiste. Le chef de l’Etat estime cette décision nécessaire « parce que nous avons renoncé à gérer, bâtir des carrières de manière transparente et méritocratique ». Ce dernier mot prend une valeur particulière, tant il incarne un idéal auquel il est dur de renoncer, la promotion sur la base du mérite, la possibilité donnée à chacun d’améliorer sa condition sur la base du travail.

 

Pour le philosophe américain Michael Sandel, la méritocratie est aujourd’hui, aux Etats-Unis comme ailleurs, une tyrannie qui a installé une nouvelle noblesse de robe. Sandel poursuit ainsi la brillante critique du libéralisme politique qui est au cœur de son projet philosophique. Selon lui, l’orgueil d’une élite qui estime devoir ses privilèges à son travail déstabilise nos démocraties. Si l’on suit son raisonnement, il y a fort à craindre que de passer de l’ENA à un Institut du service public (ISP), comme le propose Emmanuel Macron, n’y changera sans doute rien, si les prémices restent les mêmes.

Mépris de classe

La réflexion du philosophe prend comme point de départ la question à laquelle chaque intellectuel américain est sommé de répondre : qu’est-ce qui explique le phénomène Trump ? Repoussant les explications traditionnelles, l’insécurité économique ou culturelle, Sandel estime que « la plainte populiste » est l’expression d’une colère contre une caste qui dénigre les milieux populaires. Ce mépris de classe est inspiré d’une culture de l’effort, selon laquelle les gagnants de la mondialisation, généralement détenteurs de prestigieux diplômes, ont réussi, car ils ont trimé dur dès le plus jeune âge. De façon plus ou moins implicite, l’orgueil de cette classe dominante dévalorise les moins fortunés, en laissant entendre qu’ils n’ont pas fait les efforts nécessaires à l’école et au-delà.

Ce système n’humilie pas seulement les classes populaires, mais plonge aussi les jeunes aspirants aux premiers rôles dans une réelle détresse psychologique

De l’éthique protestante du travail à la récente survalorisation des diplômes, Michael Sandel montre également que la méritocratie n’humilie pas seulement les classes populaires, mais plonge aussi les jeunes aspirants aux premiers rôles dans une réelle détresse psychologique. Entourés d’une riche coterie de coachs, de professeurs, de répétiteurs, les adolescents des familles aisées vivent dans la crainte de ne pas être reçus dans l’une des plus prestigieuses universités. La peur du déclassement les fragilise, si bien que la méritocratie continue de tourner grâce au soutien d’un cocktail d’antidépresseurs.

Justice- Affaire Sarah Halimi: un jugement scandaleux

Justice- Affaire Sarah Halimi: un jugement scandaleux 

 

 

Après l’arrêt de la Cour de cassation qui a confirmé l’irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi et donc l’absence de procès, le chef de l’Etat veut modifier la loi. « Décider de prendre des stupéfiants et devenir alors “comme fou” ne devrait pas à mes yeux supprimer votre responsabilité pénale », dit-il ce lundi dans une interview au Figaro. Président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) et avocat, Mario Stasi réagit à cette affaire, à la polémique sur la subvention à la mosquée de Strasbourg et à la controverse suscitée par les « excuses » d’Evian.

N’est-ce pas dangereux de vouloir juger les fous ? Kobili Traoré, le meurtrier de Sarah Halimi, était atteint d’une « bouffée délirante aiguë », selon les experts. Doit-on changer la loi comme le demande Emmanuel Macron ?

Revenons d’abord à la question de droit : en s’administrant volontairement un produit stupéfiant ne se met-on pas en situation de danger ? A partir du moment où un des experts psychiatres, comme ce fut le cas du docteur Zagury dans le dossier Halimi, conclut non pas à l’abolition mais à l’altération du discernement, la question de la responsabilité pénale doit faire l’objet d’une audience publique. Telle doit être la modification du Code de procédure pénale. Le débat sur la responsabilité pénale ne doit pas rester cantonné au cabinet du juge d’instruction. Il ne saurait y avoir aucune automaticité dans l’application de la loi. Il ne s’agit pas d’appuyer sur un bouton, mais de porter ce débat en audience publique.

La Cour de cassation a-t-elle fait une application trop restrictive du droit ?

La chambre criminelle de la Cour de cassation dispose d’une grande liberté pour appliquer le droit pénal. D’autres décisions étaient envisageables. Elle a fait un mauvais choix, rendant une décision incompréhensible. Par souci de transparence, son procureur général devrait avoir l’obligation d’expliquer le sens d’une décision rendue. Cela serait moins opaque et surtout plus courageux…

Le caractère antisémite du crime commis contre Sarah Halimi n’avait, dans un premier temps, pas été reconnu par les magistrats. Y a-t-il une forme d’aveuglement sur l’antisémitisme dans le monde judiciaire ?

Ce caractère antisémite est parfois difficile à faire entendre auprès des magistrats. De tels débats avaient aussi entouré l’affaire Youssouf Fofana (dite du « gang des barbares »). Il a fallu se battre pour que l’audience soit publique. Sans vouloir croire qu’il y ait une forme d’indulgence ou de crainte des magistrats sur cette question, je constate une tendance à l’opacité et une certaine résistance parfois à reconnaître le caractère antisémite.

La subvention accordée par la mairie de Strasbourg (à majorité écologiste) à l’association d’origine turque Millî Görüs pour financer la construction d’une mosquée a été très commentée avant que cette demande d’aide ne soit retirée. Vous avez critiqué cette subvention, mais aussi le refus de voter une motion définissant l’antisémitisme.

Cette subvention constituait un vrai danger, cette association ayant refusé de signer la Charte des valeurs républicaines mise en place récemment. C’est l’adhésion à cette charte qui doit être le seul critère car elle permet de savoir quelle association accepte de faire partie de la communauté républicaine. Quant à l’antisionisme, il devient trop souvent le paravent de l’antisémitisme. Il est utilisé soit par ignorance, soit par des personnes qui ont des visées politiques condamnables. Dans cet antisionisme à dose variable, on retrouve la députée (LFI) Danièle Obono, dans son combat politique, et la maire de Strasbourg (EELV) Jeanne Barseghian, dans ses décisions pour le moins ambiguës…

A quoi vont servir les Etats généraux de la laïcité lancés mardi par la ministre en charge de la Citoyenneté Marlène Schiappa et auxquels vous participez ? N’est-il pas temps de passer aux actes plutôt que de multiplier les colloques ?

L’un n’est pas exclusif de l’autre. Débattre posément de ces sujets alors que les réseaux sociaux débordent de haine, de fake news, de thèses complotistes et d’attaques ad hominem n’est jamais inutile.

« Il y a eu un avant et après assassinat de Samuel Paty dans la communication présidentielle et gouvernementale au sujet des risques de l’islam politique, de la prolifération de la haine et de l’antisémitisme »

N’assiste-t-on pas à une conversion récente de l’exécutif, plus enclin d’abord à parler de « laïcité ouverte » ?

Le discours a évolué. Il y a eu un avant et après assassinat de Samuel Paty dans la communication présidentielle et gouvernementale au sujet des risques de l’islam politique, de la prolifération de la haine et de l’antisémitisme. La nécessité d’asseoir ce socle de la laïcité va de pair avec des actions d’envergure contre les discriminations.

