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Fabien Roussel, : le dernier candidat communiste aux présidentielles ?

Fabien Roussel, : le dernier candidat communiste aux présidentielles  ?

 

Pour sans doute ne pas voir le parti communiste disparaître complètement de la scène politique, son secrétaire Fabien Roussel explique pourquoi il entend se présenter aux élections présidentielles de 2022 ( interview du JDD )

 

Pourquoi vouloir absolument être candidat du PCF à la présidentielle?
J’ai une conviction : présenter cette candidature aux Français en 2022 répond à un besoin. La crise sanitaire et économique que nous vivons impose encore plus de sortir des logiques de profit, de ce système économique qui exploite autant les hommes et les femmes que la planète. J’ai le sentiment que les valeurs de droite et d’extrême droite dominent en France. Cela me meurtrit. Avec cette candidature, j’ai l’ambition de créer la surprise, en particulier à gauche. Je souhaite porter ce combat pour que les valeurs de solidarité, de générosité et de justice redeviennent majoritaires. Le programme que je porterai sera celui d’une République sociale, laïque, écologique et féministe.

Êtes-vous certain d’être désigné, le 9 mai, par les militants communistes?
Le débat est ouvert. Je ne peux pas présager du résultat final, mais il y a une aspiration, plutôt majoritaire au PCF, à aller proposer notre projet aux Français, à apporter de la fraîcheur, des propositions nouvelles à gauche.

Qu’est-ce qui a changé par rapport à 2012 et à 2017, quand le PCF avait soutenu Jean-Luc ­Mélenchon?
La poussée énorme de l’abstention, le rejet de la politique, les déceptions à gauche. Les forces de gauche souffrent d’un manque de désir : elles ont besoin d’idées nouvelles et fortes pour le monde du travail, les salariés des usines, des hôpitaux, des écoles, les agriculteurs, les commerçants et artisans, les petits chefs d’entreprise… Aujourd’hui, quand on additionne l’ensemble des forces de gauche, on est loin d’une majorité. Je veux partir à la reconquête de ceux qui n’y croient plus. Et je crains qu’une candidature unique de la gauche génère plus d’abstention que de dynamique.

Justement, votre candidature ne rajoute-t-elle pas de la division à la division?
Je crois que la gauche peut redevenir majoritaire et je ne désespère pas pour 2022. L’objectif n’est pas d’additionner des partis qui ont déçu, mais d’aller ­conquérir de nouveaux électeurs. Un rassemblement de petits, ça fait toujours un petit rassemblement. Ce n’est pas ce que je souhaite. Il faut reprendre le pouvoir sur l’argent mais, pour cela, il faut ­convaincre ceux qui souffrent de retourner aux urnes.

Une primaire peut-elle rassembler la gauche?
Je n’y crois pas. Pour moi, ce n’est pas la solution. La primaire pose la question de la personne, comme si c’était cette personne qui pouvait tout régler. Je veux poser la question des idées et du programme : oui, il est possible de nationaliser les banques, de donner un avenir à chaque jeune de ce pays en lui garantissant un emploi à sa sortie de l’école. Qu’ils soient titulaires d’un CAP [certificat d'aptitude professionnelle] ou d’un diplôme d’ingénieur, tous auront une proposition d’emploi dans le périmètre où ils vivent et selon les compétences qu’ils ont acquises. Et pas un RSA [revenu de solidarité active]. Ce qui doit primer dans les quinze ans qui viennent, c’est notre jeunesse. On doit tout miser sur elle.

Si la gauche est faible aujourd’hui, c’est parce qu’elle a déçu, qu’elle a été arrogante

Justement, pourquoi ne pas porter ces idées dans le cadre d’une primaire?
Parce que c’est aux Français de choisir! Avec ces histoires de primaire, on est en train de mettre des pansements sans s’attaquer à la vraie maladie : si la gauche est faible aujourd’hui, ce n’est pas parce qu’elle est émiettée. C’est parce qu’elle a déçu, qu’elle a été arrogante, en dessous de tout. C’est là-dessus qu’on doit d’abord travailler. L’événement de cette présidentielle, ce sera donc un candidat communiste. Une candidature apaisée, bienveillante et ouverte sur l’ensemble de nos ­concitoyens.

La dernière candidate du PCF à se présenter, ­Marie-­George ­Buffet en 2007, avait recueilli moins de 2 % des suffrages…
Mais c’était en 2007! Au lendemain du vote des militants du PCF, le 9 mai prochain, nous fêterons un anniversaire symbolique : les 40 ans de la victoire de la gauche. Et, en 1981, les 15% du PCF au premier tour avaient apporté beaucoup d’espoir : ­Georges ­Marchais avait défendu l’ISF [impôt sur la fortune], la retraite à 60 ans, la cinquième semaine de congés payés. Et pourtant ce n’était pas une candidature unique de la gauche!

Quid des 500 parrainages d’élus nécessaires à une candidature?
Je m’adresserai à tous les élus PCF, mais aussi à tous les maires de France qui peuvent se retrouver dans ma candidature. J’ai l’ambition de recueillir des parrainages bien au-delà du PCF.

