Coronavirus et environnement : « changer de paradigme »

Coronavirus et environnement : « changer de paradigme »

Dans une tribune au « Monde », le professeur à HEC Thomas Paris explique que l’épidémie de Covid-19 doit nous inciter à inventer une manière de faire enfin société, un rapport au collectif, à la norme, à la liberté, à l’équité, qui répondent aux enjeux d’un monde d’après.

Tribune. 

 

Les restaurants, les librairies, les stations de ski, la culture… La gestion de la crise par les pouvoirs publics charrie des polémiques par vagues successives. Elles peuvent se lire, de façon simpliste, comme une mauvaise gestion gouvernementale. Avec un peu de recul, on peut y voir le délicat pilotage entre Charybde et Scylla, entre la crise sanitaire et la crise économique. En prenant encore plus de hauteur, on peut y lire, on doit y lire, la fin d’un modèle de société bâti sur l’hypothèse de ressources illimitées, et sur son corollaire d’une liberté qui s’arrête là où celle des autres commence.

« La liberté, établit la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » (Article 4). Dans un monde infini, l’Etat est le garant des libertés individuelles. Aux premiers jours de la crise sanitaire, le premier ministre Edouard Philippe s’est efforcé d’agir dans ce cadre, sans contrainte. Il s’est contenté de nous inviter à « éviter au maximum de se rassembler, limiter les réunions amicales et familiales […], ne sortir de chez soi que pour faire ses courses essentielles, faire un peu d’exercice ou voter ». Il s’agissait alors de limiter la circulation des personnes pour endiguer la transmission du virus.

Prendre l’air dans un parc ne nuit à personne… sauf en situation de pandémie, où la somme de nos sorties simultanées dans le même parc devient nuisible et où cette action individuelle consomme une partie de la « circulation » de l’ensemble des citoyens.

La responsabilité individuelle n’a pas opéré, marquant l’échec de l’Etat à agir dans son principe génétique de préservation de nos libertés individuelles. Il ne s’agit pas de l’échec d’un gouvernement, mais de la faillite d’un modèle de société dont le rôle de l’Etat est une composante.

Effets dévastateurs

Le monde est fini. De nombreuses ressources sont limitées : les émissions de CO2 (c’est-à-dire les déplacements, la consommation de viande…), l’eau, certaines matières premières, les terres fertiles… Il nous faut consommer collectivement moins de ces ressources. Comment faire ? Comment, par exemple, limiter le transport aérien en attendant que les avions n’émettent plus de CO2 ?

Dans une situation qui n’aura pas le caractère d’urgence de la pandémie, on n’imagine pas qu’une recommandation à prendre moins l’avion soit plus efficace que celle de limiter nos déplacements pendant la pandémie. Des autres solutions alors envisagées ou éprouvées pour limiter la circulation des personnes, aucune n’a été satisfaisante. La réduction individuelle – vous ne pouvez sortir qu’une heure par jour, ou pour acheter des produits de première nécessité – ne fonctionne qu’à condition d’être drastique, compte tenu des difficultés à organiser le contrôle.

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