Récemment, l’écrivaine et juriste Rachel Kahn, qui préside la commission Sport de la Licra, a été la cible d’un tweet de la militante Rakhaya Diallo, l’accusant de trahir la cause antiraciste sur fond de publicité Banania. Ce genre de « clash » est-il devenu inévitable ? Leur donne-t-on trop d’importance ?

Cette attaque de Rockhaya Diallo est d’une médiocrité rare alors que Rachel Kahn représente les valeurs les plus nobles de l’antiracisme. Il y a d’un côté ceux qui combattent le racisme d’où qu’il vienne et considèrent qu’il ne faut pas être noir pour défendre les noirs, blanc pour défendre les blancs…, et de l’autre, ceux qui, prêts à tout, attisent le communautarisme et la fracturation de la société. La Licra défend toutes les victimes de racisme. Elle a ainsi été au côté de la syndicaliste policière Linda Kebbab lorsque celle-ci s’est fait traiter d’« Arabe de service ». Un mot sur les réseaux sociaux : mettre la poussière sous le tapis n’est jamais la solution. Ils sont certes déformants, mais ils ont au moins le mérite de montrer les différents courants qui traversent la société.

Le débat sur le décolonialisme et « l’islamo-gauchisme » sera-t-il un des thèmes de la campagne présidentielle ?

Sans doute car le décolonialisme correspond à un courant culturel et politique, celui qui via la « cancel culture », vise à effacer toute trace de ce que la France a pu être dans son entièreté, avec ses échecs et ses réussites. Il vise à détruire la République, à déboulonner plutôt qu’à expliquer. Quant à l’islamo-gauchisme, il s’agit d’un courant politique dangereux en ce qu’il veut nous convaincre que nous vivons dans un pays où il y aurait un racisme d’Etat…

La récente polémique sur le tweet d’Evian incitant à boire de l’eau alors que commençait le ramadan et sur les excuses du groupe appartient-elle à ces miroirs déformants des réseaux sociaux ?

Tout est une honte dans cette histoire. Une toute petite minorité s’émeut de cette publicité sur les réseaux sociaux, avec des considérations religieuses qui ne sont autres, on le voit bien, que des considérations politiques. Et les excuses d’Evian sont incompréhensibles, pour ne pas dire honteuses.

Pourquoi Edouard Philippe et Manuel Valls ont-ils récemment rejoint le comité d’honneur de la Licra ?

Manuel Valls a par exemple combattu la haine antisémite de l’humoriste Dieudonné, tout en défendant la liberté d’expression, et Edouard Philippe a lancé le premier plan pluriannuel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Une trentaine de personnalités d’horizons divers, telles François Bayrou, Bertrand Delanoë, Laurent Fabius, Jacques Delors, Lionel Jospin ou Bernard Kouchner, appartiennent à ce comité.

Société-Vente en ligne: Le Maire réduit à solliciter les influenceurs vendus aux marques

Société-Vente en ligne: Le Maire réduit à solliciter les influenceurs vendus aux marques

 

 

 

Il est clair que les influenceurs, nouvelles mode d’intermédiation dans la vente notamment chez les jeunes, exerce un rôle non négligeable pour favoriser le commerce douteux voire frauduleux en tout cas pour vendre des produits qui les rémunèrent. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire timidement a appelé mercredi les influenceurs à «faire attention» à leurs recommandations pour que cela «corresponde à la réalité du produit» et a incité les consommateurs à signaler d’éventuelles arnaques de vente en ligne sur un site dédié.

 

Pourtant le ministre de l’économie devrait savoir que la fonction même d’influenceur  constitue une énorme arnaque commerciale voire juridique. Car ces nouveaux vendeurs façon télé réalité n’exercent leur activité que pour tirer profit des ventes qu’il favorise. C’est à leur statut qu’il conviendrait de réfléchir. En effet ces influenceurs  étant économiquement liées aux marques qui les rémunèrent devraient être considérées comme des opérateurs commerciaux classiques clairement identifiés comme représentants de marques. Ou alors s’engager à ne recevoir aucune rémunération des marques dont ils font semblant de procéder à l’évaluation.

 

Bruno Le Maire cite en particulier le «dropshipping» qui consiste à mettre en vente un produit que l’on n’a pas encore en stock mais que l’on obtient auprès d’un fournisseur. Cette pratique n’est pas illégale, note le ministre. «En revanche, ce qui est parfaitement illégal, et ce qui est un fléau que nous voulons combattre, c’est de vendre à des clients potentiels, qui souvent d’ailleurs sont des clients jeunes (…), des produits qui ne correspondent pas aux publicités», affirme-t-il. «Ça s’appelle de la publicité mensongère et de la vente mensongère», insiste Bruno Le Maire.

Insécurité -Dupond-Moretti contre les peines automatiques pour agression de policiers

Insécurité -Dupond-Moretti contre les peines automatiques pour agression de policiers

Xavier Bertrand, président de la région du Nord et candidat potentiel à l’élection présidentielle a proposé il y a quelques jours des peines automatiques pour les agresseurs de policiers. Une proposition fortement critiquée et même condamnée par le ministre de la justice avec des arguments très militants et même très spécieux ?

 

. «Monsieur Bertrand propose donc une modification de la Constitution pour envoyer en prison automatiquement toute personne interpellée sans preuve, ni procès. Aucun policier, aucun magistrat n’acceptera de substituer le principe de la justice à la logique de la rafle», avait écrit le ministre de la Justice.

 

Évidemment une caricature des propositions de Xavier Bertrand qui n’a jamais souhaité l’incarcération des coupables sans preuve ni procès. Sur RTL, Éric Dupond-Moretti a expliqué que la proposition de Xavier Bertrand signifiait «qu’il suffit, au fond, d’interpeller des gens accusés de violences envers les policiers pour qu’ils soient automatiquement condamnés», en précisant le «risque», selon lui, de «condamner des innocents». Et de poursuivre : «Monsieur Bertrand est tellement mal à l’aise qu’il a rétropédalé à trois reprises, sur Facebook, sur Twitter et à l’AFP, qu’il a contactée. C’est une énormité ce qu’il a dit».

 

Le candidat de droite a pour sa part justifié sa position dans un post Facebook. «Je rappelle au ministre de la Justice qu’une peine automatique minimale reste une peine, prononcée par un tribunal, au terme d’un procès équitable, dans le respect du contradictoire et sur la base d’un dossier et de preuves permettant d’établir les faits (…) J’assume parfaitement que la loi pénale puisse fixer des peines minimales automatiques lorsque c’est nécessaire», a-t-il écrit.

«Ce dispositif respecte les principes fondamentaux de notre droit pénal. Dès lors qu’il restreint le pouvoir d’appréciation des juridictions, je veux le sécuriser entièrement en modifiant la Constitution, par référendum. Sa légitimité sera alors indiscutable et son efficacité garantie», estime Xavier Bertrand.

Société- « L’écriture “inclusive”: Linguistiquement incohérente et socialement excluante

Société- « L’écriture “inclusive”: Linguistiquement  incohérente et socialement excluante

 

Le linguiste Bernard Cerquiglini explique dans le monde que l’écriture “inclusive” ne correspond pas à une féminisation de la langue française, et que son usage et son extension promettent de se révéler socialement excluants.

 

Tribune.

 

 On promeut d’ordinaire l’écriture « inclusive » en affirmant qu’elle prolonge une lutte récemment victorieuse : la féminisation des noms de métier. Comme cette dernière, elle contribuerait à la nécessaire présentation égalitaire des femmes et des hommes dans les énoncés, obtenue par un progrès de la langue. Leur différence profonde montre cependant combien l’écriture « inclusive », empreinte d’une louable intention, est une fâcheuse erreur.

