« Une servitude écologique insupportable » ?

« Une servitude écologique insupportable » ?

Face à l’impossibilité matérielle d’atteindre l’objectif de réduction rapide des émissions fixé par les institutions européennes, on peut s’attendre à des « conséquences sociales et industrielles désastreuses », selon Dominique Finon, spécialiste de l’énergie et du climat.Une opinion qui pourra être contestée mais qui mérite d’être lue.

Tribune. 

 

Dans l’atmosphère particulière créée par la crise sanitaire qui justifie toutes les mobilisations, notamment économique, l’enjeu climatique s’est glissé subrepticement. Alors que l’objectif de réduction des émissions de carbone à 2030 par rapport à 1990 n’était encore que de 40 % en 2019, le Conseil européen du 17 septembre l’a poussé à 55 % et le Parlement européen a voté le 7 octobre une résolution visant à le porter à 60 %… Le tout légitimé par l’objectif de « neutralité carbone » en 2050 adopté fin 2018, qui prête lieu à tous les excès quand il est pris au pied de la lettre.

On comprend l’intérêt de définir un tel objectif symbolique pour se donner un cap, montrer un engagement climatique fort et affirmer la volonté de prendre le leadership mondial dans la lutte contre le réchauffement. Mais il ne s’agit pas que de symboles, car la Commission l’a inscrit dans la législation européenne comme objectif contraignant, le transformant en levier de toutes les surenchères politiques et technologiques possibles sur le moyen terme.

Déni des réalités

Or l’objectif de 40 % était déjà difficile à atteindre, car il impose de réduire en dix ans les émissions de 24 % environ, soit l’équivalent de la réduction de 23 % obtenue… en trente ans entre 1990 et 2020 à la faveur de l’effondrement des infrastructures industrielles très émettrices des ex-pays communistes d’Europe centrale ! La Commission et la classe politique européenne, dans le déni des réalités technologiques, économiques et sociales, veulent donc obliger les Etats membres à se lancer dans la décarbonation à marche forcée dans une course improbable, sous la pression d’un objectif juridiquement contraignant : il s’agit de réduire.

Les réalités ne pèsent pas lourd pour les politiciens verts et de gauche, pour lesquels il ne s’agit que de jouer avec des chiffres, mais aussi, ce qui est plus problématique, pour la très technocratique Commission européenne. Il est symptomatique qu’aucune analyse réaliste n’ait été débattue sur les moyens d’accélérer cette réduction des émissions.

« Un objectif de réduction rapide et trop ambitieux légitime le recours sans frein et coûteux aux réglementations, aux normes et aux subventions »

En admettant une seconde que ce soit faisable, de nombreux travaux d’économistes montrent déjà que les dépenses sont beaucoup plus importantes pour atteindre un objectif de réduction à une échéance rapprochée (d’ici à dix ans) qu’à plus long terme. Une trajectoire plus douce permet de donner plus de temps pour l’apprentissage des nouvelles techniques, pour accompagner leur changement d’échelle et pour remplacer les infrastructures technologiques et de transport. Un objectif de réduction rapide et trop ambitieux légitime le recours sans frein et coûteux aux réglementations, aux normes et aux subventions, avec le risque permanent de manipulation par divers lobbies, voire par certains Etats membres influents, comme c’est le cas actuellement avec les gaz verts et les plans hydrogène, « poudre aux yeux » figurant en bonne place dans les plans de relance. A ceci s’ajoute l’affectation de très importants investissements à des opportunités peu rentables en termes de coût par tonne de carbone évitée.

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