Archive mensuelle de avril 2021

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Covid Brésil : 400 000 décès

Covid  Brésil : 400 000 décès

Rapporté au nombre d’habitants c’est six à sept fois plus qu’en France. Le Brésil a en effet enregistré sur une journée 3.001 décès supplémentaires liées au COVID-19, selon les données publiées jeudi par le ministère de la Santé, ce qui porte le bilan de l’épidémie dans le pays à plus de 400.000 morts.

Par ailleurs, le pays d’Amérique du Sud a confirmé 69.389 nouvelles contaminations, pour un total de plus de 14,5 millions d’infections depuis que la crise sanitaire a débuté l’an dernier.

Uber : le ministre américain du travail pour le statut de salarié

  • Uber  : le ministre américain du travail pour le statut de salarié

 

Curieusement la proposition ne vient pas de France mais des États-Unis. En France au contraire, un groupe de travail officiel présidé par l’ancien président de la SNCF sur les perspectives de développement de l’emploi préconise le développement de l’entreprenariat.

 

À noter aussi que dans quelques pays les contrats Uber ont été requalifiés par la justice. «Dans de nombreux cas, les travailleurs à la tâche devraient être classifiés comme des salariés», a affirmé Marty Walsh, ministre du travail américain dans des propos confirmés à l’AFP.

«Dans certains cas, ils sont traités respectueusement, dans d’autres ils ne le sont pas et je pense qu’il faut de la cohérence à tous les niveaux», a-t-il poursuivi. «Ces boîtes dégagent des profits et des revenus et je ne leur en fais pas grief, car c’est un principe fondamental aux États-Unis. Mais on veut aussi s’assurer que ce succès ruisselle jusqu’aux travailleurs.»

 

Il serait évidemment intéressant d’entendre la ministre du travail française s’exprimer sur le sujet !

 

Des villes moyennes contre la métropolarisation ?

  • Des villes moyennes contre la métropolarisation ?
  • La covid  a sans doute contribué à démontrer les inconvénients de la mode de la métropolarisation sur les conditions de vie et de travail. Sans doute pourquoi des maires soutiennent le principe du développement des villes moyennes contre ce phénomène de concentration extrême dans les métropoles. Cela sous réserve évidemment de présenter une offre suffisante et de qualité en matière de santé, de commerce de sport et de tourisme.
  • Jean-Christophe Fromantin, maire DVD de Neuilly-sur-Seine, a lancé ce message cette semaine avec les trois présidents de région Carole Delga (Occitanie), Xavier Bertrand (Hauts-de-France) et Hervé Morin (Normandie). Coordonnateur d’un collectif rassemblant élus, entrepreneurs et universitaires, Fromantin veut rebondir sur les scrutins régionaux de juin pour défendre le «rôle stratégique» des villes moyennes, ces communes qui comptent 20 000 à 100 000 habitants. Et selon lui, les collectivités régionales doivent être les moteurs de leur évolution. «Nous avons les moyens de faire en sorte que 400 villes moyennes puissent offrir la qualité de services des métropoles», affirme Fromantin.

Sondage Terrorisme: 64 % des Français inquiets

  • Sondage Terrorisme: 64 % des Français inquiets
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  • Selon ‘lenquête Odoxa-Backbone Consulting réalisée pour Le Figaro et Franceinfo, ces deux derniers jours, auprès d’un échantillon de 1005 majeurs représentatif de la population française. «Après l’assassinat de Stéphanie Montfermé, la colère monte dans l’opinion: près des deux tiers des Français (64 %) disent avant tout ressentir ce sentiment plutôt que de la tristesse ou de la solidarité», souligne Gaël Sliman, le président de cet institut de sondage.
  • Près des trois quarts des Français (74 %) se disent favorables à une nouvelle loi,. Pas moins de 6 sur 10 perçoivent comme «efficaces» les quatre principales dispositions du nouveau projet de loi: doubler le temps de surveillance des islamistes dangereux sortant de prison, par exemple, ou bien «fermer tous les locaux dépendant d’un lieu de culte faisant l’objet d’une fermeture administrative», ou encore «tenir à l’écart des grands événements à venir (Euro, JO…) les individus fichés», mais aussi et surtout «faciliter les interventions au domicile des personnes soupçonnées en amont des procédures judiciaires».
  • Les trois-quarts des sondés sont pour la généralisation de l’usage des algorithmes de collecte et d’analyse des données pour ces motifs graves, et une grosse moitié approuve les personnalités politiques qui font le lien entre immigration et terrorisme.

