Covid: pourquoi le redressement économique dans les pays asiatiques et pas en France
L’économiste Robert Boyer observe, dans une tribune au « Monde », que les pays qui sont parvenus à « tester, tracer, isoler » sont parvenus à éradiquer le virus, contrairement à ceux qui ont choisi d’alterner confinements stricts et allègements des contraintes
Tribune.
En mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclare l’état de pandémie, les cas de coronavirus explosent en Italie, Espagne puis en France et au Royaume-Uni, mais les autorités chinoises déclarent qu’aucun cas n’est plus observé à Wuhan. Ce télescopage des conjonctures sanitaires devrait être au cœur des analyses et donc des stratégies de lutte contre la pandémie.
Comment expliquer qu’en mars 2021 divers pays de l’Est asiatique soient parvenus à éradiquer le virus et enregistrer un vigoureux rebond de leur économie, alors que la plupart des pays européens peinent encore à stabiliser le taux d’occupation des services de réanimation et n’ont toujours pas redressé l’activité économique ?
L’inégale promptitude des experts et des autorités à percevoir la gravité de la pandémie est à l’origine de cette divergence. En fait, tout retard se traduit par une mortalité plus élevée, ce qui suppose ensuite une plus grande rigueur ou une plus grande durée des restrictions à la mobilité.
D’un côté l’objectif premier est de lutter contre la pandémie, de l’autre de limiter des pertes économiques qui pourraient s’avérer inutiles du fait de mesures sanitaires trop restrictives. Paradoxalement, la primauté accordée à l’économie conduit, le plus souvent, à majorer les pertes en termes de production, car c’est essentiellement la dynamique du virus qui détermine la possibilité du retour à la normale.
Cette évidence tarde à éclairer les décisions des gouvernements. Ainsi, à la lumière de l’année écoulée, deux réponses opposées ont été données à l’impossibilité de concilier sécurité sanitaire, prospérité économique et respect des libertés. D’une part certains gouvernements, finalement peu nombreux, ont visé et atteint l’objectif d’éradication du virus et le marasme économique s’éloigne.
On peut à nouveau parler de projets d’avenir. D’autre part, une majorité de gouvernements a choisi de cheminer sur le chemin de crête, c’est-à-dire d’optimiser en permanence pertes humaines et coût économique des mesures de lutte contre le Covid-19. La conséquence est désormais claire : la répétition de mesures restrictives puis leur relaxation impulsent un « stop and go » qui inhibe l’investissement, réduit la consommation et désespère les citoyens.
Les changements de trajectoires en septembre 2020
En 2020, face à un virus inconnu, donc en l’absence de solutions médicales, et en réponse à des évolutions anticipées comme dramatiques, la plupart des gouvernements ont recouru à une méthode éprouvée dans le passé, la quarantaine. La décision de confinement de Wuhan avait conforté la pertinence de cette option.
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