Archive mensuelle de avril 2021

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Confinement et bac ?

Confinement et bac ?

Le recteur de Paris, Christophe Kerrero, dresse des perspectives après l’annonce de la fermeture des établissements scolaires

 

 

Dès ce vendredi 2 avril, les écoles fermeront leurs portes pour trois semaines (quatre pour les collèges et lycées). Avant deux semaines de vacances communes aux trois zones, qui commenceront le samedi 10 avril, les élèves suivront quatre jours d’enseignement à distance.

Ancien directeur de cabinet du Jean-Michel Blanquer, Christophe Kerrero, recteur de Paris depuis juillet 2020, supervise la région académique Ile-de-France qui compte 2,4 millions d’élèves.

Le ministre, Jean-Michel Blanquer, l’a répété jeudi matin sur RTL : fermer les écoles est « une mesure de dernier ressort ». La pression était trop forte pour les maintenir ouvertes ?

C’est la hausse de l’épidémie, indéniable, qui a été à l’origine de cette décision de freinage nécessaire. Mais il n’y a pas eu d’explosion de cas avérés à l’école, pas plus que dans le reste de la société. Ce n’est pas l’augmentation de la circulation du virus qui a entraîné le nombre plus important de fermetures de classes, mais la règle annoncée vendredi dernier selon laquelle on ferme une classe dès le premier cas. Ce mercredi 31 mars, dans l’ensemble de la région Ile-de-France, 4 427 classes étaient fermées sur 160 000, dont 971 à Paris sur un total de 14 000. On dénombrait 2 888 cas de Covid confirmés sur plus de 2,3 millions d’élèves. Le taux de positivité des tests antigéniques est de 0,7 %, celui des tests salivaires de 1 %.

Au-delà des chiffres, cette fermeture ne sonne-t-elle pas comme un désaveu ?

Cette crise sanitaire est complexe. C’est une course contre la montre. Il est normal, quand elle évolue défavorablement, que l’école participe au freinage mais elle reste la grande priorité de la nation. Le Président et le gouvernement ont essayé d’aménager les choses au mieux, de les perturber le moins possible, en jouant sur le calendrier scolaire et en anticipant sur les vacances. Avec des conséquences somme toute assez limitées : une semaine en moins pour les écoliers, deux semaines pour les collégiens et lycéens. Il ne s’agit donc pas d’une inflexion de la politique qui reste « priorité à l’école » mais d’une adaptation à la situation épidémiologique.

« Sur la question de la fermeture, les avis n’étaient pas unanimes. Des enseignants manifestaient leur inquiétude pour leur santé quand d’autres souhaitaient continuer, notamment dans les lycées »

La pression peut aussi être politique. Vous travaillez en permanence avec la Région (pour les lycées), la Ville de Paris (pour les collèges et le primaire). Valérie Pécresse avait proposé d’avancer les vacances scolaires, Anne Hidalgo réclamait la fermeture des écoles. En période de crise, comment se passe cette collaboration ?

Il y a la parole politique et la réalité du quotidien. Nous faisons un excellent travail avec les services de la Région et de la Ville.

Beaucoup d’enseignants semblent à bout. Tel est du moins le discours des organisations syndicales. Quel est votre constat ?

Lors de mes visites dans les établissements, je vois surtout des enseignants et des cadres fiers d’avoir pu maintenir l’école ouverte de septembre à mars. Malgré la fatigue accumulée, ils font preuve de beaucoup de conscience professionnelle. Après les professions de santé, ce sont sans doute les deuxièmes à être autant au front. Un proviseur m’a, par exemple, expliqué qu’il en était à sa septième adaptation de l’emploi du temps depuis septembre. Sur la question de la fermeture, les avis n’étaient pas unanimes. Des enseignants manifestaient leur inquiétude pour leur santé quand d’autres souhaitaient continuer, notamment dans les lycées qui fonctionnaient en demi-jauge depuis quelques mois. Il y aura toujours des polémiques, mais la maison Education nationale reste mobilisée.

« Nous faisons le maximum pour maintenir les épreuves, mais nous savons que nous pourrons être obligés de nous adapter. Basculer du présentiel au contrôle continu est possible dans un temps limité »

L’incertitude demeure sur les examens de fin d’année et, notamment, sur le bac. Les syndicats lycéens se disent inquiets. Jusqu’à quand peut-on modifier le calendrier prévu ?

Pour le bac, le ministre a dit son souhait de maintenir l’épreuve de philosophie et le grand oral en juin. Nous misons aussi sur l’espoir de la vaccination. Au vu du calendrier, la situation est extrêmement tendue, mais jouable. Si des modifications devaient être apportées, elles peuvent l’être jusqu’en mai. Nous faisons le maximum pour maintenir les épreuves, mais nous savons que nous pourrons être obligés de nous adapter. Basculer du présentiel au contrôle continu est possible dans un temps limité.

Au lendemain de ces annonces de fermeture, quelle est l’urgence pour le recteur d’une région académique qui compte 20 % de la population scolaire ?

Ce n’est malheureusement pas la première fois, la machine est rodée, elle est même devenue très agile. L’enjeu principal est d’informer au plus tôt les familles et les élèves sur le nouveau calendrier scolaire. Quant à l’équipement numérique, de gros progrès ont été faits, même si cela reste plus compliqué pour le premier degré. A Paris, plus de 60 % des écoles sont cependant dotées d’un environnement numérique de travail (ENT). Le taux d’équipement est satisfaisant au collège et dans les lycées où la Région Ile-de-France a fourni un ordinateur à chaque élève de seconde.

La monnaie : d’abord un fondement politique

 La monnaie : d’abord un fondement politique 

Les économistes Michel Aglietta et Natacha Valla, auteurs de l’ouvrage « Le Futur de la monnaie », expliquent, dans un entretien au « Monde », que les innovations dans les politiques monétaires ou les technologies financières ne remettent pas en cause les fondements psychologiques et politiques de l’argent tel que nous le connaissons.