Ehpad : baisse du taux d’occupation

  • Ehpad : baisse du taux d’occupation
  • L’effet dramatique des conséquences Covid dans les maisons de retraite a fait diminuer le taux d’occupation. Le groupe Korian, leader du secteur avec près de 500 établissements en France, a connu depuis le début de la crise sanitaire « une baisse de 5 points du taux d’occupation » de ses établissements. En cause le nombre de décès mais aussi les craintes des futurs pensionnaires vis-à-vis des conditions sanitaires des établissements.. Selon Korian, cette baisse est due à l’effet combiné de plusieurs facteurs, liés à la pandémie. En premier lieu, les protocoles sanitaires, nombreux et très contraignants. « Quand il y a des cas de Covid, les protocoles de l’ARS et du ministère de la santé n’autorisent pas l’arrivée de nouveaux résidents » explique la direction.

Covid variant indien : des premiers cas en France

Covid variant indien : des premiers cas en France

Alors que récemment le ministre de la santé déclaré que le variant indien n’atteignait pas la France, plusieurs cas viennent d’être identifiés dans les Bouches-du-Rhône et le Lot-et-Garonne.

Plusieurs cas précédemment avaient été décelés dans d’autres pays en Europe. En l’état des conditions de mobilité internationale qui n’interdit nullement les voyages, on voit mal comment ce variant qui semble présenter la particularité de se répandre très rapidement et sans doute plus dangereusement que les autres pourrait être empêché de toucher le pays. C’est sans doute l’ampleur de la pénétration de ce variant qui pourrait remettre en cause le plan très théorique de des confinements présentés par le président de la république.

Covid-19: un calendrier de déconfinement théorique

Covid-19: un calendrier de déconfinement théorique

Le président de la république a présenté un calendrier de déconfinement relativement théorique car il est soumis un certain nombre de conditions notamment vis-à-vis du taux d’incidence qui ne devra pas dépasser 400 infections pour 100 000 habitants. Si ce taux devait être dépassé les mesures de des confinements serait annulées. On retiendra surtout que le 3 mai ce sera la fin des attestations. Le 19 mai le couvre-feu sera porté à 21 heures et dans certaines conditions les terrasses commercent et activités culturelles seront autorisées

le 9 juin couvre-feu sera porté à 21 heures la réouverture des restaurants des activités sportives sera autorisée sous condition. Le 30 juin, la fin du couvre-feu et de toutes les restrictions.

Encore une fois un calendrier assez théorique soumis à de nombreuses conditions et qui pourra être remis en cause en fonction de l’évolution de la situation sanitaire notamment des conséquences de la progression des variants en particulier indien dont quelques cas commencent  être signalés en France.

Economie, politique, société: les plus lus

Economie, politique, société: les plus lus

 

Justice-affaire Halimi: la frilosité des magistrats

Justice-affaire  Halimi:  la  frilosité des magistrats

Antoine Garapon est magistrat et professeur affilié à l’école de droit de Sciences Po. Membre de la commission Houillon-Raimbourg sur l’irresponsabilité pénale,  estime que les magistrats ont fait preuve de frilosité dans l’affaire Halimi. (Dans l’Opinion).

 

Comment analysez-vous l’arrêt de la Cour de cassation et, plus globalement le traitement judiciaire de l’affaire Sarah Halimi ?

J’y vois une frilosité des magistrats, comme une volonté de ne pas occuper la place qui leur revient. Sans doute par manque de confiance en eux. Ils ont eu une interprétation très stricte de la loi, très positiviste. Dans cette affaire, l’enjeu est de pouvoir statuer sur l’état mental de l’auteur des faits au moment où il prend de la drogue. Là, les magistrats se sont contentés de dire : « On est malheureux, on n’a que cette loi à appliquer ». Ils auraient pu aller plus loin.

Ils rétorquent qu’on les accuserait alors de se transformer en « gouvernement des juges »…

Pourtant, ils ont montré à plusieurs reprises une forme de maturité. Des procès comme celui des attentats de janvier 2015 ou de l’affaire des fadettes et de Nicolas Sarkozy ont prouvé la capacité de la justice à traiter des affaires sensibles avec professionnalisme et respect des droits de chacun. Mais il s’agissait d’audiences publiques. La justice doit trouver sa place dans des affaires de référence comme celle-ci. Ces tensions entre pouvoir politique et justice s’expliquent par l’absence de lien sociologique entre classes dirigeantes et magistrats judiciaires.

Mais qui alimente les critiques sur « l’entre-soi » ?

Malgré les polémiques, le parquet national financier a par exemple réussi à s’imposer dans le monde des affaires. C’est en s’ouvrant qu’il attire le respect.

Dans l’affaire Halimi, les juges ont-ils fait fi de la demande de justice qui s’exprimait ?