La féminisation concerne une personne singulière. Le sexe de Mme Martin, traduit par le genre grammatical, détermine la forme féminine, aisément construite, de la profession qu’elle exerce. Durant des siècles, Mme Martin était boutonnière, estuveresse, marchande, comme elle fut écrivaine ou ambassadrice jusqu’au XVIIIe siècle.

Les professions ou fonctions « éminentes » ayant été fermées aux femmes, les formes féminines tombèrent en désuétude ou reçurent un emploi conjugal. Le mot « ambassadrice » est défini par la première édition (1694) du dictionnaire de l’Académie française comme « dame envoyée en ambassade » ; par la deuxième (1718) comme « la femme d’un ambassadeur ».

Quand les femmes obtinrent (tardivement) l’accès à ces professions, le féminin étant conjugalisé, on eut d’abord recours au masculin, au risque du barbarisme (« Mme l’ambassadeur » ; « L’ambassadeur est sortie ») ou de l’incongruité (« L’ambassadeur est enceinte »).

Des cas où expliciter la mixité est inutile voire inconvenant

En deux générations (tout de même ; et les polémiques furent violentes), l’affaire était réglée : le mouvement de féminisation, issu du Québec, était généralisé, le féminin devenu la norme pour des professions et fonctions occupées par des femmes (« L’ambassadrice représente son pays »), l’Académie française enfin convaincue, la langue rendue à son libre fonctionnement.

Cette lutte féministe avait servi et illustré la langue française. Tout autre est la question du pluriel. Quand un groupe humain est fait de femmes et d’hommes, il n’est point nécessaire, en général, d’en signaler la composition sexuelle : « Les Hollandais surveillent leurs digues » vaut pour toutes les personnes habitant les Pays-Bas.


Dans ce cas, expliciter la mixité est inutile, surprenant, voire inconvenant : « Les Hollandais et les Hollandaises surveillent leurs digues » laisse entendre que ce soin féminin n’était pas attendu. Que l’expression de la mixité soit requise ou souhaitée est à l’appréciation du locuteur (« Les Hollandais et les Hollandaises sont des adeptes de la musculation et partagent les tâches domestiques ») ; elle s’exprime avec les moyens de la langue, principalement par réduplication.

La guerre de l’eau

Dans Guerre et eau. L’eau, enjeu stratégique des conflits modernes publié récemment aux Editions Robert Laffont, le lieutenant-colonel de réserve Franck Galland décrypte les enjeux de sécurité collective liée à cette ressource et son importance dans les manœuvres militaires. Dans un monde soumis aux bouleversements climatiques, à la pression démographique et à la raréfaction des ressources hydriques, cet expert met en lumière les risques de conflit lié au partage de l’eau et les moyens de les résoudre.

Les ressources en eau vont-elles manquer d’ici 2050?

Il se dessine une véritable diagonale de la soif, traversant l’Afrique du Nord, le Proche et le Moyen Orient, puis la péninsule indienne jusqu’à la partie septentrionale de la Chine. Dans ce vaste ensemble, les ressources renouvelables disponibles deviennent très inférieures par endroits à la barrière de stress hydrique établie à 1 000 m3/habitant/an. On peut y inclure les pays du G5 Sahel où 150 millions de personnes ont vu diminuer de 40 % leurs ressources en eau en vingt ans, ainsi que les pays d’Asie Centrale constitués à 60 % de désert et qui dépendent uniquement de deux fleuves pour leur alimentation en eau.

Par ailleurs, même quand il y a structurellement de l’eau disponible, le manque de gouvernance, de planification et d’investissement, ainsi que les conséquences du changement climatique, peuvent conduire à des manques d’eau soudains. Ce fut le cas à Sao Paulo en 2015, à Rome en 2017 et au Cap, en Afrique du Sud, en 2018.

«Même quand il y a structurellement de l’eau disponible, le manque de gouvernance, de planification et d’investissement, ainsi que les conséquences du changement climatique, peuvent conduire à des manques d’eau soudains»

Est-ce de nature à provoquer des tensions et des conflits dans certaines régions du monde ​?

Dans certains pays, les conflits existent d’ores et déjà sur les usages, où par exemple il devient impératif de réformer des pratiques agricoles trop consommatrices d’eau ou de limiter, à terme, l’usage industriel de l’eau pour la fabrication, la réfrigération, la climatisation. Ensuite, vous avez des tensions entre régions qui s’expriment au sein d’un même pays, comme en Inde ou aux Etats-Unis. Mais dorénavant, de manière exacerbée, les tensions sont devenues transfrontalières et s’expriment avec intensité sur le Nil, sur le Tigre et l’Euphrate, sur le Mékong, mais également entre Russie et Ukraine à propos du Canal de Crimée du Nord. Cet ouvrage sous contrôle ukrainien fournissant 85 % de l’alimentation en eau de la Crimée passée sous pavillon russe est désormais un casus belli. C’est la raison pour laquelle le Conseil de sécurité des Nations Unies s’est emparé du sujet eau, paix et sécurité le 22 novembre 2016 lors d’une session spéciale regroupant 59 pays, et qu’il a été saisi en juin dernier par l’Egypte sur la problématique du Nil. Les tensions diplomatiques se multiplient en effet entre Ethiopie d’une part, Soudan et Egypte d’autre part, à la faveur du remplissage du barrage Renaissance, construit en territoire éthiopien sur le Nil Bleu depuis 2011.

Le partage des eaux du Nil, avec le remplissage du barrage Renaissance en Ethiopie, n’est-il pas de nature à dégénérer en conflit ​?

Cet ouvrage doit entrer cet été dans sa deuxième phase de remplissage à hauteur de 13,5 milliards de m3 sur ses 76 milliards de m3 de capacité. Il est à craindre de fortes tensions régionales si le remplissage de l’ouvrage ne se fait pas de manière concertée, si une validation n’est pas partagée quant aux données techniques et scientifiques relatives aux impacts de ce remplissage sur les pays aval que sont le Soudan et l’Egypte, et si Le Caire ne parvient pas rapidement à financer et à développer des infrastructures nouvelles de production d’eau issue du dessalement, de la réutilisation des eaux usées ou de la recharge artificielle de nappes. Une épée de Damoclès pèse ainsi sur la tête de l’Egypte qui dépend à 97 % du Nil pour son alimentation en eau et sur les rives duquel habitent 95 % de ses habitants, représentant une population qui a dépassé les 100 millions de personnes il y a un an et qui est appelée à croître fortement dans les années à venir. Le barrage Renaissance pose ainsi clairement à l’Egypte une question de souveraineté hydraulique et représente également un enjeu stratégique et sécuritaire en matière alimentaire et énergétique, en raison des impacts attendus tant sur les périmètres irrigués égyptiens que sur la production hydroélectrique du barrage d’Assouan.

Comme on le voit dans les guerres occidentales au Sahel et au Moyen Orient, les ouvrages hydrauliques sont à la foi des cibles et des ressources stratégiques ​?

Vous avez raison. Les usines de production, les stockages d’eau traitée, et même les sites d’assainissement, font l’objet d’inacceptables atteintes directes et de dommages collatéraux. Ce fut le cas dans les conflits de haute intensité qui sévissent encore au Yémen, en Syrie ou en Libye. Du fait de la guerre et des destructions d’infrastructures, près de 20 millions de Yéménites n’ont plus accès à de l’eau saine d’après le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef). Lors des conflits au Levant, l’Etat islamique a également pris en otage les barrages de Bath et Taqpa sur l’Euphrate, ainsi que le barrage de Mossoul sur le Tigre.

