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République : reconquérir le terrain perdu (Vincent Ledoux)

République : reconquérir le terrain perdu (Vincent Ledoux)

 

 

Vincent Ledoux, enseignant, député Agir du Nord estime nécessaire de reconquérir le terrain perdu de la république dans une chronique à l’Opinion.

 

Tribune

 

 

« Dieu en ligne ! C’est le titre donné par Isabelle Jonveaux à son ouvrage sur « les expériences et pratiques religieuses sur internet ». Car sur la toile comme sur les réseaux sociaux, on peut rencontrer l’âme sœur tout aussi bien que Dieu lui-même à travers de nombreuses offres spirituelles virtuelles ! Les autorités religieuses ont très vite témoigné un grand intérêt à ces nouveaux canaux et moyens d’expression, à commencer par le pape François lui-même, qui est le dirigeant le plus retweeté au monde. Benoît, son prédécesseur, avait lui aussi compris que les réseaux numériques pouvaient être de nouveaux et puissants espaces d’évangélisation et de partage de la foi. Un prosélytisme numérique totalement compatible avec les deux autres religions du Livre, le judaïsme et l’islam.

La sociologue des religions Isabelle Jonveaux a montré comment et combien les réseaux sociaux participaient de la construction identitaire, en renforçant le sentiment d’appartenance religieuse et en le rendant visible. Tout ce que l’on partage, publie — photos et textes —, les groupes auxquels on appartient, témoignent de notre identité en ligne, renforçant par là même notre appartenance à une communauté. Les réseaux sociaux sont ainsi très vite devenus de nouveaux chemins de Damas, pour le meilleur comme pour le pire. Un web religieux, immensément vaste et aux lisières ténébreuses.

Depuis plus d’un siècle en France, les religions ont reflué de l’espace public, où elles se donnaient à voir et exerçaient pouvoir, autorité et influence, vers la sphère privée. Cette sécularisation se trouve aujourd’hui contournée par Internet, qui offre aux expressions religieuses un espace discret mais visible. Paradoxalement, cette visibilité hors l’espace public offre une large dimension à ses utilisateurs et usagers et la possibilité de messages démultipliés en direction d’un public plus large que celui que la place publique offrait naguère.

« Il est devenu urgent d’améliorer et de renforcer la coopération avec les hébergeurs pour la rendre réellement efficace »

. Pour les tenants du mal, Internet est une énorme caisse de résonance, un porte-voix géant pour leurs discours haineux et leurs appels aux pires méfaits sous couvert de religion. Expulsé de France en 2012 pour avoir prêché l’antisémitisme, le port du voile intégral, le rejet de l’Occident et l’envoi dans des écoles coraniques à l’étranger des adolescents jugés difficiles ou en rupture avec le système éducatif français, l’imam d’origine malienne Almany Baradji compte aujourd’hui plus de 12 000 abonnés, une véritable petite ville ! Au passage, on peut s’interroger sur les « allers et retours au bled » de ces jeunes déscolarisés. Comment peuvent-ils réintégrer notre univers laïc et y adhérer sans réserve et sans doute, quand l’école coranique de leur pays d’origine familiale leur a inculqué la supériorité, en tout lieu et en tout temps, de la loi de Dieu sur celle des hommes ?

A l’instar de l’institution islamique sociale, plusieurs écoles coraniques (dont certaines ont été fermées administrativement) et mosquées ont créé des groupes WhatsApp pour partager les informations religieuses, les rassemblements, les avis de décès. Il suffit juste d’envoyer un message mentionnant votre identité à partir de votre compte WhatsApp pour intégrer le groupe en question. Ainsi, tout jeune disposant d’un smartphone peut intégrer un tel groupe afin d’appartenir à cette communauté, apprendre l’islam auprès d’imams sur lesquels l’Etat dispose de peu de moyens de contrôle. Après leurs cours au collège André Malraux, Djeneba, Leïla, Fatima et Ousmane se retrouvent virtuellement entre les mains de prédicateurs en totale opposition avec la laïcité à la française !

Pour Baradji et tant d’autres hélas, Internet offre un redoutable minbar (chaire d’une mosquée) à toile ouverte. Les Français l’ont si bien compris qu’ils jugent aujourd’hui efficace la création d’un délit de « prédication subversive et séditieuse » qui ciblerait, y compris en ligne, « toute prédication visant à imposer la loi religieuse au-dessus de la loi de la République ». Pour ce faire, ils demandent le renforcement des moyens dans le renseignement. Il est donc devenu urgent d’améliorer et de renforcer la coopération avec les hébergeurs pour la rendre réellement efficace.

Mais ces actions ne suffiront pas sans un véritable réarmement moral de la nation tout entière ! Car la situation que nous connaissons est bel et bien le résultat de notre faute collective, de nos petites lâchetés successives et de nos vils abandons. Nous ne croyons plus ou pas assez au projet des pères fondateurs de la République. Notre « foi républicaine » s’est attiédie, suivant en cela le courant de sécularisation des grandes religions, dont les éléments les plus radicaux dont l’islamisme est l’avatar le plus funeste trouvaient dans l’émergence d’Internet un canal dédié pour leur fabrique d’endoctrinement. C’est bien notre faute collective qui est responsable de la situation dans laquelle nous nous sommes placés.

« Après trente ans d’angélisme béat, il nous faut reconquérir le terrain abandonné naguère et que n’occupe plus seulement un esprit de revanche, mais un islamisme radical mortifère »

« Terre de mission ». Jeune professeur certifié en histoire-géographie il y a trente ans à Roubaix, j’ai tout de suite compris à l’époque combien le terrain était déjà perdu. Et ce sont les enfants des jeunes qui avaient à peine mon âge et à qui j’essayais tant bien que mal d’enseigner, qui sont aujourd’hui les élèves sur les bancs de nos collèges. A l’occasion de l’anniversaire de la triste affaire Malik Oussekine, mes élèves, dont certains portaient en classe la djellaba, m’apprenaient de quelle manière leur nouvelle génération issue de l’immigration professionnelle nous coloniserait désormais comme revanche de la colonisation française dans leurs pays d’origine au nord de l’Afrique !

A l’époque déjà, j’avais renoncé à emmener mes élèves visiter la magnifique église néogothique Saint-Martin sur la grand-place de Roubaix. Tout était compliqué ! J’étais très jeune, seul (malgré un corps professoral soudé), peu préparé et « armé » pour aborder cette véritable « terre de mission » totalement inconnue pour moi ! J’ose croire que la situation s’est nettement améliorée aujourd’hui, notamment grâce aux équipes « Valeurs de la République » mises en œuvre par Jean-Michel Blanquer.

Après trente ans d’angélisme béat, il nous faut reconquérir le terrain abandonné naguère et que n’occupe plus seulement un esprit de revanche, mais un islamisme radical mortifère. La puissance publique s’est considérablement dégradée et affaiblie à mesure du non-consentement d’une large partie de la population, la notion même de savoir est dévaluée et l’aliénation audiovisuelle s’est accrue, formant une mentalité très éloignée de notre tradition, contribuant à rendre problématique le maintien de la laïcité dans son format idéal. Car, comme nous le rappelle poétiquement, mais si justement Régis Debray, nous sommes tous des êtres « maisonnables ». Refonder la maison républicaine, c’est l’objet de la loi à venir, portée par notre ministre de l’Intérieur, Gerald Darmanin. Le chantier est vaste, le chemin sera long. Nous devons à la fois nous protéger contre les atteintes et les attaques des ennemis de la République sur le Net et aussi rebâtir les fondations de notre maison commune ! »

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