Que demandait la communauté juive ? Pas qu’on pende haut et court l’auteur des faits. Mais que le débat ne se limite pas à la chambre de l’instruction. Les juges ont mal apprécié cette dimension. Cela montre également un essoufflement de la culture inquisitoire à la française : les juges ne peuvent plus décider qu’entre eux. S’il faut discuter des conclusions des experts psychiatres, faisons-le en audience publique. Le procès contradictoire, on n’a pas trouvé mieux !

Comment expliquer la réticence des magistrats à prendre en compte la dimension antisémite du crime ?

Je note une grande panique, y compris parmi les politiques, dès qu’on est présence de tensions intercommunautaires. Comme si la France ne comptait pas 10 % de musulmans parmi sa population, ni la plus importante communauté juive après les Etats-Unis et la Russie.

Un manque de démocratie en Afrique… mais ailleurs ?

Un manque de démocratie en Afrique… mais ailleurs ?

Président de la République du Niger pendant dix ans, Mahamadou Issoufou s’est retiré de la vie politique à l’issue de son deuxième mandat, au début du mois. Détendu et serein après avoir transmis le flambeau à son successeur Mohamed Bazoum, il reçoit l’Opinion à Niamey et se confie sur cette transition démocratique réussie et ses futurs combats.

Vous avez respecté la Constitution du Niger. Pourquoi n’avez-vous pas été pris, comme d’autres chefs d’Etat africains, par la tentation de l’ignorer pour effectuer un troisième mandat ?

J’ai commencé mon combat politique dans la clandestinité en 1980. Mohamed Bazoum a composé un autre groupe clandestin, trois ans plus tard. Nous avons fusionné nos deux groupes en 1990 pour fonder, à l’avènement du multipartisme, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya), non pas sur une base ethnique, communautariste ou régionaliste mais autour de valeurs fondatrices. En tant que chef de l’Etat, j’ai essayé de les respecter. Mon comportement est lié à mes convictions. L’Afrique n’a pas besoin d’homme providentiel. Elle n’a ni besoin de dictature ni d’anarchie. La meilleure façon d’éviter ces écueils est d’avoir des institutions fortes et non pas des hommes forts, comme l’a expliqué Barack Obama. Ces institutions démocratiques doivent fonctionner quel que soit le dirigeant à leur tête. L’autre objectif est la modernisation de la politique et sa détribalisation. Souvent, les hommes politiques africains tombent dans le piège, en instrumentalisant leur communauté. Au moment des élections, cela donne lieu à des affrontements intercommunautaires. Il faut en sortir comme nous sommes en train de le faire au Niger. Le nouveau président appartient à une minorité arabe. C’est un message fort envoyé aux autres peuples d’Afrique. Un projet présidentiel doit être érigé sur un socle de valeurs, dans le sens de l’intérêt général. C’est ma vision, celle de mon parti et celle du président Bazoum. J’espère que cette alternance va réussir et fera tache d’huile en Afrique. Car si ce modèle échoue, les vieux modèles persisteront.

A-t-on essayé de vous dissuader de partir ?

Des chefs d’Etat m’ont conseillé de rester. Des partisans m’ont aussi demandé de faire un troisième mandat en organisant des manifestations. Ils ont été interpellés par la police.

Pourquoi avoir choisi Mohamed Bazoum comme successeur ?

On se connaît depuis trente ans. Je l’ai rencontré la première fois le 1er août 1990 dans une maison du quartier Nouveau marché à Niamey après avoir eu des contacts indirects, via nos camarades, depuis 1986. J’étais à l’époque à la tête de la Société des mines de l’Aïr [Somaïr, ex-filiale d’Areva]. Lui était jeune professeur de philosophie à Maradi. C’était l’époque des partis uniques. Nous avions un projet marxiste révolutionnaire qui n’avait rien de démocratique. Nous l’avons abandonné à l’avènement du multipartisme, après le discours de La Baule de François Mitterrand et la Conférence nationale du Bénin. Le lendemain de cette première rencontre, nous nous sommes revus et avons décidé de fusionner nos deux groupes clandestins, d’écrire le manifeste du futur parti et de préparer son assemblée générale fondatrice. Elle s’est tenue le 23 décembre 1990 et je suis devenu le premier secrétaire exécutif provisoire. Depuis, il a presque toujours été mon second, à l’exception des premiers six mois où cette fonction était assumée par Foumakoye Gado, l’ex-ministre du Pétrole. A partir de 1995, nous avons créé une direction de la formation avec un poste de président, un poste de de vice-président et un secrétaire général.

N’y a t-il jamais eu de tensions entre vous durant ces trente ans ?

