Chine : une reconversion dans les services et le numérique
Le consultant Jean-Dominique Séval présente, dans une tribune au « Monde », la stratégie chinoise d’investissements massifs dans les technologies numériques
Tribune.
La session annuelle de l’Assemblée nationale populaire, le parlement chinois, qui vient de s’achever à Pékin, a réaffirmé la priorité stratégique donnée par Pékin aux « nouvelles infrastructures technologiques », à l’occasion de la présentation du 14e plan quinquennal (2021-2025).
Les grands travaux d’infrastructures, qui étaient venus appuyer ces dernières décennies la montée en puissance de l’industrie chinoise, préparent aujourd’hui le basculement de son modèle vers les services. Ce sont désormais les infrastructures numériques et virtuelles – cloud computing, Internet des objets, instituts de recherche, informatique quantique… – qui s’ajoutent aux infrastructures physiques.
Tout s’est accéléré il y a plus de douze ans, lorsque la Chine a dévoilé un plan d’incitation fiscale et d’investissements massifs pour répondre à la crise mondiale de 2008 : plus de 500 milliards d’euros ont été injectés pour soutenir la production et les grands projets d’infrastructure.
Avec des résultats impressionnants : le train le plus rapide du monde, à 430 km/h, dispose d’un réseau de près de 40 000 kilomètres (contre 12 000 kilomètres pour l’Europe qui l’a vu naître) ; à Pékin, le réseau de près de 400 kilomètres et de 14 lignes de métro (l’équivalent du métro séculaire de Londres, et le double de celui de Paris) devrait atteindre d’ici à 2022 une longueur de 1 000 km pour 31 lignes et 560 stations.
Un mouvement qui ne montre pas de signe d’essoufflement car, à cette Chine des grands projets, succède celle des méga-projets : un train à lévitation magnétique testé à 620 km/h ; un réseau de près de 50 centrales nucléaires et une dizaine en construction, dont deux EPR déjà en fonctionnement ; un parc photovoltaïque comptant pour près de 35 % du total mondial, loin devant les Etats-Unis, le Japon ou l’Allemagne ; le train autonome le plus rapide du monde qui, à l’approche des Jeux Olympiques d’hiver de Pékin en 2022, doit relier les 175 kilomètres qui séparent la capitale des pistes de ski en seulement 45 minutes. Une manière de montrer au reste de la planète que le pays est plus que jamais capable de dépasser ses propres records.
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