Pour une écologie de droite ?
Jean-Louis Thiériot propose une économie de droite dans d’une tribune à l’Opinion.
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La proposition pourrait paraître curieuse dans la mesure où l’écologie ne serait être ni de droite ni de gauche mais seulement pertinente et efficace. Force cependant est de reconnaître que les gauchistes ont mis la main sur la thématique environnementale pour mieux dissimuler leur idéologie post-marxiste voir clairement communiste. Il n’est pas certain que la politisation de l’écologie gagne quelque chose dans l’affaire . Une tribune qui contient des éléments intéressants mais avec un mélange des genres qui affecte l’intérêt de certaines réflexions NDLR
tribune
L’écologie est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux écologistes. Déterminante pour l’avenir de notre planète et de notre humaine condition, elle a partie liée avec l’universel. Il nous est impossible d’accepter qu’elle demeure l’apanage d’un écologisme politique suivant un agenda caché : au pire, la deep ecology faisant de la nature l’ultime refuge du sacré quitte à sombrer dans l’antihumanisme comme l’a si bien montré Régis Debray dans Le Siècle vert ; au mieux l’idéologie de substitution du vieil anticapitalisme marxiste qui, sous le vocable de décroissance, cherche à régler ses comptes avec un système qui, malgré ses imperfections, a permis à une grande partie de l’humanité de sortir de la grande pauvreté.
En la matière, la droite et le centre ont toute légitimité pour tenir un langage qui porte. C’est sous Georges Pompidou que le premier ministre de l’Environnement fut nommé, en 1971. C’est Olivier Guichard qui mit un terme à la politique des « grands ensembles » pour préserver l’espace, en 1973. C’est Jacques Chirac qui lança à Johannesburg « notre maison brûle et nous regardons ailleurs », en 2002. C’est Nicolas Sarkozy et Jean-Louis Borloo qui, avec le Grenelle de l’environnement en 2007, firent plus pour le verdissement de notre économie que des décennies de bavardage.
Pourtant la droite est souvent inaudible, accusée de greenwashing. Rien n’est plus faux. Préférant l’écologie de solution à l’écologie d’injonction, elle n’a jamais pris le temps de poser une doctrine. Je m’y essaye : l’écologie sociale de marché qui doit être au XXIe siècle ce que l’économie sociale de marché a été au XXe, l’écologie stratège et de ménagement du territoire.
. Posons d’abord les trois enjeux qui sont devant nous : la lutte contre le réchauffement climatique d’origine anthropique, la lutte contre l’émission de particules fines et la préservation de la biodiversité. La première exige la production massive d’énergie décarbonée. C’est possible grâce aux technologies d’aujourd’hui : le nucléaire, l’hydroélectricité et les bioénergies (méthanisation, biocarburants). Via la photosynthèse, elles captent autant de CO2 qu’elles n’en rejettent, à la différence des carburants fossiles.
Notre écologie doit être une écologie de cohérence, de science et libérée de l’idéologie, «cette maladie de l’esprit qui pense à votre place»: pourquoi fermer des centrales nucléaires pour rouvrir des centrales thermiques plus polluantes ?
La deuxième suppose l’électrification des transports par l’utilisation de batteries ou le développement de piles à hydrogène. Là encore, le salut exige une production massive d’électricité décarbonée, le seul hydrogène propre étant produit par électrolyse. La troisième impose la réduction massive du volume de la consommation de terres agricoles. Dans un monde où la population ne cesse de croître pour atteindre 10 milliards d’habitants en 2050, c’est un objectif qui ne peut être atteint qu’en maintenant les objectifs de production. Notre écologie doit être une écologie de cohérence, de science et libérée de l’idéologie, « cette maladie de l’esprit qui pense à votre place » : pourquoi fermer des centrales nucléaires pour rouvrir des centrales thermiques plus polluantes ?
Ces enjeux posés, les réponses doivent être sociales. La crise des Gilets jaunes largement causée par la taxe sur le gazole montre combien la transition écologique ne peut se faire sur le dos des plus modestes. Rien ne serait pire que transformer l’enjeu environnemental en guerre des classes : aux plus aisés l’alimentation bio de qualité et des voyages hors de prix ; aux plus pauvres l’alimentation importée dont nous ne voulons pas et l’assignation à résidence. L’écologie du XXIe siècle impose de repenser notre dépense publique – la plus élevée d’Europe – afin de dégager des marges de manœuvre pour financer sans fiscalité punitive les adaptations nécessaires.
Enfin la transition doit être de marché. Il faut tordre le cou au sophisme de la décroissance selon lequel la croissance infinie serait incompatible avec un monde fini. L’expérience empirique montre que de nouvelles ressources sont constamment découvertes. L’oil peak prédit par Ehrlich à la fin des années 1960 est constamment reporté. Les prédictions catastrophiques du club de Rome en 1972 ne se sont jamais produites.
Comme l’a bien montré Julian Simon dans Ultimate ressource, l’Homme, grâce à son action créatrice, a toujours résolu les problèmes de la rareté de la ressource. Demain ce sera l’économie circulaire, le recyclage, la recombinaison chimique des molécules. Ce sera un changement dans la chaîne de valeur, mais toujours avec de la valeur ajoutée, de la croissance et de l’emploi. A condition de ne pas brider l’énergie créatrice !