Je n’ai pas le souvenir d’une quelconque anicroche. On y est parvenu car nous avons les mêmes convictions, les mêmes valeurs, la même vision. On a pu avoir certaines divergences mais nous étions et sommes toujours d’accord sur l’essentiel. Mohamed Bazoum ne m’a jamais demandé un poste. Mais il n’avait pas besoin de le faire à partir du moment où nous avons toujours pris les décisions de manière collégiale, en y associant notre équipe. Celle-ci joue un jeu collectif. La confiance de la formation était donc naturelle. Nous n’avons pas eu besoin d’aller chercher un autre porte-drapeau à l’heure où j’ai voulu tirer ma révérence. En 2011, j’ai donc proposé à nos camarades qu’il prenne la présidence du PNDS. Et neuf ans plus tard, il a été désigné à l’unanimité candidat à la présidence lors d’un congrès. S’il y a eu des tentatives de candidatures dissidentes, nous avons pu les régler au sein de la famille.

Quelles sont les qualités du nouveau président ?

Mohamed Bazoum est un homme de convictions. Il est intègre, courageux et fidèle en amitié. C’est un patriote qui aime son pays. Il est déterminé à se mettre au service de son peuple. Il porte aussi un projet panafricaniste.

Vous auriez confié à l’un de vos pairs africains : « Je ne m’immiscerai pas dans sa présidence mais s’il a besoin de moi, je serai toujours à ses côtés pour lui dire la vérité et lui prodiguer des conseils »…

Je ne serai pas là pour le gêner mais notre complicité va se poursuivre car je tiens à ce que cette alternance réussisse. Lui et moi ferons tout pour cela. Son échec serait notre échec à tous, celui de notre modèle. Nous sommes fidèles au socialisme démocratique et non pas au socialisme scientifique.

«Il y a une malédiction des ressources pétrolières si elles sont mal gérées. C’est pour cela que nous avons besoin d’institutions promotrices de la bonne gouvernance. C’est ce à quoi nous nous attelons»

Le Niger a t-il besoin de parfaire ses institutions ?

Le plus important est de les conforter pour avoir un régime politique stable, une croissance inclusive et une transition démographique. Les deux dernières conditions sont liées au succès du régime démocratique pour assurer la bonne gouvernance. Nous n’irons pas jusqu’à faire comme la Chine avec sa politique de l’enfant unique. Mais nous devons sensibiliser les Nigériens à la nécessité d’un meilleur contrôle de la démographie à travers notamment les programmes de santé de la reproduction. Nous avons obtenu un taux de croissance économique de 6 % lors de la dernière décennie mais cette croissance a été absorbée pour l’essentiel par l’essor démographique de 4 % par an. Le PIB réel par habitant n’a donc augmenté que de 2 %. Ce n’est pas suffisant. A ce rythme, il faudrait quatre-vingt-cinq ans pour que le Niger atteigne le revenu annuel plancher des pays émergents (3 000 dollars par habitant). Nous avons besoin d’abréger cette période en accélérant le développement et en ayant une meilleure répartition des richesses, afin de lutter contre la pauvreté. La réduction d’un point du taux de croissance démographique nous permettrait de gagner trente ans. Si on augmente parallèlement le PIB de deux points, nous gagnerons cinquante ans.

N’avez-vous pas peur de la malédiction pétrolière, alors que les revenus des hydrocarbures vont croître dans les années à venir ?

Il faut en avoir peur. Il y a une malédiction des ressources pétrolières si elles sont mal gérées. C’est pour cela que nous avons besoin d’institutions promotrices de la bonne gouvernance et de tirer bénéfice de l’exemple de pays comme la Norvège. C’est ce à quoi nous nous attelons. La production sera multipliée par cinq d’ici 2023. Nous visons de la porter au-delà des 300 000 barils par jour en 2028. Cela nous permettra de poursuivre les chantiers d’infrastructures routières, ferroviaires, énergétiques, de télécommunications. Et de financer le capital humain à travers une ambitieuse politique de santé, d’éducation – particulièrement des jeunes filles –, d’accès à l’eau…

Votre retraite sera être active…

Je vais continuer à mener des combats pour soutenir l’action du président Bazoum et pour l’émergence de l’Afrique. C’est pour cela que j’ai décidé de créer la Fondation Issoufou-Mahamadou. Son principal but sera de promouvoir la paix, la démocratie, le panafricanisme, le développement du capital humain et la lutte contre le réchauffement climatique. Les actions nationales ne peuvent avoir d’impact que dans un cadre continental et même mondial. En Afrique de l’ouest, nous avons déjà avancé sur le projet de monnaie unique. Nous avons aussi fait aboutir le projet de zone de libre-échange continentale. Au lendemain des indépendances, nous avons échoué à mettre en œuvre les politiques de substitution aux importations, notamment car nos marchés nationaux étaient trop restreints. Le marché du Niger est de 22 millions d’habitants, celui de l’Afrique de 1,3 milliard. Le continent doit engager une politique industrielle de transformation de ses matières premières afin d’améliorer ses revenus. La fève de cacao ne représente que 5 % de la valeur du chocolat, le coton peut-être 2 % de la valeur du tissu. Il faut sortir du pacte colonial mis en place au XIXe siècle.

