Archive mensuelle de mars 2021

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Le risque chinois sous-estimé

Le risque chinois sous-estimé

 

Si elle reconnaît que le nouveau président a maintenu les sanctions économiques de son prédécesseur, la juriste Isabelle Feng met en garde, dans une tribune au « Monde », contre la naïveté d’une stratégie multilatérale dont Pékin pourrait être le principal bénéficiaire.

Tribune.

 

 Le jour même où Joe Biden s’est installé à la Maison Blanche, le 20 janvier, les trois géants chinois de télécoms – China Mobile, China Telecom et China Unicom –, fraîchement exclus de la Bourse de New York parce qu’accusés d’être liés à l’armée chinoise, ont demandé au nouveau président de revenir sur cette décision, dictée par un décret signé par Donald Trump. D’autres sociétés chinoises, comme Huawei, Wechat ou Tiktok, également dans le collimateur de Washington, nourrissaient le même espoir, à savoir que l’administration Biden « ferait preuve de rationalité et de bon sens », selon les termes de l’agence Xinhua, la voix officielle de Pékin.

Deux mois plus tard, tout indique que Joe Biden, l’anti-Trump déclaré, suit fidèlement les lignes tracées par son prédécesseur dans les relations avec le régime communiste de Pékin. Non seulement le réchauffement de la relation bilatérale n’a pas eu lieu, mais elle est même sur le point de chuter à une température aussi glaciale que l’hiver d’Alaska où, lors de la première rencontre sino-américaine de l’ère Biden, le 18 mars, les deux pays ont pris le monde entier à témoin de leur profonde hostilité réciproque.

Certes, le 26 janvier, M. Biden avait retiré discrètement le règlement proposé par M. Trump qui imposait aux universités de divulguer les liens financiers avec les Instituts Confucius, équivalents chinois des Alliances françaises, et dont la mission est d’accroître l’influence de Pékin à travers le monde. Mais un sondage du Pew Research Center montre que l’image de la Chine, gravement abîmée par la pandémie, est plus négative que jamais.

Certes, le 11 février, veille du Nouvel An lunaire, M. Biden a ravi les deux plates-formes chinoises TikTok et WeChat en ordonnant la suspension des actions en justice engagées par l’administration Trump, qui les soupçonnaient d’espionnage. Mais, quatre jours plus tôt, le 7 février, le nouveau chef d’Etat américain avait affirmé que son homologue chinois « n’a pas une once de démocratie en lui ».

Certes, le 12 mars, un juge fédéral américain a donné raison à Xiaomi, fabricant chinois de smartphones, en le retirant temporairement de la liste noire des « entreprises militaires communistes chinoises » édictée dans les dernières heures du mandat de M. Trump. Mais ce même jour, le géant équipementier des télécoms Huawei s’est vu confirmé comme « menace pour la sécurité nationale » par le Federal Communication Commission, ce qui revient à l’exclure du marché américain.

Le risque chinois sous-estimé

Le risque chinois sous-estimé

 

Si elle reconnaît que le nouveau président a maintenu les sanctions économiques de son prédécesseur, la juriste Isabelle Feng met en garde, dans une tribune au « Monde », contre la naïveté d’une stratégie multilatérale dont Pékin pourrait être le principal bénéficiaire.

Tribune.

 

 Le jour même où Joe Biden s’est installé à la Maison Blanche, le 20 janvier, les trois géants chinois de télécoms – China Mobile, China Telecom et China Unicom –, fraîchement exclus de la Bourse de New York parce qu’accusés d’être liés à l’armée chinoise, ont demandé au nouveau président de revenir sur cette décision, dictée par un décret signé par Donald Trump. D’autres sociétés chinoises, comme Huawei, Wechat ou Tiktok, également dans le collimateur de Washington, nourrissaient le même espoir, à savoir que l’administration Biden « ferait preuve de rationalité et de bon sens », selon les termes de l’agence Xinhua, la voix officielle de Pékin.

Deux mois plus tard, tout indique que Joe Biden, l’anti-Trump déclaré, suit fidèlement les lignes tracées par son prédécesseur dans les relations avec le régime communiste de Pékin. Non seulement le réchauffement de la relation bilatérale n’a pas eu lieu, mais elle est même sur le point de chuter à une température aussi glaciale que l’hiver d’Alaska où, lors de la première rencontre sino-américaine de l’ère Biden, le 18 mars, les deux pays ont pris le monde entier à témoin de leur profonde hostilité réciproque.

Certes, le 26 janvier, M. Biden avait retiré discrètement le règlement proposé par M. Trump qui imposait aux universités de divulguer les liens financiers avec les Instituts Confucius, équivalents chinois des Alliances françaises, et dont la mission est d’accroître l’influence de Pékin à travers le monde. Mais un sondage du Pew Research Center montre que l’image de la Chine, gravement abîmée par la pandémie, est plus négative que jamais.

Certes, le 11 février, veille du Nouvel An lunaire, M. Biden a ravi les deux plates-formes chinoises TikTok et WeChat en ordonnant la suspension des actions en justice engagées par l’administration Trump, qui les soupçonnaient d’espionnage. Mais, quatre jours plus tôt, le 7 février, le nouveau chef d’Etat américain avait affirmé que son homologue chinois « n’a pas une once de démocratie en lui ».

Certes, le 12 mars, un juge fédéral américain a donné raison à Xiaomi, fabricant chinois de smartphones, en le retirant temporairement de la liste noire des « entreprises militaires communistes chinoises » édictée dans les dernières heures du mandat de M. Trump. Mais ce même jour, le géant équipementier des télécoms Huawei s’est vu confirmé comme « menace pour la sécurité nationale » par le Federal Communication Commission, ce qui revient à l’exclure du marché américain.

Risques inflationnistes aux États-Unis ?

Risques inflationnistes aux États-Unis ?

 

Le financier Karl Eychenne estime, dans une tribune au « Monde », que les craintes de surchauffe reposent sur des hypothèses et des modèles qui ne sont plus compatibles avec l’évolution des politiques monétaire et budgétaire. (Une appréciation qui peut se discuter NDLR)

Tribune. 

