Renault : le projet de restructuration refusé
Le projet de restructuration de Renault a été unanimement rejeté par les syndicats lors d’un comité central social et économique. Un rejet sur le fond mais aussi sur la forme. En effet, les syndicats reprochent à la direction d’avoir rendu public le plan d’économies notamment en matière d’emploi sans avoir précisé sa stratégie de développement et de recentrage. Renault est évidemment affronté comme l’ensemble de la construction automobile à une chute de production à la fois conjoncturelle et structurelle. La crise sanitaire a provoqué une chute de lors de 20 à 30 % des immatriculations mais le nouveau rapport des consommateurs à la mobilité pèse de façon durable sur le comportement des automobilistes.
Pour sortir d’urgence du rouge, Renault prévoit plus de deux milliards d’euros d’économies sur trois ans, la fermeture du site de recyclage de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), la fin de l’assemblage de voitures à Flins (Yvelines) et 15.000 suppressions d’emplois dans le monde, dont 4.600 en France.
Si l’avis des syndicats ne revêt qu’un caractère consultatif, il tombe mal pour le nouveau directeur général, bien que celui-ci bénéficie du soutien total de son principal actionnaire, l’Etat français.
Lorsqu’il a présenté en interne sa “Renaulution”, Luca de Meo avait déclaré à l’ensemble des salariés et à leurs représentants qu’il “avait besoin (d’eux) pour réaliser ce virage”.
Dans un tract, la CFDT déplore que la restructuration ait été annoncée alors que la stratégie qui doit l’accompagner ne sera pas détaillée avant janvier 2021. “Faire une telle annonce en pleine crise sanitaire relève pour le moins de l’opportunisme au plus de la provocation”, a estimé le syndicat. “Sur la forme, toujours, comment oser annoncer un tel plan alors que la stratégie de l’entreprise reste basée sur des hypothèses qui évoluent tous les jours.”
La CGC, qui entend elle aussi voter contre le plan, l’a à son tour critiqué sur la forme. “Bien que sa justification puisse trouver écho à nos yeux, ces modalités de mise en oeuvre ne nous ont pas convaincus”, a dit le syndicat dans un tract.
L’expertise préparée par le cabinet Secafi pour le CCSE a conclu que des bouleversements étaient nécessaires dans l’organisation et la stratégie de Renault.
“En conséquence, il nous paraît essentiel de mettre en place, entre les partenaires sociaux, un dispositif d’alerte précoce basé sur des enquêtes terrain en boucles courtes”, a conclu le cabinet.
A moins que l’opposition des syndicats n’augure des conflits à venir dans certaines catégories de salariés ou sur certains sites, un avis négatif n’est toutefois pas de nature à faire dérailler le processus.
En décembre 2012, le plan d’économies de PSA – 8.000 suppressions d’emplois et la fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) – avait lui aussi été rejeté par les syndicats. En revanche, pour les accords de compétitivité qui ont suivi les années suivantes au fil des différents plans stratégiques du constructeur, la direction a toujours veillé à obtenir l’aval d’une majorité des syndicats.
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