 

Entretien.
Michel Aglietta est conseiller scientifique au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), organisme de recherche indépendant placé auprès du premier ministre. Né en 1938, professeur émérite de sciences économiques à l’université Paris-Nanterre, il a écrit de nombreux ouvrages sur la théorie de la monnaie : La Violence de la monnaie (avec André Orléan, PUF, 1984), La Monnaie souveraine (Odile Jacob, 1998), La Monnaie : entre violence et confiance (Odile Jacob, 2002), La Monnaie : entre dettes et souveraineté (avec Pepita Ould Ahmed et Jean-François Ponsot, Odile Jacob, 2016) et Le Futur de la monnaie (avec Natacha Valla, Odile Jacob, 320 pages, 24,90 euros). 

 

Natacha Valla est doyenne de l’Ecole de management et d’innovation de Sciences Po Paris. Née en 1976, elle a fait une grande partie de sa carrière à la Banque centrale européenne, de 2001 à 2005, puis de 2018 à 2020 comme directrice générale adjointe chargée de la politique monétaire, entrecoupée de passages par le secteur privé – Goldman Sachs de 2008 à 2014, LVMH de 2016 à 2018 et à nouveau depuis 2020 – et par la recherche – CEPII de 2014 à 2016. Avec Michel Aglietta, elle a publié, en 2017, Macroéconomie financière (La Découverte).

Le déversement de milliers de milliards de dollars et d’euros d’argent public sur les économies victimes de la crise du Covid-19, de part et d’autre de l’Atlantique, risque-t-il de rallumer les craintes d’une perte de confiance dans la « valeur de l’argent », tant le sentiment d’une abondance soudaine paraît surréaliste après des décennies de discours sur la nécessité de l’austérité budgétaire et la condamnation de l’obésité financière des Etats ?

Il convient de repartir de l’idée que la monnaie n’est pas un dispositif technique, une simple fonction « d’utilité » pour opérer des transactions, mais une institution essentielle, exprimant l’appartenance sociale à une communauté humaine ; son fonctionnement est la manifestation d’une souveraineté publique. La monnaie est née il y a 5 000 ans à Sumer, entre le Tigre et l’Euphrate, en même temps que l’écriture et qu’une entité nouvelle, l’Etat, qui met à distance le sacré pour devenir l’expression du collectif dans sa diversité. Et cela n’a pas changé : toute crise de la monnaie, qu’elle soit inflationniste (envolée des prix et effondrement de la valeur de la monnaie) ou déflationniste (insolvabilité en chaîne des dettes), est aussi une crise politique.

« Délinquance : l’une des sources du radicalisme »

 

 

Dans le cadre du projet de loi « pour la confiance dans l’institution judiciaire », la suppression des remises automatiques de peine doit s’accompagner d’une réforme systémique, estime le sociologue Tarik Yildiz dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune. Le 2 mars, le garde des sceaux a dévoilé les grandes lignes de son projet de loi « pour la confiance dans l’institution judiciaire ». Au-delà des pistes qui répondent aux enjeux propres des juridictions – meilleure protection du secret de la défense ou limitation de la durée des enquêtes préliminaires –, Eric Dupond-Moretti a annoncé son intention de mettre fin aux remises automatiques de peine. 

A l’origine d’une exécution des peines presque systématiquement inférieure à celles annoncées lors des condamnations, le dispositif de crédit de réduction de peine (CRP) existe depuis 2004. Il est appliqué d’office, même s’il peut être exceptionnellement retiré par le juge de l’application des peines après saisine par le procureur de la République ou le chef d’établissement. Il s’ajoute à la réduction supplémentaire de la peine (RSP) qui n’est, elle, pas automatique

La volonté du ministre de la justice est à saluer : de nombreux observateurs réclament cette réforme depuis des années afin de transformer la logique sous-jacente. Il s’agit de faire respecter les peines annoncées par défaut et de ne pas les réduire pour de « mauvaises » raisons, au premier rang desquelles la surpopulation carcérale.

 

Au-delà des critiques peu pertinentes accusant le ministre de populisme (confondu à tort avec une forme de bon sens populaire), cette initiative pose de nombreuses difficultés qu’il convient d’anticiper.

Tout d’abord, les critères pour bénéficier de ces remises devront être clarifiés et complétés : liste de cas de figure concrets, qualification de la bonne conduite, etc. Par ailleurs, les mêmes opportunités devront être offertes à chaque détenu : formation, activité professionnelle, enseignement… supposant la mise en place d’une organisation d’envergure sur l’ensemble du territoire.

Effacer le rôle « d’école du crime »

Le suivi et la réussite d’un programme à proposer à chacun garantiraient ainsi une réduction au cas par cas. Cette discipline bienveillante permettrait aux délinquants de se revaloriser à l’gard d’eux-mêmes et des autres, de se projeter plus aisément sans avoir recours à des idéologies, notamment religieuses, qui peuvent combler une forme de vide existentiel.

L’état catastrophique des maisons d’arrêt en France ne permettrait pas de mettre tout de suite cette mesure en œuvre dans de bonnes conditions. Rénover les prisons, construire davantage de places pour que la peine puisse être réellement exécutée et vécue de manière plus digne ouvrirait la voie à une réforme systématique pour effacer le rôle « d’école du crime », malheureusement encore bien réel dans les prisons françaises, en isolant les profils les plus extrémistes.

Monnaie électronique: quelle transparence ?

Monnaie électronique: quelle transparence ? 

 

Surveillance, souveraineté et propriété des données, tels sont trois enjeux cruciaux liés à la monnaie électronique, détaille la sociologue Jeanne Lazarus dans une tribune au « Monde ».

 

 

Tribune.
 L’affaire semble entendue : l’argent liquide est voué à disparaître au profit des moyens de paiement électroniques, de la carte bancaire à la puce greffée en passant par les QR codes scannés avec les téléphones portables et les prélèvements automatiques. En parallèle, les cryptomonnaies concurrencent les monnaies nationales et affichent pour ambition de remplacer les banques traditionnelles par des systèmes indépendants des Etats. 

