La question environnementale hypothéquée par dans la politique étrangère de l’Europe
Cinq experts observent, dans une tribune au « Monde », que l’objectif européen de neutralité carbone pour 2050 va modifier profondément les relations de l’Union avec les pays étrangers fournisseurs d’énergie, dont certains devront céder la place à de nouveaux venus.
Tribune.
L’objectif de neutralité climatique de l’Union européenne (UE) d’ici à 2050, le « Green Deal » [« pacte vert »], n’est pas seulement un exercice révolutionnaire de modification des habitudes du continent en matière d’énergie, de consommation et de voyage. Il implique également des changements majeurs dans la politique étrangère et les relations diplomatiques de l’Europe.
Aujourd’hui, environ 70 % du bouquet énergétique de l’UE continuent de reposer sur les combustibles fossiles, tandis que les énergies renouvelables représentent moins de 15 %. Cette situation va complètement changer au cours des trente prochaines années si le Green Deal européen est couronné de succès.
Une baisse massive de la consommation de combustibles fossiles restructurera les relations de l’UE avec ses principaux fournisseurs, notamment la Russie, l’Algérie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan et la Libye, dont les économies dépendent fortement des exportations d’énergie vers l’Europe. La fin de la dépendance de l’Europe à l’égard des combustibles fossiles leur porterait préjudice et pourrait même déstabiliser leurs gouvernements.
Dans une étude récente, nous avons décrit comment les effets géopolitiques du Green Deal européen se feront sentir au-delà des marchés de l’énergie (« The geopolitics of the European Green Deal », Bruegel, 2 février 2021). Les industries européennes s’inquiètent de leur compétitivité par rapport à leurs homologues étrangères, car elles devront payer des prix plus élevés pour le carbone et se conformer à des lois environnementales plus strictes.
Le Green Deal européen protégerait ces entreprises en introduisant un mécanisme dit « d’ajustement aux frontières », ou un tarif sur les biens importés basé sur leur contenu en carbone, équivalent au prix du carbone national. Une telle mesure aura inévitablement des répercussions sur les flux commerciaux et la politique mondiale.
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