L’Observatoire de la laïcité: un rempart ?
Alors que le mandat des membres de l’Observatoire de la laïcité -institution discutée- se termine le 2 avril, un collectif d’acteurs de terrain et d’intellectuels, dont Rose Ameziane, Malik Yettou et Jean Baubérot, appelle dans une tribune au « Monde » à « ne pas le supprimer ni le réorienter ».
Tribune.
Le soir de l’horrible assassinat de Samuel Paty, le 16 octobre 2020, par un terroriste islamiste, le président de la République a remercié « celles et ceux qui tiennent la République ». L’équipe qui dirige aujourd’hui l’Observatoire de la laïcité en fait partie. Nous, acteurs de terrain, vigies de la République que nous pratiquons et encourageons au quotidien, souhaitons témoigner du travail fondamental de l’Observatoire de la laïcité.
Nous considérons essentiel de préserver cet organisme du débat politique polarisé que nous connaissons sur la laïcité. L’Observatoire accompagne, conseille et forme des dizaines de milliers d’acteurs (déjà 350 000) partout en France. C’est un travail délicat, difficile mais nécessaire. Il contribue à renforcer la cohésion sociale et nationale de notre pays en défendant et promouvant sans cesse le principe fondamental de laïcité et en rappelant rigoureusement le droit. Juste le droit, rien que le droit.
Nous n’avons pas besoin d’une « parole gouvernementale sur la laïcité », mais bien d’un conseil neutre et objectif, qui connaît notre travail et comprend nos attentes d’acteurs de terrain confrontés à des problématiques très concrètes.
L’Observatoire de la laïcité, bien loin des réseaux sociaux sur lesquels l’emporte trop souvent le débat binaire, est aujourd’hui une commission perçue comme un rempart de la République dans de nombreux quartiers populaires.
Beaucoup d’entre nous y vivons et pouvons constater la présence et l’utilité de l’Observatoire de la laïcité. Ses interventions, à travers plus de 1 200 déplacements de terrain dans les écoles et établissements scolaires, dans les associations de quartier, dans les services publics, dans les centres de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), dans les missions locales, dans les centres sociaux, dans les prisons, dans les établissements médico-sociaux, dans les entreprises, dans les mouvements d’éducation populaire, etc. permettent quotidiennement d’apaiser une situation parfois sous tension.
Ce que l’on espère du président, ce n’est pas la remise en cause d’une instance impartiale qui fait face dans l’adversité, mais bien au contraire de la renforcer tant ses moyens sont aujourd’hui limités. Selon le ministère des finances, cette commission, qui a aussi un rôle essentiel de conseil auprès du gouvernement, est celle ayant le meilleur ratio coût/activité : ses moyens ne dépassent pas 60 000 euros par an.
0 Réponses à “L’Observatoire de la laïcité: un rempart ?”