Plans de relance : s’inspirer du passé et du New Deal
Tribune.
Historiquement, tous les grands programmes de dépense publique ont été accompagnés d’une réflexion sur leur gouvernance, tant en termes de vigilance vis-à-vis de la représentativité démocratique des choix d’allocation que pour éviter une capture des dépenses par des intérêts privés. Il est crucial d’étudier quelques expériences passées, dans la mesure où ces problèmes ne manqueront pas de réapparaître avec l’Etat investisseur et qu’elles rappellent que la capacité de l’Etat à orienter l’investissement vers des objectifs prioritaires ne peut se résumer aux montants dépensés.
Le New Deal de Roosevelt (1933-1939) est ainsi une référence explicite de l’administration Biden, même si les montants étaient encore plus importants — près de 50 % du PIB américain de l’époque, déboursés à raison de 6 % de PIB par an sur sept ans. Pour optimiser ces investissements, le New Deal s’accompagnait d’une réforme majeure de l’administration (création de nombreuses agences spécialisées) et de la mise en place de contre-pouvoirs, notamment syndicaux. Roosevelt était attentif à ce que le New Deal rompe la logique d’investissement centré sur les grands groupes bancaires et les grandes firmes industrielles du Nord-Est. On retrouve certains de ces éléments dans le plan Biden, notamment le soutien à la syndicalisation, des infrastructures ciblées pour des « populations désavantagées », la lutte contre les paradis fiscaux pour mieux contrôler les profits privés et le rôle central des agences fédérales pour l’investissement massif dans la recherche et la transition énergétique, sur le modèle du financement de la défense – au risque de réveiller les soupçons d’un complexe énergético-industriel d’une nouvelle nature…
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