Archive mensuelle de avril 2021

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Cryptomonnaies: aussi un enjeu de souveraineté

Cryptomonnaies:  aussi un enjeu de souveraineté

Etudiées par les banques centrales, les monnaies numériques pourraient permettre de renforcer la lutte antiblanchiment, mais elles risquent aussi de bouleverser le fonctionnement du système financier. Un article de dans le Monde deMarie Charrel.

 

Les Allemands ont beau être farouchement attachés aux bons vieux billets, leur ministre des finances, Olaf Scholz, l’affirme haut et fort : « Une Europe souveraine a besoin de solutions de paiement innovantes et compétitives. » A ce titre, elle doit être aux « avant-postes sur la question des monnaies numériques de banque centrale et doit activement la faire progresser », a-t-il déclaré vendredi 16 avril.

Deux jours plutôt, la Banque centrale européenne (BCE) présentait une vaste enquête menée auprès d’un panel d’Européens, dont la plupart se disent favorables à la création d’un euro numérique. L’institution doit décider cet été si elle se lancera, ou non, dans un tel projet. La Réserve fédérale (Fed) se montre prudente, mais elle y réfléchit également avec le Massachusetts Institute of Technology (MIT), tandis que, lundi 19 avril, la Banque d’Angleterre (BOE) et le Trésor britannique ont instauré un groupe de travail sur la question. Mais ce n’est rien à côté de la Chine, qui depuis un an, expérimente déjà un « e-yuan » dans quatre grandes villes.


Depuis quelques mois, la plupart des banques centrales intensifient leurs travaux sur les monnaies numériques, en s’inspirant de la technologie sur laquelle repose la cryptomonnaie bitcoin, née en 2008 : la blockchain, ou « chaîne de blocs », qui permet de crypter, répertorier et sécuriser les transactions. Le déclin des paiements en espèce, accéléré par la pandémie de Covid-19, les a convaincues de se tenir sérieusement à la page sur le sujet. Tout comme l’essor du bitcoin et de ses petits frères (Ether, Ripple, Litecoin…), ainsi que la multiplication des projets d’e-monnaies privées, comme celle de Facebook (le Diem, toujours dans les cartons).

A première vue, ces monnaies numériques de banque centrale – dites « MNBC » – ne changeront pas grand-chose au quotidien des particuliers et des entreprises, puisque la majorité des paiements sont déjà dématérialisés. La différence est pourtant fondamentale : l’essentiel des euros que nous détenons aujourd’hui sur nos comptes et livrets d’épargne sont créés par les banques commerciales, par le jeu du crédit. Les MNBC, elles, seraient l’équivalent des billets directement imprimés par les instituts monétaires. En outre, elles pourraient être détenues directement par ces derniers, sans passer par les banques. Et cela changerait beaucoup de choses.

 

Dans les pays émergents où une partie de la population ne dispose pas de compte bancaire, ces MNBC pourraient ainsi favoriser l’inclusion financière, en permettant les paiements et transferts par téléphone portable. Elles pourraient également faciliter les virements transfrontaliers et les rendre moins coûteux. Au profit, notamment, des immigrés envoyant de l’argent à leur famille dans leurs pays d’origine. Plus faciles à tracer que les billets, elles pourraient en outre simplifier la lutte contre la fraude et le blanchiment.

Plan relance italien : la dernière chance pour le pays ?

Plan relance italien : la dernière chance pour le pays ?

 « Le plan Draghi est l’une des dernières opportunités pour le pays d’accroître sa croissance potentielle » pour le directeur de la conjoncture chez Rexecode (interview dans l’Opinion)

 

Pourquoi la situation économique de l’Italie est un sujet pour toute l’Europe ?

Parce que l’Italie est une pierre angulaire de la zone euro. Troisième économie de l’union monétaire, le pays représente 15 % du PIB de la zone euro et finance 17 % du budget de l’Union européenne (UE). Sans l’Italie, la zone euro ne tiendrait pas. C’est aussi un pays très important pour les banques françaises. BNP Paribas et Crédit Agricole y sont fortement exposées avec des filiales qui comptent parmi les dix premières banques du pays.

Avec plus de 115 000 morts et près d’un million d’emplois détruits en un an après un recul de 8,9 % de son PIB en 2020, l’Italie est-elle l’homme malade de l’Europe ?

Elle dispute le titre avec l’Espagne qui est encore plus exposée aux secteurs les plus touchés par la crise, comme le tourisme. Mais c’est vrai que l’Italie souffre davantage que la moyenne de la zone euro. C’est d’ailleurs l’un des points cruels de cette crise : les pays les plus endettés sont aussi ceux les plus durement affectés par la récession, ce qui est de nature à aggraver les déséquilibres qui existaient avant.

