Covid : le climat responsable ?
Ce vendredi 5 février, une étude dont rencontrent les Échos explique ainsi que le réchauffement climatique pourrait avoir joué un rôle dans le passage à l’homme du SARS-CoV-2, et augmenté la probabilité de l’apparition de la pandémie que nous connaissons.
En effet, ce sont les chauves-souris qui sont présumées être la source du coronavirus responsable du Covid-19 . Or, pour cette étude parue dans la revue Science of the Total Environment, des chercheurs de l’université de Cambridge ont établi que sur les 100 dernières années, 40 espèces de chauve-souris ont ainsi vu s’étendre les conditions favorables à leur présence dans une zone à cheval sur le sud de la Chine, la Birmanie et le Laos. Cela repose sur des modèles utilisant des données de température et de pluviométrie pour déterminer la localisation du type de végétation constituant l’habitat des chauves-souris.
Un vivier important de coronavirus
Chaque espèce de chauve-souris est en moyenne porteuse de 2,7 coronavirus. Aussi, ce serait une centaine de ces virus différents qui seraient potentiellement en circulation dans cette zone, d’où le SARS-CoV-2 est présumé être originaire. « Nous sommes loin de dire que la pandémie ne serait pas survenue sans le réchauffement climatique. Mais il me semble difficile de dire que cette augmentation du nombre de chauve-souris et des coronavirus qu’elles portent le rende moins probable », a expliqué l’auteur principal Robert Meyer à l’AFP.
La chaîne de transmission exacte du SARS-CoV-2 reste à déterminer , mais le changement climatique et les destructions d’écosystèmes mettent en contact plus fréquent humains et animaux, a estimé le chercheur. « Ce sont les deux faces d’une même pièce, nous pénétrons plus profondément leur habitat et dans le même temps le changement climatique peut pousser les pathogènes vers nous », a ajouté Robert Meyer.
Un facteur parmi d’autres
Plusieurs scientifiques qui n’ont pas participé à l’étude ont souligné que l’apparition de la pandémie avait des ressorts multiples. « Les chercheurs montrent que le changement climatique a pu avoir un impact sur les espèces au Yunnan, mais c’est à plus de 2.000 kilomètres de Wuhan », où l’épidémie est apparue en Chine, a ainsi commenté Paul Valdes, professeur de géographie de l’environnement à l’université de Bristol.
« Le passage (de l’animal à l’homme) est le résultat de mécanismes complexes. Le changement climatique a certainement un rôle en modifiant la localisation des espèces. Mais il se pourrait que l’accroissement de la population humaine et la dégradation des habitats via l’agriculture jouent un rôle plus important », a de son côté relevé Kate Jones, professeure d’écologie et biodiversité au University College de Londres.
Une origine moins précise que l’on ne pensait ?
La publication de cette étude arrive quelques jours après une autre étude de l’Institut Pasteur de Phnom Penh dans laquelle des chercheurs ont établi une très grande similitude entre le SARS-CoV-2 et un virus retrouvé dans des chauves-souris congelées dans un laboratoire cambodgien depuis 2010. Ce coronavirus présent chez des chauves-souris fer à cheval de Shamel présente une similitude de 92,6 % avec le virus responsable de la Covid-19.
Cela ne fait en aucun cas du Cambodge l’origine du coronavirus. Un virus baptisé « RaTG13 » et trouvé dans une chauve-souris de la province chinoise du Yunnan présentait un niveau de correspondance de 96,2 %, plus que le virus cambodgien. En revanche, pour les chercheurs de l’Institut Pasteur, les données qu’ils publient montrent que « les virus liés au Covid-19 se retrouvent dans une zone géographique plus large qu’on ne le pensait jusqu’à maintenant ».
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