Les matières premières partent aujourd’hui en Asie, particulièrement en Chine. La nature de ce pacte colonial n’a-t-elle pas évolué ?

Peu importe où partent ces matières premières. Le pacte perdurera tant que nous ne serons pas des producteurs de produits finis. Cela nous permettrait de lutter contre la pauvreté qui a alimenté le terrorisme. Il ne peut y avoir de paix dans un monde où il y a trop d’inégalités. Nous sommes revenus à la situation d’avant la Première Guerre mondiale en matière d’inégalités.

Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, le Sahel est en proie au terrorisme et aux affrontements communautaires. Comment renouer le fil social ?

Tous nos malheurs viennent de Libye. Qui a créé cette situation ? Nous a-t-on demandé notre avis avant de déclencher cette guerre ? Je l’ai appris à la radio alors que mon pays partage une frontière de plus de 350 km avec ce pays. On reproche aux pays africains de ne pas promouvoir la démocratie ; existe-t-elle au niveau de la gouvernance mondiale ? C’est le système de gouvernance politique et économique mondial qu’il faut changer. Le modèle des politiques keynésiennes issues de la Seconde Guerre mondiale a été dévoyé par la politique néolibérale des années 1980. C’est l’ultralibéralisme, et non pas le libéralisme, qui est en cause. Il faut profiter des chocs climatique, sécuritaire, sanitaire pour définir et mettre en place un nouveau modèle. Cela passera par la démocratisation de la vie politique internationale. Elle permettrait d’éviter les fautes commises en Libye et en Irak. On pouvait aimer ou pas Saddam Hussein mais son élimination a abouti à la création de l’Etat islamique par certains de ses anciens collaborateurs. L’Etat islamique au Grand Sahara en est aujourd’hui la conséquence. Nous payons le prix des politiques interventionnistes mal réfléchies, depuis l’Afghanistan jusqu’au Sahel. Nous devons agir sur trois piliers : la défense, le développement, la démocratie.

Les menaces sécuritaires justifient-elles à vos yeux la mise en place de conseils militaires de transition comme au Tchad ?

Le président Déby était un frère, un ami. Sa mort m’a profondément choqué. C’est une tragédie. C’est une catastrophe pour le Tchad et au-delà pour l’Afrique. Des erreurs et même des fautes ont été commises en Libye avec les conséquences que l’on sait sur le Sahel et le bassin du Lac Tchad. Nous avons le devoir d’en tirer des leçons pour éviter que le Tchad ne bascule dans l’anarchie. Les pays du G5 Sahel et leurs alliés, notamment la France, en ont pleinement conscience. Le Tchad a besoin de notre solidarité pour accomplir sa transition démocratique.

Serez-vous disponible si l’ONU ou l’Union africaine font appel à vous ?

Je suis un militant, avant tout un homme d’action. Si la communauté internationale ou l’UA font appel à moi, je me rendrai disponible. Je peux continuer à rendre service en tant que simple citoyen.

 

 

Vaccins : La dimension psychologique

Vaccins : La dimension psychologique

 

 

La peur des thromboses dissuade de nombreux Français d’avoir recours au vaccin d’AstraZeneca. Une réaction irrationnelle, au vu de la balance bénéfice-risque, mais que nous pourrions apprendre à maîtriser, explique Etienne Ghys, dans sa chronique au « Monde ».
Etienne Ghys,secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, directeur de recherche (CNRS) à l’ENS Lyon

 

Tribune

. Comment comprendre la méfiance de la population à l’encontre du vaccin d’AstraZeneca ? D’un côté, un Français sur 700 est mort du Covid-19 depuis un an. De l’autre, un cas de thrombose pour 100 000 vaccinations. La balance semble claire : le risque de thrombose est 140 fois inférieur à celui du Covid-19. Et, pourtant, la méfiance s’est installée et sera difficile à éliminer.

Le calcul des probabilités ne suffira pas. Une application pour smartphone, intitulée Risk Navigator, évalue les risques encourus dans des activités usuelles. L’unité de mesure est le « micromort » : une probabilité de 1 sur un million de mourir. Par exemple, 1 000 km en voiture coûtent 3 micromorts. Mais les humains ne perçoivent presque jamais les risques en termes de chiffres ou de micromorts. Nous ne sommes heureusement pas des machines à calculer. Nos comportements sont souvent irrationnels, et c’est tant mieux.