L’Italie est effectivement l’un des pays européens les plus endettés. Qu’est-ce qui explique le dérapage de ses finances publiques ?

Sa dette est trop importante et sa croissance trop faible pour la faire diminuer. L’excédent budgétaire primaire enregistré depuis des années permet simplement de stabiliser la dette. L’Italie subit une spirale négative depuis son entrée dans la zone euro, coincée entre des taux plus élevés et une croissance potentielle plus faible que la moyenne européenne. L’écart d’endettement public avec l’Allemagne ne fait que se creuser : il est passé de 40 points de PIB en 2008 à 88 points fin 2020. Le poids de la dette italienne est aujourd’hui plus de deux fois supérieur à celui de l’Allemagne !

C’est un risque pour la zone euro ?

Cela ne poserait pas de problème si les dettes étaient totalement mutualisées. Mais incontestablement, la concentration des dettes dans certains pays en l’absence de mécanisme de correction fragilise l’édifice.

Sauf que les taux sont bas, y compris pour l’Italie en ce moment…

C’est à moitié vrai. Certes, le taux d’intérêt apparent est d’à peu près 2 %, ce qui est peu. Mais le vrai problème, c’est le besoin d’appel au marché qui va sortir considérablement accru de cette crise. Pour l’instant, le surcroît de dette est absorbé par la Banque centrale européenne (BCE) qui a quasiment doublé sa détention depuis 2017 à plus de 30 % du PIB, mais ça ne fonctionnera qu’à la condition que la BCE continue d’intervenir sur les marchés. Il y a de ce point de vue une forme de japonisation dans le rôle de la banque centrale dans l’économie italienne pour soutenir les finances publiques.

Comment échapper à cette spirale ?

Des transferts monétaires et budgétaires au niveau européen y contribueraient. Il faudrait que la BCE accepte de dévier de sa clé de répartition pour détenir davantage de dette italienne. Le côté budgétaire est quant à lui assuré par le plan de relance qui va commencer à se mettre en œuvre, mais ce n’est pas un free lunch pour l’Italie. Sur les 220 milliards d’euros du plan de relance italien, 192 milliards viennent de NextGenerationEU, dont 123 milliards de prêts. C’est de l’endettement auprès de la Commission plutôt que sur les marchés, mais au final, il faudra rembourser. Les subventions ne dépassent pas 69 milliards, dont 46 milliards devront aussi être remboursés indirectement. Ce qui laisse 13 milliards de transferts nets, soit 1,3 point de PIB seulement. Est-ce suffisant pour remettre l’Italie sur les rails ? On peut en douter.

L’Italie peut-elle faire exploser la zone euro ?

Pas à court terme. Mais cette force centrifuge qui éloigne inexorablement le pays de la moyenne européenne est inquiétante. Attention, je ne parle pas de la compétitivité. La part de marché de la Péninsule dans les exportations de la zone euro est plutôt stable depuis la crise de 2009, contrairement à celle de la France qui recule. Le problème italien concerne plutôt la faiblesse de la demande interne, liée au décrochage d’une partie du pays et qui traduit aussi un déficit d’investissement, sans parler des problèmes de productivité ou démographiques (l’Italie est le 2e pays le plus vieux au monde après le Japon). Le plan Draghi revêt donc une importance historique. C’est l’une des dernières opportunités d’inverser cette tendance et d’accroître la croissance potentielle du pays, qui si rien ne change approchera de zéro dans les prochaines années.

Le problème, c’est que neuf mois après l’adoption du plan de relance, pas un euro n’a encore été distribué par Bruxelles. Que se passe-t-il ?

Plusieurs facteurs rentrent en compte. Il y a d’abord le caractère suradministré du plan, avec des conditions soumises à des boucles de validation multiples. Le contraste est sur ce point saisissant avec les Etats-Unis qui donnent la priorité aux déblocages rapides des fonds. Le risque, c’est qu’on termine au final avec un plan Juncker bis : lourd, long, devant remplir des conditions drastiques avec des effets de substitution avec l’investissement privé.

Terrorisme : la justice a fait son travail (Evelyne Sire-Marin)

Terrorisme : la justice a fait son travail  (Evelyne Sire-Marin)

 

Ancienne juge d’instruction et juge des tutelles, Evelyne Sire-Marin a été présidente de chambre à la cour d’appel de Versailles et présidente du Syndicat de la magistrature elle défend la posture actuelle de la justice.