Les fintech – ces entreprises qui ont fleuri grâce aux avancées technologiques et à l’ouverture du marché des paiements à des acteurs non bancaires par les directives européennes de 2007 et 2015 – ne cessent d’améliorer la fiabilité et la facilité d’usage de leurs services. L’argent liquide coûte cher à fabriquer et à entretenir, il est falsifiable, incontrôlable et peut servir à des activités illégales, du travail au noir, du blanchiment ou de l’évasion fiscale : les gouvernements auraient donc tout intérêt à le remplacer par de l’argent électronique, plus facile à tracer.

 


 

Pourtant, à y regarder de plus près, l’argent liquide fait plus que résister. La Suède, exemple sans cesse mis en avant d’un pays sur le point de supprimer le cash, a promulgué une loi, le 1er janvier 2020, exigeant « l’approvisionnement d’un niveau suffisant de services pour obtenir de l’argent liquide ». En effet, utiliser l’argent électronique exige de savoir utiliser les outils qui en sont le support, excluant potentiellement les plus âgés, les personnes porteuses de certains handicaps ou les enfants. Mais au-delà de l’aspect technique, ces modalités de paiement nécessitent l’enregistrement dans les réseaux administratifs sur lesquels ils s’appuient, ce qui signifie qu’il faut renseigner son identité, posséder un compte en banque et une adresse stable. Le potentiel d’exclusion des paiements électroniques est plus important qu’il n’y paraît.

Le « paradoxe du billet de banque »

Dans la zone euro, d’après les chiffres de la Banque centrale européenne (BCE), le cash reste majoritaire pour les paiements dans les magasins : 79 % d’entre eux en 2016, 73 % en 2019. Si la crise sanitaire a renforcé les paiements sans contact – le geste barrière du paiement –, elle n’a pas supprimé le cash, bien au contraire. Il y aurait même un « paradoxe du billet de banque », selon les analystes de la BCE : la quantité de billets en circulation ne cesse de croître dans la zone euro, alors même que les paiements en argent liquide diminuent. L’explication est que ces billets servent de « réserve de valeur ». Autrement dit, ils sont conservés dans des coffres ou sous des matelas. La crise, comme les taux d’intérêt négatifs, renforce sans doute cette pratique.

Monnaie gratuite: pas automatiquement un futur krach !

Monnaie gratuite:  pas automatiquement un futur krach !

  

S’appuyant sur l’exemple des assignats émis pendant la Révolution française, deux économistes, Laure Desprès et André Tiran, et un ingénieur, Serge Aberdam estiment, dans une tribune au « Monde », qu’un pouvoir politique peut réguler une économie d’émission afin de compenser les effets néfastes de l’émission sur l’appareil productif et sur la répartition des richesses et des revenus.

 

Tribune. 
Le débat actuel sur la question du financement monétaire de la dette publique renvoie à diverses expériences passées, notamment celle des assignats émis en 1789 et devenus monnaie en 1791. L’actuelle doxa veut que cette émission ait été désastreuse alors que jusqu’au milieu du XIXe siècle, un grand nombre de républicains continuèrent à soutenir l’expérience des assignats et émirent un jugement moins critique. 

D’ailleurs en 1919, dans Le Papier-monnaie dans la Révolution française, un économiste russe Semion Anissimovitch Fal’kner (1890-1938) a soutenu l’émission des assignats :

– D’un point de vue politique : sans eux, la Révolution française n’aurait pas été en mesure de résister à la coalition des monarchies européennes et de financer l’effort de guerre.

– D’un point de vue monétaire : une émission monétaire débridée dans une période de crise majeure ne débouche pas automatiquement sur un krach.

– D’un point de vue social et économique : l’émission monétaire n’engendre pas inévitablement un effondrement de la production et un appauvrissement généralisé.

Une théorie originale

Semion Anissimovitch Fal’kner a entrepris son étude en 1916, au moment où le gouvernement tsariste a choisi de financer l’effort de guerre par émission monétaire. Elle fut publiée en pleine tourmente révolutionnaire, alors que la guerre civile et l’hyperinflation battaient leur plein. L’ouvrage n’a jamais été traduit, sauf très partiellement en allemand. Une traduction en français (Classique Garnier, 536 pages, 49 euros, janvier 2021), vient enfin combler cette absence.

Fal’kner a élaboré une synthèse des recherches historiques de son temps sur les assignats, ainsi qu’une théorie originale de ce qu’il appelle une économie d’émission. Pour lui, le financement monétaire des déficits publics, dans une période de crise aiguë, impacte l’économie réelle et la répartition des richesses entre les groupes sociaux, créant un système sui generis, qui fonctionne selon ses propres lois socio-économiques.

 

L’Ancien Régime avait laissé une très lourde dette publique, et la capacité d’emprunter du nouveau pouvoir révolutionnaire était quasi inexistante, les impôts rentrant très mal. Dans une situation de crise extrême, les bourgeois révolutionnaires n’hésitèrent pas à opérer une redistribution radicale des richesses en nationalisant les biens de l’Eglise, consolidant ainsi leurs propres créances sur l’Etat. 

Fondamentalement, Fal’kner considère l’émission de papier-monnaie comme une forme d’imposition, la plus puissante qui soit, à la disposition des Etats affaiblis. Chacun va chercher, en se débarrassant au plus vite de ses billets, à transférer le poids de cet impôt sur quelqu’un d’autre. Finalement, l’impôt d’émission pèse sur les plus pauvres.

Monnaie: Mythe ou créature de l’Etat

Monnaie: Mythe ou  créature de l’Etat 

La théorie monétaire moderne qui révolutionne les approches de l’Etat, de la dette publique et de l’emploi trouve un regain d’intérêt auprès des gouvernements, car elle permet de répondre à la doctrine du « quoi qu’il en coûte » liée à la crise du Covid, explique, dans une tribune au « Monde », l’économiste Jean-François Ponsot.

Tribune.

 

La théorie monétaire moderne, en anglais Modern Monetary Theory (MMT) entreprend d’interroger le rôle de l’Etat et de son financement. Elle est devenue populaire au-delà des cercles académiques en 2019 à l’occasion des primaires des élections américaines. Bernie Sanders s’en est largement inspiré pour son programme. Puis ce fut le tour de Jeremy Corbyn au Royaume-Uni.