 

Le plan de relance américain est-il surdimensionné ? Oui, d’après Lawrence Summers et Olivier Blanchard, deux experts dont la voix porte et qui craignent une surchauffe économique. Dans un tel scénario, l’inflation menacerait d’accélérer de manière incontrôlable, obligeant la Réserve fédérale américaine (Fed) à mettre fin à sa politique monétaire ultra-accommodante.

On imagine alors les marchés d’actions et d’obligations connaître une violente correction, pris en étau entre la hausse des taux et la baisse de l’appétit pour le risque. Ce scénario du pire est possible, mais il est loin d’être certain. « Tout peut arriver dans la vie, et surtout rien », disait Michel Houellebecq.

Au plus fort de la crise due au Covid-19, le produit intérieur brut (PIB) américain a chuté lourdement. Depuis, il a repris des couleurs, mais accuserait toujours un retard de près de 4 % par rapport à son niveau potentiel, d’après les estimations du Congressional Budget Office, du Fonds monétaire international et de l’Organisation de coopération et de développement économiques.

Or, les montants promis par le plan de relance de Joe Biden permettraient non seulement de rattraper ce retard, mais aussi, potentiellement, de le dépasser de près de 5 %, du jamais-vu depuis la seconde guerre mondiale – d’où les craintes de surchauffe, accentuées encore par l’éventualité des 3 000 milliards de dollars aujourd’hui discutés, qui s’ajouteraient, dans l’année, aux 1 900 milliards tout juste votés et aux 900 votés fin 2020…

Mais trois bémols doivent être apportés. D’une part, les montants engagés ne seront pas forcément tous dépensés. Une partie sera épargnée, et même une grande partie si les ménages restent frileux. Tout dépendra du « multiplicateur », un concept qui divise les économistes : un multiplicateur de 1 signifierait que toute la relance se retrouve dans le PIB. Mais l’incertitude est grande autour de sa valeur, et il n’est pas exclu que le multiplicateur soit juste suffisant pour que le PIB rattrape seulement son retard.

D’autre part, le retard du PIB serait peut-être sous-estimé. En effet, les 4 % sont une moyenne, mais certains organismes vont jusqu’à 6 %, la différence se jouant dans la méthode d’estimation du PIB potentiel. Avec un tel retard du PIB, le plan de relance serait alors tout juste suffisant.

Quant aux 3 000 milliards, il s’agirait d’investissements dans les infrastructures du pays, qui doperont donc parallèlement le PIB réel et le PIB potentiel, sans grand risque donc d’accroître un écart d’où jaillirait une surchauffe de l’économie.

 

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Risques inflationnistes aux États-Unis ?

Risques inflationnistes aux États-Unis ?

 

Le financier Karl Eychenne estime, dans une tribune au « Monde », que les craintes de surchauffe reposent sur des hypothèses et des modèles qui ne sont plus compatibles avec l’évolution des politiques monétaire et budgétaire. (Une appréciation qui peut se discuter NDLR)

Tribune. 

 

Le plan de relance américain est-il surdimensionné ? Oui, d’après Lawrence Summers et Olivier Blanchard, deux experts dont la voix porte et qui craignent une surchauffe économique. Dans un tel scénario, l’inflation menacerait d’accélérer de manière incontrôlable, obligeant la Réserve fédérale américaine (Fed) à mettre fin à sa politique monétaire ultra-accommodante.

On imagine alors les marchés d’actions et d’obligations connaître une violente correction, pris en étau entre la hausse des taux et la baisse de l’appétit pour le risque. Ce scénario du pire est possible, mais il est loin d’être certain. « Tout peut arriver dans la vie, et surtout rien », disait Michel Houellebecq.

Au plus fort de la crise due au Covid-19, le produit intérieur brut (PIB) américain a chuté lourdement. Depuis, il a repris des couleurs, mais accuserait toujours un retard de près de 4 % par rapport à son niveau potentiel, d’après les estimations du Congressional Budget Office, du Fonds monétaire international et de l’Organisation de coopération et de développement économiques.

Or, les montants promis par le plan de relance de Joe Biden permettraient non seulement de rattraper ce retard, mais aussi, potentiellement, de le dépasser de près de 5 %, du jamais-vu depuis la seconde guerre mondiale – d’où les craintes de surchauffe, accentuées encore par l’éventualité des 3 000 milliards de dollars aujourd’hui discutés, qui s’ajouteraient, dans l’année, aux 1 900 milliards tout juste votés et aux 900 votés fin 2020…

Mais trois bémols doivent être apportés. D’une part, les montants engagés ne seront pas forcément tous dépensés. Une partie sera épargnée, et même une grande partie si les ménages restent frileux. Tout dépendra du « multiplicateur », un concept qui divise les économistes : un multiplicateur de 1 signifierait que toute la relance se retrouve dans le PIB. Mais l’incertitude est grande autour de sa valeur, et il n’est pas exclu que le multiplicateur soit juste suffisant pour que le PIB rattrape seulement son retard.

D’autre part, le retard du PIB serait peut-être sous-estimé. En effet, les 4 % sont une moyenne, mais certains organismes vont jusqu’à 6 %, la différence se jouant dans la méthode d’estimation du PIB potentiel. Avec un tel retard du PIB, le plan de relance serait alors tout juste suffisant.

Quant aux 3 000 milliards, il s’agirait d’investissements dans les infrastructures du pays, qui doperont donc parallèlement le PIB réel et le PIB potentiel, sans grand risque donc d’accroître un écart d’où jaillirait une surchauffe de l’économie.

 

Le risque chinois sous-estimé

Le risque chinois sous-estimé

 

Si elle reconnaît que le nouveau président a maintenu les sanctions économiques de son prédécesseur, la juriste Isabelle Feng met en garde, dans une tribune au « Monde », contre la naïveté d’une stratégie multilatérale dont Pékin pourrait être le principal bénéficiaire.

Tribune.

 

 Le jour même où Joe Biden s’est installé à la Maison Blanche, le 20 janvier, les trois géants chinois de télécoms – China Mobile, China Telecom et China Unicom –, fraîchement exclus de la Bourse de New York parce qu’accusés d’être liés à l’armée chinoise, ont demandé au nouveau président de revenir sur cette décision, dictée par un décret signé par Donald Trump. D’autres sociétés chinoises, comme Huawei, Wechat ou Tiktok, également dans le collimateur de Washington, nourrissaient le même espoir, à savoir que l’administration Biden « ferait preuve de rationalité et de bon sens », selon les termes de l’agence Xinhua, la voix officielle de Pékin.