 

Au lendemain de l’attentat de Rambouillet, Xavier Bertrand propose une peine de cinquante ans de prison pour tout condamné pour terrorisme, assortie d’une période de sûreté – empêchant toute sortie anticipée – elle aussi portée à cinquante ans. Est-ce réalisable ?

Ce qu’on appelle terrorisme couvre des infractions extrêmement diverses, de l’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, sans acte matériel ni participation active, au crime terroriste lui-même qui débouche sur la réclusion à perpétuité. Un individu qui apporte un soutien sans être poseur de bombe encourt trente ans de réclusion. Le Code pénal prévoit une échelle des peines très lourde, avec une période de sûreté allant jusqu’à trente ans, voire une perpétuité incompressible. Créer une peine de cinquante ans pour tout « condamné pour terrorisme », c’est nier l’existence du juge. La fonction de juger consiste à apprécier les faits, puis à prononcer une peine adaptée à la gravité des faits et à la personnalité de l’auteur.

Après le procès de Viry-Châtillon, la droite a relancé le débat sur la systématisation des peines. Xavier Bertrand propose une peine de prison automatique d’un an pour tout agresseur d’un policier, d’un gendarme ou d’un maire…

Dans cette affaire des policiers brûlés au cocktail Molotov en 2016, la justice populaire, avec neuf jurés, a acquitté en appel huit personnes sur les 13 prévenus. Les cinq autres ont écopé de la réclusion criminelle, jusqu’à dix-huit ans. Si des prévenus ont été acquittés, c’est parce qu’il n’y avait pas de preuve pour les sanctionner. Le droit de la preuve et la présomption d’innocence sont des principes fondamentaux de la justice depuis la Révolution française. Si on les remet en cause, cela revient à dire qu’en fonction de la qualité de la victime (ici, des policiers), il faut enfermer d’office. C’est très dangereux. A cela, s’ajoute l’idée d’automaticité, qui s’oppose au principe constitutionnel de l’individualisation des peines qui permet d’adapter la sanction. La surenchère politique nourrit l’idée que la justice ne fait pas son boulot.

Justement, la justice est sous le feu des critiques dans l’affaire du meurtre antisémite de Sarah Halimi, dans laquelle l’auteur a été déclaré irresponsable pénalement…

On a le droit de critiquer une décision de justice et on comprend que ce crime antisémite suscite une immense émotion. Ce qui est inquiétant, c’est que la récupération politique tord les faits : on entend qu’un meurtrier peut fumer du cannabis pour s’exonérer de sa responsabilité. C’est faux. L’arrêt de la Cour de cassation dit que le trouble mental était là : la prise de drogue par Kobili Traoré n’a fait « qu’aggraver le processus psychotique déjà amorcé ». Trois collèges d’expert ont conclu à l’abolition du discernement. Il a été déclaré irresponsable parce que la loi ne prévoit pas d’exception si la « bouffée délirante » a pour origine la prise de substances. La chambre d’instruction a reconnu à la fois sa culpabilité et la dimension antisémite du crime. Il est enfermé dans une unité psychiatrique de nature pénitentiaire et ne va pas en sortir de sitôt, les hospitalisations de malades mentaux criminels étant souvent plus longues que la peine encourue aux assises. La prison n’est pas faite pour soigner ou garder des fous dangereux ; elle est faite pour que des personnes comprennent leur peine et s’amendent. Là encore, c’est un principe fondamental de la justice en démocratie.

Malgré tout, les pourfendeurs de cette décision estiment que l’auteur avait assez de discernement pour commettre un meurtre antisémite…

Oui, il a choisi sa victime, parce que la maladie mentale reflète la société. Le trouble psychotique se fixe sur une catégorie : une figure de l’autorité comme le chef de l’Etat, un groupe comme les juifs ou les femmes, un membre de la famille… J’ai eu à juger une affaire où une mère avait égorgé son fils de quatre ans, parce qu’elle pensait qu’il y avait un démon dans le corps de son petit garçon. Elle a été déclarée irresponsable pénalement et internée. Quand j’étais juge d’instruction à Créteil, un jeune homme souffrant de troubles bipolaires et fumant du cannabis a commis un crime monstrueux contre son père, parce qu’il s’était pris toute une nuit pour un gladiateur. On peut faire une nouvelle loi sur la responsabilité pénale, mais cela ne changera rien : il faudra toujours des experts psychiatriques qui évaluent si la personne souffre de troubles mentaux, si elle a pris des substances dans le but d’altérer son discernement et si cette drogue a bien été responsable d’une bouffée délirante au moment des faits.

