La banalisation du terrorisme
Dans son livre « Dix attentats qui ont changé le monde », Cyrille Bret, maître de conférences en philosophie, analyse les conséquences majeures du terrorisme sur les deux premières décennies du XXIe siècle. (Interview Le Monde)
« Dix attentats qui ont changé le monde. Comprendre le terrorisme au XXIe siècle », de Cyrille Bret, Armand Colin, 208 p., 17,90 €, numérique 13 €.
Ancien élève de l’ENS et de l’ENA, Cyrille Bret est haut fonctionnaire à l’inspection générale de l’administration, où il s’occupe en particulier des questions de sécurité, et maître de conférences en philosophie à Sciences Po Paris. Il vient de publier Dix attentats qui ont changé le monde, une passionnante analyse du XXIe siècle naissant, tel que le terrorisme mondial l’a dessiné.
Vous écrivez que la conséquence principale du 11-Septembre a été « l’installation du terrorisme comme acteur politique partout dans le monde ». De quelle manière ?
Au sens moderne, le terrorisme est né au XIXe siècle, avec l’émergence des médias de masse. Il a besoin, pour parvenir à ses fins, d’adresser des messages de domination par l’épouvante, qui ne parviennent à produire leur effet politique – le sentiment d’une vulnérabilité généralisée – que si ses actions sont connues du plus grand nombre. Peut-on imaginer un attentat secret ? Ça n’a aucun sens. Il faut une propagation de l’effet de terreur, qu’à l’époque les journaux, qui venaient de s’équiper de rotatives, commençaient à rendre possible.
Le 11-Septembre, de même, est précédé par le développement de chaînes d’information en continu internationales, qui vont permettre une médiatisation immédiate et universelle de l’attaque du World Trade Center. D’autre part, il représente, par le nombre de victimes, un saut quantitatif. Au XXe siècle, il suffisait d’un nombre limité de morts pour qu’un effet de terreur se propage. Là, le massacre est inséré dans le processus. Cela enclenche une forme de rivalité entre les différents courants terroristes.
Cyrille Bret soutient que le terrorisme est désormais inscrit dans une forme de banalisation, une sorte de terrorisme du coin de rue.
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