Le déni de la pandémie à l’école

 

Le déni de la pandémie à l’école 

Malgré la convergence des données scientifiques démontrant que les écoles jouent un rôle dans la diffusion du virus, le gouvernement a choisi de les maintenir ouvertes. Or, cette décision ne s’accompagne pas d’une stratégie globale de prévention des risques, déplorent, dans une tribune au « Monde », l’ancien directeur de Santé publique France, François Bourdillon, et la politiste Mélanie Heard.

Les connaissances scientifiques ne laissent aucun doute sur le fait que les enfants sont, autant que les adultes, un vecteur de transmission de l’épidémie de Covid-19 et que l’école est donc impliquée dans sa diffusion.

Les données virologiques établissent, par exemple, que la charge virale excrétée par les enfants, même asymptomatiques, est comparable à ce qui est observé chez les adultes. Les données britanniques tirées d’un échantillon aléatoire montrent que les classes d’âge scolaire ont des taux de prévalence supérieurs à ceux des adultes. En France, à partir des seules données de dépistage cette fois, la réalité de la circulation du virus chez les enfants est désormais soulignée à chaque point hebdomadaire de l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France.

Les enfants sont un point d’entrée du virus dans les familles ; les données en ce sens sont désormais nombreuses. Une très grande étude rétrospective chinoise portant sur les chaînes de contaminations au sein de 27 000 foyers de la ville de Wuhan souligne une contagiosité forte chez les enfants dans les foyers. Enfin, une étude parue en novembre 2020 dans Nature visant à établir l’impact sur le taux de reproduction du virus de différentes interventions dans plus de 200 pays montre que « fermer les lieux d’éducation » est la deuxième mesure la plus efficace, quel que soit le niveau concerné.

D’une semaine sur l’autre, le nombre de classes fermées en France est en très nette hausse. La situation actuelle est, en outre, profondément modifiée par la diffusion de nouveaux variants bien plus contagieux, y compris chez les enfants. Et tous les modèles disponibles s’accordent pour les décrire comme capables de provoquer une vague d’infections dramatique à l’échéance de moins d’un mois dans notre pays.

Devant cette convergence d’informations scientifiques, bien des pays européens ont décidé de fermer leurs écoles : le débat porte alors sur la stratégie de prévention qui permettrait de les rouvrir sans alimenter une reprise de l’épidémie. Mais, dans notre pays, il existe un déni de la réalité du risque et l’« arbitrage » en faveur de la continuité scolaire est tenu pour intangible.

Comment comprendre pareille décision ? Il semble qu’il y a là une situation de dilemme : deux objectifs de même valeur sont réputés inconciliables. D’un côté, un risque majeur pour la lutte contre l’épidémie. De l’autre, des motifs d’inquiétude à l’égard de l’enseignement à distance : impact psychologique de la désocialisation, impact pédagogique de la classe à la maison et risque de décrochage ; impact social pour les élèves désavantagés par des conditions de vie difficiles ; impact économique aussi lorsque la classe à distance empiète sur le temps de travail des parents. Ces arguments des deux côtés étant posés, comment comprendre le mode de raisonnement des autorités ?

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