Pénurie de composants : « la grande faiblesse en Europe et aux États-Unis »
Jean-Eric Michallet, délégué général du pôle de compétitivité Minalogic spécialisé dans les technologies numériques, explique la problématique du manque de composants électroniques en Europe et aux États-Unis (dans la Tribune)
Peut-on d’abord rappeler quels sont précisément les raisons de cette pénurie de composants observée à l’échelle mondiale ?
Jean-Eric Michallet – Cette pénurie provient de différents facteurs, et notamment d’une tendance de fond : avec la transition numérique qui a tout d’abord augmenté les besoins en composants électroniques depuis plusieurs années, et que la crise sanitaire vient encore accélérer.
Mais cela intervient également dans un contexte où l’industrie de l’électronique a, au cours des dernières années, éclaté sa chaîne de valeur, en se dirigeant vers une hyperspécialisation de chacun de ses acteurs.
Ce qui fait qu’en Europe et aux États-Unis, les principaux acteurs sont tournés vers les maillons du design et les fonctions applicatives, tandis que l’Asie se concentre sur la fabrication.
Grenoble en est d’ailleurs le parfait exemple, puisque l’on a assisté à une prise de conscience des autorités et entreprises européennes en vue de conserver une production locale, notamment en matière d’innovation. Cela s’est notamment traduit par le développement d’une filière innovante de substrats SOI en local.
Le goulot d’étranglement actuel se situe-t-il dans l’approvisionnement des matières premières ou au stade de la conception ?
C’est principalement sur l’étape de la fabrication du composant que la demande est devenue très forte et s’est complexifiée en même temps par un déséquilibre entre l’offre et la demande.
Car on a d’un côté des fabricants asiatiques qui se sont spécialisés au cours des dernières années sur les technologies les plus innovantes, notamment à destination des fabricants de smartphones, et de l’autre des besoins de l’industrie automobile, par exemple, se dirigeant plutôt vers des technologies assez matures, que les fabricants avaient progressivement abandonné pour des composants plus coûteux et à plus haute valeur ajoutée.
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