L’écriture inclusive en question

L’écriture inclusive en question

La proposition de loi du 23 mars visant à interdire le langage inclusif de tous les documents des services publics reviendrait, entre autres, à refaire nos cartes d’identité – qui suivent déjà ce système à travers le « né(e) le » –, relève Eliane Viennot, professeuse de littérature française, dans une tribune au « Monde ».

L’« écriture inclusive » a surgi dans le débat public à l’automne 2017, après la découverte de quelques points médians dans un manuel scolaire par des activistes qui avaient obtenu le retrait des ABCD de l’égalité. Jusqu’alors, on parlait plutôt de langage non sexiste, ou non discriminant, ou épicène, ou égalitaire – le point médian n’étant qu’un des moyens, à l’écrit, d’abréger les doublets (« lycéens et lycéennes » devient « lycéen·nes »). Autrement dit, un détail.

Pendant une quarantaine d’années, c’est un autre volet de ce langage qui avait fait débat : la « féminisation des noms de métiers et de fonctions ». Terminologie erronée et trompeuse, puisque le français possède tous les noms voulus pour parler des activités des femmes et qu’il faut juste les retrouver, après des siècles d’ostracisme : autrice, chirurgienne, défenseuse (des droits), écrivaine, lieutenante, maîtresse (des requêtes), pharmacienne, professeuse, rapporteuse (de lois)… Bataille presque gagnée, de nos jours, après la reddition de l’Académie dans son rapport du 28 février 2019.

 

Durant le même automne 2017, un autre pilier du langage non sexiste a fait du bruit, avec la parution du manifeste « Nous n’enseignerons plus que le masculin l’emporte sur le féminin » sur le site Slate.fr. Signé par 314 personnes chargées d’instruire enfants ou adultes, il rappelait que le français est équipé pour résoudre le « conflit » entre les termes féminins et masculins appelant un adjectif commun : l’accord de choix (avec celui qui semble le plus important) ou l’accord de proximité (avec celui qui est le plus proche).

Faire reculer le masculin générique

Le langage inclusif exige encore qu’on en finisse avec l’usage du mot « homme » pour désigner l’humanité – qui est aussi composée de femmes, d’enfants, d’intersexes… donc d’humains. Changement que l’Etat français aurait dû admettre dès 1948, lorsqu’il signa la Déclaration universelle des droits humains de l’ONU, dont le titre enregistrait l’immense progrès du XXe siècle : l’accès des femmes à la citoyenneté.

Le dernier objectif est de faire reculer le masculin dit « générique » – version républicaine et pseudo-scientifique du « genre le plus noble » cher aux amis de Richelieu. C’est lui qui est visé avec la pratique des doublets, abrégés ou non. Faut-il dire « Françaises et Français », « citoyennes et citoyens », « téléspectatrices et téléspectateurs » ? C’est oublier qu’en français, le masculin joue le même rôle que le neutre dans d’autres langues. « Français », « citoyens » et « téléspectateurs » désignent indifféremment les deux sexes, écrivait Alain Peyrefitte dans Le Figaro du 23 juin 1984.

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