Deux mois plus tard, tout indique que Joe Biden, l’anti-Trump déclaré, suit fidèlement les lignes tracées par son prédécesseur dans les relations avec le régime communiste de Pékin. Non seulement le réchauffement de la relation bilatérale n’a pas eu lieu, mais elle est même sur le point de chuter à une température aussi glaciale que l’hiver d’Alaska où, lors de la première rencontre sino-américaine de l’ère Biden, le 18 mars, les deux pays ont pris le monde entier à témoin de leur profonde hostilité réciproque.

Certes, le 26 janvier, M. Biden avait retiré discrètement le règlement proposé par M. Trump qui imposait aux universités de divulguer les liens financiers avec les Instituts Confucius, équivalents chinois des Alliances françaises, et dont la mission est d’accroître l’influence de Pékin à travers le monde. Mais un sondage du Pew Research Center montre que l’image de la Chine, gravement abîmée par la pandémie, est plus négative que jamais.

Certes, le 11 février, veille du Nouvel An lunaire, M. Biden a ravi les deux plates-formes chinoises TikTok et WeChat en ordonnant la suspension des actions en justice engagées par l’administration Trump, qui les soupçonnaient d’espionnage. Mais, quatre jours plus tôt, le 7 février, le nouveau chef d’Etat américain avait affirmé que son homologue chinois « n’a pas une once de démocratie en lui ».

Certes, le 12 mars, un juge fédéral américain a donné raison à Xiaomi, fabricant chinois de smartphones, en le retirant temporairement de la liste noire des « entreprises militaires communistes chinoises » édictée dans les dernières heures du mandat de M. Trump. Mais ce même jour, le géant équipementier des télécoms Huawei s’est vu confirmé comme « menace pour la sécurité nationale » par le Federal Communication Commission, ce qui revient à l’exclure du marché américain.

Relance économique : suivre l’exemple des États-Unis (Jean Pisani-Ferry )

Relance économique : suivre l’exemple des États-Unis  (Jean Pisani-Ferry )

 

L’économiste, Jean Pisani-Ferry ,  observe, dans sa chronique au Monde , la conversion de l’administration Biden à une politique résolument expansionniste et suggère à l’Europe de suivre cette même voie

Chronique.

 

 Nonobstant des controverses bruyantes sur l’ampleur du plan Biden, un consensus émerge aujourd’hui aux Etats-Unis : la meilleure stratégie pour effacer les séquelles de la crise sanitaire et atténuer les lourds problèmes sociaux du pays, c’est de placer l’économie en régime de haute pression.

L’idée n’est pas neuve. Elle remonte à Arthur Okun (1928-1980), un économiste keynésien, ancien conseiller de Lyndon Johnson. Mais elle a été évoquée par Janet Yellen, peu avant sa nomination comme secrétaire au Trésor, et inspire visiblement Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale (Fed).

De quoi s’agit-il ? Depuis une célèbre conférence prononcée par Milton Friedman en 1968, les politiques macroéconomiques s’articulent généralement autour de l’idée qu’il existe un taux de chômage d’équilibre en dessous duquel on ne peut descendre qu’au prix d’une inflation croissante. A l’approche de ce seuil, il faut freiner la croissance pour éviter une surchauffe. C’est ce qu’on a fait régulièrement depuis les années 1980, au point d’aboutir à une inflation trop basse dont on n’arrive pas à se dépêtrer.

La thèse d’Okun, formulée en 1973, est au contraire qu’il faut tester les limites à la baisse du chômage pour tenter de faire fonctionner l’économie en régime de rareté des ressources en travail. Cela demande un peu plus d’efforts de recrutement et de formation aux entreprises, mais ramène vers l’emploi celles et ceux qui en sont le plus loin : chômeurs de longue durée, personnes tombées dans l’inactivité, salariés à faibles qualifications, minorités. En cas de succès, le bénéfice est double : un potentiel de production plus élevé (de 2 à 3 points pour chaque point de baisse du chômage, selon Okun) et une amélioration sensible de la situation des plus défavorisés.

Jamais complètement oubliée outre-Atlantique, l’idée est à nouveau en vogue. En août 2020, la Fed a révisé sa stratégie monétaire. Elle vise maintenant à minimiser le déficit d’emploi par rapport au maximum atteignable. Cette formulation signifie que les risques inflationnistes associés à un niveau d’emploi trop élevé sont tenus pour moins graves que ceux induits par un niveau d’emploi trop faible. Et Jerome Powell, dans l’explication de texte qu’il en a donné le même jour, souligne les bienfaits qu’un marché du travail tendu apporte aux « communautés à faible revenu », notamment aux minorités ethniques.

Début 2020, avant le choc du Covid-19, ces bienfaits étaient visibles. Alors que le taux de chômage des Noirs et des non-diplômés était, en 2009, supérieur de cinq points au chômage moyen, l’écart n’était plus que de deux points et demi début 2020. Parallèlement, les taux d’activité augmentaient et les salaires du bas de l’échelle progressaient sensiblement plus vite que la moyenne. L’expansion à tout-va de Donald Trump avait produit les effets annoncés par Okun.

 

Les organisations de la société civile bouchent les trous des Etats défaillants

Les organisations de la société civile bouchent les trous des Etats défaillants

Il est nécessaire d’imaginer un réaménagement de l’architecture institutionnelle de façon à donner un espace et un statut à ces organisations correspondant à leur rôle croissant, demandent le sociologue Alain Touraine et un collectif de chercheurs dans une tribune au « Monde ».

Tribune.

 

Des pays du Nord aux pays du Sud, les organisations de la société civile (OSC) assument de façon croissante des missions qui relèvent du service public. Mais elles les assument dans une incertitude permanente, qui fragilise l’accès aux droits sociaux pour les populations concernées et, par là, accentue les inégalités.

A l’heure où la crise sanitaire produit déjà ses effets sociaux, où la justice climatique devient un impératif immédiat, il est plus que jamais nécessaire de repenser le rôle des OSC dans l’action publique et d’inscrire cette refondation dans le droit.