«L’eau s’est imposée comme une ressource stratégique dont le contrôle détermine la capacité de déploiement et de stationnement dans la durée sur le terrain, au même titre que le ravitaillement en essence et les munitions»

L’eau n’est-elle pas devenue aussi un enjeu pour les armées régulières ​?

L’eau s’est imposée comme une ressource stratégique dont le contrôle détermine la capacité de déploiement et de stationnement dans la durée sur le terrain, au même titre que le ravitaillement en essence et les munitions. Ce n’est pas nouveau. L’armée française a notamment beaucoup travaillé sur le sujet ces dernières années à la faveur des enseignements de son engagement en Afghanistan. Ce travail se poursuit actuellement dans la bande sahélo-saharienne, en particulier pour assurer la maîtrise de l’approvisionnement en eau des soldats qui y sont déployés via de l’eau issue de forages et des bouteilles d’eau. On estime le besoin minimum en eau destinée à la consommation d’un soldat à 10 litres par jour en climat tempéré, à 30 litres en climat chaud.

Quels sont les dispositifs imaginés pour éviter ces guerres de l’eau ​?

Il faut que les instances régionales de dialogue stratégique et de sécurité telles que l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) s’emparent du sujet pour anticiper les tensions transfrontalières liées à l’eau. La coopération technique à l’échelle des bassins-versants doit également être renforcée, comme le montre la pertinence du modèle développé à compter de 1972 par le président sénégalais Léopold Sédar Senghor avec la création de l’Organisation pour la mise en valeur du Fleuve Sénégal (OmvS) entre le Sénégal, la Mauritanie, le Mali et la Guinée. L’OmvS est un exemple réussi d’hydro-diplomatie, qui a su notamment inspirer le traité israélo-jordanien sur les eaux du Jourdain ; l’une des rares survivances des accords israélo-palestiniens d’Oslo qui avaient valu à leurs signataires, Shimon Peres, Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, l’obtention du Prix Nobel de la paix en 1994.

Faut-il créer une agence onusienne de l’eau avec des casques bleus attelés à la préservation de cette ressource ​?

Ban Ki-Moon, alors Secrétaire général des Nations Unies, avait souligné que la rareté des ressources en eau dans certaines parties du monde serait catalyseur de violences, et que, trop souvent, là où il y avait besoin d’eau, parlaient déjà les armes. Son successeur Antonio Guterres affirme le caractère inextricablement lié entre eau, paix et sécurité. Il y a cependant déjà bien des agences onusiennes qui s’occupent directement ou indirectement de la cause d’eau. Il faut à l’évidence maintenant en rationaliser le nombre et accroître leur efficacité opérationnelle. Mais l’eau étant devenue un sujet de sécurité collective, il faut aussi qu’il soit traité au niveau du Conseil de sécurité des Nations Unies et décliné par des organisations locales, comme l’UN Regional Centre for Preventive Diplomacy for Central Asia (UNRCCA). En viendra-t-on à la création de casques bleus de l’eau ? Je ne le sais, mais il y a à l’évidence un souci de mieux protéger les infrastructures hydrauliques durant les conflits et de faire respecter à leur endroit les conventions de Genève de 1949 et leurs protocoles additionnels de 1977.

Développement durable: Pour une économie de sobriété inutilement complexe

Développement durable: Pour une économie de sobriété inutilement complexe

 

L’économiste et sociologue Pierre Veltz estime, dans une tribune au « Monde », que le « déconfinement » de l’écologie passe par le développement d’une économie socialement juste, et créatrice de valeur et d’emplois de qualité.

 

Tribune. 
Les débats sur la loi « climat » illustrent parfaitement deux des grands obstacles auxquels se heurtent nos politiques écologiques : la difficulté à inclure des politiques sectorielles (habitat, transports, alimentation, etc.) dans une vision systémique ; mais surtout, plus profondément, l’incapacité à les replacer dans une perspective politique globale, dans un nouveau récit positif susceptible de mobiliser l’adhésion des citoyens – et même, plus simplement, leur compréhension. Dans le grand livre des politiques publiques, européennes, nationales et locales, l’écologie reste un chapitre à part. Sa place s’accroît, mais la synthèse nouvelle qui prendra le relais de la modernisation sociale-démocrate, dont le cycle s’achève sous nos yeux, reste à inventer.

L’envol des consommations

Atteindre la neutralité carbone en 2050 est un défi gigantesque. Le constat essentiel est que l’amplitude et l’urgence des mutations nécessaires ne pourront pas se contenter d’une augmentation, même forte, de l’efficacité de nos processus technico-économiques.

Les gains d’efficacité – en termes d’énergie consommée, de gaz à effet de serre (GES) émis, de matières utilisées, etc. – sont en effet systématiquement mangés par l’envol des consommations (l’effet « rebond »). Et ils sont largement absorbés par la « profondeur technologique » croissante, c’est-à-dire la course à la conception d’objets et de services de plus en plus (inutilement) sophistiqués. Il n’y a donc pas d’autre issue que de marier la recherche d’efficacité avec celle de la sobriété.

 

Mais toute la question est là : que faut-il mettre sous ce terme ? On pense en général à des comportements individuels, presque tous restrictifs. Ces comportements ont un impact réel mais limité. Mais le vrai défi est celui de l’invention d’une économie globalement et structurellement sobre, qui soit aussi socialement juste et créatrice de valeur et d’emplois de qualité, condition sine qua non de son acceptabilité.

Il est paradoxal que les résultats d’une convention citoyenne débouchent sur un catalogue de mesures sectorielles (proches de celles que les experts, eux aussi sectoriels préconisent depuis longtemps). On s’interroge, à juste titre, sur l’ampleur des mesures. On se chamaille autour d’une comptabilité boutiquière des mesures retenues ou rejetées. Mais, ce faisant, la question du « quoi produire » est totalement noyée sous les discussions techniques relatives au « comment produire ». Le problème de fond reste : la « décarbonation », surtout découpée en rondelles, ne fait pas un projet politique.

Satellite et Net : le danger de l’appropriation de l’espace par Elon Musk

  • Satellite et Net  : le danger de  l’appropriation de l’espace par Elon Musk
  • Des experts et des concurrents d’ Elon Musk s’inquiètent de la position de plus de plus dominante prise par Space X dans le projet d’Internet par satellite. Un danger qui pourrait se traduire par une appropriation de l’espace.
  •  
  • (Article du Wall Street Journal).

