Les contradictions de l’écologie et du pouvoir d’achat

Les contradictions de l’écologie et du pouvoir d’achat

 

Vincent Charlet, délégué général de La Fabrique de l’industrie, observe dans une tribune au « Monde » que les critiques sur les insuffisances de la loi Climat et résilience oublient que les « efforts » demandés ponctionneront plus les portefeuilles des consommateurs que les entreprises

Tribune.

 

Trois dirigeants d’entreprises mondialisées et directement concernées par la réduction des émissions de CO2 commentaient récemment, pour la Fabrique de l’industrie, les injonctions de la société civile sur la loi Climat et résilience. Pour Philippe Darmayan (ArcelorMittal France) : « Nous suivons une feuille de route – la stratégie nationale bas carbone – sans admettre qu’elle n’est qu’une liste d’objectifs technologiques pour l’instant hors d’atteinte. »

 

Plus optimiste, Pierre-André de Chalendar (Saint-Gobain) affirmait : « Il suffit que le prix du carbone atteigne 200 € la tonne pour viabiliser toutes les technologies dont nous avons besoin pour décarboner l’industrie. » Et Louis Gallois (PSA, devenu Stellantis) de tempérer : « Quand la réglementation les y contraint, les industries s’adaptent et décarbonent. Mais cela a, à court terme, un coût et il faut savoir qui le paie : l’emploi, le consommateur ou l’Etat à travers les aides ? » 

 

Trois témoignages dignes de foi, trois manières de décrire l’histoire qui se joue jusqu’à fin mars à l’Assemblée nationale. On a lu beaucoup de critiques sur le projet de loi Climat et résilience. Intellectuels, politiques et corps constitués (Haut conseil pour le climat – HCC, Conseil économique social et environnemental – CESE, Conseil national de la transition écologique – CNTE…) lui ont vertement reproché de manquer d’ambition, de ne pas être à la hauteur des efforts nécessaires. 

Mais une loi ne fait pas d’efforts : elle les impose aux justiciables. La nuance n’est pas mince. Quelles qu’aient été les intentions du gouvernement quand il a traduit les conclusions de la convention citoyenne en projet de loi, personne ne peut nier que nombre d’entre elles auront des répercussions directes sur le pouvoir d’achat des ménages (remplacement des véhicules, nourriture bio et locale à la cantine, etc.), alors même que l’exécutif est encore pétrifié par le souvenir de la révolte des « gilets jaunes ».

Un exemple pour s’en convaincre : le sujet de la taxe carbone aux frontières. Voilà un projet que l’on évoque depuis longtemps pour lutter contre le dumping environnemental. Mettre d’accord les 27 États membres, entre eux puis avec l’Organisation mondiale du commerce, n’a rien d’évident. Mais la Commission y étant résolue, tout le monde y travaille.

 

La France aurait pu faciliter la négociation en s’alignant dès le début sur la proposition d’une taxe carbone à la consommation, sur le principe de la TVA, qui avait la faveur de l’Allemagne et de l’OMC. Elle a préféré explorer d’autres voies, non pas sous la pression des industriels – qui sont en désaccord, comme chacun peut le vérifier dans les résultats publics de la consultation – mais dans la crainte d’embraser les ronds-points une deuxième fois. Dans cette bataille, la réaction du consommateur est plus que redoutée. 

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