Reconsidérer le nucléaire
La politique énergétique actuelle de remplacement du nucléaire par les énergies renouvelables ne conduira qu’à une augmentation de nos émissions de gaz à effet de serre, alertent les scientifiques Sébastien Candel, physicien et Marc Fontecave, chimiste dans une tribune au « Monde ».
Acôté d’une baisse de la consommation d’énergie d’ici à 2050, à un niveau difficile à prévoir, qui résulterait des économies d’énergie, d’une amélioration générale de l’efficacité énergétique et, malheureusement, d’une diminution de l’activité industrielle, une augmentation de l’électrification de notre système énergétique est inéluctable.
Dans la plupart des scénarios énergétiques pour la France à l’horizon 2050, la consommation d’électricité représente au moins 50 % de la consommation totale d’énergie (25 % actuellement). Cela s’explique par la pénétration croissante des énergies renouvelables (ENR) électriques, solaire et éolienne, et par l’électrification de nombreux usages (transport, logement, industrie) pour diminuer la part des énergies fossiles et nos émissions de gaz à effet de serre (GES). La véritable question qui se pose alors est : de quoi sera fait un mix électrique de 400 térawattheures (TWh) à 600 TWh en 2050 ?
La politique énergétique des derniers gouvernements français laisse perplexe. Notre électricité est presque en totalité décarbonée, faisant de la France l’un des pays développés les plus vertueux en matière d’émissions de GES, grâce à une part importante d’énergie nucléaire, énergie bas carbone par excellence, et d’énergie hydraulique. La politique actuelle, d’ailleurs coûteuse, de remplacement du nucléaire par les ENR, ne conduira qu’à une augmentation de nos émissions.
Cette politique se traduit par la décision de fermer quatorze réacteurs nucléaires sur les cinquante-huit actuels (on a en déjà fermé deux à Fessenheim, dans le Haut-Rhin) avant 2035, la non-décision de construction de nouveaux réacteurs, l’arrêt des recherches sur les réacteurs à neutrons rapides de quatrième génération.
Si l’on peut se réjouir de l’autorisation donnée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) de prolonger les centrales les plus anciennes de dix ans, au-delà de quarante ans, il faudra en réalité aller plus loin, sans quoi la presque totalité des réacteurs seront arrêtés en 2050, ouvrant la perspective de problèmes majeurs d’approvisionnement électrique.
Dans ce contexte, assez logiquement, on n’échappe pas à la multiplication de scénarios énergétiques impliquant une production électrique renouvelable à 100 %, sans savoir si cela est possible, techniquement, économiquement et socialement, alors que nulle part sur la planète un tel scénario n’est effectif. Le 21 janvier, RTE, le gestionnaire du réseau de transport de l’électricité, et l’AIE, l’Agence internationale de l’énergie, ont remis au gouvernement français un rapport révélateur explicitant les conditions nécessaires pour un tel scénario.
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