Vaccination Covid-19: Israël un exemple ?
Un article du Wall Street Journal revient sur le caractère exemplaire de la vaccination en Israël.
Un mardi récent, en face d’une rue pleine d’Israéliens nouvellement vaccinés, une foule s’est formée pour protester contre la pression à se faire vacciner exercée par le gouvernement et les avantages accordés à ceux qui l’ont été.
Sous le beuglement de la techno, de nombreux manifestants anti-vaccins portaient des autocollants indiquant « pas de vaccination forcée » et affirmaient qu’ils étaient les seuls à pouvoir décider comment disposer de leur propre corps. Leur principale doléance : le passeport vert émis par le gouvernement qui permet aux personnes ayant reçu leurs deux injections d’accéder aux bars, salles de sport et restaurants.
« Je suis en bonne santé ; mon corps sait comment dépasser ça, estime Tamir Hefetz, âgé de 46 ans, l’un des organisateurs de la manifestation anti-vaccin. Le passeport vert est une chose terrible. »
Dans les dernières étapes de sa campagne de vaccination, Israël tente de convaincre les personnes récalcitrantes de se faire vacciner avant que de nouveaux variants de coronavirus ne fassent grimper, une fois de plus, les niveaux d’infection et ne causent davantage de dégâts pour l’économie du pays.
A présent que plus de 55 % de la population israélienne a reçu au moins une injection et plus de 46 % deux injections, la campagne de vaccination du pays atteint un stade critique. Après un pic à plus de 230 000 injections par jour mi-janvier, le déploiement du vaccin a ralenti à 100 000 injections par jour au cours des dernières semaines
Mais les poches de résistance auxquelles le gouvernement israélien fait face reflètent les difficultés qui attendent de nombreux pays occidentaux, y compris les Etats-Unis, une fois la majorité de la population vaccinée.
« Plus on avance, plus c’est difficile », a expliqué Yuli Edelstein, le ministre israélien de la Santé, dans un entretien. « C’est exactement comme un marathon. »
A présent que plus de 55 % de la population israélienne a reçu au moins une injection et plus de 46 % deux injections, la campagne de vaccination du pays atteint un stade critique. Après un pic à plus de 230 000 injections par jour mi-janvier, le déploiement du vaccin a ralenti à 100 000 injections par jour au cours des dernières semaines.
Les experts avertissent que pour qu’Israël parvienne à un niveau d’immunité et de détection permettant de quitter les cycles répétés d’ouverture de l’économie et de confinements, ce rythme doit accélérer.
Gili Regev, directrice de la division d’épidémiologie du Centre médical Chaim Sheba, a indiqué qu’Israël ne parviendrait pas à l’immunité de groupe avec le variant anglais avant que 80 % de la population ne soit vaccinée, un niveau actuellement impossible tant que les enfants de moins de seize ans ne peuvent pas être injectés. Avant cela, seule la vaccination d’un aussi grand nombre que possible de personnes âgées de plus de seize ans améliorera les perspectives.
« Plus il y a de gens vaccinés, plus l’ensemble de la population est en sécurité », a-t-elle résumé.
Le docteure Regev estime que seuls 4 % des Israéliens qui se voient offrir un vaccin le refusent, mais de nombreux autres n’ont pas pris la peine d’aller se faire vacciner, bien que plusieurs villes aient mis en place des sites de vaccination mobiles et lancé des campagnes de sensibilisation. Le gouvernement israélien a également développé un système d’incitation élaboré, basé sur les passeports verts qui permettent aux personnes vaccinées d’accéder aux possibilités de divertissement, de restauration et d’entraînement sportif qui restent globalement fermées aux personnes non vaccinées.
Depuis le début de la campagne de vaccination, les organisations israéliennes de prestations de soins de santé ont ciblé toutes les personnes concernées à l’aide de textos, d’appels téléphoniques et d’e-mails pour les faire venir sur les sites de vaccination.
Ces appels restent lettre morte auprès de personnes telles que Katy Drabkin de Holon, une ville au sud de Tel Aviv. Elle est récemment passée à vélo près d’un centre de vaccination de la ville pour tenter de convaincre les personnes faisant la queue de ne pas se faire injecter. Elle ne fait pas confiance aux informations des médias classiques sur les vaccins et s’indigne de subir des discriminations pour avoir refusé le vaccin.
« Ce qui se passe actuellement, c’est que nos médias appartiennent à l’establishment, qui appartient lui-même à des personnes avec un intérêt personnel », juge-t-elle. « Maintenant, ils convainquent tout le monde qu’on fait face à une pandémie dangereuse. »
Shiri, âgée de 45 ans, qui a assisté à la manifestation anti-vaccins à Tel Aviv mais n’a pas souhaité donner son nom de famille par peur de représailles sur son entreprise, doute également de l’utilité d’une injection. Elle a invité son mari et ses trois enfants à distribuer les autocollants anti-vaccin aux passants.
« Je ne suis pas certaine de la sécurité ni de l’efficacité », a-t-elle déclaré au sujet du vaccin.
Israël s’en est initialement bien sorti pendant la première vague de pandémie, mais a subi une deuxième vague devastatrice après une réouverture trop précoce à l’été, ce qui a contraint le pays à un deuxième confinement. Le pays s’est de nouveau confiné en décembre après la propagation du variant britannique, plus contagieux, à l’origine d’une troisième vague, la plus meurtrière jusqu’ici. A ce jour, plus de 6 000 personnes sont mortes de la Covid-19 et les confinements ont coûté des milliards de dollars à l’économie locale.
La campagne pro-vaccins réussit à convaincre certaines personnes. Amos Yekutiel, de Jérusalem, ne prévoyait pas de se faire vacciner, mais l’a fait après être passé à côté d’un site de vaccination établi dans un bar du voisinage. Ses amis l’ont averti qu’il ne pourrait pas le fréquenter avant de se faire vacciner, ce qui a poussé l’homme de 36 ans à sauter le pas.
« Je ne suis pas complotiste. J’estimais simplement ne pas en avoir besoin », a-t-il expliqué. Maintenant qu’il a changé d’avis, il est impatient de sortir au restaurant et de dîner en groupe. « Cela donne davantage de liberté. »
Pour finir de persuader les sceptiques, le ministère israélien de la Santé s’attaque également aux fausses informations sur les vaccins, répandus principalement sur les réseaux sociaux. Des responsables de la santé travaillent avec le ministre de la Justice pour retirer les fausses informations sur les vaccins et publier des informations pour réfuter les mythes autour d’eux.
A Jérusalem, deux étudiants religieux ont déclaré que malgré les mises en garde de beaucoup de leurs amis les décourageant de se faire vacciner, ils ont finalement sauté le pas après avoir posé des questions au personnel soignant bénévole sur le fonctionnement du vaccin et en avoir discuté avec leurs parents.
« [Au début], on s’est regardés et on s’est dit ‘‘bien sûr que non’’ », a déclaré Yaakov Silverman, âgé de 21 ans, qui mangeait une glace lorsqu’un bénévole l’a trouvé avec son ami et leur a proposé de se faire vacciner dans un bar avoisinant. « Mais nous avons posé quelques questions… et nous en avons discuté et on s’est dit ‘‘Pourquoi ne pas le faire ?” »
Dov Lieber, à Tel Aviv, a contribué à cet article
(Traduit à partir de la version originale en anglais par Astrid Mélite)
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