 

Le débat n’est pas nouveau. L’inoculation contre la variole − la transmission volontaire d’une forme atténuée de la maladie – date du XVIIIe siècle en Europe. Un enfant inoculé avait une « chance » sur 200 de mourir dans le mois qui suivait, mais, s’il survivait, il ne serait pas contaminé pendant toute sa vie, à une époque où 1/8 de la population mourait de la variole. Comment comparer ces fractions 1/200 et 1/8 ? Sont-elles de même nature ? Est-il légitime de risquer de faire mourir quelqu’un pour le protéger d’une maladie qu’il pourrait ne jamais attraper ?

Le mathématicien suisse Daniel Bernoulli publia en 1766 un travail remarquable dans lequel il comparait deux populations, selon qu’elles utilisaient l’inoculation ou pas. Grâce aux données statistiques dont il disposait, il montra que, en inoculant tout le monde, certes 1/200 des enfants décédaient rapidement, mais que l’espérance de vie augmentait de trois ans. Il en conclut qu’il fallait inoculer.

La discussion qui a suivi fut passionnante dans ce siècle des Lumières où l’on s’interrogeait sur la valeur de la vie humaine. Le mathématicien d’Alembert était ainsi convaincu des avantages de l’inoculation mais il pensait que ceux-ci « ne sont pas de nature à être appréciés mathématiquement ». Il opposa beaucoup d’arguments, comme le fait qu’on ne peut pas comparer une mort immédiate avec une autre dans un futur indéterminé.

Depuis quelques décennies, les psychologues étudient la manière dont nous percevons les risques. Ils ont décrit et mesuré un grand nombre de biais systématiques. Par exemple, nous acceptons des risques bien plus importants lorsque nous les choisissons (comme prendre sa voiture) que lorsque nous n’y pouvons rien (comme un accident nucléaire). De même, nous minimisons les risques s’ils ne nous menacent que dans un futur indéterminé (comme le tabac). Nous exagérons un risque dont tous les médias parlent abondamment (comme la thrombose). Ces biais sont universels et on ne peut pas s’en débarrasser avec des cours de mathématiques. Ils font partie de la nature humaine. Même les experts y sont soumis dès qu’ils sortent de leur domaine d’expertise.

 

En revanche, la bonne nouvelle est que ces biais sont maintenant bien compris par les psychologues et qu’on peut les expliquer au public, ce que l’école et les médias ne font malheureusement que très peu. Il ne s’agit pas de faire des calculs mais de comprendre nos comportements et de maîtriser nos prises de risque. Nous prenons la plupart de nos décisions instinctivement, mais lorsque les choses deviennent sérieuses, nous devons apprendre à réfléchir et à analyser nos réactions irrationnelles.

Il faut écouter les médecins et les mathématiciens, bien sûr, mais aussi les psychologues. Vous pouvez accepter votre peur incontrôlée des araignées, mais pour les risques qui vous menacent vraiment, prenez le temps de vous renseigner et de réfléchir avant de prendre une décision !

Etienne Ghys(secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, directeur de recherche (CNRS) à l’ENS Lyon)

L’information et l’intox

 

 

Pour les cinq ans de la création de l’association Médias francophones publics (MFP), les dirigeants des onze groupes de médias présents en France, au Canada, en Belgique et en Suisse s’associent, dans une tribune au « Monde », pour affirmer des valeurs communes et essentielles.

 

Tribune

 

Lieux culturels inaccessibles, écoles souvent fermées, épidémie de fausses informations. Les citoyens sont confrontés, depuis plus d’un an, à des situations inédites, qui bouleversent leur quotidien, et à l’essor de la rumeur complotiste qui menace nos démocraties. Qu’est-ce qui est essentiel dans un tel contexte ? Cette question, qui revient souvent au gré des mesures appliquées pour juguler la progression du virus, a servi de boussole aux médias francophones publics dès les premières heures de la crise.

Pas moins que l’air que nous respirons, la fiabilité de l’information, mais aussi la continuité de l’éducation, la transmission de nos valeurs et le partage de la culture sont des biens essentiels pour nos sociétés. Depuis le début de la crise, nos concitoyens se sont massivement tournés vers les médias publics, ils ont apprécié la qualité de l’information, ils y ont trouvé un repère. Dans 65 % des pays européens et au Canada – selon les enquêtes de l’Union européenne de radio-télévision et du Reuters Institute for the Study of Journalism −, les médias publics sont ceux dans lesquels les citoyens ont le plus confiance pour leur délivrer une information de qualité.

Dans ces circonstances exceptionnelles, les médias francophones publics se sont, par exemple, unis pour couvrir l’élection présidentielle américaine et apporter leur regard singulier sur cet événement majeur de 2020. Face aux « infox » [traduction du terme anglo-saxon « fake news »], la chaîne française d’information en continu Franceinfo s’est mobilisée quotidiennement avec le rendez-vous de fact-checking « Le Vrai du faux ».