Nous vivons en effet sur l’idée, venue de trois siècles d’histoire, que la responsabilité de l’Etat est de protéger les droits de l’individu. L’architecture institutionnelle des sociétés démocratiques délimite les espaces respectifs de l’Etat et de la société civile, les inscrit dans le droit et organise leurs interactions. Elle exprime par là certains des termes essentiels du contrat social, en particulier le fait que l’Etat soit en charge de répondre aux besoins sociaux premiers – alimentation, éducation ou santé – et d’assurer le fonctionnement des services sociaux de base.

Mais ces termes ont changé. Depuis la révolution conservatrice des années Reagan-Thatcher et l’hégémonie conquise par la pensée néolibérale, l’Etat joue de moins en moins ce rôle social, ou le joue plus difficilement. Il le joue de moins en moins au Nord et rien ne dit que le « retour » actuel de l’Etat face à la crise sanitaire sera plus durable qu’il ne l’a été après la crise de 2008.

Il ne le joue que très difficilement au Sud en raison, notamment, des faiblesses structurelles issues des passés coloniaux.

Le Nord et le Sud décrivent deux mondes distincts, mais au Nord et au Sud, on voit les OSC aller là où l’Etat ne va plus et prendre en charge une part des missions protectrices qui relevaient antérieurement de la puissance publique.

Elles assument ces missions de façon croissante en matière d’accès aux soins, de secours alimentaire, d’aide à la scolarité ou de protection des populations les plus fragiles ; mais sans que soient pensées les conditions qui leur permettraient de garantir la qualité et la continuité des services qu’elles assurent ; sans que soient repensés également leur statut et leur place aux côtés de la puissance publique. Le plus souvent, elles travaillent dans une incertitude permanente qui fragilise leur action et, du même coup, fragilise l’accès aux droits pour les populations concernées.

 

Energie : l’envolée des prix aux États-Unis ?

Energie : l’envolée des prix aux États-Unis ?

Le professeur Robert Bell et le consultant Patrick Mathieu estiment, dans une tribune au « Monde », que la non-rentabilité des centrales à charbon va faire basculer les énergéticiens du côté des énergies propres… au prix d’une envolée de la facture pour le consommateur.

Tribune.

 

 Le nouveau président américain semble vouloir incarner la figure du « souverain juste », réparant les torts de l’administration précédente et ramenant la paix civile. Alors que l’attention s’est récemment portée sur Robinhood, cette société de courtage en ligne utilisée par de très jeunes investisseurs contre les géants du marché boursier américain, c’est justement le style de leadership attribué au « bon roi Richard » dans le mythe de Robin des Bois. En réalité, il fut un roi terrible… Mais, dans le mythe, Richard Cœur de Lion revient de croisade pour remettre les choses en ordre après les déprédations de son frère, le prince Jean.

La croisade du « bon roi Joe » est de sauver la terre du réchauffement climatique – le pape lui-même a lancé un appel à l’action. Mais le méchant prince Donald lui a laissé un grand fléau, le Covid-19. 1 900 milliards de dollars ne seront pas de trop pour le combattre. Alors où trouver 2 000 milliards de plus pour financer la croisade du pape ?

Si Joe Biden chargeait les collecteurs d’impôts fédéraux d’obtenir cette somme auprès des contribuables américains, on le prendrait rapidement pour… le shérif de Nottingham. Mais M. Biden possède un autre atout : l’Agence de protection de l’environnement. Une pression réglementaire bien appliquée pourrait accélérer la fin des centrales à charbon.

La capacité de production d’électricité américaine à base de charbon s’élevait officiellement à 229 gigawatts (GW) fin 2019, près d’un quart du total de la production d’électricité. Or, un rapport Bloomberg révélait, en 2018, que la moitié des centrales à charbon américaines, soit 135 GW de capacité, avait subi des pertes nettes en 2018.

Le même rapport précise que la grande majorité des unités non rentables sont réglementées, soit 130 GW. Il s’agit souvent de monopoles locaux. Or, les régulateurs des Etats (Californie, New York, etc.) autorisent ces énergéticiens à transférer leurs pertes à leurs clients, selon le principe du « coût majoré ». Ces entreprises ajoutent simplement une marge, d’environ 9 % actuellement, à leurs coûts.

Si l’administration Biden tient ses engagements et s’attaque sérieusement au problème du charbon, ces énergéticiens fermeront probablement leurs centrales et installeront à la place des parcs éoliens ou solaires, rentables et moins onéreux. Ils emprunteront l’argent nécessaire sur les marchés obligataires ; l’intérêt payé entrera dans la base de coûts de leurs contrats facturés au « coût majoré ». Les obligations d’énergéticiens réglementés, considérées comme sûres, seront achetées par de nombreux fonds de pension américains.

 

Les réseaux d’espionnage de la Russie

Les  réseaux d’espionnage de la Russie

 

Un article du Wall Street Journal

 

L’ambassade russe à Sofia, en Bulgarie.

Début décembre, un haut fonctionnaire du ministère bulgare de la Défense s’est assis à son bureau, a sorti un smartphone Samsung noir et a passé les 80 minutes suivantes à photographier des documents militaires classifiés sur son ordinateur de travail. Les photos, qu’il est accusé d’avoir transmises au chef d’un réseau d’espionnage russe, contenaient des informations confidentielles sur les chasseurs F-16, selon des extraits de surveillance vidéo dévoilés par les autorités bulgares.

« Vous avez fourni beaucoup de documents la dernière fois. Quatre lots », entend-on dire le chef présumé au fonctionnaire dans un autre enregistrement. « J’ai regardé ce que vous aviez sur la clé USB. Bon boulot. »

La semaine dernière, les autorités de Bulgarie, pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan), ont annoncé avoir démantelé un réseau d’espionnage russe qui recueillait des informations pour le compte de Moscou sur l’Otan, la Central Intelligence Agency (CIA) américaine, l’Ukraine et le conflit dans le territoire contesté du Haut-Karabakh, situé dans le sud du Caucase.

Cinq hommes et une femme, dont le chef présumé du groupe, ont été arrêtés et accusés d’espionnage dans une affaire que les procureurs bulgares considèrent comme la plus grande opération du genre dans le pays depuis la Guerre froide.

La Russie utilise des liens et des amitiés qu’elle entretient de longue date au sein des membres les plus petits et les plus vulnérables de l’Otan et de l’Union européenne (UE) pour développer des réseaux d’espionnage et ainsi avoir accès aux secrets occidentaux. Les enregistrements publiés par les procureurs montrent qu’à l’ère du cyberespionnage sophistiqué, Moscou continue à accorder de l’importance au renseignement humain.