La folie est-elle assez bien appréhendée par la justice ?

Sur 16 000 ordonnances renvoyant des personnes devant des tribunaux, seules 44 déclaraient l’irresponsabilité pénale en 2019. Les victimes peuvent faire appel devant la chambre de l’instruction pour qu’il y ait un procès, comme dans l’affaire Halimi. J’ai présidé des audiences dans lesquelles les prévenus avaient des troubles mentaux ; ils s’avèrent incapables de répondre aux questions, se montrent mutiques ou incohérents. La justice n’en tire rien et la victime en sort anéantie.

Des embryons homme-singe ?

Des  embryons homme-singe ?

Un article du Wall Street Journal fait le point sur les avancées scientifiques mais aussi sur les inquiétudes concernant les transplantations homme animal

Et si, un jour, des porcs étaient dotés d’un cœur humain ou des souris, d’un cerveau qui fonctionne comme le nôtre ? Les scientifiques élèvent aujourd’hui une arche de Noé peuplée de chimères, nom donné aux souris, cochons et autres vaches à qui, en laboratoire, on injecte des cellules humaines. Le but ? Trouver la créature qui, un jour, permettra de cultiver des organes pour les transplantations, étudier les maladies et tester les médicaments.

Début avril, des chercheurs américains et chinois ont annoncé avoir réussi à fabriquer des embryons associant cellules humaines et cellules de singe. Si ces chimères ne sont pour l’heure qu’un amas de cellules qui se développent dans une boîte de Pétri, les experts en éthique tirent déjà la sonnette d’alarme. Même si la valeur scientifique de ces travaux est potentiellement colossale, l’utilisation de primates si proches des êtres humains soulève la question des conséquences involontaires, du bien-être animal et du statut de ces embryons hybrides.

« Plusieurs avancées majeures ont été réalisées pendant cette expérience, souligne Nita Farahany, spécialiste de la bioéthique à l’université Duke. Une étape impressionnante a été franchie sur le plan scientifique ; elle soulève des questions fondamentales pour la société. Nous devons trouver la bonne démarche pour qu’à l’avenir, le progrès soit responsable. »

Les scientifiques créent des chimères depuis des années : ils utilisent des rats souffrant de tumeurs humaines pour étudier le cancer ou des souris dotées de notre système immunitaire pour travailler sur le sida. Mais ce qui distingue cette nouvelle expérience, c’est le fait que les scientifiques ont injecté des cellules souches humaines dans un embryon de primate très proche de l’être humain.

Pour ce faire, des chercheurs du Salk Institute for Biological Studies de La Jolla, en Californie, et de l’université des sciences et technologies de Kunming, en Chine, ont transplanté des cellules souches (obtenues en reprogrammant des cellules cutanées ou sanguines) dans 132 embryons de macaques. Six jours après la création des embryons dans le laboratoire principal d’Etat de recherche biomédicale sur les primates de la ville chinoise, les scientifiques leur ont transféré 25 cellules souches marquées par une protéine fluorescente.

« On les a placés dans une boîte de Pétri, en laboratoire, pour voir comment ils se comportaient », explique Juan Carlos Izpisua Belmonte, directeur du laboratoire d’expression génique du Salk Institute, qui dirige les travaux. Le lendemain, les embryons étaient fluorescents. Ils avaient donc tous intégré les cellules humaines, ce qui ne s’était jamais produit lors des expériences réalisées sur des embryons d’autres espèces, notamment de porcs, ont expliqué les scientifiques le 15 avril dans la revue scientifique Cell.

Pour le moment, l’espérance de vie des chimères ne dépasse pas 19 jours. « Nous n’avons jamais eu l’intention de créer une chimère vivante, et nous ne le ferons jamais », affirme le docteur Izpisua Belmonte.

« Tant que c’est un embryon dans un tube, nous ne sommes pas inquiets, affirme le docteur Greely à propos des chimères homme-singe. Mais à partir du moment où l’on essaie de faire porter l’embryon et d’aller au terme de la grossesse, les enjeux sont beaucoup plus importants »

Quoi qu’il en soit, l’expérience soulève bien des questions. Il est actuellement impossible de savoir où vont les cellules souches humaines injectées à un stade de développement si précoce de l’embryon ou de les empêcher de devenir certaines cellules adultes, préviennent certains scientifiques.