Cette mission de décryptage se retrouve sur nos territoires nationaux, mais aussi en dehors de nos frontières. RFI et France 24 se sont ainsi particulièrement mobilisées contre les « infox » propagées mondialement sur le Covid-19, et notamment en Afrique, en proposant des émissions et des chroniques spécifiques et en relayant les messages de prévention des autorités sanitaires. En 2020, France Médias Monde, leur maison mère, a connu une croissance exponentielle de ses fréquentations numériques, qui ont triplé. C’est aussi le cas de TV5 Monde, qui a vu sa consultation de contenus vidéo doubler.

 

Pour autant, ces résultats encourageants ne doivent pas nous conduire à nous satisfaire de l’existant. Dans un contexte où la désinformation prend de l’ampleur et constitue une menace croissante pour nos démocraties, nous avons la responsabilité d’assurer une plus grande transparence de nos pratiques journalistiques afin d’entretenir un lien de confiance pérenne avec les citoyens. Comprendre la manière dont se « fabrique » l’information, c’est apprendre à distinguer l’information de la rumeur. Plus largement, comprendre le monde dans lequel on vit, c’est être armé pour éviter les pièges des « infox ».

Le plein-emploi possible et sans inflation ?

Le  plein-emploi possible et sans inflation ? 

 

Les deux économistes Isabelle Bensidoun et François Geerolf montrent, dans une tribune au « Monde », que les politiques économiques basées sur la courbe de Phillips (qui suppose un « taux naturel » de chômage) n’ont plus de fondement

 

Tribune. 

Depuis quarante ans, à la faveur de la stagflation des années 1970 puis de l’abandon progressif des politiques keynésiennes, les politiques de l’offre règnent sur la politique économique. Certes, à court terme, il peut s’avérer nécessaire, parce que les prix et les salaires sont rigides, de pratiquer des politiques de demande, mais seulement à court terme et surtout en privilégiant la politique monétaire.

Certes aussi, lorsque l’on est confronté à un choc exceptionnel, comme celui de la crise sanitaire, et que la politique monétaire est contrainte par la borne limitant à zéro les taux d’intérêt nominaux, la relance peut être plus massive et le dogme budgétaire abandonné. Mais, une fois le choc passé, les bonnes pratiques devaient, selon cette politique de l’offre, être rétablies, la politique monétaire reprendre le dessus et la dette être diminuée.

 

C’est qu’une fois le choc passé, et parfois même avant, la surchauffe guetterait ! Toute relance qui pousserait le produit intérieur brut (PIB) au-delà de son potentiel et le chômage en deçà de son taux naturel ne pourrait se solder que par une spirale inflationniste qui viendrait, si les banques centrales étaient contraintes de remonter leur taux, mettre en péril la capacité des économies à faire face à la dette accumulée jusque-là.

Ce mécanisme, connu sous le nom de « courbe de Phillips » augmentée – du nom de l’économiste néo-zélandais Alban William Phillips (1914-1975), qui l’a formulée –, a conduit plusieurs analystes outre-Atlantique à s’inquiéter du plan de sauvetage de 1 900 milliards de dollars de Joe Biden. Il faut dire que c’est sur cette courbe décroissante entre chômage et inflation que repose la politique macroéconomique depuis de nombreuses années.

Pourtant, s’il est vrai qu’au début des années 1980 la politique d’augmentation des taux d’intérêt menée par Paul Volcker, alors à la tête de la Réserve fédérale (FED), a été suivie d’une décélération de l’inflation accompagnée d’une récession et d’une augmentation du chômage, il a depuis été bien difficile d’observer une telle relation entre chômage et inflation, sauf pour les pays en régime de change fixe.

 

C’est ainsi qu’à la fin des années 1990, au moment de la bulle Internet, le taux de chômage américain passe bien en dessous de son taux naturel sans donner lieu à une quelconque tension inflationniste ; que la crise financière de 2007-2009, malgré la forte augmentation du chômage qu’elle déclenche, ne se traduit pas par la déflation redoutée ; pas plus que la relance de Donald Trump ne provoque d’accélération de l’inflation.

Politique: un risque de télescopage des élections locales et présidentielle

Politique: un risque de  télescopage des élections locales et présidentielle 

 

 

La juriste Géraldine Chavrier explique, dans une tribune au « Monde », qu’il existe en France une longue tradition constitutionnelle pour éviter la confusion des temps de campagne et, surtout, pour préserver le principe de sincérité du scrutin.

 

Tribune.

