Brexit: risque de mise en cause des droits des Européens
Franco-britannique, Alexandre Holroyd est député LREM de la troisième circonscription des Français de l’étranger (Royaume-Uni, Irlande, Scandinavie, Finlande et Pays baltes). Il craint la remise en cause du droit des Européens Royaume-Uni ( interview dans l’Opinion)
Comment la communauté française vivant au Royaume-Uni vit-elle la situation ?
On assiste à une hausse des demandes de statut de résident auprès des autorités britanniques. C’est une démarche impérative. C’est la condition de l’exercice de leurs droits à l’avenir et il est essentiel qu’ils le fassent. Maintenant, il y a des inquiétudes face au statut lui-même, notamment à l’absence de documents physiques montrant qu’ils sont en règle, et sur la force qui sera chargée de contrôler les droits des citoyens français et européens au Royaume-Uni. Se posent aussi des questions annexes comme la reconnaissance des permis de conduire ou de la carte de sécurité sociale européenne. L’autre grand point d’interrogation est de savoir ce qui se passera si un Français n’a pas effectué de démarche avant la date butoir du 30 juin pour une raison ou une autre. Je pense notamment aux personnes d’un certain âge qui ne sont pas connectées.
Y a-t-il eu des départs ?
Il y en a eu, mais difficile à quantifier. Il y a deux types de Français vivant en dehors de France : ceux qui sont là pour une période très longue parce qu’ils ont épousé quelqu’un du pays et qu’ils construisent leur vie là-bas et ceux, en nombre plus important, qui sont plus mobiles et dont les séjours se réduisent à deux ou trois ans. Or, c’est dans cette catégorie qu’on assiste surtout à un ralentissement des arrivées, notamment du côté des étudiants. Ce qui veut dire que le renouvellement ne se faisant plus, la communauté française devrait décroître assez vite. D’autant que les entreprises françaises qui sont installées au Royaume-Uni ont fortement freiné les expatriations.
Donc, pour l’instant, le Brexit se déroule globalement bien pour les citoyens…
Côté français, on est résolu à accompagner les citoyens britanniques habitant en France pour s’assurer que leurs droits sont parfaitement respectés. Côté britannique, s’il y a eu de gros progrès administratifs qui ont été faits, l’engagement politique paraît moins clair. Cela date un peu mais les déclarations de la ministre britannique de l’Intérieur Priti Patel à l’encontre des Européens n’ayant pas effectué les démarches nécessaires n’étaient pas très rassurantes. Cela ne reflète sans doute pas la réalité politique, mais cela ne renforce pas la confiance. Plus globalement, l’adoption de la loi sur le marché intérieur qui prévoit de possibles dérogations à l’accord de retrait de l’Union européenne signé avec Bruxelles, dans lequel figure aussi le droit des citoyens, n’est pas de nature à rassurer.
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