« La Russie a habilement exploité au sein des services secrets des réseaux existants et anciens, et qui sont toujours bien actifs, même trois décennies après la chute du régime communiste », observe Martin Vladimirov, analyste principal au Centre pour l’étude de la démocratie, basé à Sofia.

« Ce que nous constatons en Bulgarie, c’est un exemple de comportement russe qui tente de saper nos institutions démocratiques, d’interférer dans les politiques intérieures et qui s’intensifie dans le domaine du renseignement »

Les preuves scientifiques rendues publiques par les procureurs bulgares, notamment des vidéos, des écoutes et des documents, brossent un portrait très détaillé de l’espionnage russe. Dans un enregistrement vidéo, un espion présumé compte les pots-de-vin en dollars sur son bureau alors qu’une autre révèle un rendez-vous sur un court de tennis destiné à transmettre des informations avant la levée du jour. Dans une troisième, le chef présumé du groupe donne des instructions sur la façon de dissimuler du matériel d’espionnage en le faisant passer pour un cadeau.

« Une telle affaire n’arrive qu’une fois dans une vie, souligne le procureur général de Bulgarie, Ivan Geshev, au cours d’une interview. J’ai rarement vu autant de preuves… et nous n’en avons publié qu’une petite partie. »

Lundi, un tribunal militaire de Sofia a décidé de maintenir en détention cinq des personnes soupçonnées d’être membre du réseau. La sixième a été libérée sous caution après être passée aux aveux et avoir coopéré avec les autorités. La Bulgarie a expulsé deux diplomates russes, accusés d’espionnage dans le cadre de cette affaire.

Le ministère russe des Affaires étrangères a qualifié cette affaire de « nouvelle manifestation de “l’espionite” anti-russe en Bulgarie… dans le contexte d’une montée de la russophobie en Occident, notamment aux Etats-Unis ». Il a déclaré se réserver le droit d’exercer des représailles en réponse à ces expulsions. Le Kremlin a toujours nié les ingérences dans les affaires intérieures d’autres nations dans l’optique de servir ses propres intérêts.

Les noms des personnes arrêtées n’ont pas été divulgués. Petar Petkov, l’avocat de l’un des individus accusés, a déclaré à la télévision publique bulgare que la décision du tribunal n’était pas justifiée et qu’il allait faire appel.

« Le bureau du procureur n’indique pas quelles informations notre client et les autres ont collectées dans le but de les fournir à un autre Etat, a précisé M. Petkov. Une fois qu’il l’aura fait, nous pourrons alors déterminer si ces informations relèvent du secret d’Etat ».

Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, a déclaré mercredi que l’organisation suivait de près l’enquête et accordait une grande importance à la protection de ses informations confidentielles.

« Ce que nous constatons en Bulgarie, c’est un exemple de comportement russe qui tente de saper nos institutions démocratiques, d’interférer dans les politiques intérieures et qui s’intensifie dans le domaine du renseignement », a ajouté M. Stoltenberg.

Ces dernières années, la Bulgarie a expulsé plusieurs diplomates russes soupçonnés d’espionnage, notamment pour avoir collecté des informations sur le nombre de troupes américaines présentes dans le pays. En dehors de la Bulgarie, pays le plus pauvre de l’UE, la Russie dispose de vastes réseaux de renseignement dans d’autres anciens Etats satellites de l’Union soviétique, selon les experts en sécurité. L’année dernière, la Slovaquie et la République tchèque ont, eux aussi, expulsé des diplomates russes accusés de s’être livré à des activités illégales.

Les autorités bulgares ont déclaré que les membres du réseau d’espionnage présumé avaient accès à des informations secrètes de l’Otan, de l’UE et de la Bulgarie grâce à leurs fonctions au sein du ministère de la Défense, des services de renseignement militaire et du parlement bulgare.

« Compte tenu de leurs postes de haut rang et de leur accès à des informations confidentielles, notamment au niveau de l’Otan, les risques pour la sécurité nationale étaient significatifs », souligne M. Geshev.

Ancien pays communiste, qui fut autrefois l’un des plus fidèles alliés de l’Union soviétique, la Bulgarie a rejoint l’Otan en 2004 et l’UE en 2007. Mais la Russie continue d’exercer une influence sur les affaires intérieures et les services de renseignement de cet Etat des Balkans grâce à des liens économiques étroits et aux rapports privilégiés qu’elle entretient avec des chefs d’entreprise, des responsables politiques et des agents des services de renseignement.

L’affaire bulgare illustre à quel point Moscou s’appuie toujours sur des réseaux traditionnels de renseignement humain et use de méthodes dignes de détectives pour espionner l’Occident, note Mark Galeotti, spécialiste des services de sécurité russes au Royal United Services Institute, un think tank britannique.

« Les Russes sont de très fervents adeptes du renseignement humain et franchement, c’est ce qui fait leur force », dit-il.

Selon les procureurs, le réseau était dirigé par un ancien haut responsable des services de renseignements militaires bulgares, qui se présentait lui-même comme « pro-stalinien » et était diplômé d’une école d’espionnage de Moscou, gérée par les services de renseignements militaires russes. Surnommé « le Résident » par les procureurs, il aurait recruté ses agents en leur offrant jusqu’à 1 800 dollars mensuels, « une jolie petite somme », selon ses propres termes.

Le reste du groupe comprenait des membres en poste des services de renseignements militaires bulgares et du ministère de la Défense, ainsi qu’un fonctionnaire travaillant au département des informations confidentielles du Parlement, ont déclaré les procureurs.

« Si vous avez un élément secret, vous pouvez prendre une photo », entend-on dire l’homme identifié par les procureurs comme le Résident à l’un de ses agents sur un enregistrement audio. « Des documents sur la Russie, le Moyen-Orient, l’Irak, des conflits locaux comme le Nagorny Karabakh — ça c’est très important. L’Ukraine et la Biélorussie aussi. »

Le Résident utilisait ensuite sa femme, qui possède la double nationalité russe et bulgare, comme intermédiaire entre le réseau et l’ambassade de Russie, selon les procureurs. Ces derniers affirment qu’il s’agit de la personne que l’on voit sur des vidéos entrer dans l’ambassade de Russie à Sofia et en ressortir environ une heure plus tard, dans le cadre de ce qu’ils considèrent être une mission consistant à remettre des informations et à récupérer de l’argent. Elle a été arrêtée et inculpée pour appartenance au groupe.

