France : un déficit de bonheur

France : un déficit de bonheur

La directrice de l’Observatoire du bien-être, Claudia Senik, explique, à l’occasion de la sortie du rapport 2020, que si le pessimisme n’est pas une fatalité, les enquêtes confirment, année après année, un déficit de bonheur chez les Français ( le Monde).

Autrice de L’Economie du bonheur (Le Seuil, 2014) et professeure à l’université Paris-Sorbonne et à l’Ecole d’économie de Paris (PSE), Claudia Senik dirige l’Observatoire du bien‐être du Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap). Créé il y a quatre ans, cet organisme étudie l’évolution du « bien-être » au fil du temps, sa variation en fonction de l’âge, du genre, de la stratification sociale ou du contexte politique, économique et social, mais aussi sa relation avec les politiques publiques.

L’Observatoire vient de publier son rapport 2020 sur le bien-être en France, sous la direction de Mathieu Perona et Claudia Senik (Cepremap, 163 pages, 12 euros).

Comment définir le bien-être et mesurer de manière objective ce sentiment qui relève, par définition, du ressenti ?

C’est justement l’ambition de notre projet : objectiver le subjectif. Quantifier les dimensions du bien-être, les « Big Four » par exemple – satisfaction dans la vie, émotions de bonheur, émotions d’anxiété et sentiment que notre vie a un sens.

Il s’agit de questions que l’on trouve dans les grandes enquêtes nationales et internationales, et sur lesquelles la recherche s’est appuyée depuis une vingtaine d’années. Alors que c’est en France qu’a été élaboré, en 2009, le rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi  à partir duquel s’est diffusée l’injonction de prendre en compte le bien-être et la soutenabilité environnementale et non plus uniquement la croissance économique –, notre pays est en retard sur le recueil de ces mesures dites « subjectives » et leur utilisation.

Pour relever ce défi, l’Observatoire du bien-être du Cepremap, en partenariat avec l’Insee, a mis en place, en 2016, une enquête trimestrielle qui explore vingt facettes du bien-être des Français. Les résultats montrent à quel point les différentes composantes de la satisfaction fluctuent au gré de l’actualité du pays.

 

Le bien-être était au plus bas en décembre 2018, marqué par la crise des « gilets jaunes » : il régnait un fort pessimisme concernant l’avenir et les perspectives économiques, ainsi qu’un sentiment d’exposition à l’agression. Aujourd’hui, la crise due au Covid-19 met en lumière l’importance des relations sociales dans le bien-être – on observe un boom de la satisfaction au moment du premier déconfinement, en juin 2020, et une rechute au plus bas, en décembre 2020, avec le reconfinement et le couvre-feu. 

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