Crise monétaire : un débat récurrent

Crise monétaire : un débat récurrent

L’économiste , Pierre Dockès,  retrace, dans une tribune au « Monde », la récurrence historique des débats entre économistes sur les origines, le comportement et les effets de la monnaie.

 

Une approche historique intéressante mais dont les termes contemporains sont largement bouleversés avec la mondialisation puisque le taux d’internationalisation de l’économie ( et donc des transactions financières) tourne aujourd’hui autour de 25 à 30 % selon qu’on comprend le volume ou la valeur des marchandises échangées NDLR ( si on prend en compte les exports et les imports, le taux est de 50% mais le montant du PIB est faussé; on compte en effet deux fois le commerce intrenational)

 

 

Tribune

 

.En 1842, l’homme politique britannique William Gladstone (1809-1898), alors député, observait que « l’amour lui-même n’a pas fait perdre la tête à plus de gens que les ruminations sur l’essence de la monnaie ». Au cours des siècles, les théories de la monnaie sont certes devenues de plus en plus sophistiquées, mais il n’en reste pas moins que les mêmes débats autour de la « bonne » et de la « mauvaise » monnaie, des rôles respectifs de l’Etat ou du marché, de son influence « active », ou au contraire de sa neutralité, sur les prix ou sur l’emploi, reviennent sans cesse.

Dès le XIVe siècle, le philosophe Nicole Oresme (vers 1320-1382) s’élève contre les manipulations des monnaies et affirme la nécessité de la stabilité et de la confiance dans leur valeur. Une thèse reprise au XVIe siècle par Jean Malestroit (1566), qui impute la hausse des prix à ces manipulations, alors que Jean Bodin (vers 1529-1596) lui répond en 1568, dans ce qu’on appellera (déjà !) « la controverse des monnaies », que c’est l’afflux de métaux précieux qui en est responsable, jetant les bases de ce qu’on appellera plus tard la théorie quantitative de la monnaie.

Au siècle suivant triomphent les thèses des mercantilistes, pour lesquels une balance commerciale excédentaire d’un pays, en y accumulant de la monnaie, a des conséquences positives sur l’emploi et sur le faible niveau des taux d’intérêt, qui encourage l’activité. La monnaie aurait donc un rôle « actif », mais il ne le devient que si elle est investie, y compris en étant réexportée pour, par exemple, acquérir des matières premières, et non thésaurisée dans les caisses de l’Etat.

Au XVIIIe siècle, des auteurs comme Richard Cantillon (1680-1734) et David Hume (1711-1776) sont encore partagés entre quantitativisme, expliquant qu’à long terme le doublement de la quantité de monnaie fait doubler les prix, et une vision active de la monnaie encourageant à court terme la croissance et l’emploi.

Mais pour Adam Smith (1723-1790), la monnaie sert avant tout aux échanges, elle est « la grande roue de la circulation » et ne saurait donc être trop abondante : il est favorable à l’essor modéré des billets de banque (banknotes), qui épargnent les monnaies métalliques et favorisent l’expansion, mais craint l’excès d’émission, cause de crises bancaires.

Pendant les guerres de la Révolution française, la suspension de la convertibilité des billets est l’occasion d’une controverse entre les partisans, quantitativistes, du « currency principle » comme David Ricardo (1772-1823) ou Henry Thornton (1760-1815), et ceux du « banking principle » (Thomas Tooke, 1774-1858) pour qui, à la suite d’Adam Smith, il ne saurait y avoir ni inflation ni déflation durables si on laisse le système bancaire s’adapter librement aux « besoins du commerce ».

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