 

  • Le programme Starlink, géré par Space Exploration Technologies Corp. ou SpaceX, la société de M. Musk, a été autorisé à envoyer environ 12 000 satellites en orbite pour fournir une connexion Internet ultrarapide aux quatre coins de la planète. Dans ce cadre, une demande d’autorisation pour en déployer 30 000 autres a également été transmise.
  • Aujourd’hui, des entreprises concurrentes comme Viasat, OneWeb Global, Hughes Network Systems et Boeing dénoncent la stratégie spatiale de Starlink devant les autorités réglementaires américaines et européennes. Certains reprochent, par exemple, aux satellites de M. Musk de bloquer les signaux de leurs propres appareils et de faire peser une menace physique sur leurs équipements spatiaux.
  • Le projet de M. Musk n’en est encore qu’au stade des tests bêta, mais il a déjà bouleversé le secteur et a même incité l’Union européenne à développer un projet concurrent d’Internet via satellite qui sera dévoilé d’ici à la fin de l’année.
  • Le principal argument des détracteurs du milliardaire est que le principe « lancer d’abord, améliorer ensuite » de M. Musk — sur lequel il s’est appuyé pour faire de sa société de voitures électriques Tesla un pionnier en la matière — fait primer la rapidité sur la qualité en saturant l’orbite terrestre déjà encombrée de satellites pouvant nécessiter des corrections après leur lancement.
  • « SpaceX agit comme un cow-boy dans l’espace », estime Chris McLaughlin, responsable des relations avec les autorités publiques pour son rival OneWeb. « Chacun de nos satellites est semblable à une Ford Focus : il fait la même chose, il est testé, il fonctionne. Mais ceux de Starlink sont comme des Tesla : ils sont lancés, puis ils doivent être mis à jour et réparés, voire purement et simplement remplacés », poursuit-il.
  • SpaceX n’a pas répondu à nos demandes de commentaires.
  • « C’est une course à l’échalote pour obtenir, là-haut, autant de choses que possible afin de revendiquer la propriété de zones de l’espace orbital. [Elon] Musk fait seulement ce qui est légal… mais ce qui est légal n’est pas nécessairement sans risque ou durable »
  • Environ 5 % du premier lot de satellites Starlink ont connu des défaillances, avait indiqué SpaceX en 2019. L’entreprise les a laissés retomber progressivement sur Terre et se désintégrer durant cette phase de descente. En novembre 2020, l’astrophysicien Jonathan McDowell, du Centre d’astrophysique Harvard-Smithsonian, a calculé que le pourcentage de dysfonctionnement chez Starlink était de près de 3 %. Il indique que Starlink a, depuis, considérablement amélioré la conception de ses satellites, et que son taux de défaillance est actuellement inférieur à 1 % et continue à se réduire.
  • Mais selon M. McDowell, même en progressant continuellement, Starlink va exploiter un si grand nombre de satellites qu’un faible taux de défaillance suffira à représenter une menace relativement élevée pour la sécurité en orbite à cause des risques de collision. « Il est clair qu’ils apportent en permanence des améliorations… mais c’est un vrai défi qu’ils sont en train de relever et il n’est pas certain qu’ils seront en mesure de gérer leur constellation satellitaire complète », prévient-il.
  • Starlink exploite déjà plus de 1 300 engins spatiaux en orbite basse autour de la Terre et en ajoute environ 120 par mois. Sa flotte dépassera prochainement le nombre total de satellites lancés depuis les années 1950, soit environ 9 000.
  • L’espace orbital reste une zone de taille limitée, et l’absence actuelle de réglementation universelle signifie que les entreprises peuvent y placer des satellites selon le principe du premier arrivé, premier servi. M. Musk est ainsi en passe de se réserver la majeure partie de l’espace orbital disponible, en partie grâce au fait que, contrairement à ses concurrents, il possède ses propres lanceurs.
  • Dans les prochains jours, la Commission fédérale des communications (FCC) américaine devrait statuer sur une demande de SpaceX visant à modifier sa licence et à lui permettre de posséder un plus grand nombre de satellites en orbite à une altitude inférieure à 550 kilomètres. Si cette requête obtient le feu vert de l’autorité, les satellites concurrents devront alors contourner la constellation de SpaceX pour placer leurs propres engins spatiaux.
  • D’autres sociétés opérant dans l’espace ont demandé à la FCC d’imposer des conditions à SpaceX, notamment de réduire son taux de défaillance à 0,1 % et d’améliorer ses dispositifs d’évitement des collisions tout en veillant à ce que ses satellites ne bloquent pas les transmissions des autres engins en orbite au-dessus d’eux.
  • « Il devrait avoir moins de satellites et les améliorer », lâche Mark Dankberg, fondateur et président exécutif de Viasat.
  • Sur Twitter, M. Musk avait réagi aux précédentes mises en garde de M. Dankberg affirmant que sa société constituait un danger pour le trafic orbital : « Starlink “représente surtout un risque” pour les profits de Viasat », avait-il écrit.
  • Un porte-parole de Boeing, qui attaque également Starlink devant la FCC, a déclaré qu’il est « d’une importance capitale pour avoir un environnement orbital sûr et durable à l’avenir que les normes soient cohérentes au niveau mondial et permettent l’application de règles du jeu concurrentielles. »
  • Dans la zone spatiale où opère Starlink, les satellites tournent autour de la Terre à près de 30 000 km/h. Toute collision pourrait disperser des débris ayant une très grande vitesse susceptibles de rendre l’orbite inexploitable pendant des années.
  • Les concurrents du projet d’Elon Musk affirment que ses satellites ont une faible manœuvrabilité, ce qui signifie que ce sont les engins de ces entreprises qui doivent réagir en cas de risque de collision.
  • Au cours des deux dernières années, les satellites de Starlink se sont approchés de manière inquiétante d’autres engins spatiaux à deux reprises, notamment le 2 avril, lorsque l’un d’eux a contraint un appareil exploité par OneWeb — qui appartient aux conglomérat indien Bharti Global et au gouvernement britannique — à effectuer des manœuvres d’évitement, selon OneWeb et l’U.S. Space Command.
  • Les satellites de M. Musk sont équipés d’un système automatique d’évitement des collisions géré par intelligence artificielle. Pourtant, ce système a dû être désactivé lorsqu’un de ses engins s’est approché à mois de 60 mètres d’un satellite d’un concurrent ce mois-ci, selon M. McLaughlin de OneWeb.
  • Alors contactés par OneWeb, les ingénieurs de Starlink ont répondu qu’ils ne pouvaient rien faire pour éviter la collision et ont désactivé le système d’évitement afin que OneWeb puisse manœuvrer à proximité du satellite Starlink sans interférence, selon M. McLaughlin.
  • Starlink n’a pas divulgué de détails sur son système d’IA anti-collision. M. McDowell, l’astrophysicien précité, note qu’il est difficile de considérer un tel système comme sérieux alors qu’on ne sait toujours pas quelles données il utilise pour fonctionner.
  • Un incident similaire a eu lieu fin 2019, lorsqu’un engin de Starlink était sur une trajectoire devant presque aboutir à une collision avec un satellite météorologique de l’Union européenne, selon l’Agence spatiale européenne, qui gère ceux de l’UE. L’agence a déclaré qu’elle n’avait pu contacter Starlink que par e-mail et que l’entreprise lui avait répondu qu’elle ne prendrait aucune mesure, si bien que les ingénieurs de l’UE avaient dû procéder à une manœuvre pour éviter la collision.
  • SpaceX n’a pas répondu à nos demandes de commentaires sur ces deux incidents.
  • L’orbite terrestre basse est de plus en plus encombrée de constellations de satellites destinés à l’Internet haut débit. Le projet Kuiper d’Amazon veut en mettre en orbite 3 200, le britannique OneWeb environ 700 et le canadien Telesat quelque 300. La Russie et la Chine travaillent également sur leurs propres constellations, potentiellement gigantesques.
  • Un responsable de l’UE explique que posséder une constellation capable de fournir de l’Internet haut débit sur Terre est une priorité stratégique pour l’Union européenne. Celle-ci devrait publier d’ici à la fin de l’année une feuille de route pour un partenariat public-privé visant à créer une flotte de satellites pour le haut débit d’une valeur d’environ 6 milliards d’euros.
  • Selon les experts en sécurité spatiale, le nombre de projets signifie qu’une réglementation plus stricte est désormais nécessaire pour éviter d’éventuelles catastrophes.
  • « C’est une course à l’échalote pour obtenir, là-haut, autant de choses que possible afin de revendiquer la propriété de zones de l’espace orbital », observe Moriba Jah, professeur associé au département d’ingénieries aérospatiale et mécanique de l’Université du Texas à Austin. « Musk fait seulement ce qui est légal… mais ce qui est légal n’est pas nécessairement sans risque ou durable. »
  • Néanmoins, la plupart des gouvernements accueillent favorablement l’arrivée d’un Internet haut débit par satellite, qui constitue une alternative moins coûteuse et plus rapide à la construction de réseaux terrestres. En Allemagne, plus grande économie européenne, le principal opérateur télécoms, Deutsche Telekom, a récemment fait part de sa volonté de s’associer à Starlink.
  • « Je suis un grand admirateur d’Elon Musk et de ses idées », a déclaré Timotheus Höttges, directeur général de l’entreprise, en janvier.

