La défaite pharmaceutique française

 

Le consultant en biotechnologie Claude Allary rappelle, dans une tribune au « Monde », que l’échec français sur le vaccin anti-Covid 19 n’est qu’un aspect de la difficulté à industrialiser en France les découvertes de la recherche en santé.

 

Tribune.

La fierté française a été touchée en apprenant que ni l’Institut Pasteur ni le géant pharmaceutique Sanofi n’avaient pu mettre au point un vaccin prévenant l’infection due au nouveau coronavirus. Nous devons nous contenter de remplir des flacons, une phase finale de production à faible valeur ajoutée économique.

Mais il est une autre défaite française singulière, c’est celle de la cession d’Yposkesi à des capitaux étrangers, seulement quatre ans après la création de cette entreprise de fabrication de médicaments issus des biotechnologies. Après des années chaotiques qui n’ont pas permis de faire décoller ce bel outil industriel, les fonds apportés par SK, un chaebol (conglomérat) coréen, qui prend 70 % du capital, permettent d’envisager un meilleur avenir. Les salariés d’Yposkesi à Evry (Essonne) ont retrouvé le sourire.

Qu’est-ce qui a fait capoter ce projet français audacieux ? N’aurait-on pas pu trouver d’autres voies ?

 

Les actionnaires, AFM-Téléthon et BPI, ont jeté l’éponge. Ils avaient apporté l’argent des donateurs du Téléthon complété par de l’argent public en 2016 pour créer Yposkesi. En réalité, ce n’était pas une création, mais un transfert des activités préindustrielles de Généthon.

Management confus

Généthon est le fer de lance des instituts de recherche financés par l’AFM-Téléthon. Un beau succès depuis sa création il y a trente ans, avec des produits commercialisés grâce à des licences données à de grands industriels américains, plus compétents en développement et plus riches pour mener à bien l’élargissement des découvertes de Généthon.
Généthon a permis de faire progresser la recherche en thérapie génique, une approche très innovante pour les maladies génétiques graves, permettant enfin de traiter des enfants en souffrance.

 

Mais on peut faire de la bonne recherche tout en étant de piètres industrialisateurs. C’est bien ce qui a miné le projet Yposkesi : sous-investissement, design industriel inadapté, insuffisance de moyens techniques pour le « scale-up » (l’entrée dans la phase de croissance régulière), management confus, gouvernance lourde.

Depuis longtemps, l’Etat souhaitait pourtant qu’une filière de production biotechnologique se renforce, mais c’est tout le contraire qui s’est produit : en 2019 déjà, le LFB, groupe biopharmaceutique détenu à 100 % par l’Etat, a cédé CellForCure, un autre établissement industriel de thérapie génique, au groupe pharmaceutique suisse Novartis.

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