Veolia : en attendant les décisions de l’union européenne !
Frérot, le patron de Veolia, se réjouit d’avoir absorbé Suez et annonce la création ainsi d’un pôle international beaucoup plus performant. Après ce petit mécano capitaliste franco-français se pose cependant la question de la réaction des autorités européennes qui ne vont pas manquer de soulever la question de situation de quasi-monopole et d’exiger sans doute que le groupe se sépare de certaines activités pourraient être reprises pour certaines par des fonds y compris spéculatifs en tout cas qui recherche surtout la rentabilité à court terme.
On voit mal par exemple ce qui peut être est gagné la France si les deux sociétés devaient se séparer d’activités très juteuses de l’eau d’autant plus qu’il s’agit d’un actif stratégique du point de vue de l’intérêt général. Dans l’attente de cette décision le patron de Veolia se réjouit peut-être de manière un peu précipitée.
Le patron de Veolia dans le JDD se réjouit du regroupement, le projet industriel ambitieux qui va donner à la France, il en est persuadé, un champion mondial de la transition écologique, opérationnel dans moins de trois ans.
Vous avez enfin trouvé un accord avec Suez dimanche dernier. Votre week-end, cette semaine, doit vous paraître bien calme?
Comme il n’était évidemment pas question que les négociations se fassent au détriment de la gestion de Veolia, nous y avons consacré nos week-ends et nos soirées, en plus du travail de la semaine. D’ailleurs, pendant ces sept mois, Veolia a continué à tourner à plein régime, a enregistré une belle croissance sur le premier trimestre et a effacé les effets de la crise. Mais nous ne sommes que mi-avril et l’opération ne sera pas définitivement bouclée avant octobre. Nous avons encore du travail pour nos week-ends. C’est tant mieux car, quand on est passionné, on mesure combien l’objectif dépasse chacune de nos petites personnes.
Quelles sont les prochaines étapes de l’OPA?
Nous attendons le feu vert des autorités de la concurrence, essentiellement en Europe. Elles doivent nous faire un premier retour vers la fin du mois de juin. Il est très probable que nous puissions alors accepter leurs demandes puisque le nouveau Suez règle tous les problèmes de concurrence en France, qui était le principal point d’attention. Cela me permettrait ensuite de lever la condition suspensive sur l’OPA, qui devrait donc être terminée au début de l’automne.
Pour les fameux cent premiers jours du rapprochement, qu’avez-vous imaginé?
La rapidité de l’intégration va être très importante. Ensemble, les managements de Suez et de Veolia vont mandater un cabinet extérieur pour mener une évaluation indépendante afin d’identifier le futur responsable des opérations dans chaque pays. Elle désignera le meilleur à chaque poste. Ces nominations devront être proportionnelles à la taille des entités de Suez et de Veolia dans chaque pays. Cette mixité des équipes va donc être menée avec objectivité, intégrité et rapidité. (Le problème c’est que cet audit pourrait bien révéler de nombreux doubles emplois avec à la clé des plans de licenciement NDLR).
Et au sein du comité exécutif du nouveau Veolia?
Nous allons commencer par là. Sur les treize à quatorze membres qu’il compte, il serait naturel que quatre, cinq, voire six managers de Suez l’intègrent.
Bertrand Camus, le directeur général de Suez, en fera-t-il partie?
Il fera ce qu’il souhaite. Je lui ai très régulièrement et même publiquement proposé de rejoindre notre magnifique projet. Je pense qu’il n’en a pas envie et qu’il fera donc autre chose.
Pensez-vous avoir levé tous les doutes sur l’hostilité qu’on vous prêtait?
Je n’ai jamais été hostile, mais toujours déterminé. Comme je l’ai fait cette semaine, notamment en interne chez Veolia, je vais continuer à présenter l’accord trouvé avec Suez, à en expliquer les grandes lignes et la logique industrielle. Je vais également poursuivre mes réunions avec les élus français, Région par Région. Pendant ce temps, bien sûr, nous aurons déjà commencé à travailler à sa mise en œuvre.
Combien de temps faudra-t-il pour que l’intégration soit aboutie?
De deux à trois ans, je pense. Elle sera totalement opérationnelle lorsque nos clients, collectivités et industriels, nous diront percevoir un « avant » et un « après » notre opération, grâce aux solutions qu’on leur proposera et qu’ils adopteront. Là, ça sera gagné.
Gagné pour qui?
Ce que l’on construit est un groupe d’après pour le monde d’après. Grâce à nos 37 milliards d’euros de chiffre d’affaires, nous allons changer la donne en matière environnementale. Nous doterons la France d’un outil industriel de référence dans l’écologie pour qu’elle ne rate pas le coche, comme cela a pu être le cas dans le numérique par exemple. C’est avec cet outil que la France va pouvoir rayonner et proposer d’abord aux Français, puis dans le monde entier, les solutions que l’on utilisera dans vingt ans pour réaliser la transformation écologique, et dont la moitié n’existe même pas aujourd’hui.
