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« Réponse à la crise sociale et la montée de la pauvreté»

« Réponse à la crise sociale et la montée de la pauvreté»

 

Nadia Hai , La ministre déléguée chargée de la Ville tente de justifier la politique du gouvernement pour gérer la crise sociale et la montée de la pauvreté . L’intéressée se réfère notamment au rapport Borloo de 2018 qui rappelons-le a été balayé publiquement d’un revers de main par Macron . La référence est donc un peu théorique. ( interview dans l’Opinion)

 

Quelles sont les conséquences de l’épidémie et du reconfinement dans les quartiers prioritaires de la ville ?

Nous faisons face à plusieurs niveaux de difficultés. Il y a tout d’abord la crise sanitaire, comme sur le reste du territoire national, même si je tiens à souligner que les mesures ne sont pas moins respectées dans les quartiers qu’ailleurs. La crise économique ensuite. Ces quartiers ont une concentration de contrats précaires, intérimaires et CDD. Les entreprises décident aujourd’hui de ne pas les renouveler et cela nous conduit vers une crise sociale. Les entrepreneurs et les indépendants font eux aussi face à des difficultés à cause des coups de rabot dans les dépenses des entreprises qui ont de graves conséquences sur leur activité et leurs revenus. Face à cette situation, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures. Mais le confinement n’est pas une punition, contrairement à ce que peuvent dire certaines oppositions qui n’ont d’ailleurs pas de solutions à offrir. C’est une mesure obligatoire qui s’impose aujourd’hui à nous tous. Pas seulement en France mais partout ailleurs. Cela a été une décision difficile à prendre, même si nous voulons que la vie économique puisse continuer.

Comment comptez-vous aider leurs habitants face au risque de bascule dans la pauvreté ?

Nous avons annoncé des mesures de soutien aux ménages les plus fragiles, notamment une prime pour les bénéficiaires des APL. Mon prédécesseur avait débloqué 15 millions d’euros de fonds d’urgence pour les associations et l’achat de matériel informatique pour les écoliers à la maison. J’ai également annoncé il y a peu la création d’un fonds d’urgence pour les associations de proximité de 20 millions d’euros, car nous savons que ce sont elles qui peuvent réaliser le dernier kilomètre jusqu’aux publics les plus en retrait. Cette semaine, j’ai aussi annoncé une prime de 1 500 euros de trésorerie pour les entrepreneurs des quartiers. Cette mesure s’adresse à un public très large et nous visons les 5 000 bénéficiaires. Nous allons aussi agir sur l’emploi avec le doublement annoncé des personnes en contrat aidé, les parcours emploi compétences, dans les quartiers. Nous prenons ces mesures exceptionnelles car l’enjeu est bien d’éviter une crise sociale de grande ampleur dans les quartiers.

Les deux confinements ont montré l’urgence de la question du logement et de l’habitat, que comptez-vous faire ?

Nous allons poursuivre le programme de rénovation urbaine porté par nos prédécesseurs. Nous sommes arrivés à la fin du programme de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) et avons doublé l’enveloppe du nouveau pour atteindre les 10 milliards d’euros. Nous intervenons aussi dans la construction de logements neufs, en intégrant par exemple des balcons là où il n’y en a pas dans les programmes en cours de réalisation. Cela paraît anecdotique mais la crise a révélé que c’était indispensable. Pour cela, le secteur de la construction doit continuer à fonctionner. Les entreprises du BTP nous ont confirmé que si les consignes sanitaires sont strictement respectées, il n’y a pas de risque. Il s’agit non seulement de l’un des moteurs de la relance mais aussi d’une nécessité pour la poursuite des programmes de l’Anru. Il y a encore des copropriétés dégradées avec pour certaines des urgences qui ne peuvent pas attendre. Nous devons aussi actionner le levier du cadre de vie et de l’environnement. Créer des espaces verts, des jardins partagés, des espaces de travail et des tiers lieux. Nous avons mis un gros coup d’accélérateur avec l’ambition de repenser de nouveaux critères pour les projets à l’aune des conséquences de l’épidémie et du premier confinement au printemps.

Comment la politique de la ville doit-elle évoluer ?

La crise a eu pour effet de remettre beaucoup de choses à plat. Certaines peuvent être revues, même si nous sommes confortés dans nos choix de soutien et d’accompagnement économiques. Le rapport remis en 2018 par Jean-Louis Borloo à Emmanuel Macron a donné naissance à une feuille de route de la mobilisation nationale pour les habitants des quartiers qui s’en est beaucoup inspirée. J’ai décidé de créer un comité de suivi de cette feuille de route pour mieux tenir compte de l’évolution de la situation économique et sanitaire. On y retrouvera des personnalités qualifiées, des associations, des citoyens, des membres du conseil présidentiel des villes ainsi que des élus, maires et parlementaires, de la majorité comme de l’opposition. Je souhaite faire d’ici deux à trois mois un état de la situation de la mise en œuvre de l’ensemble des mesures prévues, pour voir ce qui marche ou ne marche pas et si besoin renforcer ou réorienter l’action du ministère.

 

 

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