« La fin du PS »
Alors que le PS s’apprête à licencier onze de ses salariés, Yoan Hadadi, membre de son bureau national, dénonce, dans une tribune au « Monde », « une pratique de ressources humaines hors du temps et de l’entendement ».
Tribune.
Alors que les Français s’inquiètent d’être à nouveau confinés, que l’Etat se cherche une stratégie face à la pandémie, que les soignants ne voient pas le premier euro arriver, que les commerçants, les salariés, le patronat tirent tous la langue, que les cafetiers ne servent, au mieux, plus que dans des gobelets en carton, le Parti socialiste passe à l’action.
Sa direction annonce de grandes décisions stratégiques. Un projet ? Il arrive. Un changement de nom ? Aussi. Mais avant tout cela, il faut « faire des choix stratégiques car le PS n’est pas une association de macramé ». Tout est dit. Le PS va licencier plus d’une dizaine de salariés. Pour ce faire, il retrouve le langage des cost-killers des années 1980.
Fini le Baron noir, on passe en mode Wall Street. On crée le storytelling à vendre. De bonnes âmes le reprennent. Et puis, patatras ! Un grain de sable dans la machine. La presse fait son travail d’information. Elle ne se contente pas du récit convenu, elle donne un autre angle. Celui des salariés.
Là, le socialiste moyen tombe de sa chaise. Il lit, relit. C’est bien « PS » qui est écrit sur le papier, pas le nom d’une banque d’affaires, d’un géant de l’acier, d’un opérateur de télécommunication ou d’une multinationale de l’IT. Le Parti socialiste sort de l’histoire, nous le savions. Désormais, il perd la mémoire.
Au passage, il est notable d’observer que les salariés ciblés par ces licenciements se trouvent pour beaucoup au sein du pôle idées. Amnésique, ce parti de la gauche qui en vient à oublier que son camp naturel est d’abord celui des salariés. Passé cette vague d’articles, la direction tente bien d’expliquer à quel point elle a le ventre qui se tord alors qu’elle licencie à tour de bras. Le mal est fait. On aurait même pu la croire si elle n’avait pas procédé d’un double manquement.
D’abord, si elle n’avait pas dans le même temps, recruté un nombre de salariés quasi égal à celui qu’elle licencie. Ensuite, si ces articles ne dépeignaient pas une pratique de ressources humaines hors du temps et de l’entendement. Un cas pratique de tout ce qu’on apprend à ne pas faire en école de commerce, en master de sciences de gestion et plus prosaïquement, dès lors que l’on se trouve en situation de management.
On ne saura jamais si la finance était réellement cet ennemi sans visage du Bourget. Il y a débat. Il y a des doutes. Il reste un bilan. Ce que l’on sait aujourd’hui avec certitude, à la lecture de tous ces articles, c’est que le wolf management serait devenu une norme au sein même du PS. Sur-mobilisation des salariés, pression à tous les étages, coups de menton, placardisations, licenciements sans critères.
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