La traduction récente de deux ouvrages de vulgarisation rédigés par Stéphanie Kelton, Le Mythe du déficit (Les liens qui libèrent, 368 pages, 23,50 euros), et Pavlina Tcherneva, La Garantie d’emploi (La Découverte, 152 pages, 18 euros) est l’occasion pour les Français de découvrir ce courant théorique qui suscite débats et controverses.

 

D’un point de vue historique, la MMT n’est pas si moderne que cela. D’une part, elle a été développée à partir des années 1990 par des économistes de l’Université du Missouri à Kansas City et le Levy Institute, un club de réflexion américain. D’autre part, les influences théoriques sont anciennes avec notamment les « chartalistes » (du latin charta, papier) du XXe siècle (Georg Friedrich Knapp 1842-1926, Alfred Mitchell-Innes 1864-1950), qui analysent le fonctionnement d’une économie moderne par le lien entre monnaie et Etat, les travaux d’Abba Lerner (1903-1982) sur la fonction de la relance budgétaire, ceux d’Hyman Minsky (1919-1996) sur l’instabilité financière structurelle du capitalisme, constituent les trois principaux points d’ancrage théoriques de la MMT. 

Comme son nom l’indique, la théorie monétaire moderne s’intéresse d’abord à la monnaie. L’approche est originale car elle place d’emblée la monnaie au départ du raisonnement économique ; elle la réhabilite, alors que les économistes sont plutôt perturbés par la monnaie.

 

Ceux qui sont influencés par Marx y voient le fétiche universel du capitalisme, un objet sordide que le capitaliste cherche à accumuler sans fin pour lui-même. D’autres, d’inspiration néoclassique, voient dans la monnaie un simple voile entourant les échanges : la monnaie est une créature du marché qu’il convient de mettre à l’abri des manipulations par l’Etat car cela pourrait conduire à l’inflation si la monnaie est créée en excès ; les banques centrales doivent donc être indépendantes du politique. 

La MMT adopte une position à front renversé. La monnaie n’est pas nocive et elle est avant tout une créature de… l’Etat. Elle adopte une conception chartaliste de la monnaie défendue notamment par Keynes, en 1930 : la fonction première de la monnaie est celle de l’unité de compte qui doit être la seule à circuler.

Covid : la pandémie en hausse partout dans le monde

Covid : la pandémie en hausse partout dans le monde

 

Le Brésil reste le pays ayant enregistré le plus grand nombre de nouvelles contaminations cette semaine, avec 74.200 nouveaux cas quotidiens (-4%), devant les États-Unis (66.200, +14%), l’Inde (62.000, +39%), la France (38.700, +12%) et la Turquie (34.000, +40%).

En proportion de la population, hors micro-États, la Hongrie est le pays ayant recensé le plus de cas cette semaine (604 pour 100.000 habitants), devant l’Uruguay (539) et la Pologne (534).

Avec 582.600 contaminations enregistrées quotidiennement cette semaine, l’indicateur mondial a poursuivi sa hausse (+11% par rapport à la semaine précédente), selon un bilan de l’AFP arrêté à jeudi.

L’indicateur croît de nouveau depuis un mois et demi, après une chute inédite d’un mois en début d’année, qui avait vu les contaminations se réduire de moitié. Malgré la hausse des dernières semaines, l’indicateur reste très éloigné de son record (743.600 nouveaux cas quotidiens pendant la semaine du 5 au 11 janvier).

La quasi-totalité des régions du monde ont connu des accélérations cette semaine: +32% en Asie, +15% aux Etats-Unis/Canada, +9% en Europe, +6% en Amérique latine/Caraïbes et en Afrique, +2% au Moyen-Orient.

 

Au niveau mondial, les décès quotidiens ont augmenté sensiblement cette semaine (10.337 par jour, +13%), mais ils restent beaucoup moins nombreux que fin janvier, lorsqu’ils avaient flirté avec les 15.000 par jour.

Economie, politique, société: les plus lus

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« Climat : une responsabilité collective » (Dominique Lefebvre, Crédit Agricole)

« Climat : une responsabilité collective » (Dominique Lefebvre, Crédit Agricole)

Dominique Lefebvre, président du conseil d’administration de Crédit Agricole SA, structure faitière cotée du groupe mutualiste, tire les premiers enseignements de la crise sanitaire sur sa politique sociale et environnementale et souligne les nouveaux enjeux, notamment sur la biodiversité.

LA TRIBUNE – Pensez-vous que la crise sanitaire va changer votre façon d’exercer le métier de banquier ?

 DOMINIQUE LEFEBVRE - Cette crise dure déjà depuis longtemps et nous avons donc moins de chance de retomber sur les traces que nous avions laissé avant la pandémie. Je ne parle pas uniquement du télétravail, mais bien d’un impact sur l’ensemble de l’organisation et des relations au sein du groupe. Autre point fondamental, l’importance de l’humain dans la relation client, surtout dans des situations imprévues. Cela renforce notre conviction que l’humain ajoute beaucoup à tout ce que le digital peut apporter. Enfin, cette crise a mis en lumière la responsabilité collective de notre société. C’est bien sûr plus difficile à appréhender et cela suscite de nombreux débats. Ce qui est certain, c’est que cette crise a permis une prise de conscience très forte sur les enjeux climatiques et sur la société dans laquelle nous voulons vivre. En cela, il y aura bien un « avant » et un « après » Covid.

Cette crise va-t-elle influer sur votre plan climat, que vous avez présenté en juin 2019 ?

Le changer, non. Mais l’accélérer, certainement. Désormais, ce sont nos clients qui nous le demandent, et plus seulement les ONG en assemblée générale. Nous avons également une forte attente de nos salariés, notamment les plus jeunes qui manifestent de nouvelles exigences pour l’entreprise dans laquelle ils souhaitent travailler. C’est un terrain complètement nouveau. C’est l’affaire de tous ! C’est très stimulant que tout le monde s’interroge sur cette responsabilité collective.

Vous comptez aller plus vite sur votre calendrier de sortie de la filière charbon ?

