« Islamo-gauchisme » : le rôle de l’université
Comme en France, le gouvernement britannique tente de contrer les mouvances identitaristes soupçonnées d’étouffer le débat scientifique. Or, c’est aux chercheurs en sciences sociales qu’il appartient de se consacrer à un travail de cohérence interne, estime le sociologue, Alexis Artaud de La Ferrière dans une tribune au « Monde ».(Extraits)
Tribune.
Intellectuellement, je vis entre la France et l’Angleterre. Une des conséquences de cette double appartenance : je suis témoin des résonances entre les paniques morales qui troublent périodiquement les systèmes universitaires de ces deux pays.
Actuellement en France, le sujet est celui de l’« islamo-gauchisme ». Ce phénomène serait d’une telle gravité que, le 16 février, la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, en appelait au CNRS d’établir un bilan de l’ensemble des recherches en France afin d’identifier les activités qui relèveraient du militantisme. Evidemment, cette sortie provoqua une levée de boucliers chez mes collègues français qui y discernent une ingérence inquiétante de la part d’un gouvernement qui s’enfonce progressivement dans une dynamique de plus en plus sécuritaire.
En Angleterre, ce débat trouve son pendant. Ce même 16 février, le secrétaire à l’éducation, Gavin Williamson, annonça une proposition de loi afin de renforcer la liberté de parole dans les universités anglaises. De prime abord, cette initiative semble aller à rebours de celle de Frédérique Vidal. Mais en réalité, c’est bien la même cible qui y est visée, à travers une stratégie plus subtile. M. Williamson cherche à contrer une certaine expression politique qui serait en passe d’étouffer le débat scientifique dans le pays. Cette expression est celle des nouvelles mouvances de gauche donnant voix à des revendications de reconnaissance identitariste centrées autour de l’ethno-racial, du genre autodéterminé, du désir sexuel, ou du religieux.
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