En 2022, « il ira jusqu’au bout »

Consigne sera-t-elle passée aux élus PCF de ne pas accorder les leurs à Jean-Luc Mélenchon?
Chaque élu se déterminera. Mais j’espère qu’ils respecteront nos débats et le choix qui sera fait. Ce n’est pas moi qui décide. Le centralisme démocratique, ça existe chez d’autres, mais plus chez nous.

En avril 2022, vous serez donc quoi qu’il arrive sur la ligne de départ?
Tout à fait. Si les communistes le décident. Et j’irai jusqu’au bout.

Quelle sera votre position en cas de second tour ­Macron-Le Pen?
Même si la perspective de ce duel désespère les Français, ce n’est pas leur principal problème. Leur problème, c’est la pauvreté, le chômage, les jeunes qui font la queue pour manger… Mais le candidat que je serai fera tout pour empêcher l’extrême droite de s’imposer. Et je le dirai clairement.

Votre candidature à la présidentielle a-t-elle un lien avec le fait que vous n’êtes finalement pas tête de liste de la gauche unie aux régionales dans les Hauts-de-France, puisque c’est l’écologiste ­Karima ­Delli qui la ­conduira?
Non. J’ai tout fait pour que nous soyons rassemblés. Aujourd’hui, ma Région est la seule de France où il y ait ce rassemblement : c’est évidemment positif. Si je suis déçu, c’est parce que j’ai de grandes ambitions pour cette Région, et que mes propositions auraient été différentes de celles d’une tête de liste écologiste. Mais l’essentiel est d’être unis.

Ce sera peut-être le cas en Normandie?
J’aimerais que mes camarades Verts et socialistes aient en Normandie la même attitude que moi dans les Hauts-de-France. S’ils ne parviennent pas à mettre leur ego de côté, qu’ils ne viennent pas me donner des leçons de rassemblement!

Mélenchon est « compliqué »

Quelles sont aujourd’hui vos relations avec Jean-Luc Mélenchon?
Nous avons des relations de parti à parti.

Pas d’homme à homme?
Ça fait un moment qu’on ne s’est pas vus. Moi, je ne suis pas compliqué. Lui, si. J’ai cru comprendre qu’il n’acceptait pas que je puisse oser défendre nos propositions en 2022. Je le regrette et je lui demande de l’accepter sans en prendre ombrage. On a plutôt intérêt à additionner nos efforts et à aller ­conquérir un maximum d’électeurs avec nos idées.

Les Insoumis pensent encore que vous les rejoindrez…
Si le PCF me soutient, c’est pour aller jusqu’au bout. Tout ce que je demande, c’est qu’on se respecte. C’est pour cela que je ne dirai pas de mal des autres forces de gauche.

Parlons ensemble des élections législatives

Avez-vous des contacts avec Yannick Jadot, Anne Hidalgo ou d’autres?
J’ai des ­contacts avec tout le monde. On se parle. Je n’ai pas rencontré ­Yannick ­Jadot, mais j’ai eu des échanges avec le maire écologiste de Grenoble, ­Éric ­Piolle, le premier secrétaire du PS, ­Olivier ­Faure, le numéro deux de LFI, ­Adrien ­Quatennens… À tous j’ai dit : respectez le fait que le PCF fasse le choix de présenter un candidat à l’élection présidentielle. ­Anne ­Hidalgo m’a répondu : « Bien sûr! » Mais, surtout, parlons ensemble des élections législatives. Listons les circonscriptions où il est possible de battre un candidat de droite ou d’extrême droite, et demandons-nous comment faire pour l’emporter.

Pas de candidature unique à la présidentielle, mais des accords pour les législatives, donc?
Nous voulons travailler à un pacte avec les autres forces de gauche pour que les législatives nous permettent de nous rassembler dans le plus de circonscriptions possible. Pour qu’à l’Assemblée nationale nous arrivions à parvenir à une majorité de gauche et écologiste, dans laquelle il y aurait un maximum de députés PCF. J’ai la ­conviction que nous pouvons le faire, ensemble.

Sur le plan sanitaire, comment jugez-vous les annonces de cette semaine?
Je ne veux pas être dans la critique pour la critique. Le pari d’­Emmanuel ­Macron a échoué. On ne peut pas vivre avec le Covid. À force de dire que les jours et les semaines sans ­confinement étaient autant de jours et de semaines gagnés, on a beaucoup perdu. J’avais prévenu qu’un plateau aussi élevé n’était pas soutenable. Sur la tension hospitalière, sur l’indispensable maîtrise de la circulation du virus, aujourd’hui hors ­contrôle, sur l’urgence d’une vaccination massive, la protection des salariés, l’organisation d’un véritable accompagnement sanitaire et social des personnes qui doivent s’isoler… Sur toutes ces questions nous avons des propositions. Je les présenterai au chef de l’État. Je demande un débat au Parlement.

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