Il ne faut pas nous faire le procès que nous n’allons pas assez vite sur le charbon. La réalité est que le Crédit Agricole est le reflet de l’économie du pays. Notre responsabilité est certes d’agir, soit par les financements, soit par les investissements, et peut être plus encore par le dialogue avec nos clients, mais la responsabilité incombe à toute la société. Et si nous avons une économie qui continue d’être sur une trajectoire d’une augmentation de quatre degrés de la température moyenne, il sera difficile pour nous de s’y extraire. Nous sommes bien tous dans une dynamique collective.

Cette pandémie a-t-elle remis sur le devant de la scène la question de la biodiversité ?

Le GIEC attribue une responsabilité importante du changement climatique sur la dégradation de la biodiversité. Les deux sujets sont donc étroitement liés. En tant qu’agriculteur, j’ai pu assister à l’effondrement de la biodiversité ces vingt dernières années, avec la baisse du nombre d’oiseaux et d’insectes, et des changements d’espèces. Or, les agriculteurs ont besoin de la biodiversité, qui est notre meilleure alliée pour nos exploitations, notamment pour réguler les ravageurs. La biodiversité reste cependant un sujet mal maîtrisé. Nous avons lancé une étude en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle pour mieux qualifier les ressorts de la biodiversité dans les espaces ruraux. Après près d’un siècle d’amélioration des cultures, nous avons toujours énormément de retards à combler sur cette question de la biodiversité.

Quel rôle doit avoir le Crédit Agricole pour accompagner le secteur agricole dans sa transition énergétique ?

Nous pouvons inciter nos clients à mieux prendre en compte la nouvelle demande sociétale qui est désormais adressée à l’agriculture. Le secteur est clairement à un nouveau tournant. Il a réussi à nourrir la population, puis à exporter. Aujourd’hui, la société a de nouvelles exigences : certains veulent des produits bio, beaucoup souhaitent des produits locaux et tous aspirent à des produits de qualité à des prix compétitifs. Ce qui renvoie au débat sur l’alimentation des plus modestes, qui représente toujours le principal défi de l’agriculture française. C’est forcément un long processus et le Crédit Agricole doit accompagner sur la durée les exploitations pour leur permettre de se développer dans un environnement et un marché qui n’existaient pas il y a 20 ans. Nous mettons ainsi en place toute une batterie d’outils, de diagnostics et de financements spécifiques. Mais nous ne souhaitons pas pour autant nous inscrire dans une attitude péremptoire et dans l’exclusion. Nous finançons les projets de méthanisation mais sous la condition qu’ils soient acceptés par les autorités locales et le voisinage.

Pourquoi, selon vous, le secteur bancaire est relativement mal noté par les agences de notation sociale ?

Les banques financent l’économie et l’économie n’est pas encore décarbonée. Peut-être aussi existe-t-il un déficit d’explications vis-à-vis des agences de notation sociale. Dans le cas du Crédit Agricole, qui est un groupe mutualiste, présidé par un agriculteur, nous avons une gouvernance qui intègre les acteurs de la société dans nos structures de décisions. Ce sont ces ressorts internes, presque intimes, qui nous permettent d’être des témoins en prise directe avec ce qui se passe sur le terrain, et ce au plus haut niveau du Crédit Agricole. Mais la spécificité mutualiste n’est pas encore réellement perçue en France, et encore moins en Europe, comme une véritable implication dans la gouvernance.

Le Crédit Agricole s’est doté en 2019 d’une « raison d’être ». Comptez-vous adopter le statut d’entreprise à mission prévue par la loi Pacte ?

Cette question n’a pas été abordée en interne. A titre personnel, je m’interroge sur ce statut qui ne doit pas nous entraîner au-delà de ce que nous souhaitons faire, ni laisser au second plan les autres critères de performances. Si nous arrivons à faire vivre notre raison d’être qui est d’agir chaque jour dans l’intérêt de nos clients et de la société, ce sera déjà une grande réussite.

La filiale bancaire LCL vient d’annoncer un plan de réduction du nombre de ses agences bancaires. Quelle est la stratégie dans ce domaine du Crédit Agricole ?

Tout le monde est persuadé qu’il existe un lien entre le coût d’exploitation et la taille du réseau d’agences. Ce n’est pas complètement faux mais ce n’est pas surtout complètement vrai ! Nous en faisons la démonstration depuis plus de 20 an avec un coefficient d’exploitation parmi les plus bas du marché et un réseau parmi les plus denses en France. Ce qui ne nous empêche pas d’adapter en permanence notre dispositif aux attentes. Mais l’important n’est pas tant le nombre d’agence que le nombre de conseillers que nous mettons en face de nos clients. Quitte à les regrouper dans des agences de taille plus importante car il devient de plus en plus difficile, compte tenu d’une offre de services de plus en plus étendue, de maintenir des petites agences de 2 ou 3 collaborateurs.

Le Crédit Agricole trouve-t-il toujours un intérêt à avoir une structure cotée alors que les banques sont désormais valorisées bien en dessous de leur actif net ?

L’exigence en capitaux des établissements de crédit est effectivement adverse à leur valorisation en Bourse. Cela étant dit, la cotation offre toujours, à nos yeux, plusieurs avantages. Elle nous laisse tout d’abord la possibilité de faire appel au marché, notamment pour des opérations de croissance externe. C’est ainsi que nous avons pu acheter le Crédit Lyonnais. Ensuite, la cotation nous permet de nous « challenger » en permanence au marché et nous oblige, même si l’exercice peut paraître très contraignant, à expliquer et à défendre notre stratégie. Enfin, dans notre modèle, la structure cotée Crédit Agricole SA, n’a pas besoin d’être « alourdie » en capitaux car l’essentiel du capital excédentaire du groupe se situe au niveau des Caisses régionales. Les actionnaires de Crédit Agricole SA n’achètent pas du capital mais bien de la rentabilité.

Fisc et réseaux : le flicage désormais des particuliers

Fisc  et réseaux : le flicage  désormais des particuliers

 

Roxane Blanc-Dubois et Stéphanie Lapeyre, avocates spécialistes des nouvelles technologies expliquent dans la tribune comment pourrait s’organiser ce qu’on peut appeler par le fisc des particuliers

 

Tous les réseaux sociaux et toutes les plateformes de mise en relation seront-ils surveillés par l’administration française du fisc et des douanes ?

