l’hydrogène «renouvelable» : une imposture ?
Le débat sur les politiques énergétiques n’est pas forcément facile à comprendre compte tenu de sa complexité. Nombre d’experts tentent d’apporter un éclairage sinon objectif au moins indépendant tandis que d’autres sont évidemment influencés par certains lobbies. Deux articles rendent compte des points de vue parfois opposés concernant l’hydrogène. Le premier ci-dessous est celui de Élodie Messéant, Coordinatrice régionale de Students for Liberty France (*).(Article de la Tribune)
Partie intégrante de la révolution énergétique, le dihydrogène est un vecteur d’énergie dont l’intérêt est avant tout écologique : la combustion du dihydrogène est totalement décarbonée, ce qui en fait une alternative aux énergies fossiles fortement émettrices de CO2.
N’existant pas à l’état « naturel », le dihydrogène n’est pas directement disponible sur Terre – comme peuvent l’être les énergies fossiles. Il doit donc être synthétisé.
Or, les modes de production habituels mobilisent des combustibles fossiles comme le méthane ou le charbon, particulièrement générateurs de gaz à effet de serre – bien qu’ils soient moins coûteux à réaliser que les méthodes « propres ». L’hydrogène produit de cette manière est donc surnommé « hydrogène gris » – puisqu’il génère jusqu’à 630 millions de tonnes de CO2 par an.
Une autre méthode est donc en voie d’expansion : la production d’hydrogène par électrolyse. Elle consiste à décomposer des molécules d’eau en dioxygène (O2) et en dihydrogène (H2) grâce à un courant électrique. Si cette méthode est nettement plus coûteuse, elle se caractérise par sa neutralité carbone sur le site de production.
Ainsi, la production d’hydrogène par électrolyse permettrait d’éviter le rejet de CO2, à condition que l’électricité utilisée soit décarbonée. Or, il ne suffit pas de brancher l’électrolyseur à une éolienne pour s’assurer que le bilan carbone soit neutre ! De fait, l’électricité utilisée pour produire de l’hydrogène (quel que soit le raccordement) est de l’électricité en moins dans le réseau afin de répondre à la demande des consommateurs.
À moins que la production renouvelable et nucléaire dépasse la totalité de la consommation d’électricité (ce qui est fort rare en Europe), il est donc nécessaire de compenser ce manque d’électricité par des importations ou par l’augmentation de la production des centrales thermiques.
Chaque kWh d’électricité supplémentaire consommé est un kWh produit à partir de centrales à gaz. La production d’hydrogène, même branchée à une source renouvelable, a presque toujours un bilan carbone élevé. Le label « vert » ou « renouvelable » de la production d’hydrogène semble donc davantage lié à un lobbying forcené plutôt qu’à son véritable impact écologique.
Une telle façade s’inscrit directement dans la transition énergétique planificatrice – dernier projet en date : le « Green New Deal » européen - où les États s’efforcent, à base de financement, d’incitations à la production et à la consommation, de substituer les énergies renouvelables aux énergies fossiles et nucléaire – indépendamment de l’efficacité et du coût de telles politiques pour le consommateur final.
En Allemagne, les ravages des politiques publiques motivées par les lobbies écologistes commencent à se faire voir, où l’impopularité des projets de développement de champs éoliens augmente considérablement au sein de la population en raison de leur inefficacité économique, mais également de leur nocivité écologique par la destruction des espaces naturels.
La seule manière de rentabiliser les électrolyseurs pour le producteur d’électricité est donc de produire avec un fort facteur de charge. À ce titre, l’énergie nucléaire – dont le facteur s’élève à 75% en France contre 22% pour l’éolien – semble être le seul moyen pour augmenter les volumes de production, faire baisser le prix de l’hydrogène et surtout, produire de l’énergie réellement verte.
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(*) Par Élodie Messéant, Coordinatrice régionale de Students for Liberty France.
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