Sécurité : la politique agressive de la Russie favorise une convergence Europe États-Unis
Tribune.
Depuis novembre 2020, la presse européenne met en garde ses lecteurs avec malice : ne nous attendons pas à un retour des Etats-Unis en Europe au prétexte qu’un vieux démocrate bon teint est de retour à la Maison Blanche. Cette prudence est explicable : le désengagement américain des affaires européennes de sécurité est une idée admise de ce côté de l’Atlantique. Cette idée inquiète. Elle est pourtant triplement incorrecte.
D’abord, pour désenchanter l’espoir d’un retour, il faudrait pouvoir documenter l’hypothèse d’un départ. Or, rien ne la corrobore sérieusement à l’analyse. En réalité, les dépenses directes des Etats-Unis pour la défense en Europe ont augmenté ces dernières années, pour dépasser 5,5 % du budget total de la défense des Etats-Unis. L’OTAN a entrepris de réduire sa dépendance à l’égard des Etats-Unis en matière capacitaire. C’est une action inscrite dans le long terme (au moins depuis George W. Bush), avalisée par tous les Etats membres de l’Alliance depuis 2014 au moins.
Ensuite, imaginer que la politique européenne de l’administration Biden ne sera pas ambitieuse, c’est oublier que les menaces à la sécurité de l’Europe affectent les intérêts de sécurité américains en termes semblables.
La détérioration des relations entre l’OTAN et la Russie est très documentée : érosion de l’architecture de sécurité conventionnelle en Europe depuis la décennie 2000, crise géorgienne de 2008, crise ukrainienne depuis 2013, violations répétées du traité FNI (sur les forces nucléaires à portée intermédiaire) par la Russie et abandon de ce traité en 2019, soutien de la Russie au régime de Bachar Al-Assad… Les dirigeants des pays de l’OTAN ont considéré à l’issue de la réunion dite de Londres en décembre 2019 que « les actions agressives de la Russie constituent une menace pour la sécurité euroatlantique ».
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