BCE : l’argent magique aussi pour l’environnement ?
Un papier du Monde suggère que la BCE pourrait aussi utiliser l’argent magique pour traiter la problématique environnementale
Analyse.
Le temps d’une pandémie, l’arbre à argent magique est apparu. Depuis le déferlement du Covid-19 en Europe, la Banque centrale européenne (BCE) a débloqué une enveloppe de 2 500 milliards d’euros, à dépenser sur deux ans jusqu’en mars 2022. Cet argent, créé ex nihilo, a permis aux Etats de s’endetter à taux d’intérêt nul, voire négatif, payant ainsi indirectement le chômage partiel et les plans de soutien sectoriels. Ces mesures, inimaginables il y a un an, sont devenues possibles face à l’urgence.
Et si le même tour de passe-passe monétaire pouvait s’appliquer au changement climatique ? Après tout, l’urgence est tout aussi réelle. Dans une récente note pour l’Institut Veblen, l’économiste Jézabel Couppey-Soubeyran appelle de ses vœux une telle « monétisation des dépenses publiques nécessaires à la transition écologique », en permettant à la BCE de les financer « sans contrepartie ».
Elle reconnaît immédiatement qu’une telle option est interdite en l’état actuel des traités européens, qui bannissent le « financement monétaire ». De toute façon, à l’heure actuelle, peu d’économistes soutiennent une telle approche radicale. Mais, en attendant ce mouvement « vert vif », Mme Couppey-Soubeyran propose une série de mesures « vert clair », qui mettraient la BCE à contribution dans la lutte contre le changement climatique.
Or, sur ces points, les lignes sont en train de bouger au sein de l’institution de Francfort. Christine Lagarde, sa présidente, pousse pour faire du changement climatique un vrai critère d’action de son institution. « Face à ce qui est le risque majeur du XXIe siècle, tout le monde doit se mobiliser », déclarait-elle au Monde en octobre.
Mme Lagarde mène actuellement une grande revue stratégique de la BCE, dont les conclusions seront rendues à l’automne. Au sein des instances dirigeantes, des discussions sur la question climatique sont prévues au premier trimestre.
« Légitimité démocratique »
Que peut faire la BCE ? Depuis la crise de la zone euro, l’institution est devenue la clé de voûte de l’économie. Pour faire baisser les taux d’intérêt, elle achète par milliers de milliards d’euros des dettes sur les marchés financiers. Dans leur immense majorité, il s’agit de dettes publiques des Etats européens.
Reste cependant à savoir si la machine à billets pourra tenir longtemps avant une déstabilisation par l’inflation voire un séisme du système financier (NDLR)
0 Réponses à “BCE : l’argent magique aussi pour l’environnement ?”