Ingénierie sociale et société

Ingénierie sociale et  société 

 

L’historien Pierre-Cyrille Hautcœur, Directeur d’études à l’EHESS, regrette, dans sa chronique, l’incapacité répétée des élites expertes à prendre en compte la vie réelle et l’avis des « gens ordinaires », comme l’a montré une fois de plus l’épilogue de la convention citoyenne sur le climat.

 

Chronique.

 

Les membres de la convention citoyenne sur le climat, qui a terminé ses travaux le 28 février, ont exprimé leur mécontentement face à la faible prise en compte de leurs conclusions par le gouvernement. Tirés au sort et donc très divers par leurs expériences sociales, ces citoyens et citoyennes ont écouté nombre d’experts et soutenu des propositions qui, quoique parfois assez radicales, leur semblaient apporter des solutions à l’urgence climatique compatibles avec la poursuite de leurs modes de vie au prix de changements acceptables.

 

La limitation du changement climatique peut donner lieu au projet d’ingénierie sociale le plus vaste jamais conçu puisqu’elle requiert des actions puissantes à l’échelle de la planète. Un tel projet aurait un côté paradoxal puisqu’il s’agirait de contrecarrer les conséquences d’actions humaines sur la nature menées durant des décennies par de grandes organisations publiques ou privées pourtant puissamment rationnelles, des champs pétroliers aux plantations de palmiers à huile.

James Scott, professeur de sciences politiques à Yale (Connecticut), connu pour ses travaux critiques sur les grands projets de développement, propose dans son ouvrage majeur enfin traduit en français (L’Œil de l’Etat. Moderniser, uniformiser, détruire, La Découverte, 540 pages, 28 euros) une relecture beaucoup plus générale et historicisée selon laquelle les Etats se construisent, au moins depuis l’époque justement dite « moderne », en uniformisant, standardisant et détruisant au nom de la « modernisation ». Les exemples qu’il prend incluent l’imposition des systèmes de poids et mesures, l’attribution de noms de famille ou l’urbanisme ; les terrains vont de la Chine des Qin à la Tanzanie des années 1970, la collectivisation soviétique et la Révolution française.

Significativement, le premier exemple étudié porte sur la sylviculture scientifique prussienne du XVIIIsiècle qui, pour obtenir une rentabilité maximale, réduit la forêt à une monoactivité de production de bois d’œuvre tiré de la monoculture de la « meilleure » espèce de pin. Ce faisant, elle élimine la diversité végétale et animale, et détruit des conditions essentielles de la vie des habitants (ramassage de fruits et champignons, collecte de petit bois ou d’écorces curatives, chasse, glandée des porcs…). A terme, la qualité des sols, et donc la productivité en bois elle-même, se détériore…….

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