STÉPHANIE LAPEYRE et ROXANE BLANC-DUBOIS - L’objectif du nouveau dispositif est de toucher, in fine, un large public. Son champ d’application est donc particulièrement étendu puisqu’il couvre les plateformes en ligne au sens de l’article L.111-7 I 2° du code de la consommation, ce qui inclut notamment les moteurs de recherche, les marketplaces, les sites de comparaison de biens et services, les réseaux sociaux ou encore les plateformes collaboratives. Donc oui, les plateformes que nous connaissons et utilisons tous comme Airbnb, Facebook, YouTube, BlaBlaCar, Le Bon Coin, Instagram, Twitter, ou encore eBay pourront faire l’objet d’une surveillance par les administrations fiscale et douanière.

Quelles données sont visées ? Y a-t-il un risque que le scraping des données publiques dérape vers les données privées ?

Ne peuvent être collectées dans le cadre du nouveau dispositif que les données volontairement divulguées par un individu/organisme et librement accessibles, c’est-à-dire sans avoir besoin de créer un compte ou saisir un mot de passe. Les administrations fiscale et douanière ne pourront donc pas collecter les commentaires de tiers sur une publication ni les contenus publiés de manière privée sur un compte Facebook, Instagram ou Twitter, par exemple. La collecte des données via le nouveau dispositif ne va ainsi bien concerner que des données publiques mais ces dernières peuvent néanmoins relever de la sphère privée (par exemple, les posts Facebook d’un contribuable sur ses activités ou son lieu d’habitation).

L’administration fiscale ou douanière ne pourra en outre collecter et utiliser les données des internautes que dans le cadre de la recherche d’infractions relatives aux acticités occultes (non déclarées), à la fausse domiciliation à l’étranger, ou aux trafics en ligne illicites.

Le nouveau dispositif est donc doublement limité par le décret, à la fois en termes de données accessibles à l’administration et en termes d’utilisation qui peut en être faite.

Puisque la plupart des données collectées seront considérées comme des données personnelles (même si elles sont publiques), les administrations fiscale et douanière doivent aussi respecter la législation applicable en la matière. Rappelons qu’à partir du moment où une donnée permet d’identifier un individu (ses nom, prénom, son adresse email, adresse postale, etc.) cette donnée, qu’elle soit publique ou non, est une donnée personnelle. Les administrations ne peuvent donc pas utiliser de telles données à leur guise.

Quels garde-fous ont été mis en place ?

Parmi les garde-fous instaurés, dont certains ont été insufflés par la CNIL, on peut citer par exemple l’instauration d’une phase de configuration des outils de collecte et d’analyse des données. Cette phase vise à assurer que seules les données pertinentes seront collectées. Cela devrait permettre, par exemple, de faire la différence entre les publications d’un contribuable et les commentaires d’un tiers, ou encore, entre une information sans intérêt sur un lieu de vacances et une information révélant une activité professionnelle non déclarée.

Un autre garde-fou est la suppression dans un délai relativement court des données sensibles (religion, race/ethnie, santé, opinions politiques, orientation sexuelle, etc.) et celles sans lien avec les infractions recherchées, si elles sont collectées malgré les paramétrages mis en place.

Enfin, il est prévu l’impossibilité pour l’administration de prendre une décision relative à un individu uniquement sur la base du traitement automatisé de ses données : une analyse des données par un agent de l’administration sera nécessaire pour enclencher une procédure de contrôle.

De toute façon, la CNIL suivra de près le projet. Ainsi, dans 18 mois au plus tard, à mi-parcours donc, un premier bilan doit être fait et les résultats transmis à la CNIL ainsi qu’au Parlement. Un bilan définitif, 6 mois avant la fin de l’expérimentation, doit aussi leur être fourni. La CNIL a déjà indiqué qu’elle étudiera attentivement les documents qui lui seront communiqués, soulignant par là qu’elle compte bien veiller au grain. À noter que, si le test de trois ans est concluant, on peut imaginer que l’administration fiscale souhaitera pérenniser ce nouveau système.

Est-ce que les informations collectées, des informations publiques donc, peuvent constituer des preuves contre le contribuable dans le cadre d’un redressement?

L’objectif du nouveau dispositif est de permettre à l’administration de collecter, sur les individus soumis à la législation française (ou qui devraient l’être), des contenus susceptibles de révéler un manquement ou une infraction en matière fiscale ou douanière. Si les informations collectées constituent des indices pertinents, une procédure de contrôle sera ensuite initiée. Dans le cadre de cette procédure de contrôle, les indices collectés pourront alors éventuellement constituer une preuve selon leur nature et le type d’infraction concernée. Le contribuable/organisme aura cependant bien entendu la possibilité de se défendre.

Etes-vous d’accord avec la CNIL qui, au début du projet, parlait de renversement des méthodes de travail ?

Avec ce nouveau procédé, la logique est effectivement différente car l’administration ne va pas effectuer une surveillance ciblée sur la base de suspicions préexistantes mais va collecter, de manière générale et indifférenciée, des données afin de trouver des indices qui permettront ensuite de cibler les contrôles.

Un autre point intéressant est que l’administration fiscale fait déjà appel à des outils numériques pour lutter contre la fraude, mais ces derniers n’ont vocation qu’à croiser des données issues de ses propres fichiers avec ceux provenant d’autres administrations françaises ou étrangères. Or, il y a un changement d’échelle et de technique dans ce nouveau système qui entraine une collecte de données de manière beaucoup plus étendue et intelligente avec le développement d’algorithmes.

Par ailleurs, sachant que, dans un fil, les publications d’un internaute et les commentaires des amis s’enchaînent les uns sous les autres, le tri risque d’être compliqué, non ?

Oui, ce sera probablement difficile mais c’est là tout l’intérêt de la phase d’apprentissage et de conception pendant laquelle l’administration va configurer ses outils afin qu’ils ne collectent que les données pertinentes.

Les particuliers peuvent-ils s’opposer à la collecte de leurs données ?

