France Arménie une solidarité historique
L’historien souligne, dans une tribune au « Monde «, que la guerre dans le Haut-Karabakh oppose l’Arménie, une nation démocratique rescapée d’un terrible génocide et transformée par une « révolution de velours » en 2018, à deux régimes autoritaires, la Turquie et l’Azerbaïdjan.
Tribune.
Alors que le conflit arméno-azéri s’est transformé en guerre ouverte depuis l’offensive de l’Azerbaïdjan sur les territoires arméniens indépendants du Haut-Karabakh (ou Artsakh), il est nécessaire de rappeler en quoi ces nouveaux affrontements sanglants du Caucase intéressent la France et l’Europe. Il l’est d’autant plus que la guerre a pris une autre dimension depuis le 14 octobre, celle d’une lutte pour la survie des habitants d’Artsakh aux prises avec un ennemi bien supérieur, utilisant des armes de destruction pour certaines interdites (comme les bombes à sous-munitions), et celle d’un risque direct d’extension de la guerre à la République d’Arménie elle-même.
L’impuissance actuelle de la Russie à exiger l’arrêt des combats entre ses deux alliés ne peut qu’accroître les menaces de déflagration d’un tel conflit. L’inquiétude devant son issue est renforcée par la propension à le réduire à la seule géopolitique du Caucase, et ne pas y reconnaître notre contemporain.
Déclenchée le 27 septembre 2019, l’offensive de l’Azerbaïdjan, massivement encouragée et soutenue par la Turquie qui a mobilisé ses mercenaires syriens, réveille la longue histoire arménienne de la France et de l’Europe. Elle la projette au premier plan de leurs horizons. Cette histoire oblige, et plus encore lorsque l’on sait qu’à travers cette guerre qui vise désormais toute l’Arménie, c’est une nation démocratique, rescapée d’un terrible génocide, transformée par une « révolution de velours » en 2018, qui est placée sous le feu de deux dictatures – tant à Ankara qu’à Bakou. De cette histoire, les Français particulièrement doivent être conscients, ne serait-ce que pour demeurer fidèles à leurs engagements passés et présents.
Dénonciations et avertissements
Quand les Arméniens de l’Empire ottoman, formant la plus nombreuse et la plus loyale des minorités du sultan, sont victimes de terribles massacres en Anatolie de 1894 à 1896, des penseurs et des parlementaires de tous bords politiques dénoncent le silence des nations européennes et font entendre leurs voix, comme à la Chambre des députés avec le socialiste Jean Jaurès et le catholique Denys Cochin.
Quand le plan d’extermination des deux millions d’Arméniens est lancé par les Jeunes-Turcs en avril 1915, avec les rafles suivies d’assassinats systématiques des élites de Constantinople, la France et l’Angleterre, avec la Russie, avertissent solennellement les dirigeants ottomans qu’ils seront comptables de crimes contre l’humanité et la civilisation.
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