 

  • (Traduit à partir de la version originale en anglais par Grégoire Arnould)
  • Traduit à partir de la version originale en anglais

Spéculation et Cryptomonnaie : la folie avec le Dogecoin qui a progressé de 8000 % depuis le début de l’année

  • Spéculation et Cryptomonnaie : la folie avec le Dogecoin qui a progressé de 8000 % depuis le début de l’année
  • Un article du Wall Street Journal qui explique la folie des cryptes menées et de ses éventuelles conséquences en cas de chute sur les marchés financiers.
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  • La crypte menée la plus connue à savoir le bitcoins a enregistré une chute brutale de 10 % récemment. Une chute qui n’est sans doute pas terminé compte tenu de la très grande volatilité de ce produit financier qui en réalité ne s’appuie sur aucun actif. En outre les banques centrales sont actuellement en train d’étudier les possibilités de mettre au point des crypto monnaie reposant elle sur les actifs de ces institutions financières. Lundi, le dogecoin a fait l’actualité à Wall Street : la cryptomonnaie à tête de chien a grimpé en flèche, portant sa progression depuis début janvier à 8 100 %, soit plus que les gains du S&P 500 (dividendes compris) depuis… 1988.
  • Cette ascension a fait du dogecoin, né du mème « Doge » (NDLR : qui utilise une photo de chien de la race shiba accompagnée de texte humoristique, souvent en mauvais anglais), un actif qui vaut désormais quelque 50 milliards de dollars, soit plus que Marriott International ou Ford.
  • Le destin du dogecoin n’est pas sans rappeler l’envolée de GameStop : en début d’année, des traders s’étaient regroupés sur Reddit et d’autres réseaux sociaux pour faire du vendeur de jeux vidéo sur le déclin une superpuissance boursière.
  • Cette fois-ci, ils sont allés encore plus loin : ils ont transformé une parodie en actif bien réel, offrant au passage des gains colossaux aux premiers acheteurs. Et ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin : ils ont décidé que ce mardi serait le « Doge Day » et s’organisent tant bien que mal pour que la cryptomonnaie vaille ce soir un dollar, contre 39 cents lundi à la clôture et moins d’un penny en janvier.

 

  • Ces deux épisodes soulignent le poids des investisseurs individuels qui, pour peu qu’ils se réunissent au sein de communautés en ligne, peuvent avoir un impact étonnamment fort sur les cours de Bourse. Ils témoignent aussi de la certitude que les prix vont continuer de monter et portent en eux le risque qu’au premier retournement du marché, ces fortunes disparaissent aussi vite qu’elles étaient apparues.
  • « Les gens qui se lancent en ce moment sont souvent des novices, ils n’étaient pas là au dernier krach du bitcoin », raconte Robert Drach, gérant chez Drach Advisors à Tallahassee, où il s’occupe des investissements de clients individuels.
  • Pour l’heure, les montagnes russes des actifs chouchous des forumeurs n’ont pas eu beaucoup d’influence sur le reste de la sphère financière. Le titre GameStop a flambé en janvier avant de retomber sans que les grands indices ne soient touchés. Cela étant, nombreux sont les investisseurs qui suivent ces bizarreries, se disant qu’un effondrement du dogecoin ou du bitcoin pourrait pousser les hedge funds et d’autres grands investisseurs à réduire leur exposition aux actifs risqués, et pourrait donc provoquer un mouvement plus général d’aversion au risque.
  • Même s’il n’y a actuellement aucune raison de redouter un krach boursier, l’ascension du dogecoin « me fait beaucoup penser à une bulle », ajoute Robert Drach. « Cela m’inquiète toujours un peu, pas seulement pour les investisseurs en dogecoin, mais aussi pour les investisseurs en actions. »
  • L’envolée du dogecoin s’inscrit dans un contexte plus général de progression des cryptomonnaies et d’enthousiasme (potentiellement exagéré) des investisseurs vis-à-vis de ces actifs et du reste du marché
  • Quoi qu’il en soit, pour le moment, le dogecoin illustre un fait aussi improbable qu’avéré : en 2021, ce sont les paris les plus fous qui peuvent rapporter le plus. Une personne qui aurait investi 10 000 dollars en dogecoin le 31 décembre aurait été, hier lundi, à la tête d’un pactole dépassant les 821 000 dollars, selon des données Kraken. La même somme placée en actions GameStop vaudrait un peu moins de 87 250 dollars. Et 11 150 dollars, dividendes inclus, si elle avait été investie dans un ETF suivant le S&P 500.
  • Si le dogecoin touche la barre symbolique du dollar, sa valeur dépassera celle de grands noms de la bourse américaine, dont Advanced Micro Devices, CVS Health et General Motors.
  • « C’est absurde, soupire Billy Markus, co-créateur du dogecoin. Je n’ai jamais vu ça, c’est un de ces trucs qui ne s’arrête plus de grimper une fois qu’il a démarré. »
  • Le dogecoin n’a aucune utilité et, contrairement à la plupart des cryptomonnaies, il existe en quantité illimitée : chaque jour, des ordinateurs résolvent des énigmes mathématiques pour débloquer de nouveaux dogecoin. Lundi, on en dénombrait environ 129,2 millions en circulation, selon CoinDesk.
  • L’envolée du dogecoin s’inscrit dans un contexte plus général de progression des cryptomonnaies et d’enthousiasme (potentiellement exagéré) des investisseurs vis-à-vis de ces actifs et du reste du marché. Depuis le début de l’année, cette allégresse a profité aux « memes stocks », ces valeurs devenues virales (Gamestop par exemple), mais aussi aux jetons non fongibles qui servent à garantir l’authenticité d’une œuvre d’art ou d’images sportives.
  • Particulièrement volatiles, les cryptomonnaies peuvent enregistrer des hausses ou des baisses à deux chiffres en l’espace de quelques heures. Sur la plateforme d’échange de cryptomonnaies Coinbase Global, les cours du bitcoin et de l’ether ont atteint de nouveaux records la semaine dernière. Puis, dimanche, le bitcoin s’est effondré de plus de 10 %, plombé par des spéculations affirmant que le département du Trésor allait engager des poursuites contre certaines institutions accusées de blanchir de l’argent grâce aux cryptomonnaies.
  • Les chèques envoyés aux ménages américains et la faiblesse des taux d’intérêt ont fait flamber les actions l’an passé, mais aussi dopé le dogecoin, selon Robert Drach.
  • « Je trouve ça gonflé de gagner des tonnes d’argent grâce à un [ETF] sur le S&P 500 tout en se moquant des gens qui achètent du dogecoin, parce que ce sont les mêmes liquidités qui soutiennent tous ces actifs », ajoute-t-il.
  • Les traders racontent, eux, qu’ils ont eu l’idée du « Doge Day » après avoir vu une publicité sur le compte Twitter de Slim Jim. Filiale de Conagra Brands, la marque de snack salés utilise régulièrement des mèmes pour faire parler d’elle. Cette fois-ci, elle voulait lancer DogeSlimJim mardi, demandant à la « DogeArmy » de faire passer le message, et avait rempli son compte de mèmes reprenant le célèbre shiba.
  • Lanie Friedman, porte-parole de Conagra, a expliqué que la marque voulait lancer un produit numérique inspiré du doge, sans donner plus de précisions. Elle a toutefois précisé que la campagne de Slim Jim n’avait aucun lien avec la valeur du dogecoin.
  • Shaun Becker habite à Phoenix. C’est après avoir vu les tweets de Slim Jim qu’il a commencé de parler du « Doge Day » sur son compte Twitter. Analyste spécialiste des risques de la conformité, cet homme de 36 ans a acheté ses premiers dogecoin le 8 février, quand des célébrités (dont Elon Musk, le patron de Tesla, et le rappeur Snoop Dogg) ont commencé d’en faire la publicité. Ses 1 179,42 dollars d’investissement valaient 4 477 dollars lundi, pour un dogecoin à 39 cents.
  • « J’ai bon espoir que, mardi, il atteigne au moins un dollar, prédit-il. Même si on ne met que 100 dollars, on peut doubler sa mise. Je ne veux pas pousser les gens à faire des investissements risqués, je veux juste que tout le monde ait une part du gâteau. »
  • La semaine dernière, les petits nouveaux avaient accumulé tant de bitcoins que Robinhood Markets a eu du mal à tout gérer.
  • Selon la très populaire application de trading, l’intérêt que suscite cette cryptomonnaie depuis jeudi dernier « a fait peser une pression très forte sur les systèmes d’échange », qui ont fini par lâcher. Tout a été réparé en moins de deux heures, souligne Robinhood, mais de nouveaux problèmes sont survenus vendredi, lorsque le dogecoin a signé un nouveau record en séance à 45 cents. Ils ont perturbé quelques ordres et retardé l’envoi de notifications à certains clients, a précisé l’entreprise.
  • Robinhood (et d’autres plateformes de trading destinées aux particuliers) ont connu des pannes et des incidents techniques l’an passé en raison de l’explosion de la demande. En début d’année, Robinhood avait également été vertement critiquée pour avoir suspendu puis limité les achats de titres dont la popularité avait grimpé en flèche (GameStop notamment).
  • Entre jeudi et vendredi, sur Kraken, une Bourse qui appartient à Payward, les volumes d’échange de dogecoin ont atteint 71 fois leur moyenne sur 30 jours.
  • (Traduit à partir de la version originale en anglais par Marion Issard)
  • Traduit à partir de la version originale en anglais