Non, le décret précise que les particuliers ne peuvent pas s’opposer à la collecte de leurs données. Raison de plus pour rester mesuré dans ses publications et être attentif aux paramètres de confidentialité des plateformes si on n’est pas serein vis-à-vis de l’administration fiscale ou douanière.

A noter, qu’en plus, l’administration n’est pas non plus tenue d’informer les personnes qu’elle va procéder au traitement de leurs données dans le cadre du nouveau dispositif. De ce fait, ceux qui ne suivent pas l’actualité n’auront effectivement pas connaissance de ce potentiel traitement de leurs données personnelles. Sur ce point, il semble que la CNIL ait en quelque sorte revu sa copie. Lorsqu’elle avait été consultée sur le projet de loi, elle avait indiqué qu’elle se montrerait particulièrement vigilante sur les modalités d’information des personnes. Mais, au final, elle n’a formulé aucune remarque sur ce point lorsqu’elle a été consultée sur le projet de décret qui exclut expressément une telle information. Rappelons que le RGPD prévoit la possibilité pour un Etat membre de l’UE de limiter le droit à l’information lorsqu’une telle limitation est nécessaire et proportionnée pour garantir des objectifs importants d’intérêt public général, notamment dans le domaine fiscal.

Cette collecte massive de données à l’insu des personnes constitue-t-elle, à votre avis, le franchissement d’une ligne jaune dans le respect des libertés ?

Ce dispositif entraîne forcément une certaine atteinte aux droits et libertés des personnes en collectant massivement, à leur insu, des informations qu’elles ont publiées. Cela peut s’avérer intrusif et affecter la liberté d’expression en décourageant certaines publications de peur d’être surveillé.

Néanmoins, ce dispositif est très encadré et suivi de près par la CNIL qui a veillé (et continuera de veiller) à ce que cette atteinte soit assortie de garanties fortes et soit surtout strictement nécessaire et proportionnée au regard de l’objectif de lutte contre la fraude. Le dispositif a également été validé par le Conseil Constitutionnel fin 2019.

A ce stade, on ne peut donc pas considérer qu’une « ligne jaune » ait été franchie. Néanmoins, c’est lors de la mise en œuvre effective du dispositif, lorsque les outils et algorithmes auront été développés et paramétrés, que l’administration et la CNIL pourront réellement évaluer son efficacité et son impact sur les droits et libertés des individus. Le bilan final attendu à l’été 2023 sera donc décisif.

Ce dispositif acte-t-il que les réseaux sociaux et plateformes numériques sont des espaces publics comme les autres ? Va-t-il entraîner, selon vous, une évolution des usages ?

Oui, aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises, d’ailleurs. Les entreprises ont déjà souvent des chartes informatiques à l’attention de leurs employés sur l’usage qui doit être fait des outils informatiques et des réseaux sociaux. Avec cette loi, on va probablement assister à une recrudescence des mises en garde sur l’utilisation des réseaux sociaux et autres plateformes en ligne : « Attention ne mettez pas tout et n’importe quoi sur vos comptes ». Ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose. Cela va certainement entraîner une plus grande responsabilisation des personnes.

« Que recommandez-vous à vos clients, entreprises, concernant leur utilisation d’Internet et des réseaux sociaux ?

Nous recommandons souvent à nos clients de sensibiliser et de former leurs salariés sur les bonnes pratiques à adopter. Cela passe notamment par l’adoption de documents internes type « charte informatique » et « charte d’utilisation des réseaux sociaux », qui détaillent les obligations à respecter par les salariés, y compris sur ce qu’ils peuvent écrire et ce qu’ils ne doivent pas écrire, dans un objectif de préservation de l’image et des intérêts de l’entreprise. Aujourd’hui, on a tendance à écrire comme on parlerait, sans filtre, ce qui peut s’avérer problématique, que cela soit sur Internet ou dans l’utilisation des outils internes à l’entreprise comme la boîte email ou les tchats. De tels documents peuvent permettre, dans certains cas, de sanctionner les salariés s’ils ne respectent pas les règles définies. Car ces règles, si elles ne sont pas respectées, peuvent avoir des conséquences dramatiques pour les entreprises.

 

Suez rappelé à l’ordre par l’autorité des marchés

Suez rappelé à l’ordre par l’autorité des marchés

 

Un rappel à l’ordre de l’autorité des marchés qui demande davantage de transparence de la part de Suez. Mais un rappel à l’ordre sans valeur juridique mais qui remet quand même en cause la mesure de protection prise par Suez pour mettre son activité eau à l’abri.

On peut supposer que les opérateurs intéressés exercent une pression énorme sur l’autorité des marchés financiers pour qu’elle clarifie sa position. Ce qu’elle tarde visiblement à faire. De la même manière que les pouvoirs publics qui s’en tiennent à leur souhait d’une négociation entre Suez et Veolia.

Cette invraisemblable bataille risque de se traduire dans tous les cas par la vente d’activités de l’eau et de services à des fonds spéculatifs étrangers ! Bref à des ventes par appartements.. Au total ,un affaiblissement général d’un secteur d’activité très important pour la France. Tellement important qu’il pourrait poser la question d’une nationalisation temporaire compte tenu de la pagaille actuelle est de l’intérêt général de plus en plus stratégique de la gestion de l’eau. Une occasion aussi de mieux réguler  l’activité

S&P: note de la France maintenue

S&P: note de la France maintenue

Standard and Poor’s a maintenu vendredi la note de la dette à long terme de la France à «AA» ainsi que la perspective «stable» qui y est attachée, confiante dans sa capacité à renouer avec la croissance et rétablir l’équilibre de ses finances publiques.

 

L’agence de notation avait maintenu la note souveraine du pays inchangée lors de son précédent examen en octobre. S&P, qui prévoit un rebond de 5,6% du PIB, admet que «les vastes mesures de soutien à l’économie ont entraîné un important déficit budgétaire et une forte augmentation de la dette publique». La crise a fait s’envoler la dette à 115,7% du PIB en 2020, tandis que le déficit public a atteint 9,2% du PIB, l’Etat ayant dépensé sans compter pour soutenir l’économie face aux restrictions sanitaires.

