La guerre des Etats et des géants du Net ne fait que commencer
Grand soulagement dans l’hémisphère Sud ! Facebook a repris l’Australie comme amie. Mardi 23 février, une trêve est intervenue dans la dispute entre le géant de la tech et l’île-continent, qui tient les experts en haleine bien au-delà de l’océan Pacifique.
Les historiens du cyberespace retiendront peut-être cette bataille homérique comme un tournant dans le rapport de forces entre les Big Tech et les Etats, représentés par leurs institutions démocratiques.
Le conflit a éclaté lorsque le gouvernement de Canberra a introduit un projet de loi instaurant un code des relations entre les plateformes numériques et les organes de presse traditionnelle. L’objet de ce code est clair : il vise à forcer Google et Facebook à rémunérer les éditeurs de presse pour leurs contenus mis en ligne par ces plateformes, et à les informer des changements opérés dans leurs algorithmes. Ce projet de loi est une première et il a le soutien de l’opposition.
Le ressentiment des médias s’intensifiant au fur et à mesure que leur situation économique se dégradait, l’Union européenne (UE) s’en est mêlée, avec la directive sur les droits voisins, imposée de haute lutte. Google a donc négocié avec des éditeurs des accords individuels, voire parfois groupés, ouvrant la voie à une forme de paiement de leurs contenus.
En France, par exemple, la firme a conclu un accord en janvier avec l’Alliance de la presse d’information générale et plusieurs titres, dont Le Monde. Si le montant de ces accords est en général secret, tout le monde sait que dans ce match entre David et Goliath, c’est le mastodonte Google qui s’en sort le mieux.
Mais le marché australien, avec ses 25 millions d’habitants, n’a pas le poids de celui des 450 millions d’Européens. Google et Facebook ont donc d’abord fait le pari de l’épreuve de force. Google a menacé de se retirer d’Australie, purement et simplement, puis s’est ravisé et, préférant avoir la paix, a négocié un accord avec les gros groupes de presse, dont le plus puissant d’entre tous, celui du légendaire Rupert Murdoch. Ce pacte des titans, celui des vieux médias et celui des nouveaux, s’étend aux titres de l’empire Murdoch aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, mais ne bénéficie pas aux petits journaux locaux, les plus fragilisés.
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