Estimez-vous avoir payé le juste prix?
Le juste prix, ça n’existe pas. J’ai offert un très bon prix, pas excessif. Entre les 18 euros que j’avais proposés en septembre et les 20,50 d’aujourd’hui, la différence sera financée par les cessions supplémentaires que j’ai accepté de faire en ne gardant pas certaines activités de Suez qui à l’origine m’intéressaient. C’est pour cela que notre équation économique n’a pas été fondamentalement perturbée. Ce qu’ont confirmé les agences de notation, et la Bourse, qui a salué le projet d’accord.
Si c’était une question de prix depuis le début, le chaos médiatique, les épisodes devant les tribunaux auraient-ils pu être évités?
On peut toujours faire l’économie de difficultés, mais les salariés de Suez demandaient que j’apporte des garanties à l’emploi et c’est ce que j’ai fait. Ils souhaitaient conserver des activités à l’international, et j’ai accepté cette revendication. Aujourd’hui les syndicats souhaitent connaître l’accord. Nous n’avons rien à cacher et je suis très favorable à ce qu’il leur soit communiqué. Qu’ils aient eu besoin de ces sept mois pour digérer ce changement me paraît légitime. Les inquiétudes vont progressivement disparaître : je vous rappelle que le nouveau Suez va rester le numéro 4 ou 5 mondial. Ce ne sera pas une petite entreprise. Elle sera six fois plus grosse que ses autres plus gros concurrents français, Paprec, Saur, Séché.
Pendant sept mois, vous avez incarné le personnage du méchant, avez-vous trouvé cela injuste?
Oui, c’était agaçant de voir qualifier d’inamical un projet à ce point structurant et bénéfique pour l’ensemble des parties. Je n’ai jamais été hostile à Suez. Je n’ai jamais voulu détruire un concurrent, sinon je n’aurais jamais accepté cet accord. Mais j’étais convaincu que le sens industriel de ce rapprochement finirait par s’imposer, que la raison l’emporterait. C’est pourquoi j’étais prêt à passer par toutes les difficultés. J’étais déterminé à construire quelque chose qui nous dépasse, pour les nouvelles générations.
Avec le recul, auriez-vous pu faire différemment?
J’ai cherché pendant sept mois à convaincre le maximum de gens. Ce qui m’a servi de boussole était justement et uniquement le sens industriel évident de ce rapprochement. C’est une opportunité historique créée par la décision d’Engie de vendre sa participation dans Suez. J’ai toujours pensé que cela apparaîtrait et finirait par surmonter les réticences. C’est la recherche d’impact, plus que la finance, qui a justifié ce projet.
Quand pourrez-vous dire que le Veolia que vous imaginiez est enfin bâti?
Jamais l’urgence écologique n’a été aussi forte. Jamais les populations dans le monde n’ont attendu, espéré des solutions concrètes pour l’environnement. Jamais les pouvoirs publics n’ont bâti de politiques aussi ambitieuses, notamment avec les plans de relance. Avec l’opération que nous venons de faire, Veolia va être en capacité d’imaginer et de généraliser les solutions dont nous aurons besoin pour améliorer la qualité de l’air, le recyclage du plastique ou des batteries électriques, la capture du carbone, nourrir des milliards de personnes, avec moins d’eau, moins d’énergie et moins de sol. La moitié de ces solutions n’existe pas aujourd’hui. Au fur et à mesure que Veolia les inventera, on pourra dire, Frérot avait raison.( La modestie de l’intéressé ! NDLR)
Il peut donc y avoir des rencontres entre socialistes et écologistes qui se terminent par des sourires. Peu après 13 heures, samedi, à la sortie d’une longue réunion dans un hôtel parisien, la maire de Paris, Anne Hidalgo, l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, et son homologue vert, Julien Bayou, se prêtent à une photo de famille, faisant quelques pas de concert comme s’ils cheminaient vers ce « contrat de gouvernement » dont ils viennent de parler.
Derrière eux, d’autres dirigeants suivent. Tous se massent près de l’eau scintillante du bassin de la Villette, et il faut s’y reprendre à plusieurs fois pour immortaliser ce moment devenu si rare. Hidalgo se félicite de cette « réunion importante ». « Face au risque de l’extrême droite, nous avons besoin de construire une offre politique pour la rentrée prochaine », dit-elle avant d’en appeler à une « coalition commune » et à un « candidat commun » pour 2022. Jadot ne demande pas mieux, même s’il aurait préféré un « contrat de gouvernement » dès les régionales, comme il l’avait susurré un peu plus tôt dans le huis clos de la réunion.
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