« Cela montre que les cellules souches humaines ont tendance à migrer très loin dans l’embryon de singe, souligne Insoo Hyun, spécialiste de la bioéthique à l’université Case Western Reserve de Cleveland, qui fait partie de l’équipe internationale qui supervise l’étude. C’est ce qui engendre une inquiétude théorique : il existe un risque que, sans que l’on ne puisse rien y faire, il y ait un mélange et que des cellules humaines se développent dans le cerveau, le cœur ou la totalité du corps. » En d’autres termes, les chercheurs ne savent pas (pour le moment) ordonner aux cellules souches de créer certains organes ou de ne pas modifier aléatoirement le cerveau de l’animal.

En 2014, des chercheurs de l’université Rochester ont transplanté des cellules fœtales baptisées astrocytes dans des souris de laboratoire. Un an plus tard, ils ont découvert que les cellules humaines avaient colonisé le cerveau des souris. En outre, selon des tests de mémoire et de cognition standardisés, ces souris modifiées étaient plus intelligentes que les autres.

Les chimères créées à partir de cellules souches ont donc « le potentiel d’humaniser très fortement la biologie des animaux de laboratoire », prévient le docteur Hyun.

Pour Henry Greely, spécialiste de la bioéthique de Stanford, ce domaine scientifique déchaîne depuis longtemps les passions politiques. En 2006, lors de son discours sur l’état de l’union, George W. Bush avait qualifié la création d’hybrides humains-animaux de « détournement flagrant de la recherche médicale ». D’ailleurs, sept pays l’interdisent ou la limitent. Depuis 2015, les instituts nationaux de la santé (NIH) américains refusent de financer les expériences lors desquelles des cellules souches humaines sont injectées dans des embryons animaux.

Mais cette règle pourrait être assouplie : la porte-parole des NIH a déclaré que l’organisation attendait la publication, le mois prochain, des nouvelles recommandations de la Société internationale pour la recherche sur les cellules souches (ISSCR) pour « vérifier que sa position reflète bien la réflexion de la communauté, qui a étudié la question de très près ». Début avril, les NIH ont levé les restrictions qui pesaient sur la recherche sur les tissus fœtaux.

« Je pense que les NIH veulent aller de l’avant », affirme le docteur Hyun, qui dirige le comité qui a actualisé les recommandations de l’ISSCR sur les expériences incluant des chimères homme-primate.

Pour le docteur Izpisua Belmonte, la supervision est une bonne chose. A sa demande, l’expérience sur les embryons de singe a été examinée par des comités institutionnels américains et chinois, mais aussi par trois experts indépendants de la bioéthique. « Ce n’est pas parce qu’on peut faire quelque chose qu’il faut le faire, souligne-t-il. Les expériences scientifiques comme celles-ci soulèvent beaucoup de questions. »

En Europe et aux Etats-Unis, il est de plus en plus difficile de faire de la recherche sur des primates ; l’équipe du Salk Institute a donc collaboré avec des scientifiques chinois, qui maîtrisent de mieux en mieux la conservation des embryons de singe. En 2011, la Chine a fait de la mise au point de modèle primate de maladies un objectif national. Le but : créer des singes génétiquement modifiés sur lesquels tester des traitements contre certaines maladies cérébrales ou des troubles de type autisme.

Si un certain nombre d’obstacles techniques demeurent, les scientifiques chinois utilisent d’ores et déjà des outils d’ingénierie embryonnaire, notamment le clonage, pour produire plus rapidement de primates dont le patrimoine génétique a été modifié par la science.

« Tant que c’est un embryon dans un tube, nous ne sommes pas inquiets, affirme le docteur Greely à propos des chimères homme-singe. Mais à partir du moment où l’on essaie de faire porter l’embryon et d’aller au terme de la grossesse, les enjeux sont beaucoup plus importants. »

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Marion Issard)

Pour polluer moins il faut innover davantage

Pour polluer moins il faut innover davantage

 

Suite  une étude commune, l’Office européen des brevets (OEB) et l’Agence internationale de l’énergie (IAE) , Yann Ménière, chef économiste de l’Office européen des brevets (OEB)., estime que pour polluer moins il faut innover davantage (Interview dans l’Opinion)

Selon votre étude, la moitié des réductions d’émissions permettant d’atteindre un niveau zéro d’ici à 2050 devraient provenir de technologies pas encore sur le marché. C’est grave ?

Cela signifie que la barre est très haute ! Une partie de ces technologies sont à un stade très en amont, l’exemple des led et des batteries nous montre qu’il a fallu des décennies avant qu’elles n’arrivent sur le marché. Nous sommes en retard. Or, après une douzaine d’années de forte croissance en matière de technologies bas carbone (+12,5 % par an jusqu’en 2012) le rythme des brevets s’est ralenti (+3,5 % par an). On sait pourquoi : le début du siècle a été marqué par des gains d’efficacité dans la consommation d’énergie, et par le développement des renouvelables. Dans ces domaines, nous sommes arrivés à maturité. Pour aller plus loin, il faut des transformations en profondeur, c’est plus compliqué. Certaines technologies transversales sont essentielles pour y parvenir : les batteries, les réseaux intelligents, l’hydrogène, la capture de carbone. Là est l’enjeu des prochaines années.

