Performance énergétique ou performance environnementale ?

Performance énergétique ou performance environnementale ?

 

L’ancien ministre de l’écologie , Brice Lalonde, Président de l’association Equilibre des énergies,  revient, dans une tribune au « Monde », sur le vote par l’Assemblée nationale de l’interdiction de louer des « passoires énergétiques », et sur le mode d’évaluation discutable, selon lui, du diagnostic de performance énergétique (DPE), qui favorise le chauffage au gaz.

 

Tribune. 
Entre l’engagement solennel de réduire les émissions de gaz à effet de serre et sa mise en œuvre s’intercale un espace obscur où les règles anciennes et les influences occultes peuvent aboutir au résultat inverse. C’est le danger qui guette la loi Climat et résilience dans ses articles sur le bâtiment. 

Le gros morceau, c’est la rénovation du parc existant que les parlementaires, à la suite de la convention citoyenne pour le climat, veulent renforcer. Pour montrer sa détermination, l’Assemblée a voté l’interdiction de louer des logements trop énergivores. Ainsi 4,8 millions de logements pourraient sortir du marché de la location si leurs propriétaires ne se hâtent pas d’améliorer leur performance énergétique.

Bien évaluer la performance des bâtiments

Des dispositions aussi sévères doivent être fondées sur une évaluation indiscutable de la performance des bâtiments. C’est le rôle du diagnostic de performance énergétique (DPE), dont l’administration vient de présenter une nouvelle mouture, désormais opposable. Le logement évalué sera rangé selon ses mérites dans une des sept classes étiquetées de A à G. Une rénovation réussie élève le logement dans l’échelle du DPE et accroît sa valeur sur le marché.

 

Chaque classe du DPE est déterminée par deux seuils : l’un pour l’émission de CO2, l’autre pour la consommation d’énergie. C’est l’indicateur COqui mesure la performance climatique puisque le but est de réduire les émissions qui dérèglent le climat. Les classes F et G désignent les « passoires énergétiques » que l’on ne pourra plus louer. En apparence tout est parfait… En apparence seulement.

« L’indicateur COne joue pas son rôle, c’est de la poudre aux yeux »

Car la contrainte COn’existe pas. Le DPE nouveau la « desserre » de 30 % par rapport à l’échelle précédente, qui était déjà bien clémente. Calée sur les émissions des logements chauffés au gaz, elle fait du gaz la référence comme si l’Etat considérait cette énergie fossile comme le compagnon de route préféré du climat. L’indicateur COne joue pas son rôle, c’est de la poudre aux yeux.

C’est donc la performance énergétique qui continuera à déterminer le classement, et non la performance climatique. Or les deux ne se recouvrent pas. L’économie d’énergie est bien entendu un moyen au service de la réduction des émissions quand il s’agit des énergies fossiles responsables du dérèglement climatique. Mais lorsque l’énergie est décarbonée, elle n’affecte pas le climat. Centrer l’action climatique sur l’économie d’énergie au lieu de la réduction des émissions de CO2, c’est taper sur le mauvais clou.

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