De ce point de vue, le marché est capital. Le pire serait un retour à la planification ! N’oublions pas le rapport Théry de 1994 qui prédisait l’échec d’Internet et l’avenir radieux du minitel. Nul ne sait quelles technologies seront les meilleures ! Aux pouvoirs publics de donner le cap en fixant un prix aux externalités négatives environnementales, éventuellement en rémunérant les externalités positives. Aux pouvoirs publics de soutenir les grandes filières d’avenir en créant un écosystème favorable, en finançant la R&D et en ouvrant des appels à projet. Mais pour le reste, neutralité technologique et confiance dans l’innovation créatrice !
Cette écologie de confiance doit aussi être une écologie stratège. C’est un enjeu géopolitique à l’échelle du monde. Un exemple : la Chine travaille à la création de centrales solaires orbitales à l’horizon 2035. Cette énergie quasi gratuite et infinie sera une source d’influence inouïe. Pour ne pas devenir une colonie énergétique soumise au bon vouloir de producteurs étrangers, l’heure est à une écologie de puissance, arme de la souveraineté européenne. Le combat devra se mener à l’échelle des COP mais aussi de l’Europe. Il est urgent de créer des taxes carbones à l’entrée dans l’Union européenne pour sanctionner les externalités négatives des modes de production de nos compétiteurs chinois et américains. Inversement, il est contre-productif de surtransposer des normes européennes handicapant nos entreprises sans apporter de gain sérieux à l’environnement.
Enfin, l’écologie de droite ne doit pas se tromper de méthode par une analyse erronée de la demande sociétale de nos concitoyens. Les succès des partis écologistes aux municipales sont largement en trompe-l’œil : c’est souvent un vote de substitution au vote socialiste démonétisé. L’épisode marseillais où un socialiste pur sucre succède à une écologiste qui a permis de remporter le scrutin est hautement symbolique. Les Français ne rêvent pas d’un grand soir écologique. C’est aux citoyens eux-mêmes (69 %) et aux collectivités locales (53 %) qu’ils font le plus confiance pour améliorer l’environnement, selon l’Ifop. Pas à l’Etat !
L’écologie de demain doit être centrée sur la qualité de vie – premier critère à associer à l’environnement pour 74 % des sondés. Concrètement, cela signifie la possibilité de vivre et travailler au pays en réduisant le « navettage » grâce aux tiers lieux, la préservation des sites et des paysages, une alimentation de proximité, à terme une relocalisation partielle de l’énergie via des ressources locales biosourcées. La remise en cause des bienfaits de la métropolisation, la redécouverte des villes moyennes, la mise en avant de la diversité des « dynamiques territoriales » définies par le professeur Bouba-Olga incitent à se tourner vers un nouveau paradigme : le « ménagement du territoire ».
Oui aux projets et à l’aménagement, à condition qu’ils soient durables et aient du sens pour mieux répartir les hommes et les espaces tout en préservant les terres agricoles. Créer des espaces commerciaux en périphérie n’a plus de sens. Créer des plateformes logistiques peut en avoir si la logistique du dernier kilomètre, la plus polluante, est améliorée.
Ainsi conçue, l’écologie est une vraie chance pour la droite. Réunissant dans un même combat les millénials technophiles, les entrepreneurs passionnés, les thuriféraires d’un certain art de vivre et les défenseurs de la souveraineté française et européenne, elle est à la confluence des libéraux et conservateurs.
Ce qu’avait prophétisé Wilhelm Röpke dans son maître livre de 1961 Au-delà de l’offre et de la demande où il appelait notre économie à se soucier « du bruit et de la puanteur de cette existence technicisée […], des rivières pestilentielles où l’on ne peut plus se baigner […], des équilibres naturels que nous compromettons et dont nous finirons par amener la destruction ». L’écologie permet de « préserver ce qui vaut et de changer ce qu’il faut ». A notre génération de rendre possible cette ambition nécessaire.
Au passage, le Haut conseil s’inquiète de la «situation intenable» de l’assurance-chômage, dont le déficit (20,5 milliards d’euros) représente un tiers du déficit total, «alors que les dépenses de l’assurance-chômage représentent 8,5% des dépenses» des administrations sociales.
Les régimes complémentaires de retraite passeraient de 3 milliards d’excédents en 2019 à 5,1 milliards de déficit en 2020, plombés par l’Agirc-Arrco (-6,6 milliards). La solution immédiate pour ces régimes a consisté à ponctionner 12,7 milliards d’euros dans leurs réserves financières, dont le niveau a baissé de 8%.
Quant à la Sécurité sociale, le déficit pour 2020 est probablement moins élevé qu’attendu, du fait d’une moindre chute du PIB et de la masse salariale. Mais la perspective pour 2021 s’est assombrie: «L’hypothèse retenue pour la construction de ces prévisions supposait la « fin » de la crise sanitaire au moment de la bascule sur 2021», souligne le Haut conseil, qui pense que «les « bonnes » surprises possibles au titre de l’exercice 2020 pourraient ainsi être partiellement contrebalancées par une dégradation plus importante sur l’exercice 2021».
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