« Seine-Saint-Denis : l’écroulement de l’école publique»
Dans ce département, a besoin de réels moyens pour rétablir l’égalité, la situation ne cesse de se dégrader, alerte, dans une tribune au « Monde », le collectif Christine Renon, constitué après le suicide en septembre 2019 de cette directrice d’école maternelle. Le « déni » doit cesser.
Tribune.
« Aujourd’hui samedi, je me suis réveillée épouvantablement fatiguée, épuisée, après seulement trois semaines de rentrée. Les soucis depuis bien avant la rentrée se sont accumulés, c’est le sort de tous les directeurs malheureusement. » Ces mots sont ceux de Christine Renon. Le 21 septembre 2019, cette directrice d’école se suicidait dans son école maternelle, à Pantin (Seine-Saint-Denis).
Dans une lettre accablante accompagnant son geste, elle dressait un constat dramatique de la charge qui pesait sur ses épaules et continue de peser sur celles de ses collègues. Elle s’y inquiétait de ces contraintes, nombreuses, qui entravent le sens que tous les professionnels de l’éducation donnent à leur métier. Entre 2018 et 2019, cinquante-huit suicides ont endeuillé l’éducation nationale. Et d’autres ont eu lieu depuis. C’est inacceptable.
Notre collectif « a-partisan », qui rassemble des parents et des enseignants du primaire comme du secondaire, s’est constitué quelques jours après ce drame. Depuis, nous n’avons eu de cesse de nous battre pour que les mots de Christine Renon soient entendus et que son geste ne soit pas vain.
Nous avons aussi échangé, depuis, avec les enseignants, les parents, les familles des villes voisines de Seine-Saint-Denis et des quartiers nord-est de Paris, endeuillés par l’assassinat de plusieurs élèves. Il y a des éléments communs dans ces différentes formes de violence et de souffrance.
Une fin de non-recevoir
Un an plus tard, dans un contexte sanitaire incertain, plus de 450 personnes se sont rassemblées et ont marché ensemble, le 26 septembre 2020, entre Aubervilliers et Pantin. A l’issue de cette marche, notre collectif a de nouveau demandé à être reçu par le ministre de l’éducation nationale. Jusqu’à présent, nous nous sommes heurtés à une fin de non-recevoir.
Dans un rapport de l’inspection générale du 11 décembre 2019, le suicide de Christine Renon a été considéré comme imputable au service. Une enquête du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), demandée par les syndicats, a finalement eu lieu, plus d’un an après. Les syndicats ont dû lutter pour que cette enquête ait lieu dans de bonnes conditions.
Ce silence – ce déni ? – interroge plus largement. Quelles réponses politiques ont été apportées par le ministère depuis plus d’un an ? Nous n’avons pour le moment vu advenir qu’un projet de réforme du statut des directeurs d’écoles du premier degré pour en faire des mini-proviseurs dotés de pouvoir hiérarchique alors que ce qui est demandé, c’est plus de coopération. Camouflée derrière le recrutement de jeunes en service civique, la fin des aides administratives à la direction d’école a entraîné des surcharges de travail énormes pour le personnel. Et puis est arrivée la pandémie de Covid-19…
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