Mais «nous pensons que l’économie diversifiée de la France, ses institutions solides et la politique économie contra-cyclique opportunément suivie, associées au soutien monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), confortent les perspectives de reprise et de retour progressif à l’équilibre des finances publiques». La perspective stable «reflète notre opinion selon laquelle la France contiendra les effets négatifs de la pandémie sur son économie et sa situation budgétaire», ajoute l’agence.

Ces bulles alimentées par les milliards de liquidités des banques centrales

Ces bulles alimentées par les milliards de liquidités des banques centrales

 

 

Les milliards de liquidités déversées généreusement par les banques centrales de la plupart des zones économiques ont surtout pour objet évidemment de soutenir l’économie et particulièrement la croissance. Ceci étant,  cet argent gratuit est également de façon assez massive pour soutenir de manière artificielle les cours de la bourse. En effet les fondamentaux des entreprises à savoir notamment les chiffres d’affaires et la rentabilité ne justifient pas l’envolée des cours. Une partie de l’argent disponible va donc se placer dans les produits financiers boursiers et participe à la création de bulles.

 

La vérité c’est qu’une partie des facilités monétaires accordés aux banques servent à la spéculation mondiale. On voit mal par exemple en France qui pourrait justifier de la hausse du CAC  40 de plus de 60 % en un an. De la même manière, on voit mal aussi comment expliquer l’envolée extraordinaire et irresponsable de certaines cryptomonnaies  comme le bitcoin. Il y a aussi les bulles obligataires et les bulles immobilières. Cette dernière en particulier qui exclut désormais compte tenu de la folie des prix tost les ménages moyens. À Paris par exemple il faut un minimum de revenus de 7 à 8000 € pour prétendre acheter un logement de taille modeste.

 

autant dire que dans certaines grandes villes, l’immobilier est devenu un objet de spéculation qui n’a plus rien à voir avec le logement De l’Europe à l’Asie en passant par les États-Unis, les indices boursiers semblent immunisés contre ces mauvaises nouvelles. Les plans de soutien massifs déployés par les gouvernements et les banques centrales pour contrer les effets néfastes de la crise sanitaire ont galvanisé les investisseurs. adobe stock

«La déconnexion entre Wall Street et Main Street (l’économie réelle) ne pose pas de problème tant que les banques centrales interviennent», expliquaient récemment les spécialistes de l’agence de notation Fitch. «Les valorisations sont élevées» sur les marchés, mais «cela fait partie des effets secondaires du traitement de choc de la crise» abondaient les analystes d’Axa IM.  Des analystes qui toutefois oublient l’éventualité d’une remontée des taux d’intérêt et de l’inflation qui ne sont pas le seul produit de l’action des banques centrales.

Corruption : le mandat d’Anticor renouvelé mais. …..

Corruption : le mandat d’Anticor renouvelé mais. …..

 Bien que contesté par certains, le mandat d’anticorps est reconduit :

 

«Au regard des réponses faites par l’association indiquant son intention de modifier ses statuts pour mieux garantir les conditions de transparence sur son financement, d’une part, et de l’absence de décision de justice à ce jour sur la régularité des décisions contestées» concernant le renouvellement de son conseil d’administration, «le premier ministre a décidé de renouveler l’agrément de l’association Anticor», selon le communiqué.

L’agrément avait été accordé à l’association en 2015 puis renouvelé sans difficulté, et expirait officiellement le 15 février.

 

Les adversaires d’Anticor accusent aussi l’association anticorruption de mener un combat partisan, en attaquant la Macronie et la droite. Elle a ciblé ces dernières années plusieurs proches du président Emmanuel Macron: le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti ou dernièrement le ministre de la Santé Olivier Véran pour «favoritisme» pour la gestion de l’application StopCovid.

 

 

Le premier ministre a cependant renouvelé le mandat d’anticorps mais avec des réserves en effet le premier ministre a «relevé un manque de transparence interne sur les dons collectés». Le texte évoque aussi «une contestation des conditions de renouvellement du Conseil d’administration en juin 2020, dans le cadre d’une action contentieuse portée par une partie des membres de l’association.»

Au fil des ans, elle est devenue un acteur, parfois contesté, de la justice financière. Son levier: la plainte avec constitution de partie civile qui permet la saisie quasi automatique d’un juge d’instruction et la relance des investigations quand une enquête a été classée par le parquet. Anticor est à l’origine de plusieurs enquêtes judiciaires – concernant l’ancien président de l’INA (Institut national de l’audiovisuel) Mathieu Gallet, les sondages de Élysée – et ses plaintes avec constitution de partie civile ont permis de relancer les investigations sur Alexis Kohler ainsi que Richard Ferrand (mais la cour d’appel de Douai a jugé cette dernière affaire prescrite mercredi ! ). Outre Anticor, deux autres associations bénéficient de cet agrément en matière de corruption, accordé pour trois ans: Sherpa et Transparency international.

Covid-19: autotests disponibles enfin le 12 avril

Covid-19: autotests disponibles enfin le 12 avril

Alors que dans nombre de pays les autotest sont à disposition des usgers depuis déjà longtemps y compris dans les supermarchés, la France accuse encore un retard et ce n’est que le 12 avril que les autos tests seront vendus aux particuliers mais seulement dans les pharmacies.

 «A partir du 12 avril, les pharmacies pourront vendre des autotests à ceux qui souhaitent en acheter», a précisé le ministre, dans cet entretien diffusé en direct sur Facebook. «Ce sera un complément utile» par rapport aux autres méthodes, a souligné le ministre. Olivier Véran a précisé que ces autotests, étant «un produit de santé» ne seraient pas disponibles en grande surface car ils devaient être vendus par des professionnels de santé, capables d’expliquer leur fonctionnement.

La Haute autorité de Santé (HAS) a donné son feu vert au déploiement de ces autotests, mais dans son avis publié le 16 mars, elle précise que tout autotest positif doit ensuite faire l’objet d’une confirmation par test RT-PCR, notamment pour pouvoir le comptabiliser comme cas positif et pour caractériser un éventuel variant.

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