Covid : L’arnaque des médecines alternatives
Une pétition d’experts vise à protester contre l’arnaque des médecines alternatives et le lobbying effectué par ces dernières auprès des pouvoirs publics. On peut évidemment comprendre que certains malades désespérés fassent appel à tous les moyens pour tenter de se guérir y compris à des médecines alternatives douteuses. Or dans une période de pandémie particulièrement déstabilisatrice psychologiquement, le climat est favorable aux ventes des recettes miracles aux personnes déboussolées.
Les médecines dites alternatives représentent aujourd’hui un marché en pleine expansion. Si elles n’entraînent pas le plus souvent de dérive sectaire, elles sont malgré tout à l’origine de la majeure partie des signalements effectués auprès de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). C’est ainsi que des centaines de milliers de personnes atteintes de maladies graves (cancers, douleurs chroniques…) sont victimes d’emprise mentale, embrigadées dans des groupes qui les isolent de la société et détournées d’une prise en charge adéquate et décisive. Résumé de la pétition :
Bien que peu connus du grand public, les fondateurs de l’A-MCA (Véronique Suissa, Philippe Denormandie et Serge Guérin) poursuivent depuis trois ans une démarche de lobbying en faveur des «médecines complémentaires et alternatives», avec pour objectif de favoriser leur essor, leur intégration dans la formation des praticiens de médecine et leur reconnaissance par l’État. Dans une thèse de psychologie de 2017 sur l’«évaluation de l’impact des médecines complémentaires et alternatives chez les patients atteints de cancer», Mme Suissa soutient quelques pratiques non conventionnelles qu’elle présente comme peu dangereuses, oubliant les 400 pseudo-médecines pointées du doigt par l’Organisation mondiale de la santé et la Miviludes ainsi que le rapport d’enquête sénatorial de 2013 «Dérives thérapeutiques et dérives sectaires : la santé en danger».
En février dernier, la Ligue des droits de l’homme exprimait sa vive inquiétude face aux manœuvres d’officialisation des activités de l’A-MCA. Une première étape vient pourtant d’être franchie avec l’enregistrement le 18 mars d’une résolution à l’Assemblée nationale. Au-delà de la démarche singulière de l’A-MCA pour devenir une agence gouvernementale, nous craignons que ses actions ne favorisent l’entrisme, au plus haut niveau de l’État, d’intérêts commerciaux et de mouvements sectaires liés aux pseudo-médecines. Compte tenu des enjeux et des risques inhérents aux questions de santé, cette situation est des plus préoccupantes, puisqu’elle est susceptible d’interférer avec l’intérêt des patients. Nous, professionnels de santé, universitaires et citoyens engagés contre les dérives de santé et l’emprise mentale, demandons au gouvernement et aux députés de s’opposer à la transformation de l’A-MCA en agence gouvernementale, et plus généralement aux pouvoirs publics de faire cesser la promotion de cette association.
Signataires: Association Skeptikón; Charline Delporte, Association CAFFES (Centre national d’accompagnement familial et de formation face à l’emprise sectaire) ; Élisabeth Feytit, documentariste et créatrice du podcast Méta de Choc; Karine Lacombe, Chef de service des maladies infectieuses, Hôpital Saint Antoine, Paris; Richard Monvoisin, didacticien des sciences et Enseignant-Chercheur, Université Grenoble Alpes; Simon Schraub, Professeur de médecine, Université de Strasbourg; Collectif L’Extracteur; Joachim Thibault, Association ASSCO; Tranxen, vidéaste vulgarisateur en Sciences sociales et politiques; Tzitzimitl, vidéaste vulgarisateur en philosophie politiques; Un Monde Riant, vidéaste vulgarisateur en fact-checking scientifique; ACult, vidéaste; Rodolphe Bosselut, Avocat spécialiste des dérives sectaires, Paris; Lucienne de Bouvier de Cachard, Association Secticide; Cercle laïque pour la prévention du sectarisme; Collectif Fakemed; Xavier Durando, Professeur de médecine, Centre de lutte contre le cancer Jean Perrin, Clermont Ferrand; Jean-Jacques Fraslin, Médecin généraliste, Nantes; Renaud Marhic, essayiste; Didier Pachoud, Association GEMPPI; Grégoire Perra, professeur de philosophie; Nicolas Pinsault, Kinésithérapeute et Enseignant-Chercheur, Université Grenoble Alpes; Simone Risch, Infos-sectes Midi-Pyrénées; Guy Rouquet, Association Psychothérapie Vigilance; Benoît Roux, consultant développement des territoires; Mathieu Van Dessel, Médecin généraliste, maître de stage, Université de Paris.
Aucun conflit d’intérêts n’est déclaré par les présents signataires à l’exception de Grégoire Perra qui a été attaqué en justice par des personnes et institutions en lien avec l’anthroposophie (un procès gagné et trois en cours) et Jean-Jacques Fraslin qui a été poursuivi en diffamation par un médecin homéopathe et lithothérapeute (procès gagné).
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