Le feuilleton concernant le report des élections départementales et régionales a fait l’objet de nombreuses analyses de constitutionnalité des motifs le justifiant et de la durée des mandats locaux prolongés. En revanche, une question est demeurée discrète : celle relative aux conséquences, sur la régularité des scrutins, du télescopage d’élections locales avec le tout début de la campagne présidentielle.

L’exécutif y avait songé puisque le report des élections locales en juin 2021 l’avait conduit à réduire, de douze à neuf mois, la période au cours de laquelle le mandataire financier d’un candidat à la présidentielle peut recueillir les fonds destinés au financement de la campagne et régler les dépenses correspondantes : cela permettait de faire débuter ces opérations après les élections locales concernées. En revanche, des élections repoussées en octobre auraient conduit à faire chevaucher cette période ouverte en juillet avec la campagne pour les élections locales, sans que le délai concerné puisse être davantage réduit.

 

Cela n’aurait pas été sans conséquences lorsque l’on sait que certains seront candidats à la fois aux élections régionales et présidentielle. Le Conseil constitutionnel a, certes, déjà admis l’existence de campagnes simultanées, mais lorsqu’elles concernaient des élections locales. Il a ainsi jugé que « si la dualité de candidatures à ces élections est susceptible d’exercer une influence sur le libre choix des électeurs concernés par chaque consultation, elle n’est en rien contraire à la Constitution » (décision n° 90-280 DC).

Néanmoins, il ne l’accepte pas en toutes circonstances. Ainsi – fait rare –, en 2005, il a plaidé pour une réforme du calendrier électoral alors que venaient à échéance de trop nombreux mandats locaux et nationaux. Il y voyait « d’importants risques de dysfonctionnements, de confusion des campagnes et des enjeux » (commentaire de la décision du 7 juillet 2005) et s’inquiétait de ce que « les élections locales auraient lieu en plein recueil des présentations pour l’élection présidentielle, avec tous les risques que cela comporte tant pour la vérification de la validité des mandats que sur le nombre des candidats (deux générations de présentateurs pourraient être habilitées à parrainer) ».

Environnement : le rôle du bois

 

 

Andrew Todd,Architecte, spécialiste de la construction en bois estime que  le bois est notre parent. Il peut nous orienter dans notre pensée, dans notre communication, dans notre éducation et dans notre politique, explique l’architecte dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune.

 

François Hallé, botaniste et concepteur de la splendide exposition « Nous les arbres » à la Fondation Cartier, et Michel Druilhe, président de [l’Interprofession nationale de la filière forêt-bois] France bois forêts, chef de file des exploitants, se querellent sans se nommer, le premier à l’occasion de tribunes dans Le Monde, la plus récente datant du 21 mars, le second dans Les Echos, notamment dans un texte du 4 décembre 2020.

Sans citer le nom de Francis Hallé, Michel Druilhe fustige les avis d’un « biologiste botaniste » opposé à l’exploitation des forêts à des fins de profit. Il prône (sans donner de chiffres) leur « exploitation raisonnée et raisonnable », à condition qu’elles soient « plantées et récoltées avec méthode ». Francis Hallé souhaite réserver l’exploitation à des « plantations monospécifiques », laissant la « vraie forêt » en libre évolution.

Un signe de progrès écologique

Architecte engagé dans la construction en bois, j’entends ces deux voix dans deux oreilles opposées. Familier de leurs mondes respectifs, c’est comme si je me promenais avec un livre de biophilosophie dans une main – La Vie des plantes, (Payot & Rivages, 2016) du philosophe italien Emanuele Coccia, par exemple –, et une hache dans l’autre, pour décider de mes actions professionnelles. Dans le jargon psychologique anglo-saxon, il paraît que je suis « conflicted ».

Nous devrions construire davantage en bois – captant ainsi le CO2 – et diminuer la part de la production forestière qui part en fumée ou en pâte à papier

Ce conflit Hallé/Druihle risque de dévier notre attention de problèmes plus importants. Si nous nous inquiétons de la provenance des mille chênes multicentenaires voués à être sacrifiés pour reconstruire la charpente de Notre-Dame, c’est un signe de progrès écologique : personne n’a pleuré auparavant pour les plages détruites et les milliers de barils de pétrole brûlés pour faire le béton du Parc des Princes, par exemple. Ni pour les bâtiments fantômes en bois – tel un cocon d’insecte – qui donnent forme à tout édifice coulé en béton.

Nous devrions construire davantage en bois – captant ainsi le CO2 – et diminuer la part, 62 %, d’après la FAO [Food and Agriculture Organization], de la production forestière qui part en fumée ou en pâte à papier. D’après Emanuele Coccia, « la nature se dévore en permanence ». Nous devons tous manger, mais sans nous goinfrer. Et manger bien, tout en sachant où on met les pieds.

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