Rencontre entre Suez et Veolia : un dialogue de sourds
Sous l’égide du ministère de l’économie, les dirigeants de Suez et de Veolia se sont enfin rencontrés. En vain puisque chacun est resté sur ses positions. Veolia est toujours demeuré sur son objectif de constituer un grand groupe mondial en absorbant Suez alors qu’à l’inverse Suez considère cette stratégie comme une erreur. Le fait est que la constitution d’un grand groupe pratiquement unique en France ( la Saur, autre opérateur français, ne joue qu’un rôle marginal) contraindra les collectivités locales à davantage ouvrir leurs appels d’offres aux opérateurs étrangers.
Pour l’instant il est difficile savoir ce qu’il interviendra de l’intention de Veolia de racheter les parts d’Engie dans Suez. Engie, détenu en grande part par l’État, veut ce débarrasser de ses actions de Suez pour restructurer ses actifs. Pour Engie dans la gestion est discutée, c’est une question de reconstitution de ses capacités financières. Le problème c’est que désormais l’activité eau de Suez est désormais sous protection juridique après le transfert du siège de cette activité aux Pays-Bas. Cela contraindra Veolia à se débarrasser de certaines activités – peut-être son activité eau- pour satisfaire les règles de concurrence. Ou encore de confier certaines activités de Suez ou de Veolia un fonds d’investissement.
Au total pour le consommateur tout ça risque de se traduire par une augmentation des tarifs de l’eau notamment.
Notons que le gouvernement n’apprécie pas particulièrement la sorte d’ultimatum de Veolia sur Suez fixée au 30 septembre. Le gouvernement voudrait prendre son temps et peut-être même y voir un peu plus clair.
En tout cas cette rencontre entre les leaders de Veolia et de Suez s’est clairement traduite par un fiasco total. Dans leurs communiqués, les deux rivaux s’attribuent la responsabilité de l’échec de cette réunion de la dernière chance.
“Devant le refus de Veolia de décaler l’échéance du 30 septembre et de faire une offre à tous les actionnaires de Suez, il n’a pas été possible de débuter les discussions”, déplore Suez dans son communiqué.
Le groupe de service aux collectivités réclame “en conditions préalables au dialogue entre les deux groupes” et “afin d’assurer l’égalité de traitement de ses actionnaires” la suspension de l’offre faite à Engie et le dépôt d’une offre publique par Veolia ouverte à “100% des actionnaires”.
“Si ces préalables venaient à être levés, des discussions pourraient débuter, sans précipitation, afin d’évoquer les grandes incertitudes du projet de rapprochement évoqué par Veolia ainsi que la protection des salariés”, ajoute Suez.
Du côté de Veolia, on note qu’Antoine Frérot a fait à ses interlocuteurs “des propositions précises démontrant la volonté d’amicalité de Veolia. Le groupe dévoilera ces propositions ultérieurement”
Et Veolia d’ajouter: “Philippe Varin et Bertrand Camus n’avaient malheureusement aucune proposition à avancer, si ce n’est la demande répétée d’un délai, sans toutefois pouvoir, à aucun moment, en justifier les motifs et les raisons.”
De son côté Bruno Lemaire , a affirmé à de multiples reprises ces derniers jours que l’Etat ne se laisserait “pas dicter son calendrier”.
“L’Etat ne cédera à aucune pression ni à aucune précipitation”, a redit le ministre de l’Economie mardi matin sur France Inter. “Si on nous met le couteau sous la gorge en nous disant ‘écoutez, c’est demain, pas de discussion, il faut se précipiter’… Enfin, on n’est pas à une semaine, quinze jours ou trois semaines près.”
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