Les procureurs soulignent ne pas être en mesure de déterminer depuis combien de temps le réseau opérait, mais ils affirment que l’argent était la principale motivation de ses membres. Dans un enregistrement, le Résident conseille à un agent de recevoir son pot-de-vin en leva bulgare, car changer des devises pourrait constituer un risque

Lors de réunions avec les membres du réseau, souvent autour de bières et de dîners, le Résident donnait des conseils sur les techniques d’espionnage, comme le montrent les enregistrements. Il fournissait à ses agents des smartphones qui cryptaient les informations, notamment les photos prises, selon les procureurs.

« Maintenant, la question est de savoir où conserver cet appareil », dit-il à l’un de ses agents dans un enregistrement.

« S’ils me demandent, je dirai que c’est pour le travail », tente l’agent.

« Je pense que tu devrais le mettre dans un tiroir et l’emballer comme si c’était cadeau », répond le Résident. « Et mets un mot dessus, “Cadeau pour Victoria”, comme si tu allais bientôt lui offrir. » Les procureurs n’ont pas révélé qui était « Victoria ».

Dans un autre enregistrement, le Résident explique à un agent comment prendre des photos de documents sur son ordinateur.

« Tu te places calmement devant l’écran [et tu prends une photo], explique-t-il. Ensuite, vérifie que ce soit lisible. Assure-toi que ce n’est pas flou. »

Les procureurs soulignent ne pas être en mesure de déterminer depuis combien de temps le réseau opérait, mais ils affirment que l’argent était la principale motivation de ses membres. Dans un enregistrement, le Résident conseille à un agent de recevoir son pot-de-vin en leva bulgare, car changer des devises pourrait constituer un risque.

« Oui, c’est dangereux, précise le Résident dans un autre enregistrement. Mais, après tout, nous n’avons qu’une seule vie, mon garçon. Personne n’a de considération pour toi si tu n’as pas d’argent. »

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Grégoire Arnould)

Pandémie : un confinement inévitable (Inserm)

Pandémie : un confinement inévitable (Inserm)

Vendredi l’épidémiologiste et directrice de recherches à l’Inserm, Dominique Costagliola. À déclaré contrairement à ce qu’affirme Macron qu’un convient confinement serait rapidement inévitable

« Au point où on en est, je ne vois pas comment on ne peut pas aller vers un confinement total », a-t-elle dit sur Franceinfo.

« Je ne vois pas comment on va réussir à s’en sortir dans les écoles où la situation s’aggrave », a-t-elle poursuivi, ajoutant que dans certaines régions, les hôpitaux sont « dans des situations catastrophiques ».

« Je pense que la situation va de toute façon l’imposer », a estimé Dominique Costagliola évoquant un troisième confinement national après celui du printemps 2020 et de novembre dernier.

Le chef de l’Etat a estimé par ailleurs que la France avait eu raison de ne pas décréter un confinement national fin janvier, alors que plusieurs pays de l’UE ont pris des mesures de confinement.

« Le rôle du confinement précoce aurait été de ralentir la diffusion du variant anglais », a estimé pour sa part Dominique Costagliola. « Le but aurait été de limiter cette circulation de telle sorte qu’une explosion un mois plus tard, lorsqu’on avait plus de dose [de vaccins], aurait permis d’éviter la situation qu’on observe à l’hôpital à l’heure actuelle ».

 

 

Semi-conducteurs : un enjeu d’indépendance économique

 Semi-conducteurs : un enjeu d’indépendance économique

 

 

 

.Par Clément Rossi, directeur de la Stratégie, des Partenariats et des Relations extérieures du Forum International de la Cybersécurité (FIC) dans la Tribune.

Quel est le point commun entre un avion de combat, un smartphone, une trottinette électrique et un data-center ? La pénurie de composants électroniques ! Elle révèle en effet la forte dépendance des industries européennes en matière de semi-conducteurs. Cette dépendance matérielle, résultat de la stratégie du « fabless », qui a longtemps prévalu aux États-Unis et en Europe, devient désormais un risque stratégique (et systémique) majeur dans le contexte actuel de guerre technologique et commerciale que se livre la Chine et les États-Unis.

Les Etats-Unis cherchent à bloquer la Chine

Pour conserver un avantage compétitif sur les technologies numériques, en particulier sur la 5G, les États-Unis cherchent en effet à bloquer la Chine, quitte à bousculer la filière des semi-conducteurs, où Taïwan domine largement le segment « fonderie » avec 75,7% du marché mondial, et surtout une large avance sur la production de circuits de taille inférieurs à 7 nanomètres.

Le principal producteur taïwanais, TSMC, a ainsi été soumis à de fortes pressions pour interrompre ses relations commerciales avec la Chine et implanter une partie de sa production sur le territoire américain. Dans le même temps, les États-Unis ont placé SMIC, principal producteur chinois de puces électroniques, sur la liste noire d’exportation, limitant l’accès de l’entreprise aux composants embarquant des technologies américaines, qu’ils soient ou non produits sur le territoire américain.

Lourdes conséquences pour l’Europe

Cette stratégie de coercition américaine a de nombreux effets de bord. A court terme, elle amplifie le choc sur la filière semi-conducteur, déjà soumise à rude épreuve avec la pandémie. Au plan géopolitique, elle aiguise l’appétit de l’ogre chinois envers Taïwan. Au plan industriel, enfin, elle pousse la Chine à s’autonomiser en matière de semi-conducteurs et à combler son retard technologique en renforçant ses propres capacités. Dans le cadre de son plan « Made in China 2025″, le pays redouble ainsi d’efforts pour réduire sa dépendance : il investit massivement dans le secteur et débauche à tour de bras des ingénieurs spécialisés en Corée du Sud et à Taïwan. Objectif : produire en 2025 70% des puces dont elle a besoin pour son industrie. 