Le Japon et les Etats-Unis dominent le marché des brevets énergétiques, faut-il davantage mutualiser les efforts européens ?

Il ne faut pas sous-estimer la portée des politiques environnementales européennes. Les normes fixées par Bruxelles dans la voiture propre ont permis d’accélérer l’innovation, ce qui démontre qu’il y a un espace de recherche et d’innovation commun. Globalement, l’Europe est numéro un mondial avec 28 % des brevets, son point faible tient surtout à son positionnement technologique : elle est spécialisée dans les domaines matures, les ENR, les transports. En revanche, les batteries et l’hydrogène sont les points forts du Japon et de la Corée. Cela met en relief les ambitions affichées sur ces sujets par le vieux continent.

Le véhicule électrique draine beaucoup d’innovations. Cela ne cannibalise-t-il pas d’autres secteurs énergivores ?

L’automobile est un secteur pionnier qui bénéficie aux autres. Les progrès dans la batterie automobile profitent au réseau électrique, via les techniques de stockage d’ENR intermittentes. Le développement des infrastructures de recharge pour le véhicule électrique permet de déployer des réseaux intelligents qui gèrent mieux la consommation électrique. Les efforts du Japon dans la production de piles à combustible pour l’hydrogène profitent à toute une série d’autres industries qui vont bénéficier de cette pile.

Quels sont les atouts de la France ?

On l’a dit, beaucoup de technologies sobres en énergies sont encore très en amont. Or la France produit 10 % des inventions brevetées issues de la recherche publique dans le monde, et trois de ces organismes figurent dans le top 10 mondial, le CEA (n° 1 mondial, spécialisé dans le nucléaire et hydrogène), le CNRS et l’IFP. On connaît la faiblesse française dans l’industrialisation de ses brevets. Cela nous ramène à la nécessaire coordination européenne. Il y a de fortes complémentarités dans les expertises entre pays, c’est aussi l’un des résultats de l’étude. Marier les forces françaises et allemandes, c’est l’assurance que la transformation écologique ira plus vite !

Tribune des militaires : un révélateur de l’exaspération ?

Tribune des militaires : un révélateur de l’exaspération ?

Le   politologue Jérôme Fourquet (IFOP), interrogé par l’Opinion, voit dans la démarche de cette mouvance d’extrême droite « un révélateur de l’exaspération d’une partie de l’armée ». Il rappelle que le vote en faveur du RN est deux fois plus important (40 %) chez les militaires, gendarmes et policiers que dans l’électorat global.

Le politologue Jérôme Fourquet est directeur du département Opinion de l’Ifop. Il est l’auteur d’un livre à succès, L’archipel français, dont une édition de poche vient de paraître aux éditions Points.

 

Interview

Quel regard portez-vous sur la lettre des généraux et les polémiques politiques qu’elle provoque ?

C’est sans doute révélateur d’un état de colère et d’exaspération d’une partie de l’armée et des forces de l’ordre d’active, compte tenu de l’insécurité galopante sur fond de menace terroriste. C’est également manifestement le signe d’un défaut de crédibilité de l’exécutif en la matière. Comme professionnels, les militaires sont bien sûr contraints à un devoir de réserve, mais la question est de savoir ce qu’ils pensent comme citoyens.

Mesurez-vous leur vote ?

C’est compliqué, mais nos sondages de 2017 montraient que les militaires et policiers avaient voté à environ 40 % pour Marine Le Pen au premier tour, soit quasiment le double de son score global (21,3 %). Il n’y a pas de raison que cela ait baissé depuis lors.

Le malaise est donc plus profond et plus général que la simple expression d’officiers à la retraite ?

Le péché originel d’Emmanuel Macron reste, selon moi, la démission du général de Villiers, dès juillet 2017, avec dans une bonne partie du milieu militaire, des réactions sur le thème : mais pour qui il se prend pour traiter ainsi le chef d’état-major ? Plus généralement, on reproche à l’exécutif une sous-évaluation de la menace et de son ampleur. Des petites phrases du Président sur la guerre d’Algérie, le « mâle blanc », etc., passent mal.