Economie, politique, société: les plus lus

Economie, politique, société: les plus lus

 

Climat : Pour « une éco-détaxe »

Climat : Pour  « une éco-détaxe »

Six défenseurs de la transition énergétique suggèrent, dans une tribune au « Monde », de remplacer l’écotaxe, souvent jugée punitive et inégalitaire, par une baisse des taxes sur les produits les moins polluants.

Tribune

Pour respecter l’accord de Paris, la mise en place d’une fiscalité environnementale est nécessaire et urgente, mais terriblement impopulaire. Comment sortir de cette impasse ?

La France, pays des « gilets jaunes » et des « bonnets rouges », pourrait paradoxalement être la mieux placée pour apporter une solution universellement applicable à ce problème, et en finir avec le choix tragique entre « fin du mois » et « fin du monde ».

Aujourd’hui, les produits qui ont l’impact le plus négatif sur l’environnement sont, bien souvent, les moins chers de leur catégorie. Ainsi, le système actuel donne un avantage concurrentiel aux productions les moins vertueuses. Dans ces conditions, difficile pour le consommateur de résister. Mais si demain, c’était les produits les plus responsables qui bénéficiaient d’un tel avantage ? Si consommer mieux coûtait moins cher ?

Une fiscalité environnementale bien pensée pourrait devenir le catalyseur de ce réalignement entre l’intérêt personnel – payer moins – et l’intérêt général – préserver la planète. En somme, puisqu’il est si difficile de taxer les produits les plus carbonés, faisons l’inverse : détaxons les produits les plus décarbonés !

Premier volet : instituer un devoir d’information sur les impacts environnementaux pour tout bien ou service mis sur le marché, et généraliser rapidement l’étiquetage environnemental (évalué de A à E), dans le sillage de l’étiquetage envisagé dans le cadre de la loi Climat et résilience en discussion à l’Assemblée nationale.

On pourrait penser qu’il s’agit d’une mesure symbolique. On aurait tort. Une des innovations les plus simples et les plus efficaces pour infléchir les comportements de consommation a été inventée par l’Europe en 1992 : l’étiquetage énergétique. Cette obligation d’information, très simple à déployer, a durablement réorienté l’offre et la demande dans le sens de la sobriété énergétique. Toute l’offre s’est améliorée pour tendre vers la note A, au point qu’il a fallu sans cesse ajouter de nouveaux grades pour discriminer entre les différents « A » ! En 2018, 75 % des lave-vaisselle achetés en France étaient évalués A +++ et A ++, malgré un coût supérieur aux équivalents de catégorie A + ; parallèlement, les modèles les moins disants étaient déréférencés, faute de clients. Une innovation d’étiquetage peut ainsi, à elle seule, faire évoluer les attentes et les normes de production sur un marché.

Foot business : le fric a tué la dramaturgie

Foot business : le fric a tué la dramaturgie

Alexis Abeille,Supporteur de l’Olympique de Marseille,Geoffroy Daignes,Supporteur du Racing Club de Lens estime dans une tribune au Monde que le fric a tué la dramaturgie

Tribune.

 

En apparence, les créateurs de la Super Ligue de football européen ont renoncé à leurs projets, mais dans les faits, la transgression est faite et ses motifs sont énoncés : moins suivi par les nouvelles générations, le football a besoin de renouveler son spectacle, alors que le Covid-19 a plongé dans le rouge l’ensemble des clubs européens.

Si le projet a volé en éclats en 48 heures, il est difficile de parler d’échec pour les clubs promoteurs de ce projet tant la logique de la réforme de la Ligue des champions proposée dans le même temps par l’Union des associations européennes de football (UEFA) reprend leurs volontés. Plus de matchs, davantage de droits de télévision et une participation à la compétition sécurisée pour des grands clubs vivant au-dessus de leurs moyens depuis des années. Curieuse démarche qui, face à une baisse de la demande, propose une hausse de l’offre.

Ce n’est donc pas une réforme, mais une opération de prédation des puissants d’un football spéculatif dont le modèle économique ne tient plus. Florentino Perez, le président du Real Madrid, l’admet lui-même, malgré lui : « S’il n’y a pas d’argent chez les grands, ils n’achètent pas de joueurs aux autres. C’est une pyramide. » Chacun appréciera au passage la définition du ruissellement donné par le roublard Perez : un système où les plus puissants s’accaparent la totalité des richesses pour décider ensuite auprès de qui ils distribuent les miettes, s’ils en ont l’envie et le besoin – avis aux amateurs.