Mais cette stratégie a aussi de lourdes conséquences pour l’Europe. Alors que la Chine et les États-Unis vont redévelopper des capacités de fonderie, l’Europe pourrait-elle rester en dehors du jeu au moment où l’intelligence artificielle, le calcul haute performance, la 5G et les objets connectés vont faire exploser la demande de semi-conducteurs (le marché devrait progresser de 8,4% en 2021) ?

Des industries de pointe en Europe

Certes, l’Europe dispose d’entreprises à la pointe dans le domaine, qu’il s’agisse du franco-italien STMicroelectronics ou bien encore du hollandais ASLV, spécialiste de la lithographie EUV (ultraviolet) permettant de fabriquer des composants de très petite taille. L’américain Globalfoundries dispose quant à lui d’une vaste usine dans la « silicon Saxony » allemande. Mais la filière reste largement dépendante de Taïwan et de Corée du Sud en termes d’approvisionnement.

Certaines de ses pépites comme l’Allemand Siltronic (racheté par le Taïwanais Global Wafers fin 2020), les Britannique Dialog Semiconductor (racheté par Renesas début 2021) et ARM (dont le rachat par l’Américain Nvidia est encore en débat) sont par ailleurs l’objet de toutes les convoitises.

Soutien à l’industrie européenne des semi-conducteurs

Pour réduire cette dépendance stratégique et profiter de l’explosion attendue du marché, l’Europe doit donc adopter rapidement des mesures volontaristes combinant diversification des approvisionnements, aide à l’installation d’industriels étrangers sur son territoire, soutien au développement de la filière locale et contrôle des investissements étrangers. Sur le front de la diversification, des alternatives aux fournisseurs taïwanais existent en Asie du Sud-Est (Malaisie et Corée du Sud) ou aux États-Unis, en particulier sur les produits finis que sont les circuits programmables (FGPA). La réglementation ITAR, qui permet aux États-Unis de bloquer les exportations de produits intégrant des technologies américaines, reste cependant un obstacle majeur, en particulier en matière de défense.

Consciente des enjeux, l’Union européenne s’est engagée en décembre 2020, dans le cadre du plan de relance, à soutenir l’industrie européenne des semi-conducteurs. Objectif : produire à terme au moins 20% des circuits intégrés dans le monde. Un plan d’investissement ambitieux, qui pourrait atteindre 30 milliards d’euros, devrait ainsi être annoncé d’ici la fin du premier trimestre 2021. « Sans une capacité européenne autonome en matière de microélectronique, il n’y aura pas de souveraineté numérique européenne », soulignait Thierry Breton, commissaire européen. Une autonomie qui passera clairement par un rééquilibrage de notre dépendance et le renforcement de nos partenariats, tant avec les États-Unis qu’avec la Chine, compte tenu des investissements nécessaires. A eux seuls TSMC et Samsung prévoient d’investir respectivement 21 et 26 milliards d’euros dans les semi-conducteurs en 2021. « Le guerrier victorieux remporte la bataille, puis part en guerre. Le guerrier vaincu part en guerre, puis cherche à remporter la bataille » (Sun Tzu).

Inflation : le calcul de l’indice est obsolète

Inflation : le calcul de l’indice est obsolète

 

 

 

Il est clair qu’il y a longtemps que l’indice des prix à la consommation calculée par l’INSEE est complètement obsolète. Conjoncturellement, il faut tenir compte de la crise sanitaire qui a complètement modifié la structure de consommation des Français. Structurellement , cet indice est aussi à revoir sérieusement puisque par exemple le du logement et seulement pris en compte pour 6 % dans l’indice total alors qu’il représente réellement de l’ordre de 20 %. En outre d’une manière générale sont sous-estimés l’évolution des prix des services.

Les  prix sur les produits alimentaires – en demande accrue avec la fermeture des restaurants – ne se sont, eux, pas relâchés. Bien au contraire. Le poids de l’alimentation dans la consommation a ainsi atteint 33% en avril, selon la Banque centrale. Or, selon l’Insee, cette part était de 18% dans son indice des prix en France.

 « L’Insee a fait comme si le confinement n’avait pas existé, c’est complètement aberrant. Le panier de référence de la ménagère est changé annuellement, alors qu’il est évident que la structure de consommation des Français a changé radicalement pendant les confinements. Le budget alimentaire a explosé et en plus avec des prix à la hausse, l’inflation a été bien supérieure », commente à La Tribune l’économiste Philippe Herlin, auteur de « Pouvoir d’achat : le grand mensonge » (2018, Eyrolles), dans lequel il pointe les défauts des méthodes de calcul de l’Institut national des statistiques. Et d’ajouter : « L’Insee aurait du faire un correctif ».

Lutte contre l’impunité pour les réseaux sociaux : la fin de l’anonymat, seule solution

Lutte contre l’impunité pour les réseaux sociaux : la fin de l’anonymat, seule solution

Les autorités notamment américaines ne cessent de tourner autour du pot pour engager une véritable lutte contre l’impunité des réseaux sociaux qui véhiculent toutes les tares de la société et notamment la violence. Le problème c’est que l’excès et les propos extrémistes constituent un des ressorts de développement des grands réseaux dits  sociaux. Plus les propos sont outranciers et agressifs et plus les connexions sont nombreuses. D’où des rentrées publicitaires encore plus importantes et une influence de ces réseaux. La seule solution pour l’instant évitée pour des raisons essentiellement commerciales serait la fin de l’anonymat. Un anonymat interdit en cas d’insultes par écrit mais toléré et même encouragé par les réseaux sociaux sur Internet

 

Les dirigeants des trois entreprises parmi les plus puissantes de la Silicon Valley étaient invités à témoigner par visioconférence devant le Comité de l’énergie et du commerce (qui fait partie de la Chambre des représentants américains) sur les efforts déployés pour combattre la circulation des fausses informations. Les échanges se sont parfois avérés houleux, alors que l’attitude adoptée par nombre de représentants oscillait entre la fermeté, l’agacement et l’hostilité assumée.

Une réunion encore pour rien car  les grands réseaux sociaux n’admettent pas la moindre régulation qui porterait atteint au volume des connexions 

Aérien , des vols aux carburants 100 % durables : du pipeau

Aérien , des vols aux carburants 100 % durables : du pipeau

 

 

Le secteur aérien a été durement touché évidemment par la crise sanitaire. Le problème c’est que les difficultés pour certaines sont de nature structurelle et c’est un nouveau rapport au transport aérien qui s’installe. Pour tenter de séduire, le secteur s’efforce d’investir dans les carburants dits durables. On imagine par exemple réutiliser l’huile  de frites usagées ! De toute manière ce recours aux carburants dits durables va demeurer marginal et contrairement à ce qu’on affirme, la pollution ne sera pas diminuée de manière significative. La solution à terme et sans doute davantage dans la recherche de l’utilisation de l’hydrogène..

 

Une  interview-très corpo-  à La Tribune, Steven Le Moing, responsable du programme des énergies nouvelles de l’avionneur européen Airbus.

 

- Airbus vient de lancer une étude sur les émissions en vol d’un avion avec un carburant 100% durable. Après un premier vol le 18 mars, plusieurs mois d’essais sont prévus. Quels en sont les grands objectifs ?

STEVEN LE MOING - Cette campagne de tests a deux grands objectifs. Le premier est de préparer la certification de nos avions afin d’utiliser de manière quotidienne 100% de carburant durable. Nous allons étudier l’impact du carburant sur le moteur et les systèmes carburants gèrent les entrées réservoirs, l’alimentation du moteur et la mesure de la quantité de carburant à bord. L’idée est de savoir s’il est nécessaire de réaliser des modifications de l’avion.

Nous travaillons dans ce projet avec Rolls-Royce dont les moteurs équipent l’A350 sur lequel les tests sont réalisés et le fabricant de carburant durable Neste, qui fournit un carburant à partir d’huile de cuisson usagée. À l’heure actuelle, le mélange maximal certifié est limité à 50% de SAF (sustainable aviation fuel).

Nous voulons aller plus loin et être prêt lorsque l’usage de ce type de carburant sera devenu massif par le secteur de l’aviation. Au préalable, en tant que constructeur, nous devons nous assurer qu’il n’existe pas de frein technique à cet usage. Le deuxième objectif de ce projet est de mesurer en vol les différentes émissions des moteurs grâce au centre de recherche aéronautique allemand DLR qui va fournir l’avion suiveur pour assurer les relevés.

Que sait-on aujourd’hui de l’impact environnemental des carburants durables ?

En substituant une tonne de kérosène par une tonne de SAF, il est possible de réduire de 80% les émissions de CO2 sur l’ensemble du cycle de vie du produit. Autrement dit en prenant en compte toutes les étapes de fabrication du carburant : de la collecte des huiles usagées ou des déchets municipaux, à leur transport et leur transformation en carburant.

Autant nous avons aujourd’hui une bonne compréhension de l’impact de ces nouveaux carburants sur le cycle de vie du produit, autant il est nécessaire de compléter les connaissances académiques sur les émissions. Lors de la campagne, les émissions seront mesurées à la sortie de l’avion et d’autres éléments seront relevés durant le vol : les oxydes d’azote (NOx), la vapeur d’eau, les suies, etc.

Où en est Airbus dans l’usage de ces carburants alternatifs ?

Airbus est impliqué depuis plusieurs années sur ce sujet. Des vols commerciaux sur nos avions avec des carburants alternatifs ont été lancés dès 2011. Une campagne avait été menée en 2014 avec Air France et Total sur la navette Toulouse-Paris avec du carburant durable. Nous nous engageons avec les compagnies aériennes pour les encourager à utiliser des SAF et leur montrer que dès aujourd’hui il est possible d’utiliser 50% de ce type de carburant sans modification de l’avion et des opérations de pilotage. Il n’y a pas besoin d’attendre la certification sur le 100% carburant durable pour les utiliser. Depuis 2016, nous proposons aux compagnies au moment de la livraison des avions de partir des chaînes d’assemblage à Toulouse avec du SAF (et depuis 2018 à Mobile et 2020 à partir de Hambourg). En interne, le Beluga est alimenté depuis 2019 en partie avec du carburant d’aviation durable.

Pourtant aujourd’hui, leur usage reste marginal…

En 2020, la part de carburant d’aviation durable était inférieure à 0,01% du carburant total utilisé. Cela reste une goutte d’eau dans l’océan. Nous avons une solution techniquement prête pour les avions mais la production n’est pas encore présente à un niveau industriel important. Nous portons avec toute l’industrie le message qu’il faut un soutien fort des autorités pour aider ce marché à démarrer. Il faut de la stabilité en matière de réglementation pour sécuriser les investissements nécessaires. Il faudra construire des usines pour produire ce type de carburant et supporter la demande et atteindre des volumes suffisants pour que les compagnies aériennes les utilisent et à des prix relativement justes. Ce sont de nouvelles voies de production qui demandent des investissements. Aujourd’hui, il reste un surcoût important (entre trois et six fois le prix du kérosène suivant les modes de production utilisés) à assumer par les compagnies aériennes. Or, leur modèle économique est très ajusté donc tout déséquilibre peut être difficile à absorber. Il faut enfin une réponse globale pour éviter toute distorsion de la concurrence.

Le message est très bien passé au niveau de l’Europe car il est inscrit dans le Green Deal le projet Refuel EU Aviation (qui vise à soutenir la production et l’utilisation de carburants d’aviation durable ou SAF au carburant à base de kérosène, ndlr). Nous espérons que cela va drainer des initiatives dans d’autres régions du monde car il ne faut pas oublier que l’aviation est un secteur global. Nous souhaitons que cette prise de conscience fasse tache d’huile sur tous les continents.

Qu’en est-il de la France ?

Début 2020, la France avait annoncé une feuille de route pour l’intégration des carburants d’aviation durable avec notamment un appel à manifestation d’intérêt pour recevoir les productions du SAF sur le sol français dont les dossiers ont été examinés fin 2020. Le gouvernement veut instaurer un taux de 1 % de carburants durables dans les avions dès 2022.

Pour décarboner l’aviation, ce ne sera pas ou l’hydrogène ou les carburants durables, ce sont deux solutions qui se complètent, d’autant les carburants d’aviation durable continueront à être utilisés sur les long-courriers où les solutions disruptives arriveront un peu plus tard. Il faut aussi compter sur l’amélioration des avions et des moteurs, l’optimisation des opérations du trafic aérien et les mesures de marché (tel que CORSIA pour la compensation des émissions). Pour atteindre l’objectif, il n’y aura pas une solution unique.

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