On observe dans l’opinion une très forte demande de sécurité, avec la réédition quasi quotidienne de scènes de violences urbaines. Il y a un sentiment de perte de contrôle sur le « régalien », l’impression que ça flotte et la crainte d’une dislocation du pays. En creux, la lettre des généraux exprime ce procès en défiance vis-à-vis de l’exécutif sur son absence de crédibilité. Le texte des militaires contient d’ailleurs un couplet sur les Gilets jaunes. Face à cela, les coups de menton de l’exécutif ne suffiront pas.

Prix des matières premières : l’envolée

Prix des matières premières : l’envolée

 

Une envolée spectaculaire du prix des matières premières qui pourraient correspondre un phénomène de reprise notamment en Chine et aux États-Unis. Un mouvement qui pourrait aussi préfigurer à terme une envolée aussi de l’inflation. L’indice Bloomberg des matières premières, tombé au plus bas depuis 1976 au printemps dernier, gagne 11 % depuis janvier, revenant à son plus haut niveau depuis 2018. Il profite du pétrole remonté à 60 dollars contre 20 dollars en avril , mais il est avant tout porté par la hausse des métaux.

A titre d’exemple, l’indice du London Metal Exchange cote à près de 4.000 points, du jamais vu depuis 2011. Le cuivre progresse de 20 % depuis le début de l’année à 9.350 dollars la tonne au plus haut depuis 10 ans. L’aluminium gagne 17 % depuis janvier à 2.325 dollars la tonne. Sur le marché à terme de Singapour, le minerai de fer n’a jamais été aussi cher depuis que la cotation a commencé en 2013. Il faut débourser 180 dollars pour obtenir une tonne ! Le palladium teste un nouveau record historique à près de 3.000 dollars l’once. Dans ce paysage il n’y a guère que l’or qui a perdu de son éclat. Après avoir atteint un nouveau record historique à plus de 2.000

Liban : un détournement de 300 millions de dollars par le gouverneur de la banque centrale

Liban : un détournement de 300 millions de dollars par le gouverneur de la banque centrale

Le contenu de l’enquête suisse visant le puissant gouverneur de la Banque du Liban (BDL) se précise. Des documents officiels ayant fuité dans la presse indiquent que les autorités helvètes soupçonnent Riad Salamé, en poste depuis 1993, et son frère cadet, Raja, de « détournement de fonds au détriment de la Banque du Liban » et de « blanchiment d’argent aggravé » pour des montants estimés à plus de 330 millions de dollars. En novembre dernier, le ministère public de la Confédération helvétique (MPC) a adressé une demande d’entraide judiciaire aux autorités libanaises publiée par un site d’information.

Il y mentionnait en particulier un contrat signé le 6 avril 2002 par le gouverneur de la BDL et Forry Associates LTD, une société enregistrée aux îles Vierges britanniques et dont le bénéficiaire économique serait Raja Salamé. Ce contrat de courtage pour la gestion de produits financiers – bons du Trésor et eurobonds – aurait permis à Forry de toucher entre avril 2002 et octobre 2014 quelque 326 millions de dollars sur un compte à la banque HSBC en Suisse. Ces commissions auraient ensuite été reversées au bénéfice des frères Salamé « ainsi qu’à des membres de leur famille ou de leur entourage immédiat, dont Marianne Howayek », l’assistante du gouverneur, mentionnée dans le dossier sous le statut de témoin assisté.

Covid : aucune contamination au concert test de Barcelone

Covid : aucune contamination au concert test de Barcelone

Il n’y a eu « aucun signe » de contagion suite au concert-test de rock qui s’est tenu le 27 mars à Barcelone, en Espagne, avec 5 000 spectateurs dansant masqués mais sans distance, ont affirmé mardi les organisateurs.

 

Deux semaines après ce concert du groupe Love of Lesbian, selon les données fournies par le système de santé public, « il n’y a aucun signe qui suggère qu’une transmission a eu lieu pendant l’évènement, ce qui était l’objectif de cette étude », a déclaré Josep Maria Llibre, médecin de l’hôpital Germans Trias i Pujol de Badalone, lors d’une conférence de presse.

Le public, qui avait été soumis à un test antigénique avant le concert, portait des masques FFP2. Selon le médecin, seuls six cas positifs sur les 5 000 spectateurs ont été détectés quinze jours après le concert et les organisateurs sont certains « que pour quatre de ces six cas, la transmission n’a pas eu lieu pendant le concert ».

En décembre déjà, la même équipe de chercheurs avait organisé un projet pilote dans une salle de Barcelone avec 500 spectateurs préalablement testés. Quelques jours plus tard, aucun n’avait contracté le virus.