Les supporteurs de football se sont réveillés après plusieurs jours d’un épisode tragicomique, où ils ont pu, sur tous les canaux, protester contre l’annonce de cette sorte de NBA [National Basketball Association] montée à l’envers, aux enjeux sportifs aussi mal définis que les enjeux financiers (400 millions d’euros annuels pour chaque club) étaient énormes. Alors, ont-ils vraiment réussi à renverser la donne ? Le doute est permis.

En réalité, le football fonctionne déjà selon un principe d’inégalité économique qui a quasiment rompu avec la dramaturgie de ce sport. Qu’il est loin, le temps où, dans un article publié dans Il Giorno, Pier Paolo Pasolini (1922-1975) considérait le football comme un système de signes, et donc un langage, où les passes seraient la prose et où les dribbles et les actions qui mènent à un but seraient la poésie.

« Depuis dix ans, les championnats nationaux sont trustés par une poignée de clubs et tout suspense a disparu. Pile je gagne, face tu perds »

Le libéralisme n’est pas mort ! (Patrick Artus)

Le libéralisme n’est pas mort ! (Patrick Artus)

L’économiste Patrick Artus veut sans doute curieusement rassurer ou se rassurer lui-même et rejette, dans sa chronique au « Monde », l’idée que l’intervention massive des Etats dans le fonctionnement de l’économie soit le signe d’un retour à l’économie dirigée, il s’agit plutôt d’un réajustement des « incitations » visant à aider les acteurs économiques dans leurs choix.

Un argumentaire quand même un peu simpliste car le choix n’est sans doute pas entre un dirigisme étatique et un libéralisme sans régulation. NDLR

Chronique

La crise du Covid-19 a conduit, dans tous les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), à des interventions massives des banques centrales et des Etats dans le fonctionnement des économies et dans les choix des agents économiques. Il a donc été affirmé que la pandémie avait sonné la fin du libéralisme économique, c’est-à-dire d’un système où les ménages et les entreprises poursuivent librement leurs objectifs, et ne sont pas empêchés par les Etats de faire les choix qui leur paraissent opportuns.

Les banques centrales des pays développés ont choisi de maintenir des taux d’intérêt très bas (les taux d’intérêt à dix ans dans l’OCDE sont aujourd’hui en moyenne inférieurs à 1 %, alors que la croissance nominale va être d’au moins 7 % en 2021), en achetant des quantités massives d’obligations. Cela a permis aux Etats de générer des déficits publics (au moins 13 % du produit intérieur brut de l’OCDE en 2021) et des taux d’endettement publics très élevés, tout en assurant la solvabilité des emprunteurs publics et privés. Les banques centrales ont également décidé de participer à l’accélération de la transition énergétique en favorisant dans leurs financements les dettes « vertes » ou les dettes d’entreprises « vertes ».

L’intervention économique des Etats, au-delà de la définition des règles sanitaires, est tout aussi impressionnante. Les politiques budgétaires expansionnistes (transferts, subventions, financement du chômage partiel…) ont évité le recul du revenu des ménages malgré la récession : au contraire, le pouvoir d’achat du revenu des ménages de l’OCDE a progressé de 3 % en 2020. Ces aides ont également préservé les profits des entreprises.

Les Etats ont aussi garanti des crédits aux entreprises (pour près de 140 milliards d’euros en France) et ont, à travers les différents plans de relance, financé des investissements stratégiques (médicament, électronique, matériel médical), financé des relocalisations, affirmant ainsi leur volonté de moins dépendre des chaînes de valeur mondiales.

 

Enfin, aux Etats-Unis et en Europe, les gouvernements ont pris la décision d’accélérer la transition énergétique et de durcir les normes climatiques environnementales.

Banques centrales et Etats ont donc bel et bien fortement accru leurs interventions dans les décisions des ménages et des entreprises, et dans l’évolution générale de l’économie. Mais est-on passé pour autant à une économie dirigiste ?

Affaire Sarah Halimi : une exonération de responsabilité coupable

Affaire Sarah Halimi : une exonération de responsabilité coupable

En exonérant de responsabilité pénale le meurtrier de Sarah Halimi, la justice française envoie un message de faiblesse aux criminels de tout poil et un signal consternant au monde entier, s’alarme, dans une tribune au « Monde », Joël Mergui, président du Consistoire central israélite de France.

Tribune.

 

 Depuis la décision de justice de la Cour de cassation, le 14 avril, confirmant l’irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi, une intense émotion et une colère ont saisi la communauté juive et, je veux le croire, toute la communauté nationale. Mais que l’on s’entende bien : s’il est vrai que critiquer une décision de justice n’est jamais une démarche facile, elle l’est encore moins dans la tradition juive, dont l’histoire et la culture ont été façonnées depuis des siècles par la fidélité à la loi. Nous avons ainsi appris depuis des millénaires combien l’application de la justice est exigeante, combien elle doit se méfier des passions et combien elle doit parfois s’éloigner de la soif de justice « populaire ».

En exonérant de responsabilité pénale l’auteur des faits, et en s’engageant dans une distinction aventureuse entre « l’ivresse » et le « délire », « l’altération prévisible » du discernement ou son « abolition imprévisible » due à la prise de stupéfiants, la justice française envoie un message de faiblesse aux criminels de tout poil.

A l’heure où notre société subit de plein fouet les affres d’une violence débridée, et tout particulièrement d’un antisémitisme ravageur et d’un islamisme grandissant, alimentés par les esprits les plus fous, la nécessité d’avoir une justice forte ne nous a jamais semblé aussi impérieuse. Le signal inverse envoyé au monde entier par cette décision est consternant.

Par ailleurs, la stupeur qui nous a saisis est d’autant plus vive qu’elle vient consacrer une nouvelle lecture des actes antisémites qui pointait depuis quelques années : la psychiatrisation des esprits antisémites. Désormais, avant de qualifier un acte d’antisémite, un rituel systématique consiste à analyser la « psyché » de son auteur : Est-il « sain » d’esprit ? Ou est-il « fou » ?

Mais, qui a jamais imaginé qu’un assassin antisémite puisse être équilibré ? Qui peut prétendre qu’un terroriste est une personne lucide, raisonnée et raisonnable ? Le propre d’un esprit criminel est d’être animé par une forme de folie et de démence !

L’assassin, dont la justice a considéré qu’il n’avait pas assez de discernement pour être jugé, avait tout de même gardé, selon la même justice, suffisamment de discernement pour ne pas se tromper de victime, se souvenir de la religion de celle-ci, commettre un meurtre dont le caractère antisémite a été reconnu, et enfin citer à la perfection les versets du Coran qu’il énonce religieusement avant de passer à l’acte. Désormais, cette prétendue « folie » est une cause exonératrice de procès, pire, exonératrice de meurtre antisémite. Elle interdit aux familles de faire leur deuil, et à la société de panser ses plaies. Comment notre société en est-elle arrivée là ? Est-ce par « bienveillance » à l’égard des juifs de France que l’on espère rassurer en leur faisant croire que l’antisémitisme n’est pas si virulent, et que c’est finalement « par hasard » qu’un « fou » s’est attaqué à eux comme il aurait pu s’attaquer à un autre citoyen ?

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