Brexit: un accord sur la pêche ?
Il se pourrait bien que la France sacrifie la pêche sur l’autel d’un accord d’après brexit. En effet, officiellement les 27 de l’union européenne présentent une ligne de défense sans faille vis-à-vis du Royaume-Uni. Cependant dans la coulisse on s’agite beaucoup et l’Allemagne en particulier qui en ce moment préside l’Europe manœuvre pour obtenir des concessions des uns et des autres afin de déboucher sur un accord.
Or un accord n’est possible que si les deux parties se montrent moins intransigeantes. La question centrale est celle de la concurrence, de ses modalités et de son contenu. Il s’agit en particulier de la gouvernance mise en place pour vérifier que les règles sont bien appliquées et les modalités de gestion des différends.
Bref pour faire accepter au Royaume-Uni de se soumettre à des conditions européennes pour accéder au marché, il faudra lâcher sur d’autres sujets. La pêche en fait partie. Et Macron prépare déjà le secteur à des concessions s qui priveraient les Français d’aller pêcher dans les eaux britanniques. Une concession qui pourrait être subie par la France car peu de pays sont vraiment concernés par la pêche dans les eaux britanniques.
Macron semble affirmer le contraire mais en parler signifie que le problème est un débat et que la position française n’est pas forcément très solide. “Un seul objectif : défendre et protéger les intérêts des pêcheurs”, écrivait-il sur Twitter, posant devant un chalutier au nom symbolique: “L’Europe”. “Nous négocions avec calme et grande fermeté, nous nous battons (…) pour la pêche française.”
Selon Jérôme Vicquelin, figure de la pêche locale et propriétaire du chalutier, qui a assisté au déplacement, les ministres ont aussi prévenu qu’il serait illusoire d’espérer le maintien des conditions de pêche actuelles. “Je suis intervenu quand on était sur la passerelle du bateau,” a-t-il raconté à Reuters.
“Il n’y avait pas de journalistes. J’ai été assez cash en leur disant: ‘Voilà, c’est très bien, vous êtes venus, mais j’appréhende parce que je sais très bien ce qui peut arriver : pour nous, seulement 10-15% de perte de chiffre d’affaires (…) ça va être catastrophique à long terme’”.
“Ils ont été cash aussi, (laissant entendre) que ne ce sera plus comme avant. Pour moi c’est clair. C’est la volonté d’essayer d’avoir le moins de casse possible.”
Interrogé sur ces propos, le secrétariat d’Etat aux Affaires européennes a fait savoir qu’il avait prévenu les pécheurs qu’ils ne pouvaient s’attendre à un “statu quo”. L’échange illustre bien la position délicate de la France qui, dans cette phase d’intenses négociations, cherche à obtenir les meilleures conditions possibles pour ses pécheurs, sans risquer de les faire capoter.
Emmanuel Macron l’a laissé transparaître lors du dernier Conseil européen. Après avoir déclaré que les pécheurs français ne seraient pas les “sacrifiés” du Brexit, il a reconnu: “Est-ce que la situation sera la même qu’aujourd’hui ? Non, nos pêcheurs le savent, nous aurons à les accompagner”.
Mais Michel Barnier, le négociateur européen, a fait comprendre lors d’une récente visioconférence avec des députés français qu’une position “maximaliste” sur la pêche serait contre-productive. “Du bout des lèvres, il a laissé entendre qu’il faudrait bien lâcher du lest quelque part si on voulait un accord”, selon une source parlementaire.
“Macron détient la clé”, a jugé un diplomate européen au coeur des négociations sur le Brexit. “Si la France lâche du lest, nous pouvons obtenir un accord.”
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