• Accueil
  • > société
  • > « Pour une Europe migratoire plus solidaire  » (Sandro Gozi)

« Pour une Europe migratoire plus solidaire  » (Sandro Gozi)

« Pour une Europe migratoire plus solidaire  » (Sandro Gozi)

Pour une politique migratoire plus solidaire dans le JDD. Tribune  du député européen Sandro Gozi.  

« Sur une des tables de mon ancien bureau à Rome, j’ai posé un gilet de sauvetage, orange, usé, avec des inscriptions manuscrites. Il avait été utilisé par Guul Isha, une femme somalienne, persécutée politique et sauvée grâce à l’action de la marine italienne et de Médecins sans frontières. Sur ce gilet, quelques inscriptions : les numéros de téléphones des personnes à appeler en cas de danger…et une poésie, un hymne à la vie et à l’espoir. Chaque fois qu’un visiteur entrait dans mon bureau, ce gilet était la première chose qu’il voyait.

C’est cette Europe que nous voulons : celle où l’humain passe avant la politique. Cette approche est également celle adoptée par la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Dans son discours sur l’état de l’Union du 17 septembre, une phrase a attiré mon attention : « Sauver des vies en mer n’est pas une option. » Cette phrase peut marquer une nouvelle ère dans notre politique migratoire européenne. Une politique qui se veut plus humaine, plus solidaire.

Désormais, nous prenons conscience des erreurs du passé : le désespoir des pays côtiers face à l’afflux de demandeurs d’asile, la difficile et dangereuse traversée de la Méditerranée de ces derniers, l’absence de réponse commune face à cette crise humanitaire… L’Europe part aujourd’hui à la reconquête de son titre de terre d’asile. Tel est l’objectif du « Pacte européen sur la migration et l’asile » présenté cette semaine à Bruxelles.

 

Celui-ci repose sur un triptyque : des procédures plus efficaces, des responsabilités partagées et une solidarité plus équitable entre les pays membres, une coopération avec les pays tiers renforcée. Ce n’est pas le dépassement de Dublin, mais cela peut le rendre plus intelligent. Des questions restent ouvertes. À nous d’en examiner chaque proposition afin d’en assurer une parfaite traduction législative. La prudence est mère de sûreté, et le diable, dans les détails.

Comme l’indiquait ma collègue Fabienne Keller, rapporteure au Parlement européen sur cette réforme, nous n’aboutirons pas à un accord en tirant à boulet rouge sur la Commission. Ce Pacte apparaît comme une base pour mener à une politique concrète, en phase avec nos besoins et nos réalités sur le terrain. À la lumière de mes expériences, nous pouvons et devons faire la différence sur des points clés.

Reprenons ce qui a fonctionné! L’Accord de Malte de septembre 2019, interrompu en raison de la crise sanitaire, prévoyait une redistribution automatique des personnes sauvées en mer. Pour quelques semaines, cet accord a montré la bonne voie : approfondissons cette solution. Ne manquons pas d’ambitions avec les pays d’origines et renforçons le dialogue avec ceux qui ne coopèrent pas pleinement en matière de migration. Lions de façon plus efficace les fonds de l’UE pour le développement et la politique des visas aux responsabilités partagées des pays d’origines, notamment sur la question du retour obligatoire.

Encourageons aussi le retour volontaire. L’Union européenne donnerait la possibilité au migrant débouté de retourner dans son pays d’origine moyennant une aide financière afin d’entamer un nouveau projet professionnel. Il existe déjà des bonnes pratiques sur lesquelles nous devons nous inspirer.

Enfin, reprenons le contrôle sur la migration économique avec de nouvelles routes légales et renforçons la gestion des frontières externes avec le déploiement rapide du Corps européen de garde-frontières – mesure que je salue, d’autant plus qu’elle était l’une des principales priorités de la présidence italienne de l’UE en 2014.

Certains pays, comme la Hongrie, la République tchèque et l’Autriche ont déjà fait part de leur opposition. Je connais bien leurs arguments, loin de l’esprit et de la lettre des traités : le principe de solidarité n’est pas une option, c’est un principe fondamental et contraignant pour tous.

A cause de l’égoïsme de certains et de la myopie de plusieurs durant de la crise, la Méditerranée s’est transformée en un cimetière des valeurs européennes. Faisons aujourd’hui en sorte qu’elle devienne le lieu de notre Renaissance.

A nous d’être humains, à nous d’être européens. »

0 Réponses à “« Pour une Europe migratoire plus solidaire  » (Sandro Gozi)”


  • Aucun commentaire

Laisser un Commentaire




L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol