Archive mensuelle de mars 2021

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Confinement : un attentisme incompréhensible (Philippe Juvin)

Confinement : un attentisme incompréhensible (Philippe Juvin)

Philippe Juvin de l’hôpital européen Georges Pompidou de la capitale ne comprend pas l’attentisme du gouvernement, ajoutant que la situation dans les hôpitaux de la région parisienne était très tendue.

«Alors que nous nous rapprochons d’un pic épidémique, chaque jour passé sans prendre de décision a un prix élevé», a-t-il déclaré.

La mairie de la capitale a pour sa part insisté sur une proposition visant à imposer un verrouillage strict de trois semaines, puis à envisager de rouvrir des commerces, notamment des bars, des restaurants et des lieux culturels fermés depuis octobre.

Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a déclaré qu’il étudierait la proposition de Paris, bien qu’il ait exprimé des doutes quant à son efficacité.

Juvin a cité une étude montrant que 13000 vies auraient été sauvées si le verrouillage de la France de mars à mai l’année dernière avait eu lieu une semaine plus tôt. L’étude a également montré que si le verrouillage avait été retardé d’une semaine, le décès annoncé aurait augmenté de 53 000 personnes.

Les autorités sanitaires françaises ont signalé jeudi 25 403 nouveaux cas, contre 22 501 il y a une semaine, confirmant la récente tendance à la hausse de la maladie, principalement due à de nouvelles variantes.

La moyenne mobile sur sept jours des nouveaux cas quotidiens s’établit à 21 452, la plus élevée depuis plus de trois mois. Avec 3,687 millions de cas déclarés au total, la France a le six plus élevé au monde et son bilan de 85 582 décès est le septième le plus élevé.

Contrairement à certains de ses voisins, la France a résisté à un nouveau verrouillage national pour contrôler la propagation de variantes de coronavirus plus contagieuses, en espérant qu’un couvre-feu nocturne en vigueur depuis le 15 décembre puisse contenir la pandémie.

«Nous n’éviterons pas un nouveau verrouillage. Et plus nous attendons pour prendre une telle décision, plus elle durera longtemps », a déclaré Juvin.

Le Premier ministre Jean Castex a déclaré jeudi que le gouvernement souhaitait retarder le plus longtemps possible une éventuelle décision de verrouillage pour donner à sa campagne de vaccination le temps d’avoir un impact.

Nucléaire Iran : le bras de fer continue

Nucléaire Iran : le bras de fer continue

 

Des signes d’apaisement sur le dossier difficile du nucléaire iranien avaient été donnés autant par les États-Unis que par l’Iran. Toutefois la reprise de négociations est hypothéquée par une question de principe à savoir : le maintien ou la suppression des sanctions américaines. L’Iran exige cette suppression que les États-Unis refusent pour l’instant. Les deux parties en font un argument de pression sur les futures négociations. Du coup la balle est envoyée à l’ONU- La Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne propose une résolution soutenue par les États-Unis pour une résolution du conseil de surveillance nucléaire de l’ONU critiquant l’Iran pour avoir freiné la coopération avec l’agence, malgré les avertissements russes et iraniens de conséquences graves.

Le Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique, composé de 35 pays, tient une réunion trimestrielle cette semaine dans le contexte des efforts hésitants pour relancer l’accord nucléaire de l’Iran avec les grandes puissances maintenant que le président américain Joe Biden est au pouvoir.

L’Iran a récemment accéléré ses violations de l’accord de 2015 dans le but apparent d’augmenter la pression sur Biden, car chaque partie insiste sur le fait que l’autre doit agir en premier. L’Iran a un urgent besoin pourtant de la suppression des sanctions compte tenu de la situation particulièrement critique de son économie. Sans doute peut-être pourquoi ainsi monter les enchères.

Les violations de Téhéran sont une réponse au retrait américain de l’accord en 2018 et à la réimposition des sanctions américaines qui avaient été levées en vertu de celui-ci.

Une alliance contre la percée technologique chinoise

Une alliance contre la percée technologique chinoise

 

iseUn article du Wall Street Journal explique que les États-Unis entendent créer une alliance internationale pour lutter contre la percée technologique chinoise

 

Le président Joe Biden décrit les relations entre les Etats-Unis et la Chine comme un conflit de valeurs entre démocratie et autocratie.

Mais cette rhétorique masque une approche pragmatique qui consiste à réunir des groupes de pays pour travailler ensemble sur la technologie. L’objectif est de garder de l’avance sur la Chine dans les domaines des semi-conducteurs, de l’intelligence artificielle et d’autres avancées qui devraient définir l’économie et l’armée de demain.

Des conversations préliminaires ont commencé avec des alliés de Wahington, mais ces efforts devraient prendre des mois, selon des hauts responsables de l’administration.

Les Etats-Unis prévoient d’organiser différentes alliances en fonction des questions, a précisé un haut responsable de l’administration, qui a décrit l’initiative comme modulaire. Les différents groupements incluraient généralement les puissances industrielles du G7 et quelques autres pays. L’idée est généralement appelée Democracy 10 ou Tech 10

La stratégie comporte des éléments offensifs et défensifs. En combinant leurs forces, les Etats-Unis et leurs alliés peuvent dépenser beaucoup plus que la Chine, dont le budget de recherche et développement est désormais presque égal à celui des Américains. Ces alliances peuvent également coordonner des politiques pour refuser à Pékin les technologies dont elle a besoin afin de devenir un leader mondial.

« Nous avons un fort intérêt à nous assurer que les démocraties technologiques s’unissent plus efficacement de façon à ce que ce soit nous qui façonnions ces normes et ces règles », a déclaré le secrétaire d’Etat Antony Blinken lors de son audience de confirmation.

Les Etats-Unis prévoient d’organiser différentes alliances en fonction des questions, a précisé un haut responsable de l’administration, qui a décrit l’initiative comme modulaire. Les différents groupements incluraient généralement les puissances industrielles du G7 et quelques autres pays. L’idée est généralement appelée Democracy 10 ou Tech 10.

Une alliance centrée sur l’intelligence artificielle, par exemple, pourrait inclure Israël, dont les chercheurs sont considérés comme des leaders du domaine. Une autre impliquant le contrôle des exportations intégrerait sans doute l’Inde, pour s’assurer que la Chine ne puisse pas importer certaines technologies. Pour encourager les pays craignant d’offenser Pékin à rejoindre ces alliances, l’administration pourrait s’abstenir d’annoncer leur participation, a indiqué le haut responsable.

Selon les personnes ayant travaillé sur ce concept, il est crucial que les alliances restent flexibles et évitent la bureaucratie. « Créer une nouvelle institution internationale impliquerait de grandes annonces sans actions à la clé », estime Anja Manuel, une ancienne responsable de l’administration Bush. « Avec la technologie, il faut rester agile. »

Parmi les domaines considérés comme mûrs pour des alliances, on peut citer le contrôle des exportations, les normes techniques, l’informatique quantique, l’intelligence artificielle, les biotechnologies, les télécommunications en 5G et les règles gouvernant la technologie de surveillance. La liste doit être réduite, selon des experts en technologie. Poursuivre trop de pistes prendrait trop de temps et serait trop contraignant pour les responsables du gouvernement.

La technologie de semi-conducteurs est en tête de la liste de l’administration, car les microprocesseurs alimentent l’économie moderne. La Chine est le plus grand marché, mais plus de 80 % des puces, particulièrement les modèles avancés, sont soit importées, soit produites en Chine par des entreprises étrangères.

Pékin a dépensé des dizaines de milliards de dollars au cours des dernières décennies pour tenter d’établir une filière nationale majeure, mais le pays reste en retard sur ses concurrents occidentaux. L’administration Biden ne veut pas que cela change.

Sous l’administration Trump, les Etats-Unis ont travaillé avec les Pays-Bas pour bloquer la vente d’équipements de fabrication de semi-conducteurs néerlandais à la plus importante fonderie de semi-conducteurs chinoise, Semiconductor Manufacturing International Corporation (Smic), ce qui aurait pu aider la Chine à produire des puces de pointe. Le département du Commerce, sous Donald Trump, avait également restreint la vente d’équipement de production de puces à Smic.

L’administration Biden assure le suivi de cette stratégie. En février, le conseiller national à la sécurité, Jake Sullivan, a parlé à son homologue néerlandais, Geoffrey van Leeuwen, à propos de la Chine et de la technologie avancée entre autres choses, selon un communiqué de la Maison Blanche.

Les technologues décrivent l’équipement de production de semi-conducteurs comme une technologie de goulot d’étranglement car elle reste dominée par trois pays seulement, les Etats-Unis, le Japon et les Pays-Bas, ce qui rend sa restriction relativement facile. Une alliance autour des semi-conducteurs inclurait sans doute les grands producteurs de puces en Europe, ainsi que la Corée du sud et Taïwan.

En plus de restreindre la technologie vers la Chine, les membres pourraient mettre en commun leurs travaux sur la R&D avancée, avec notamment le financement de sites de production de semi-conducteurs de plusieurs milliards de dollars hors de Chine.

Une initiative à haute visibilité susciterait forcément des inquiétudes et d’éventuelles représailles de Pékin, qui travaille à réduire sa dépendance aux technologies étrangères. La Chine utilise sa puissance économique pour tenter d’intimider les alliés des Etats-Unis, par exemple en réduisant les importations de vin et de charbon d’Australie après que Canberra a demandé une enquête sur les origines de la pandémie de coronavirus.

L’ajout de Taïwan, un producteur majeur de semi-conducteurs, que Pékin considère comme une province rebelle, accroîtrait les inquiétudes de la Chine.

«  Une alliance autour des semi-conducteurs menée par les Etats-Unis enfreindrait les principes de l’économie de marché et de la concurrence loyale et ne ferait que diviser artificiellement le monde et détruire les règles de commerce international », a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères dans un communiqué.

« En définitive, les Etats-Unis veulent réduire voire éliminer la capacité de Pékin à exercer des pressions »

Pékin dispose de nombreux leviers. La Chine est le principal fournisseur mondial de terres rares, les minerais indispensables à la production de téléphones mobiles, de produits électroniques et d’équipements militaires. En 2010, la Chine a limité les expéditions de terres rares au Japon en raison d’un conflit territorial au sujet d’un groupe d’îles en mer de Chine orientale, bien que Pékin ait démenti avoir été impliquée dans des actes coercitifs.

La Chine a récemment lancé un nouveau round de réglementations sur les terres rares et a interrogé les entreprises étrangères sur leur dépendance à la production chinoise, ce que certains experts en technologie ont vu comme un avertissement. Le ministre chinois des Affaires étrangères a déclaré que Pékin était « prêt à répondre aux besoins légitimes de tous les pays du monde dans la mesure du possible en accord avec les capacités et le niveau de ressources en terres rares de la Chine. »

Jake Sullivan a applaudi des alliances d’opposition antérieures contre les restrictions de la Chine sur les terres rares et Joe Biden a choisi comme représentante au Commerce des Etats-Unis Katherine Tai, le point de contact de l’administration Obama.

Joe Biden a commandé récemment une étude sur la dépendance des Etats-Unis aux terres rares fournies par l’étranger. Des responsables américains ont travaillé avec l’Australie et d’autres pays pour stimuler la production et créer des substituts synthétiques de ces minerais.

Interrompre les exportations de terres rares se retournerait contre la Chine en nuisant à sa réputation commerciale et en encourageant la production de minéraux dans d’autres pays, note Martijn Rasser, analyste en technologie pour le Center for a New American Security, un think tank basé à Washington.

Les alliances de technologie valent la peine de risquer un retour de bâton, poursuit-il. « En définitive, les Etats-Unis veulent réduire voire éliminer la capacité de Pékin à exercer des pressions. »

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Astrid Mélite)

Traduit à partir de la version originale en anglais

Utiliser l’épargne pour la réindustrialisation

Utiliser l’épargne pour la réindustrialisation

Un groupe de sénateurs les indépendants proposent d’utiliser l’épargne pour industrialiser la France. ( Tribune dans l’opinion ) ( mais les modalités manquent cruellement de précisions  -NDLR)

 

 

Tribune

La crise sanitaire a mis fin à la croyance naïve en une « France sans usines » taillée pour la mondialisation. Lorsque le monde entier s’est mis à l’arrêt pour lutter contre la pandémie, notre pays a soudainement pris conscience de sa très forte dépendance vis-à-vis de l’étranger. Pour certains, c’était une révélation, pour d’autres une piqûre de rappel : la souveraineté d’une nation dépend aussi de son appareil productif.

Finies les lubies d’un monde post-industriel ! La crise nous a brutalement confrontés à la réalité : notre société est devenue, pour reprendre le mot de Pierre Veltz, « hyper-industrielle ». Les transitions, notamment écologique, loin de condamner l’industrie, la replacent au contraire au cœur de nos modèles de développement. En délaissant ce secteur, dont la part dans notre PIB a, depuis 1980, chuté de 10 points, la France pensait faire un grand bond en avant dans la modernité. C’est l’inverse que l’on constate aujourd’hui : la France s’est désindustrialisée, contrairement à l’Allemagne et l’Italie. Elle a accumulé un retard inquiétant, en ratant des virages technologiques et en négligeant ses domaines d’excellence.

Car entre-temps, les chaînes de valeur ont évolué et se sont globalisées. Les innovations qui compteront demain se préparent dès aujourd’hui. Elles exigent, dans les territoires, des collaborations renforcées entre acteurs scientifiques, entreprises, investisseurs privés et décideurs publics. Surtout, cette nouvelle donne nous impose de réindustrialiser le pays en commençant par les industries d’avenir, grâce au financement de projets d’infrastructures régionaux qui eux-mêmes bénéficieront aux écosystèmes locaux.

La dynamique lancée par les divers dispositifs gouvernementaux doit désormais être renforcée, amplifiée et relayée, dans un contexte conjoncturel profondément marqué par la pandémie. Et pour cause : alors que les besoins en capitaux n’ont jamais été aussi cruciaux, nos finances publiques n’ont jamais été aussi dégradées. Les mesures d’urgence heureusement prises pour sauvegarder l’économie pèseront encore longtemps sur les comptes de l’Etat, obérant ainsi nos capacités d’investissements publics, tandis que s’est constituée une importante épargne privée.

Effet de levier. Il s’agit désormais de convertir une part de cette sur-épargne en investissements structurants, productifs et orientés vers la transition des territoires. L’année 2020 vient d’enregistrer un record : les ménages ont épargné près de 200 milliards d’euros, près du double du montant accumulé usuellement, selon la Banque de France. Au total, ce sont quelque 100 milliards d’euros supplémentaires sur les livrets A et autres produits d’épargne – soit le montant total de notre plan de relance. Ces potentialités considérables doivent être en partie exploitées en vue de la sortie de crise. Comment mobiliser cette sur-épargne pour accélérer la relance et la reconstruction ?

Maximiser l’impact des 100 milliards engagés via « France relance » implique que chaque euro public fasse effet de levier sur cette sur-épargne, afin de préparer la France et ses infrastructures aux défis de demain. Il s’agirait d’hybrider cette sur-épargne avec les fonds publics nationaux et européens pour investir par l’intermédiaire de « fonds souverains régionaux ». Pour ce faire, il conviendrait de faire confiance aux élus locaux pour réaliser les investissements les plus adaptés à la réalité de leur territoire ; d’accélérer la transition écologique en mobilisant des fonds importants dans un contexte de forte dégradation des finances publiques ; de dynamiser le tissu économique local, notamment industriel, et d’assurer la montée en gamme des compétences et savoir-faire, en permettant à des TPE, des PME et ETI des territoires de participer à la réalisation de ces projets d’investissement.

«Le principe de subsidiarité doit jouer à plein pour optimiser les chances de réanimation et de développement de notre industrie. Les fonds souverains régionaux seraient ainsi garants que l’épargne est bien dirigée vers les écosystèmes des territoires, et pas exclusivement vers les grands groupes»

Ces fonds pourraient ainsi financer par la dette des projets locaux d’investissement dans les infrastructures, que ce soit dans la production, le stockage de l’énergie, la régulation du réseau électrique ou le développement de l’hydrogène (flottes de bus et/ou de camions, stations-service adaptées et autres solutions de transport hydrogène).

Elan national, déclinaisons territoriales. Ainsi parviendrait-on à mobiliser tous les échelons de la gouvernance, des collectivités locales à l’Union européenne en passant par l’Etat. Mais, pour être efficace, la réponse apportée doit s’ancrer dans les territoires. En effet, il n’est plus soutenable d’administrer, depuis « le haut » des solutions calibrées à Paris, de façon uniforme au sein de territoires aux besoins et ressources si divers.

Les réponses à la crise doivent, au contraire, être différenciées et élaborées à l’échelon local avec un double soutien, public et privé, pour être réellement efficaces. C’est le principe de subsidiarité qui doit ici jouer à plein pour optimiser les chances de réanimation et de développement de notre industrie. Les « fonds souverains régionaux » seraient ainsi garants que l’épargne est bien dirigée localement vers les écosystèmes des territoires, et pas exclusivement vers les grands groupes.

Mutation verte. Ce dispositif permettrait aux Français d’être acteurs de la relance envisagée comme un véritable effort de reconstruction de « la France d’après », et de contribuer à financer la mutation verte des territoires. Les citoyens contributeurs pourraient mesurer les effets concrets de leur apport personnel à la relance de l’économie. Surtout, cette dynamique ferait des Français des acteurs de la relocalisation des chaînes de valeur. La mondialisation redeviendrait ainsi ce qu’elle est déjà aux Etats-Unis, en Allemagne, en Chine : une réalité locale.

C’est la meilleure façon d’ouvrir nos territoires à la mondialisation : toutes les collectivités doivent y prendre leur part si nous souhaitons éviter le décrochage de la France, à commencer par les régions, qui disposent de la compétence économique. Alors que la campagne pour les élections régionales peine à décoller, tant les préoccupations sanitaires saturent l’espace médiatique, il est urgent d’ouvrir de nouveaux horizons de projection politique. Ces « fonds souverains régionaux » permettraient d’articuler participation citoyenne, développement industriel et transition écologique.

Claude Malhuret est président du groupe Les Indépendants-République et Territoires du Sénat. Vanina Paoli-Gagin est sénatrice de l’Aube, membre de la commission des finances. Elle vient de déposer une proposition de loi pour créer des fonds souverains régionaux, et des livrets de développement des territoires destinés à les financer. Emmanuel Capus, Daniel Chasseing, Jean-Pierre Decool, Joël Guerriau, Jean-Louis Lagourgue, Alain Marc, Pierre Médevielle, Colette Mélot, Franck Menonvielle et Dany Wattebled sont membres du groupe Les Indépendants.

« Pour une jeunesse musulmane qui assume avec fierté l’histoire de la France»

 « Pour une jeunesse musulmane qui assume avec fierté l’histoire de la France»

Président de la fédération de l’Islam de France (FIF), Ghaleb Bencheikh, revient pour l’Opinion sur son engagement et ses propositions pour lutter contre la radicalisation.

Depuis l’automne, vous défendez la France et sa conception de la laïcité dans les grands médias arabophones. Est-ce votre rôle ?

C’était une nécessité impérieuse après le terrible épisode automnal que nous avons connu. La Fondation de l’islam de France s’est retrouvée, bien malgré elle, au centre d’un débat international diplomatique et religieux. Alors il fallait désamorcer, déminer et expliquer. J’ai fait mon devoir, mû par la volonté de protéger nos compatriotes. Des menaces réelles pesaient sur nos ressortissants résidents dans les pays musulmans qui ont connu les tensions liées aux débats sur les caricatures. La FIF a agi également par patriotisme économique : j’ai voulu défendre les produits français menacés par les campagnes de boycott au Moyen-Orient et en Asie. Lequel boycott n’a jamais été envisagé contre les produits chinois, en dépit de la situation désastreuse des Ouïgours musulmans. Il a fallu expliquer l’expression « l’islam est en crise » dans le discours des Mureaux du président Macron et dans l’oraison funèbre à Samuel Paty, la phrase « nous ne renoncerons jamais aux caricatures ». J’ai insisté sur notre attachement à la laïcité et aux libertés fondamentales. Il y a très peu de personnalités en France capables de clarifier ce débat en rapport avec l’islam, la laïcité et la République en langue arabe sur Sky News Arabia, al Jazzera, al Arabia, al Alam, RT Arabic et la télévision turque arabophone TRT Arabic…

Comment mieux lutter contre la radicalisation en France ?

Il faut un moteur à quatre temps. Il y a la réponse sécuritaire et le renseignement, pour déjouer les attentats. Il y a ensuite l’assèchement du terreau de l’idéologie jihadiste par le fameux « contre-discours ». Celui-ci doit permettre de tarir les sources de radicalisation, notamment en traduisant en français les œuvres des penseurs musulmans réformistes. La lutte contre l’islamisme radical et les thèses salafistes passe par la composante islamique de la nation. Le troisième temps est celui des politiques éducatives, culturelles et sociales. Cela se fait à travers l’instruction, l’acquisition du savoir, l’ouverture sur le monde et à l’altérité, notamment confessionnelle, avec une inclination pour les valeurs esthétiques. Il faut sensibiliser à la musique, à la poésie, aux humanités. La jeunesse musulmane doit assumer avec fierté l’histoire de la France et concourir au génie français en l’enrichissant des trésors de la civilisation impériale sous-tendue par l’islam avec son art de vivre, son raffinement et son hédonisme. C’est ainsi que nous préparons des citoyens à une identité apaisée et heureuse contrairement à ceux qui prétendent qu’elle est torturée et malheureuse. Le quatrième temps, c’est enfin la réponse de la République. Et là, je convoque Honoré Daumier, le caricaturiste, mais je paraphrase le peintre. En 1848, il a voulu concourir au prix de l’allégorie de la République. Il a peint celle-ci sous les traits d’une belle femme plantureuse qui allaite deux nourrissons avec un garçonnet à ses pieds lisant un livre. Morale : la République doit nourrir et instruire ses enfants – et j’ajoute les protéger tous. La France est au cœur de notre mission. A la FIF, nous agissons par l’éducation et la culture.

«La formation civique des ministres du culte musulmans est primordiale. Les imams, prédicateurs et aumôniers doivent comprendre que la laïcité est un acquis de la modernité intellectuelle et politique et une conquête de l’esprit humain»

De quelle façon ?

Nos moyens sont limités. Notre action couvre une gamme qui va de l’université, avec le programme de soutien à l’islamologie, jusqu’aux milieux carcéraux. La formation civique des ministres du culte musulmans est pour nous primordiale. Les imams, prédicateurs et aumôniers doivent comprendre que la laïcité est un acquis de la modernité intellectuelle et politique et une conquête de l’esprit humain. Enfin, dans le cadre de notre université populaire itinérante et avec l’aide des associations locales et des municipalités, nous portons le débat dans les cités et les quartiers que nous devons reconquérir. Un grand débat entre citoyens, et aussi intra-islamique, y est à chaque fois instauré avec la confrontation des idées. Les discussions parfois emportées avec les jeunes salafistes sont une thérapie par et de la parole.

Les intellectuels ont tendance à faire de l’entre-soi. Vous voyez-vous, comme le président Macron, utiliser Tik Tok pour toucher les jeunes ?

Pourquoi pas ! Bien que je pense que les réseaux sociaux sont une sorte de magma de tous les défouloirs, la vulgarisation de nos messages est au cœur de notre réflexion et de notre action. Ce n’est pas toujours facile d’expliquer des choses complexes à des publics qui n’ont pas tous les codes. Nous produisons déjà du contenu en adaptant le vocabulaire pour Facebook et YouTube. Nous avons aussi approché une douzaine d’influenceurs des réseaux sociaux. Nous leur proposons de recouvrer dignité et fierté en épousant une cause nationale et de croire en la République avec un récit commun. C’est le contraire de ce que prônent les islamistes. Ils culpabilisent les jeunes consciences par une religiosité astreignante avec une obsession névrotique sur l’observance de la norme canonique. Ces consciences aliénées et apeurées épuisent la totalité de l’identité dans la donne religieuse dès lors que leur citoyenneté leur semble déniée. Sans être dans une approche victimaire, nous prenons aussi en charge leur désarroi et leur émotion devant la défiance de leurs propres compatriotes. C’est une sorte de « psychothérapie de groupe ». Telle une propédeutique, nous promouvons le dialogue avec la jeunesse musulmane en présentant l’universalité des principes républicains et l’importance de la laïcité. Et nous avons beaucoup d’autres projets comme le lancement d’un festival des cultures d’islam autosuffisant financièrement et d’une Web TV interactive. Nous avons fait aussi une demande au ministère de l’Education nationale pour que nous soyons une institution d’agrément des établissements privés confessionnels islamiques hors contrat, afin de valider le contenu de leur enseignement. Nous avons enfin, le projet d’édification de l’Institut académique d’islamologie appliquée, annoncé par le président Macron en octobre aux Mureaux.

Faut-il aussi lutter contre la radicalisation dans le monde du sport ?

Les idées salafistes imprègnent la pratique du sport. Elles se manifestent par le refus de la nudité dans les douches, de jouer dans des clubs mixtes pour les femmes et la prière avant les matches. Nous voulons reprendre le travail social comme le font les islamistes en recrutant des éducateurs sportifs qui seront nos ambassadeurs dans le milieu sportif. Ce projet est piloté par Tayeb Belmihoub, ancien footballeur professionnel.

Êtes-vous favorable au projet de loi Séparatisme ?

En tant que citoyen, je ne suis pas pour l’inflation législative : nul n’est censé ignorer la loi ni se prévaloir de sa propre turpitude, donc il ne faut pas qu’il y en ait trop. Dans « la loi confortant les principes républicains » il y a 51 articles, cela me paraît beaucoup. Je m’interroge sur certaines dispositions comme celle sanctionnant le certificat de virginité. Exigé par certaines familles maghrébines ou subsahariennes, il n’a aucun fondement canonique ni base théologique même dans la version la plus drastique de la religion. La fermeture des lieux de culte en cas de prêches jugés haineux me pose question. Au pénal, la responsabilité est individuelle. Un imam doit être puni personnellement et les pouvoirs publics n’ont pas à fermer son lieu de culte, sous peine de pénaliser tous les fidèles. En revanche, comme président de la FIF, je souscris à l’idée que la République veuille se défendre. Et elle a raison. Elle doit neutraliser toutes les velléités séparatistes, endiguer la déferlante wahabbo-salafiste et en finir avec l’islamisme radical en se dotant de l’arsenal juridique nécessaire.

Approuvez-vous les propos de la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, sur les possibles dangers de « l’islamo-gauchisme » à l’université ?

La sagesse recommande d’utiliser une périphrase lorsque les concepts sont imprécis. Dans cette confusion sémantique, il vaut mieux parler de « collusion d’une partie de la gauche avec l’islamisme radical ». Ou bien, à l’extrême rigueur, nous pourrions évoquer « l’islamismo-gauchisme » si ce n’est le gaucho-islamisme. Parce que nous en avons marre de tous ces mots composés avec le préfixe islamo qui affectent la sensibilité des citoyens musulmans. Il est inacceptable de pérorer sur l’islamo-nazisme, l’islamofascisme, l’islamo-délinquance, l’islamo-racaille, l’islamo-réaction… Nous n’avons pas à consacrer le vocabulaire de l’extrême droite ni aucune raison d’entériner, sans le disséquer, le concept de Pierre-André Taguieff. Maintenant, il est clair que l’université n’est pas exempte des courants idéologiques qui travaillent la société. Nous trouvons dans les départements des sciences sociales les controverses générées par les African-American studies, la culture de la dénonciation, l’indigénisme, l’intersectionnalité et les études décoloniales. La congruence entre les visions de l’extrême gauche sur le lumpenprolétariat et la question identitaire islamiste, en voulant défendre les opprimés sur la terre, en fait partie. Le débat académique doit avoir lieu dans l’enceinte universitaire comme espace de liberté. Nous sommes mobilisés au niveau de la société et de l’université afin de dirimer l’idéologie islamiste et pourfendre ses thèses. Aussi notre vigilance s’étend-elle à la concordance entre l’islamisme et le capitalisme sauvage dans l’extension du marché halal à tous les produits de consommation. Tout comme nous sommes très attentifs aux convergences entre les mouvements islamistes et les mouvements réactionnaires sur les questions sociétales.

Trump candidat en 2024 !

Trump candidat en 2024 !

 

 

 

Indécrottable Trump devant ses partisans à réaffirmer que la victoire lui avait été volée par Biden. Et d’attaquer de nouveau président avec de gros sabots sur sa gestion notamment des frontières. Par contre pas un mot sur sa gestion économique pas davantage que sur sa gestion sanitaire là oùTrump  s’est largement planté. L’information nouvelle c’est que Trump n’envisagen pas de créer un nouveau parti républicain mais qu’il entend bien le mettre en tutelle. Trump a affirmé que le Parti républicain était uni et assuré qu’il n’avait aucune intention de tenter de lancer un nouveau parti, une idée dont l’ancien président avait pourtant discuté ces deux derniers mois avec des conseillers. « Nous ne commençons pas de nouveaux partis. Nous avons le Parti républicain. Il va être uni et plus fort que jamais. Je ne lance pas un nouveau parti », a-t-il annoncé.

L’état d’urgence pour asphyxier la démocratie

L’état d’urgence pour asphyxier la démocratie

 

Etat d’urgence prolongé, institutionnalisation d’un conseil de défense tendant à éclipser le conseil des ministres et à renforcer la subordination du Parlement… la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement accentue le processus de « dé-démocratisation » de notre société, estime le politiste, Arthur Guichoux,  dans une tribune au « Monde ».

Tribune. Le 3 février, un rapport publié par The Economist reléguait la France au rang des démocraties « défaillantes », relançant le débat sur les effets politiques de la pandémie. Cette rétrogradation vient souligner les nombreuses atteintes aux libertés individuelles engendrées par les mesures de confinement et de couvre-feu. Les résultats de cette étude sont à manier avec d’autant plus de précautions qu’elle présuppose une conception située et libérale de la démocratie. Or la définition de la démocratie est loin de faire consensus.

Dans les sciences sociales et politiques, on peut même dire qu’elle ressemble à un vaste champ de bataille : horizon indépassable mais perfectible pour les uns, illusion pour les autres, qui déplorent sa dégénérescence oligarchique. Cependant, rares sont les analyses à se féliciter de l’état de la démocratie.

Tensions liées à la représentation

De ce point de vue, la gestion de la pandémie par le gouvernement français s’inscrit dans la continuité d’un processus de « dé-démocratisation », pour reprendre l’expression de la politiste Wendy Brown. Celui-ci ne renvoie pas au poncif de la « crise » de la démocratie qui chercherait à combler son déficit de représentativité.

Les tensions liées à la représentation prennent leur source dans la division entre le corps électoral et le champ des professionnels de la politique, division caractéristique des gouvernements représentatifs. La « dé-démocratisation » relève plutôt d’une dynamique de longue durée ; elle rappelle combien l’état d’exception qui dure depuis presque une année est un puissant analgésique, tant pour la démocratie des urnes que pour la politique de la rue.

Instauré dans un premier temps de mars à juillet 2020, l’état d’urgence sanitaire a été réactivé le 17 octobre 2020 avant d’être de nouveau prolongé mi-février (au moins jusqu’en juin 2021). Certes, il ne s’agit pas du même dispositif que l’état d’urgence de novembre 2015 ; il n’empêche que l’état d’exception s’ancre dans la durée. Autre continuité significative : l’institutionnalisation du conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN). Créée en 2009, cette formation restreinte du conseil des ministres tend à éclipser ce dernier. Son activité s’est fortement accélérée depuis 2015 avec 10 réunions dans l’année, 32 en 2016, 42 en 2017 (selon le rapport de son secrétariat de 2018).

République monocéphale

En pleine pandémie, il est désormais fréquent que ce conseil, fondé sur un simple décret, se réunisse plusieurs fois par semaine. Initialement cantonné aux opérations militaires et aux situations de crise, son champ d’action s’est aussi considérablement étendu. En plus des têtes de l’exécutif (premier ministre, ministre des affaires étrangères, de l’économie, du budget et de l’intérieur), sa composition varie au gré des convocations décidées par le président de la République. Compte tenu des circonstances, le ministre des solidarités et de la santé et le directeur de la santé y siègent désormais en permanence et sont tenus au secret-défense au même titre que les autres membres. Positionné en amont des conseils des ministres, ce n’est pas forcer le trait de dire que le conseil de défense est devenu un des principaux foyers des prises de décision depuis mars 2020.

La croissance : un indicateur obsolète ?

La croissance : un indicateur obsolète ?

 

Quatre responsables du groupe de réflexion Bridge expliquent, dans une tribune au « Monde », que la croissance et la décroissance sont les deux faces d’une même illusion.

Tribune.

 

 Le paradigme de la « croissance » a été construit au sein de l’Organisation européenne de coopération économique (OECE), pour administrer le Plan Marshall (1947-1952). La compétition Est/Ouest constitue l’un des éléments-clés de la course à la croissance, par les Etats du bloc de l’Ouest et ceux du bloc de l’Est. La seule différence entre les deux réside dans la manière de mesurer la croissance.

Alors que les pays de l’OECE s’accordent, au début des années 1950, pour faire du produit intérieur brut (PIB) l’indicateur global et potentiellement universel de la croissance, l’URSS ne comptabilise que la production matérielle. De nombreux concepts, de nombreux raisonnements et les institutions qui les ont fait « entrer » dans la réalité ont été forgés à cette époque.

Comme le disait l’économiste Keynes (1883-1946), « la difficulté n’est pas de comprendre les idées nouvelles, elle est d’échapper aux idées anciennes qui ont poussé leurs ramifications dans tous les recoins de l’esprit des personnes ayant reçu la même formation que la plupart d’entre nous » (La Mystique de la croissance, de Dominique Méda, Flammarion, 2013). Produire plus avec autant ou moins de travail est la définition des gains de productivité.

Pour un redéploiement de l’industrie

Mais produire plus de quoi ? Dans nos pays, les services représentent, en gros, les trois quarts du PIB. Pour ces trois quarts, on ne sait pas toujours définir ce que sont les unités produites, donc les prix unitaires, donc les « volumes », donc les gains de productivité. Dans tous les secteurs, les variations de qualité des biens et services sont très peu et très mal prises en compte dans les indices des prix, donc dans les volumes.

L’intégration des services dans le PIB reconnaît leur « valeur », mais leur monétarisation relève d’un artifice comptable conventionnel. Comment qualifier et quantifier la croissance du service rendu ? Cela suffit à disqualifier le PIB comme indicateur du bien-être et la croissance du PIB comme objectif synthétique de toute politique de « développement ».

La « décroissance » relève plus de la rhétorique que d’une révolution conceptuelle. On ne sort pas de l’univers théorico-pratique institué par le paradigme de la croissance en prenant son contrepied. La transition écologique exige un redéploiement de l’industrie selon l’axe du génie écologique, lequel renvoie à « l’idéal-type » d’une synthèse de l’économie fonctionnelle et de l’économie circulaire, préfigurant la symbiose généralisée du matériel et du relationnel, du produit et du service.

Vers une nouvelle concentration des médias français

Vers une nouvelle concentration des médias français

Analyse du Monde

 

Il ne restait qu’un groupe étranger aux manettes à la fois de radios, chaînes de télévision et titres de presse français, et le voilà en passe de quitter le territoire national. Mi-décembre, le groupe Vivendi entrait en négociations exclusives avec Gruner und Jahr (G+J), filiale du groupe allemand Bertelsmann, pour racheter Prisma Media (Géo, Femme actuelle, Voici, Capital, etc.). Fin janvier, on apprenait que RTL Group, autre filiale du géant allemand, avait sondé le marché à propos du groupe M6 (M6, W9, Paris Première, mais aussi les stations RTL, RTL2, et Fun Radio). Rien n’est encore fait et pour l’heure, l’allemand s’est borné à reconnaître qu’il avait « rappelé à plusieurs reprises l’intérêt qu’il y aurait à favoriser une consolidation du secteur audiovisuel européen ». En d’autres termes : circulez, il n’y a pas tant de raisons de s’émouvoir.

Et pourtant, l’émoi est là. D’abord parce qu’à quelques mois d’une campagne pour l’élection présidentielle, l’événement n’a rien d’anodin. Ensuite parce qu’il est de bon ton de battre sa coulpe : la France, avec ses lois anti-concentration contraignantes, ses grèves à répétition, l’interminable et coûteuse crise de la distribution de la presse, serait un territoire ingrat pour les magnats des médias. Le constat et le reproche ne sont pas nouveaux. Le britannique Pearson a cédé les Echos à LVMH en 2007, Emap France (Télé Poche, Biba, Pleine vie, Nous deux, etc.) s’est offert à l’italien Mondadori en 2006, qui s’est lui-même vendu au français Reworld en 2019. Après avoir racheté L’Express, Lire et L’Etudiant en 2006, le belge Roularta s’en est séparé en 2015 au profit d’Altice, le groupe de Patrick Drahi – qui a, ensuite, ventilé ses titres de presse façon puzzle. Dans ce contexte, le tchèque CMI (propriété de Daniel Kretinsky, actionnaire indirect et minoritaire du Monde), l’américain Condé Nast, l’allemand Bauer, ou encore le belge Rossel font figure de téméraires.

Après la presse écrite, en proie à des difficultés structurelles, c’est au tour des médias audiovisuels de connaître l’adversité. Projetés par la crise sanitaire dans un avenir que chacun pensait voir arriver à une allure acceptable, les acteurs du secteur sont étreints par un sentiment d’urgence. Si le premier confinement a montré que la télévision demeure un espace privilégié où le public se retrouve en masse, il a aussi confirmé l’adhésion massive de ce dernier aux nouveaux modes de consommation du divertissement (plates-formes, jeux vidéo, VOD, podcasts, etc.). Au même moment, le modèle de financement par la publicité accuse le coup : stoppé net au deuxième trimestre de 2020, puis soumis à des fluctuations, le marché de la pub a rappelé leur fragilité à ceux qui en dépendent. Une réalité qui n’a rien de spécialement français...

Arrêter le bricolage de la constitution

Arrêter le bricolage de la constitution

Alors qu’a été déposé un nouveau projet de loi visant à modifier la Constitution, pour y inscrire la défense de l’environnement, l’ex-vice-présidente de la commission des lois de l’Assemblée nationale, Marie-France Bechtel s’interroge, dans une tribune au « Monde », sur le bien-fondé de ces multiples révisions.

Tribune.

 

Frénésie constituante. Le gouvernement vient de déposer un troisième projet de révision de la Constitution, faisant suite aux projets avortés de mai 2018 et d’août 2019. Mal reçus au Sénat, ces derniers n’étaient pas en tous points déraisonnables, notamment en ce qu’ils prévoyaient d’améliorer l’institution démocratique du référendum. Cela trouvait en tout cas sa place dans le texte fondamental.

Il est vrai que d’autres réformes accrochées à ce train laissaient davantage place à l’interrogation : la réforme du parquet, un serpent de mer, la « proximité territoriale » qui confond centralisation et bureaucratie (le vrai mal). Quant à l’engagement écologique, sa place est-elle bien dans la Constitution, du moins sous cette forme ?

Cet ensemble hétérogène pointe surtout une question fondamentale : lorsqu’une révision est envisagée, ne faut-il pas d’abord s’assurer qu’elle est bien au niveau du texte constitutionnel ? Nous ne parlons pas ici seulement de son niveau juridique mais aussi bien de sa capacité symbolique à surplomber le débat public, auquel il ne peut se réduire.

Car il est deux façons de porter outrage au texte constitutionnel : l’une, de défigurer les institutions autour desquelles est bâtie sa logique, l’autre d’affadir sa langue en lui faisant perdre sa consistance et par là son autorité.

Si l’on met à part les « permissions » constitutionnelles accordées pour l’intégration du droit de l’Union européenne, quelles sont les occasions dans lesquelles une révision est conforme à la vocation du texte fondamental ? Elles sont au nombre de deux.

D’abord, bien entendu, lorsque la révision porte soit sur l’équilibre des pouvoirs, soit sur les règles essentielles de fonctionnement des institutions. Dans la première catégorie, outre la tempétueuse révision de 1962 instituant l’élection du président de la République au suffrage universel, figure l’adoption du quinquennat. Quoi que l’on puisse penser de cette dernière, il est indéniable qu’elle a sa place légitime dans la Constitution. Dans la deuxième catégorie, figure notamment le train de réformes de 2008 voulues par Nicolas Sarkozy, comme la question prioritaire de constitutionnalité [QPC], qui porte sur l’intangibilité de la loi promulguée, ou bien le rééquilibrage des pouvoirs du gouvernement et du Parlement dans le processus législatif.

Rares ont été les autres réformes portant directement sur l’équilibre des pouvoirs : on ne comptera pour telle l’« organisation décentralisée de la République » voulue par Jean-Pierre Raffarin en 2003. On n’y inclura pas davantage l’irresponsabilité pénale du chef de l’Etat voulue par Jacques Chirac en 2007 et qui résultait déjà de la tradition. Plus proche du fonctionnement des pouvoirs institués était la réforme décidant de la « session unique » (1995) du Parlement qui a d’ailleurs eu pour effet de modifier profondément le statut réel du parlementaire.

Régime crudivore contre le virus ! ( Youtubeur)

Régime crudivore contre le virus ! ( Youtubeur)

RTL évoque ce Youtubeur  théoricien qui compte 500.000 abonnés et prône le crudivorisme, Thierry Casasnovas. Il aurait même trouvé un remède contre le coronavirus : il faudrait simplement jeûner et manger des légumes crus.

Ce mode de vie, qu’il promeut depuis 2011 en se basant sur sa prétendue expérience, servirait même, selon lui, à guérir d’autres maladies comme le cancer. « J’avais une tuberculose qui me rongeait les poumons », dit-il dans une de ces vidéos. Sa guérison miracle, il est certain de la devoir au crudivorisme. En 10 ans, il acquiert un demi-million d’abonnés sur Youtube. Il y propose des extracteurs de jus à plus de 1.000 euros par le biais de partenaires, organise des stages

L’association de défense des victimes de sectes reçoit régulièrement des appels le concernant.  »Les deux exemples que j’ai eus, ce sont des proches qui appellent en disant qu’un membre de la famille a changé de régime alimentaire et a changé de vision par rapport aux maladies », raconte Marie Drion, responsable de l’antenne des Yvelines. Ces derniers temps, son discours anti-vaccin inquiète le ministère de l’Intérieur ; il est sous le coup d’une enquête pour mise en danger de la vie d’autrui.

 

Economie, social, société : les plus lus

Le nucléaire meilleur ennemi des écolos (François de Closets )

Le nucléaire meilleur ennemi des écolos (François de Closets )

 

Pour François de Closets : « Dans la mouvance verte, la lutte contre l’atome a pris une place aussi centrale que la lutte des classes dans la gauche radicale »Tribune dans l’Opinion.

Tribune

Dieu qu’il est difficile de renoncer à un ennemi ! La veille on le combat, on prétend l’éliminer et le lendemain, il devient un partenaire avec lequel il faut vivre et se battre. C’est ainsi que la gauche s’est déchirée entre la voie révolutionnaire et la voie réformiste. Le mouvement ouvrier s’est construit au XIXe siècle contre le capitalisme qu’il entendait vaincre et détruire. Au XXe siècle, cette rupture n’est plus d’actualité. Les socialistes allemands se rendent à l’évidence dès 1959 avec le programme de Bad Godesberg ; les socialistes français ne feront leur aggiornamento que dans les années 1980, en cultivant la nostalgie de l’anticapitalisme originel. Sans doute vivons-nous une histoire du même type avec l’écologisme désespérément accroché à son meilleur ennemi : le nucléaire.

A la fin des années 1960, la conscience écologique naissante eut du mal à s’affirmer face à la société industrielle. La nature, rebaptisée environnement, était certes une noble cause mais guère mobilisatrice. Contester le développement, n’était-ce pas contester le progrès ? Attitude éminemment réactionnaire. C’est alors que le nucléaire vint jouer le rôle de l’ennemi idéal, celui qu’on aime détester.

Son acte de naissance est impardonnable : Hiroshima ! Sous sa forme civile, il conserve cet aspect froid, surpuissant, inquiétant et même terrifiant. Pour qui rêve de réconcilier le monde moderne et la nature, il n’est rien de plus rebutant. Ecologisme, pacifisme, antimilitarisme et nucléophobie se marient tout naturellement. En Allemagne d’abord, en France ensuite. L’affirmation antinucléaire est le premier pas de l’engagement écologique.

Prise de conscience. A la fin des années 1970, j’avais envisagé d’opposer dans une même émission les pro et les antinucléaires. A chaque camp, j’avais fourni une équipe avec laquelle il pourrait réaliser un film montrant d’un côté ce que serait une France nucléarisée et, de l’autre, ce que serait une France dénucléarisée. Lors du visionnage, je découvris que les écologistes s’étaient contentés de faire un pamphlet antinucléaire. La haine de l’atome tenait lieu de programme. L’émission n’a évidemment jamais pu avoir lieu, mais cet échec est significatif. Dans la mouvance écologiste, la lutte contre l’atome avait pris une place aussi centrale que la lutte des classes dans la gauche radicale. Il était plus important de dénoncer la malfaisance de l’atome que de préparer le monde durable de demain.

La prise de conscience écologiste s’est construite sur l’abus des pesticides, l’explosion démographique et l’invasion industrielle. L’épuisement de la nature et surtout le dérèglement climatique s’y sont ajoutés dans les années 1980. Puis le réchauffement, suivi année après année par les savants, est devenu le pire danger. L’humanité joue son avenir sur sa capacité à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les défenseurs de l’environnement se sont découvert un nouvel ennemi : le carbone.

Les inconvénients de l’énergie nucléaire sont bien connus : risque d’accident, production de déchets. Le bon fonctionnement du parc français aurait pu réduire les préventions. D’autant que, face au réchauffement, le nucléaire présentait un avantage capital : celui d’offrir une énergie décarbonée. Ce moindre danger et ce nouvel avantage ne changèrent en rien l’idéologie nucléophobe des mouvements écologistes.

C’est alors que survinrent les deux catastrophes de Tchernobyl en 1986, et de Fukushima en 2011. La première pouvait être imputée à l’incurie du système soviétique, il était plus difficile d’évacuer la seconde. Le Japon était le pays le plus conscient du péril nucléaire comme des risques telluriques. En outre, il avait une parfaite maîtrise des technologies de pointe. Il devait donc dominer la sûreté nucléaire, c’est-à-dire rester, en toutes circonstances, maître de la situation.

Or il apparut clairement à Fukushima que les responsables étaient complètement dépassés et n’avaient aucun scénario de secours. Pour les écologistes, c’était la défaillance impardonnable qui confirmait la condamnation. La « sortie du nucléaire » était plus que jamais une évidence. Il ne fallait qu’en fixer la date.

«Des leaders écologistes, toujours plus nombreux, s’interrogent sur le bien-fondé de ce postulat. Ils préparent leur Bad Godesberg – l’heure de vérité où ils reconnaîtront que l’on devra vivre avec le nucléaire tout en développant au maximum des énergies renouvelables»

Mais l’évidence ne peut tenir lieu de raisonnement. Il faut revenir aux deux questions de base. Peut-on accepter le risque nucléaire après Fukushima ? Peut-on se passer tout à la fois de l’énergie nucléaire et des énergies fossiles ? A la première question, Angela Merkel a tout de suite répondu : « non ». La catastrophe japonaise a révélé une telle dangerosité que le nucléaire devait être purement et simplement éliminé. Cette réaction, tout le monde l’a éprouvée, il faut pourtant la dépasser.

Nouvelles exigences. Paradoxalement, l’atome n’est pas plus dangereux mais, au contraire, plus sûr après Fukushima. En effet, pour la sécurité nucléaire comme pour la sécurité aérienne, tout accident apporte des améliorations car il révèle des défaillances qui sont ensuite corrigées. De nouvelles exigences sont apparues. D’où la difficulté de construire l’EPR dont les normes de sécurité dépassent de loin celles des installations actuelles. La nouvelle génération des centrales nucléaires présentera donc un moindre risque que la génération actuelle.

Mais la question reste posée : peut-on s’en passer, alors que nous devons renoncer aux énergies fossiles ? Est-il possible de vivre sur le soleil, les chutes d’eau et le vent, avec un peu de biocarburant en prime ? L’humanité a vécu l’essentiel de son histoire en ne disposant d’énergie que celle du bois, elle peut donc se passer de la fission atomique comme de la combustion des carburants ! A condition de renoncer au monde industriel, de revenir à un mode de vie ancestrale plus ou moins améliorée par le progrès scientifique…

Dans aucun pays moderne, les populations ne veulent envisager un tel changement et les écologistes ne le proposent pas. Il s’agit donc d’assurer un mode de vie « moderne » avec l’électricité du soleil et du vent. En dépit de toutes les économies d’énergie, le pari parait difficile à tenir.

Entre bazar et nécessité. Pour le noyau dur de l’écologisme, la sortie du nucléaire ne se discute pas : c’est une affaire de principe. Les autres, ceux qui gardent le contact avec la réalité, reconnaissent que le double renoncement à l’énergie nucléaire et aux énergies fossiles est tout sauf évident. Comme tout ministre de l’Ecologie, Barbara Pompili est empêtrée entre les mythes écologiques et la réalité économique, entre le bazar et la nécessité. La militante écologique ne peut abandonner le principe antinucléaire, mais la ministre ne peut laisser le pays sans électricité.

Peut-on imaginer que les photopiles qui dorment la nuit et les pales des éoliennes qui ne tournent qu’au gré du vent pourront alimenter un réseau électrique qui, lui, doit en permanence répondre à la demande des usagers ? La question a été posée à l’Agence internationale de l’énergie et au gestionnaire de notre réseau électrique, RTE. Le rapport qu’ils viennent de remettre à la ministre, pour austère qu’il soit, est un modèle de technique diplomatique. Il dit les choses, à vous de conclure.

Très sagement, les techniciens préfèrent énoncer les problèmes qu’apporter les solutions et éludent la question du coût comme de l’acceptation sociale. Moyennant quoi, ils satisfont leur commanditaire en ne disant pas qu’une France décarbonée et dénucléarisée est impensable. Leur copie élimine le nucléaire, comme il se doit, ne fait qu’évoquer les centrales électriques « vertes » à pareille échelle, et les gigantesques aménagements du réseau électrique pour passer de l’intermittence de la production à la permanence de la consommation. La ministre pourra dire que techniquement, ce n’est pas impossible, et sembler en déduire que, politiquement, c’est possible. Et l’on continuera à repousser l’horizon d’une France dénucléarisée et décarbonée. Tout cela parce que nous avons l’obligation idéologique de sortir du nucléaire.

Des leaders écologistes, toujours plus nombreux, s’interrogent sur le bien-fondé de ce postulat. A l’étranger, mais aussi en France. Comme les communistes qui pratiquaient le réformisme en se référant à la révolution, ils préparent le Bad Godesberg des écolos – l’heure de vérité où ils reconnaîtront que l’on devra vivre avec le nucléaire tout en développant au maximum des énergies renouvelables. Cela ne se fera pas sans des protestations et des déchirements, car il est bien souvent plus difficile de rompre avec un ennemi qu’avec un ami.

Vaccination : la colère des retraités

Vaccination : la colère des retraités

 

Selon la dernière enquête Elabe pour BFMTV , 62 % des Français sont mécontents de la politique sanitaire. Un an après le début de la pandémie, à l’approche des régionales et de la présidentielle, le patron de l’institut fait le point sur la situation du Président dans l’opinion, alors que Marine Le Pen aborde 2022 « en situation de force », selon lui. Bernard Sananès est le président de l’institut Elabe. Il fait le point dans l’Opinion

Emmanuel Macron aborde-t-il en situation de force ou de faiblesse ce nouvel épisode qu’est la propagation des variants de la covid-19 ?

Le jugement des Français sur sa gestion de la crise reste critique mais il s’est stabilisé. On note une décrispation à l’égard d’Emmanuel Macron. Cela se voit dans la baisse de l’hostilité vis-à-vis de lui. Aujourd’hui, 31% des Français ne lui font pas du tout confiance. Ils étaient 50% lors de la crise des Gilets jaunes et 40% au lendemain de celle-ci. Il est un peu moins le « Président des riches ». Globalement néanmoins, l’opinion reste sévère : six Français sur dix considèrent qu’il n’a pas été à la hauteur, 57% jugent qu’il n’a pas pris les bonnes décisions dans la gestion de la crise sanitaire et 55% dans celle de la crise économique. Ce dernier chiffre est un signal d’alerte car, jusqu’à présent, il était positif. S’il a été plutôt soutenu dans sa décision de ne pas reconfiner, Emmanuel Macron court néanmoins un grand risque : sa promesse de vacciner à l’été tous ceux qui le demandent n’est pas jugée crédible. 71% des Français pensent qu’elle ne sera pas tenue. C’est à mon avis le grand rendez-vous qui scellera le jugement des Français sur sa gestion de la crise.

Globalement, l’opinion des Français sur sa gestion de la crise a peu bougé depuis qu’elle a éclaté, il y a un an. Pourquoi ?

Elle a peu bougé depuis la sortie du premier confinement, plutôt. Elle a été très sévère au début, notamment sur l’affaire des masques. Aujourd’hui, même si le jugement reste négatif, il est nuancé par un double benchmark perçu par l’opinion : d’une part, avec les pays étrangers (la situation est devenue moins favorable par exemple en Allemagne cet automne) et, d’autre part, avec les oppositions qui n’ont pas convaincu d’une politique sanitaire alternative. En France, la lecture de la gestion de la crise par l’exécutif sera restée très politique. On retrouve des niveaux identiques à ceux exprimés sur la confiance en général à son égard : autour de quatre Français sur dix approuvent la gestion de l’exécutif. Un électorat macroniste mais moins d’un électeur de droite sur deux lui fait crédit de sa gestion et tous les autres électorats ne le font pas.

La lassitude est-elle d’abord ce qui domine ?

Quatre mots sur ce que l’opinion ressent se détachent : la tristesse, la colère, la nostalgie et la peur. Dans la peur, on retrouve la peur d’être malade, de perdre son emploi, de voir son niveau de vie ou le niveau scolaire de ses enfants baisser… La colère, elle, me semble aujourd’hui sous-estimée car il n’y en a pas eu de manifestations publiques, mais elle progresse : 54% des Français estiment l’avoir ressenti. Cela monte même à 61% chez les retraités. Je relie cela à la question du vaccin. Cette catégorie de la population y est très attentive, étant la plus concernée. Il peut notamment y avoir un problème spécifique avec les 65-74 ans, qui ne seront pas avant quelques semaines dans les publics prioritaires. Si la colère des retraités s’accentuait, cela pourrait créer une difficulté politique majeure pour le Président. Celui-ci avait plutôt enregistré le soutien de l’électorat retraité lors des élections européennes de mai 2019, qui avait délaissé son vote traditionnel à droite. Et jusqu’à présent, Marine Le Pen n’y a jamais véritablement percé. Un retard de la campagne vaccinale pourrait rebattre les cartes du vote des plus âgés. Enfin, la tristesse et la nostalgie se lisent à travers le fait qu’on se projette difficilement dans la sortie de crise. Un Français sur cinq estime qu’on ne retrouvera pas une vie normale et un sur deux pas a minima avant 2022. La recherche du « monde d’après » s’éloigne. L’envie de reprendre sa vie d’avant progresse : 60% des Français le souhaiteraient (c’est 15 points de plus qu’en juin), 34% seulement voudraient que tout change (12 points de moins).

«Marine Le Pen est identifiée comme la première opposante. Quand il s’agit de réélire ou non un sortant, c’est un atout»

Dans un an, ce sera la présidentielle. Cette crise sans fin peut-elle tout bouleverser ?

Il est très tôt pour le savoir car il y a une vraie inconnue : à quelle phase en sera-t-on au moment de la campagne ? En sortie de crise sanitaire mais en pleine crise économique et sociale ? En sortie de crise sanitaire et en début de sortie de crise économique et sociale ? C’est un enjeu central. Il réévaluera la stratégie du « quoi qu’il en coûte ». Si le rebond est rapide, celle-ci montrera son efficacité : elle aura permis de tenir durant la crise et d’obtenir ce rebond rapide. Si, en revanche, nous sommes en pleine crise économique, elle sera critiquée pour ne pas avoir servi durablement. Pour les Français, cela se résumera à une question : la gestion de la crise par Emmanuel Macron nous a-t-elle exposés ou nous a-t-elle protégés ?

Marine Le Pen aborde-t-elle, elle, cette campagne présidentielle en situation de force ou de faiblesse ?

Elle est en situation de force. Aujourd’hui, l’hypothèse de son élection est une hypothèse plausible. Pourquoi ? D’abord car elle est identifiée comme la première opposante. Quand il s’agit de réélire ou non un sortant, c’est un atout. Ensuite, elle mobilise déjà très fortement son électorat (catégories populaires, zones rurales, petites villes…) et dispose ainsi d’un socle solide. Chez lui, il n’y a plus trace du débat de 2017. Troisièmement, elle peut compter sur le report des voix d’un Nicolas Dupont-Aignan qui enregistre dans les sondages un bon score, et d’une partie de la droite. Quatrièmement, la demande existante de souveraineté, et notamment économique, l’avantage. Moins d’un Français sur cinq veut poursuivre les échanges avec le reste du monde. Le thème du retour de la souveraineté peut être un des thèmes clés de cette campagne. Enfin et surtout, l’argument du « barrage à Le Pen » a moins d’écho. Il y a notamment une vraie interrogation sur l’attitude de l’électorat de gauche, comme le montre la réduction significative de l’écart avec Emmanuel Macron notée dans les sondages sur le second tour. Entre les deux tours de 2017, Emmanuel Macron avait gagné 12 millions de voix supplémentaires et Marine Le Pen trois. En cas de nouveau duel, l’objectif de sa stratégie de dédiabolisation sera de limiter cette mobilisation, de réduire cette fois-ci ce vote par défaut pour Emmanuel Macron, bref de faire monter l’abstention.

« La droite est quand même dans une meilleure situation qu’il y a un an. Aujourd’hui, son candidat peut espérer jouer le troisième homme (…). La gauche compte trois forces. Si cela reste ainsi, elles sont éliminées»

La présidentielle se jouera-t-elle à droite ou à gauche ?

Difficile de répondre avec certitude. Aujourd’hui, nous avons un bloc de gauche qui dépasse à peine un quart des voix, un bloc souverainiste qui en pèse un tiers et le reste, 40%, se partage entre Emmanuel Macron et la droite. C’est plutôt dans ce dernier bloc que pèse l’incertitude : quelle part de l’électorat de droite sera aspirée par Marine Le Pen, tentée par Emmanuel Macron ou séduit par un candidat de droite ainsi estampillé ? C’est là que se jouera une partie du résultat du premier tour.

A droite, un candidat est-il en train d’émerger ?

La droite est quand même dans une meilleure situation qu’il y a un an. Aujourd’hui, le candidat de droite peut espérer jouer le  « troisième homme ». Xavier Bertrand suivi de Valérie Pécresse peuvent y prétendre. Ce qui fera le vrai départage entre les candidats, c’est la capacité de permettre à la droite de se qualifier pour le deuxième fauteuil. Celui qui donnera cette perspective d’être au second tour aura un avantage sur tous les autres. Pour l’instant, ce n’est pas le cas.

La gauche est-elle condamnée par ses divisions ?

Elle compte trois forces. Si cela reste ainsi, elles sont éliminées. Si au moins deux d’entre elles s’entendent, il peut y avoir une petite chance de se qualifier au second tour. Avec un paradoxe : l’urgence écologique n’a pas reculé avec la crise sanitaire, mais le vote écologiste a du mal à se cristalliser pour une présidentielle.

Avant la présidentielle, il y aura, normalement, les régionales. Comment se présentent-elles ?

Du fait de la crise sanitaire et de l’éparpillement des résultats, En Marche avait réussi à masquer l’impact de sa défaite aux municipales. Cela risque d’être plus compliqué aux régionales. Il existe pour la majorité un scénario noir : les sortants LR et PS se partageant le plus grand nombre de régions, EELV réussissant à en gagner une (par exemple, Pays de la Loire), tout comme le RN (s’il y a triangulaire dans ses deux bastions, Paca et Hauts-de-France, ou en Bourgogne-Franche-Comté) et une carte qui, à 20 heures, n’affiche aucun drapeau LREM. On aurait pu imaginer que, pour Emmanuel Macron, les régionales seraient un laboratoire dans la perspective de 2022, mais on voit bien que la poutre ne travaille plus autant qu’avant, et pas autour du parti présidentiel. La majorité n’est pas en situation d’enclencher une nouvelle recomposition à cette occasion.

En quoi le choix que fera Emmanuel Macron sur la mise en place ou non de la proportionnelle pour les législatives de 2022 sera-t-il structurant ?

Il nous renseignera sur un point : l’intention de son second mandat. En cas de réélection, Emmanuel Macron voudra-t-il réformer ou apaiser ? S’il garde le scrutin majoritaire, cela signifiera qu’il voudra une majorité « bloc », élue sur son nom, afin de réformer au pas de charge comme après son élection de 2017. S’il fait la proportionnelle, cela signifiera qu’il est prêt à avoir une majorité composée de différentes forces et sera à la recherche de plus de consensus et d’apaisement.

Frontière entre la Moselle et l’Allemagne bloquée

Frontière entre la Moselle et l’Allemagne bloquée

l’Allemagne qui a repris en main sa politique sanitaire avec un nombre contaminée moyene inférieur à la moitié de ce qui est constaté en France, vient de bloquer la frontière avec la Moselle, région fortement infectée. En France les chics décontaminés sont plus proches de 25 000 tandis qu’il tourne autour de 10 000 en Allemagne. Berlin a donc décidé de placer le département français, submergé par le variant sud-africain du Covid, en « zone à risque maximale ». Un test, PCR ou antigénique, avec prélèvement de moins de 48 heures, sera donc obligatoire dès mardi pour passer la frontière, y compris pour les travailleurs transfrontaliers.

Après la République tchèque et le Tyrol autrichien, la Moselle est dans le viseur de Berlin. L’Allemagne a décidé de classer à partir de lundi soir le département français de Moselle en « zone à risque maximale » en raison de la circulation de variants du Covid-19. Une mesure qui se traduit par un durcissement des contrôles à la frontière, a confirmé la préfecture de Moselle.

Le nombre de cas confirmés de contamination au coronavirus en Allemagne a grimpé à 2.442.336, soit 7.890 cas de plus que la veille, selon les données rapportées ce dimanche par l’Institut Robert Koch (RKI) pour les maladies infectieuses.

L’institut fait aussi état de 157 décès supplémentaires, ce qui porte le total à 70.045 morts depuis le début de l’épidémie dans le pays.

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