Révolte des petits porteurs à Wall Street : un combat perdu d’avance ?
C’est le point de vue de nombre de professionnels et institutionnels qui se montrent relativement condescendants et même maîtrisant vis-à-vis des boursicoteurs particuliers qui ont secoué Wall Street en réagissant notamment vis-à-vis des ventes à perte.. Paul Jorion, ancien banquier aux Etats-Unis, et auteur de nombreux ouvrages sur la crise financière de 2008, analyse pour La Tribune ces nouveaux rapports de force et leurs conséquences sur le fonctionnement sur les marchés. Une réaction assez classique de professionnels qui entendent que la bourse soit réservée aux gens sérieux. Une sorte de réaction très corporatiste car ce que les particuliers frondeurs ont mis en valeur c’est le système de valorisation notamment à travers les ventes à perte et globalement la spéculation.
Ces particulier n’ont rien fait d’autre que les professionnels de la vente à perte ; ces derniers spéculent à la baisse tandis que les particuliers de Wall Street ont spéculé à la hausse. Quant à sérieux de l’évaluation évoquée, il s’agit évidemment d’une foutaise dans la mesure où aucun élément pertinent ne peut justifier une cotation journalière avec de telles s évolutions. Cela relève de la spéculation.
Des groupes de boursicoteurs, mobilisés sur les réseaux sociaux, ont réussi à faire plier de grands fonds d’investissement de Wall Street, qui pariaient à la baisse sur plusieurs valeurs, dont l’enseigne américaine de jeux vidéo GameStop. Cette affaire marque-t-elle une rupture dans le fonctionnement des marchés ?
PAUL JORION - Des petits investisseurs ont en effet gagné beaucoup d’argent en se mettant d’accord sur des forums sur l’achat ou la vente d’une action. Cela fait plusieurs mois que cela dure. C’est une tactique très dangereuse car il vient toujours un moment où il n’y a plus d’acheteurs pour des prix de marché surfaits et la bulle se dégonfle. C’est ce qui semble d’ailleurs se passer sur GameStop.
C’est d’autant plus dangereux qu’une grande majorité de ces boursicoteurs, sans doute de bonne foi, ne comprend pas vraiment comment fonctionnent, en réalité, les marchés et par quels mécanismes se fixent les prix. Il faut pour cela une solide culture financière et économique, qui fait évidemment défaut sur ces réseaux sociaux. Rappelons simplement que le prix d’une action repose avant tout sur une actualisation des flux financiers futurs, qui détermine une valeur économique (fair value).
Par ailleurs, le jeu de l’offre et de la demande peut faire s’écarter, dans un sens ou dans l’autre, le cours par rapport à cette valeur économique mais, en général, dans des proportions raisonnables. Dans le cas de GameStop,…
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