La fin du couvre-feu : en juin …… ou plus tard

La fin du couvre-feu : en juin …… ou  plus tard

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Les sélections découlant du couvre-feu pourraient être levées en juin d’après le chef de l’État mais seulement si les conditions le permettent. Un peu la même philosophie que pour la réouverture progressive de certaines activités notamment commerciales. Les grandes lignes du plan de déconfinement seront arrêtées d’ici la fin de la semaine. Ces réouvertures progressives s’étaleront jusqu’au mois de juillet et une deuxième étape du plan de relance sera lancée à l’été.

Economie, politique, société: les plus lus

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Brexit : des droits financiers contre des droits de pêche !

Brexit : des droits financiers contre des droits de pêche !

 

Comme c’était un peu visible Johnson ne respecte guère les désaccords du break site relatif à la pêche car la grande Bretagne n’accorde qu’avec parcimonie les licences de pêche notamment aux Français. Du coup la France menace de répliquer très durement en s’opposant à la délivrance d’autorisations sur les services financiers britanniques dans l’union économique européenne

l’accord sur le break site indiqué que des autorisations mécaniques devaient être accordé aux pêcheurs français alors à Boulogne 22 bateaux seulement sur 120 ont pu obtenir cette licence pour l’instant.

La tonne de cuivre vers les 10.000 dollars, un record depuis 10 ans

La tonne de cuivre  vers les 10.000 dollars, un record depuis 10 ans

Le cours du métal rouge, baromètre de l’économie mondiale, est monté mardi à 9.965 dollars la tonne sur le London Metal Exchange (LME), une première depuis le 4 mars 2011, avant de refluer un peu. Il se trouvait à plus de 9.758 dollars à 17H30.

Son record historique avait été atteint le 15 février 2011, à 10.190 dollars.

Pour Alastair Munro, de Marex Spectron, le contexte est plus que favorable grâce à « la faiblesse du dollar américain », propre à encourager les achats de métaux libellés en devise américaine pour les investisseurs munis d’autres monnaies.

Le billet vert s’est en effet déprécié de 2,5% depuis le début du mois d’avril face à un panier constitué des principales monnaies.

Le cours du métal rouge profite aussi de la demande notamment chinoise, le pays engloutissant la moitié de la production de la planète.

Le Groupe d’étude international du cuivre (ICSG) a chiffré le mois dernier à +13% l’augmentation de la demande apparente de cuivre en Chine sur l’ensemble de l’année 2020.

Et ce n’est pas parti pour s’arrêter puisque Pékin a annoncé mi-avril une hausse record de sa croissance économique au premier trimestre (+18,3% sur un an).

En convalescence depuis son plus bas niveau de 2020 heurté le 19 mars dernier, à 4.371,00 dollars, le métal rouge a donc depuis plus que doublé et largement dépassé son niveau précédant la pandémie de Covid-19.

 

 

Vaccination France : 7,5 millions de doses supplémentaires Pfizer

Vaccination France : 7,5 millions de doses supplémentaires Pfizer

La vaccination semble se enfin s’accélérer un peu partout notamment grâce à l’arrivée massive de vaccins Pfizer.

En effet, La France a reçu mardi la première partie des quelque 7,5 millions de doses supplémentaires de vaccin Pfizer-BioNTech contre le COVID-19 dont elle va bénéficier au cours du deuxième trimestre, a déclaré Jean Castex.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait annoncé le 14 avril dernier que l’UE recevrait au total 50 millions de doses supplémentaires de ce vaccin au cours du deuxième trimestre grâce à une accélération des livraisons par le groupe pharmaceutique américain.

« Parmi ces doses supplémentaires, près de 7,5 millions vont bénéficier à la France. Leur livraison, qui débute ce jour sur le territoire, s’échelonnera jusqu’à la fin du mois de juin », a précisé le Premier ministre dans un communiqué.

Un nouveau plan d’aide pour l’Afrique (Macron)

Un nouveau plan d’aide pour l’Afrique (Macron)

 

Dans la perspective d’un sommet financier concernant l’Afrique, le président de la république appelle à un nouveau plan d’aide pour l’Afrique qui évidemment a aussi subi sanitairement  et économiquement le choc Covid. Le chef de l’État français appelle notamment à une restructuration de la dette.

Selon le FMI, les pays d’Afrique sub-saharienne pourraient se trouver face à un déficit de financement de 290 milliards de dollars d’ici 2023. Dès avril 2020, un moratoire sur le service de la dette a été mis en place par le Club de Paris et le G20, qui a permis de différer le paiement de 5,7 milliards de dollars d’intérêts.

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