Les grands corps malades de l’Etat ou l’État malade des grands corps?
Qui de la poule ou de l’oeuf est responsable de la crise de gestion de l’administration ?
Évidemment, on fait porter le chapeau à l’élite sortie des grands corps. Des grandes écoles qui formatent dans le même moule ou à peu près les futurs dirigeants qui gèrent les grandes directions administratives étatiques.
S’attaquer au seul problème des grands corps, c’est-à-dire à la formation des élèves appelés à devenir dirigeants de l’État ne suffit pas pour expliquer la maladie la maladie spécifique de l’État français.
Certes ces les élèves, intoxiqués par l’idéologie du moment ,colorent forcément la nature de la gestion de l’État ( exemple le tout routier pour le ministère de l’équipement et maintenant le tout écolo anti-routier !). Mais la vraie question qui se pose est de savoir au préalable qu’elle est la nature de l’État, quel doit être son champ d’action et ses modalités d’intervention.
En clair il faut repenser la mission de l’État avant même de réformer la formation des élites.
Le problème en France c’est qu’on entretient une grande confusion entre le champ administratif et le champ de l’intérêt général. Une confusion alimentée bien sûr par le corporatisme administratif mais aussi par des politiques qui nourrissent la machine à coups de lois et de décrets sans cesse plus complexes et plus nombreux et qui nécessitent des armées de fonctionnaires.
Il convient évidemment de revenir à la définition du champ réellement régalien qui nécessite une administration. Et de ce point de vue nombre de champs d’activité doive être abandonnés par l’État qui en France veut tout contrôler dans le domaine social, économique, sanitaires, technologiques et environnementales.
Certes des normes doivent être définies mais elles sont sans doute 10 fois trop nombreuses, 10 fois trop complexes et donnent ainsi une légitimité à ces hordes de fonctionnaires et à leurs chefs qui forment l’élite.
En outre même avec un champ d’activité plus réduit, plus ciblé, rien n’impose l’intervention directe de l’État. Gérer l’intérêt général n’implique pas automatiquement d’intervenir directement dans les modalités d’application. Ses modalités d’application peuvent être déléguées dans le cas de contrat de service public.
Même pour l’évaluation des politiques publiques, le recours à des organismes indépendants est sans doute plus souhaitable dans la mesure où ces organismes disposent de davantage de liberté pour éviter la langue de bois et la collusion avec la pensée du moment du pouvoir..
La vraie et première réforme est donc celle de la nature et les conditions d’intervention de l’État pour sortir de cette confusion entre l’intérêt général, le service public, l’administration et le statut des fonctionnaires.
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